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Tadahiro Oku (Traducteur)Anna Guerineau (Traducteur)
EAN : 9782253933243
157 pages
Le Livre de Poche (26/01/2000)
3.66/5   244 notes
Résumé :
"Monsieur Rikyu a assisté à la mort de beaucoup de samouraïs... Combien d'entre eux ont dégusté le thé préparé par Monsieur Rikyu avant d'aller trouver la mort sur le champ de bataille ? Quand on a assisté à la mort de tant de guerriers, on ne peut pas se permettre de mourir dans son lit !"

Non, Monsieur Rikyu (1522-1591), Grand Maître de thé issu du bouddhisme zen, n'est pas mort dans son lit ! Il s'est fait hara-kiri à l'âge de 69 ans. Pourquoi s'es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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A l'origine, les feuilles de thé infusées étaient une médication. Bien des légendes circulent sur Lu Yu, premier écrivain du thé (chinois né au VIIIe siècle) et conseiller révéré à la Cour Tang. Progressivement, le breuvage devient une boisson fondamentale et s'exporte. le Camellia Sinensis a essaimé dans plusieurs régions du monde et notamment au Japon où se situe l'action de ce roman.

Enfin, quand je dis action, c'est accorder une grande importance à des faits jamais élucidés. A la fin du XVIe siècle, le Maître de thé Riukyu se suicide sur l'ordre du Taiko (chef de guerre) Toyotomi Hideyoshi. Son assistant, le moine Honkakubo, s'interroge pendant près de trente ans sur les motifs qui ont poussé le samouraï à ordonner le seppuku à son Maître de thé. D'emblée, l'auteur nous apprend qu'il a inventé le journal intime de Honkakubo alors que tous les personnages sont historiques.

Ce brave moine fait, comme il se doit, de longues méditations, sert le thé comme le lui a enseigné son maître, vénère les objets rituels, et rencontre le maximum de personnalités qui ont fréquenté Maître Riukyu et ont assisté à ses chanoyus pour trouver des indices, voire des révélations qui justifieraient la décision irrévocable du guerrier.

Adepte du thé, je me faisais une joie de découvrir le b.a.-ba de la cérémonie du thé telle qu'elle était pratiquée jadis et qui nécessite, aujourd'hui encore, tant et tant de dextérité, de recueillement, de délicatesse et de détours avant d'arriver « simple et sain » dans mon bol. Je l'espérais d'autant plus que le manuscrit étalé sur la table commence par ces mots : « Tout d'abord, l'origine de la Voie du thé est… ». Les points de suspension laissent une place à prendre. Et plus loin, il est dit que « D'une manière générale, il n'y a, depuis l'origine de la cérémonie du thé, aucun écrit. Il faut simplement savoir reconnaître les ustensiles anciens chinois, rencontrer des hommes de thé qualifiés et pratiquer la cérémonie du thé avec eux, inventer son propre style, et pratiquer jour et nuit. Ceux qui sont conscients de ces préceptes sont des maîtres » (p. 47).

Rien d'autre ne sera dit (snif !) mais un grand respect est accordé à ce qui entoure la cérémonie : la simplicité du chawan (bol) en terre cuite, la finesse de la spatule en bois, la solidité élégante de la bouilloire, la joliesse du chasen (fouet) alliée à la souplesse du poignet de l'officiant Que l'on soit riche ou pauvre, la pièce réservée au thé est simple et rustique, les murs ornés d'une pensée calligraphiée ou d'une épure harmonieuse, seules en varient les mesures : deux tatamis minimum, quatre et demi maximum (un tatami fait 91 cm x 182 cm. Faudra que je mesure ceux du dojo où mon petit-fils suit la Voie du judo !). Ces objets, véritables compagnons de vie, reçoivent des noms après mûre réflexion et sont traités comme des personnes.

Le samouraï connaît aussi la Voie du thé, même si les objets sont moins délicats et le but de la cérémonie moins zen, car c'est bien souvent dans le sanctuaire du thé que des plans de bataille sont discutés, des ordres répartis et des décisions arrêtées. Preuve que la Voie de la Sagesse passe aussi par la Voie de la Guerre. le Taiko Hideyoshi était fier de son Maître de thé Riukyu mais peut-être un jour a-t-il confondu thé et saké avant d'ordonner le suicide d'une personne aussi précieuse et respectée ? C'est une hypothèse que ne retient pas Yasushi Inoué.

L'histoire se termine donc comme elle a commencé, sur un mystère non élucidé.

Là-dessus, je vais me préparer un excellent thé vert sans cérémonie mais avec beaucoup de gourmandise.
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Pendant que je me contente de faire bouillir de l'eau calcaire et à demi-javellisée pour infuser mon genmaicha dans un mug d'une propreté pas très nette, d'autres font tourner les bols, choisissent des spatules en bois précieux, regardent une calligraphie en respirant l'odeur sauvage d'un bouquet de fleurs.

Je suis si loin de la cérémonie du thé qu'il me faudrait sentir la présence d'un maître de thé à mes côtés. Maître Rikyû m'entends-tu ? Si tu pouvais m'accepter comme disciple. Découvrir la voie du thé, voilà ce que je te propose ce soir. Oublie bières et sakés et ne garde que la spiritualité et le cérémonial de cette soirée.

Parce que la voie du thé comme celle du samouraï ne s'improvise pas. Alors oui, je te vois sceptique à te demander ce qu'il y a d'intéressant à énumérer les bols, les spatules ou les vases présents dans la salle. Trouver un nom poétique ou saugrenu empli de malice à ce bol-ci, à cette spatule-là, à ce pot nacré. de savoir que la calligraphie sur le mur a été peinte par un grand maître ne semble guère t'émouvoir tout comme son message : « le néant n'anéantit rien, c'est la mort qui abolit tout ». Et pourtant, ce court roman offre une plongée dans le cérémonial japonais d'une autre époque, celle où les samouraïs échafaudaient des plans de bataille autour d'une tasse de thé.

Effectivement, il faut être plutôt du genre passionné pour l'orientalisme, pour le zen ou le bouddhisme afin d'apprécier à sa juste valeur ce roman de Yasushi Inoué. Il n'est donc pas à la portée du premier venu respirer l'air frais des cryptomerias et le parfum d'un thé vert légèrement fouetté. le maître de thé par conséquent se respecte.

Assis dans cette salle, je les observe, ces maîtres, ces samouraïs, ces respectables et respectés. Il y a tant à découvrir de leur manière et de leur esprit. Tant à apprendre d'un tel acte, d'un tel partage, d'une telle convivialité que cela est un honneur d'assister à une cérémonie, tout comme c'est un honneur de lire ce roman inspiré par un vrai maître de thé. Tout est vrai ou presque. Tout est beau ou presque. Tout est chiant ou presque. Non, pour ce dernier point, tout dépend de ta passion pour le Japon et cette période séculaire. Moi, j'y ai trouvé mon compte, mon bonheur et un peu mon apprentissage. Comme une envie de simplicité, de plénitude et de sérénité pendant quelques pages.

Maître Rikyû s'est donc donné la mort. La voie du thé n'est pas très éloignée de la voie du samouraï. Les questions d'honneur et de vertu y sont omniprésentes. Mais alors pourquoi ce seppuku. Peu de temps après le seppuku celui de Sôji et avant celui de Oribe. Est-ce une nouvelle voie qui consiste de se donner la mort plutôt que de perpétuer la tradition jusqu'à trop tard. Savoir raccrocher la spatule en bois avant d'en abuser. Des années après, l'un de ces disciples continue d'en chercher la raison et de ne pas croire toutes les rumeurs qui sont véhiculées sur son maître dans les différentes maisons de thé. Mais j'aurais tendance à dire, peu importe les rumeurs, peu importe les raisons, Maître Rikyû est toujours à ses côtés pour insuffler de son esprit et de sa vision de la vie et de la voie à chaque cérémonie.

La ceinture de mon kimono s'est défaite, le shôji coulisse, une geisha pénètre délicatement et sans bruit…
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Honkakubô Ibun
Traduction : Oku Tadahiro & Anna Guérineau

ISBN : 9782253933243


Longue nouvelle de près de cent-soixante pages, "Le Maître de Thé" est un texte éminemment japonais. Ceux qui ne s'intéressent guère ou pas du tout à la civilisation nippone la trouveront morne, sinistre, pédante, ennuyeuse. Les autres la liront avec plus ou moins de plaisir, selon leur niveau d'investissement dans tout ce qui concerne cette culture raffinée et souvent aussi insaisissable que le papillon se posant sur les pétales d'une fleur de cerisier.

Nos connaissances personnelles en cette matière ne sont pas, hélas ! suffisamment approfondies pour nous avoir permis de goûter ce texte dans toute sa plénitude. Elles ont cependant suffi à nous guider sans trop de soucis dans ses méandres et ses sous-entendus, ici nombreux pour un Occidental.

Nul ne l'ignore, la cérémonie du thé est un rituel important au Japon et ce pour ainsi dire depuis l'apparition du thé dans ce pays, vers le IXème siècle de notre Ere. Bien entendu, il ne s'agit pas d'une simple dégustation et nombreux sont les facteurs qui entrent en jeu, depuis le choix des ustensiles utilisés - auxquels on donne un nom choisi lentement après mûre réflexion - jusqu'au rouleau de calligraphie accroché dans le tokonoma - une petite alcôve prévue à cet effet - le kimono porté par l'officiant et par ses hôtes, les dimensions et l'ambiance de la pièce réservée à la cérémonie et jusqu'aux gestes accomplis. Encore ne sont-ce là que quelques détails parmi d'autres.

La cérémonie du thé est d'inspiration bouddhiste zen. La simplicité est donc au coeur de sa conception mais une simplicité qui débouche sur une méditation intellectuelle très complexe. La pratiquent les "amateurs éclairés" qui ne seront jamais rien d'autre - mais c'est déjà beaucoup - et les "Maîtres." Tous néanmoins ont emprunté "la Voie du Thé" et il arrivait, pour les guerriers, que celle-ci finît par entrer en conflit avec "la Voie du Samouraï." "La Voie du Thé" n'est réservée à personne en particulier : les représentants de toutes les catégories sociales, de la plus riche à la plus pauvre, ont loisir de l'emprunter - les étrangers aussi d'ailleurs à la seule condition qu'ils aiment le thé et le respectent. (Inoue ne parle pas des femmes dans sa nouvelle, dont l'action se situe entre le XVIème et le XVIIème siècles. de nos jours, une seule femme, Mme Yu Hui Tseng, est reconnue comme "maître de thé" - et non "maîtresse". Comme son nom l'indique, elle est chinoise.)

La "Voie du Thé" permet non seulement de se trouver soi-même mais encore d'aller bien au-delà. Malheureusement, et c'est là le thème de la nouvelle d'Inoue, elle s'est trop souvent confondue, dans le Japon féodal, avec celle du Pouvoir. C'est ainsi que son héros, Maître Rikyû, et les deux maîtres qui lui succèdent auprès du Taiko Hideyoshi, ancien ministre du Shôgun, doivent se plier à la volonté de leur suzerain et, pour utiliser une expression un peu triviale mais très évocatrice, brosser celui-ci dans le sens du poil. Exercice difficile et même périlleux, ainsi que le prouvent la fin de ces trois hommes : un seppuku ordonné par le Taiko pour des raisons qui, en tous cas en ce qui concerne Maître Rikyû, demeurent encore inconnues.

Le suicide inexpliqué de Maître Rikyû est l'axe sur lequel s'articule la nouvelle. Son ancien assistant, Honkakubô, qui s'est retiré du monde à son décès, ne cesse de s'interroger sur l'affaire. Et il n'est pas le seul. Moines, marchands ou seigneurs, voire grands seigneurs comme Uraku Oda, tout le monde se demande pourquoi Maître Rikyû, préféra l'atroce seppuku aux excuses que le Taiko avait pourtant accepté de recevoir. Peu à peu, sans en avoir l'air, dans le style simple et même plat qui lui est propre, Inoue ramène au grand jour les liens existant entre "la Voie du Thé" et le Pouvoir en place, ces liens qui, à la longue et s'il n'y prend garde, finissent par engluer l'homme de Thé, surtout quand il est maître, dans une toile susceptible de les corrompre, lui et sa démarche intellectuelle et métaphysique.

Une nouvelle austère et introvertie, qui incite le lecteur à voir plus loin que les apparences, sur un fond historique - nombre de personnages, dont Rikyû, ont réellement existé - reconstitué avec un soin minutieux. A ne réserver qu'aux inconditionnels de ce maître de la nouvelle japonaise que fut Inoue Yasushi.
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Sen no Rikyu a ouvert la voie du thé à travers un rituel qui mène à l'absolu. Comme tous les arts au Japon. Tout a du sens. Tout est perfection. Qu'est ce que Hideyoshi aurait bien pu y comprendre ? (Même si la guerre avec le sabre est aussi un art.)
Inoué, pour son dernier roman, retrace magnifiquement les derniers jours de ce maître. Il suffit juste de se laisser porter. de savoir se défaire de nos habitudes occidentales où tout n'est qu'empressement et raisonnement. Il ne faut pas réfléchir, juste ressentir.
Chaque mot de ce roman traduit une attitude, une pensée.
Je ne peux me défaire de l'image du dernier film de Toshiro Mifune qui incarne Rikyu. Aussi profond que le livre.
Un court roman qu'il faut prendre le temps de lire, savoir laisser défiler les images de ce Japon révolu. Ici et maintenant.
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Je m'attendais à plus de la part de ce bouquin, le maître de thé. On y suit pendant plusieurs années le moine Honkakubo qui ne peut comprendre pour son ancien maître (celui du titre) s'est fait hara-kiri. Cette obsession le suit longtemps (il faut dire qu'il continue à lui parler par-delà la mort, ça n'aide pas à tourner la page). C'est l'occasion de revenir sur leur histoire, son apprentissage. Sur la cérémonie du thé! Cet aspect est présent, bien sûr, mais il est constamment occulté par des considérations autres. Cet homme bien réel, ce personnage historique Rikyu était plus qu'un maître de thé, c'était un maître à penser, une figure marquante d'un style aujourd'hui très associé au Japon, le wabi. Je voulais en découvrir plus sur son histoire, sur ce qui l'a influencé, sur l'élaboration d'une cérémonie du thé. Mais je ne me suis retrouvé dans une enquête constamment à la remorque de faits historiques, d'événements politiques, le fameux taiko (premier conseiller, général) Hideyoshi Toyotomi. Je comprends que Honkakubo souhaite découvrir « la clé de l'énigme », la raison pour laquelle Rikyu a obéit et s'est suicidé au lieu de demander un pardon qui lui aurait été accepté. Et la quatrième de couverture était claire à ce sujet. Toutefois, je ne pouvais m'empêcher d'espérer en découvrir plus sur le rituel accompagnant le thé puisque cela constituait une grande partie de la vie des protagonistes et, là-dessus, j'ai été déçu. Peut-être cette histoire n'a aucun secret pour les lecteurs japonais et Yasushi Inoue a jugé inutile d'y revenir.
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Dans la maison, il suffit de ne pas laisser l'eau s'infiltrer ; dans la vie, simplement de ne pas mourir de fin.
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Je lui fis traverser la pièce en terre battue, puis la grande pièce recouverte de plancher, jusqu’à la salle du fond, dont j’ai fait ma salle de thé. Dans cet espace d’un tatami et demi où il n’y a pas de tokonoma, il n’y a pas non plus de fleurs ni de calligraphie.
« Vu la pauvreté de cette salle, je n’ai encore jamais reçu personne ici.
- Mais non, c’est très bien ! C’est une salle véritablement simple et saine et je suis très flatté d’en être le premier invité ! »
Déjà, dès ce moment-là, je me détendis. La gêne s’était envolée ; c’était un invité parfait : ni trop formel ni trop nonchalant…
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[...] ... - D'après ce que j'avais entendu dire, enchaîna le patron de Daïtokuya, je pensais qu'une salle de thé se devait d'être de petites dimensions, mais à présent que je suis installé dans cette salle spacieuse, je crois vraiment que c'est ce qui convient le mieux au thé. Je suis plein d'admiration pour ce que vous avez construit là, [Monsieur Uraku] !

- Qu'il existe de petites salles est une bonne chose, mais je voulais qu'on puisse se divertir paisiblement dans celle-ci. Dans une petite salle, cela finit toujours par être un combat ; et qui dit combat, dit gagnant et perdant. On finit comme Monsieur Rikyû : on ne peut éviter d'attirer la mort.

- Pourquoi Monsieur Rikyû a-t-il attiré la mort ?" demanda le patron de Daïtokuya.

Même pour Monsieur Uraku, c'était une question embarrassante.

"Ah ! Pourquoi a-t-il attiré la mort ? J'ignore la raison officielle mais je la crois assez simple : combien de fois le Taïko Hideyoshi est-il entré dans la salle de thé de Monsieur Rikyû ?" fit Monsieur Uraku en se tournant vers moi.

- "Je ne sais pas vraiment ... plusieurs dizaines, ou plusieurs centaines de fois ? Au moment de la bataille d'Odawara et à Hakone, il venait à peu près tous les jours.

- Le Taïko a donc expérimenté plusieurs dizaines, ou plusieurs centaines de fois, une petite mort ; en entrant dans la salle de thé de Monsieur Rikyû, il était obligé d'abandonner son sabre, de boire le thé, d'admirer les bols ... Chaque cérémonie du thé était une mise à mort. Il aura sûrement eu envie, au moins une fois dans sa vie, de faire connaître la mort à celui qui la lui avait fait goûter ! N'est-ce pas ?"

Je n'arrivais pas à distinguer la part de sincérité et la part de plaisanterie dans les propos de Monsieur Uraku. Le patron de Daïtokuya insista :

- "Il aurait pu éviter tout cela s'il s'était excusé. Il y a eu une rumeur en ce sens, à une époque.

- Ah bon !" se contenta de dire Monsieur Uraku sans autre réaction avant de reprendre : "Monsieur Rikyû avait assisté à la mort de nombreux samouraïs. Combien d'entre eux sont partis pour la bataille où ils trouvèrent la mort, après avoir dégusté un thé préparé par Monsieur Rikyû ? Après avoir assisté à tant de morts non naturelles, c'était presque un devoir que de ne pas mourir dans son lit ! N'est-ce pas ?"

Il déclara ceci d'un ton neutre. Son expression nous engageait à souscrire à ses propos :

- "Cependant, ajouta-t-il, Monsieur Rikyû était quelqu'un d'extraordinaire : quel que soit le nombre d'autres hommes de thé de par le monde, pas un seul ne peut lui être comparé. Il suivait sa propre route, en solitaire ; il préparait le thé, en solitaire. Il fit du thé autre chose qu'un divertissement. Mais il n'en fit pas une salle de zen ; il en fit un lieu de suicide. Bien,
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Pratiquer le thé, de jour comme de nuit, pendant l’hiver et le printemps, en imaginant la neige dans son cœur. En été et à l’automne, le pratiquer jusqu’à huit heures du soir, et même plus tard, par un soir de lune. Pratiquer le thé jusqu’après minuit, même si l’on est seul.

p. 53
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"Monsieur le Gouverneur de Nagato, Shigenari Kimura, qui connut une fin prématurée à Kawachi, durant le siège d'été d'Osaka, était venu me voir dans ma salle de thé, six mois avant sa mort. Il avait déjà prévu de mourir six mois plus tard. Pour lui, c'était sa dernière occasion de partager un thé dans cette vie. Cela, je l'avais bien compris ... Comment dire ? C'était la cérémonie de sa décision de mourir, l'acceptation de sa propre mort... Et il m'a permis d'assister à ce moment. Là, je me suis dit que voilà ce qu'était le thé."
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Vidéo de Yasushi Inoué
Extrait du livre audio "Le Fusil de chasse" de Yasushi Inoué lu par André Dussollier. ©Editions Audiolib. Parution en CD et en numérique le 19 mai 2021.
https://www.audiolib.fr/livre-audio/le-fusil-de-chasse-9791035405090
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