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Un récit de l'engagement social de Thierry Jonquet et de sa future épouse au début des années 70. Lui dans des mouvements de gauche, elle dans des mouvements sionistes-socialistes. Un témoignage intéressant et fort plaisant à lire. J'ai été particulièrement frappé par la rigidité de l'organisation hiérarchique des mouvements de gauche de cette époque. Les héros de ce récit s'appellent Victor et Léa, mais on comprend qu'il s'agit de Thierry Jonquet et de sa femme. L'auteur construit une historiette pour expliquer combien leur rencontre était improbable, en faisant intervenir Monsieur Hasard et son équipe. Amusant. Amusant pour emballer un contenu plus sérieux et fort intéressant. En 1968, Victor avait quatorze ans. Ce n'est pas tant de 1968 dont il sera question ici, mais plutôt des années qui ont suivi. Victor rejoint d'abord Lutte ouvrière, après avoir patiemment démêlé l'écheveau des groupuscules de gauche. Deux points m'ont frappé dans ce qu'il relate. le premier point, c'est l'organisation hiérarchique rigide du mouvement. On commence au bas de l'échelle et il faut réellement avoir fait ses preuves pour être autorisé à monter d'un petit cran. L'organisation est également entourée d'un secret presque paranoïaque. le second point qui m'a frappé dans le parcours de Victor, c'est l'importance de la lecture. Son mentor de Lutte ouvrière lui fait lire les classiques, encore et encore, jusqu'à ce qu'il maîtrise l'histoire et la philosophie du mouvement. Pas question de se faire un vernis de culture en trois clics sur Google (qui n'existait pas encore). Il faut apprendre à la dure si l'on veut se faire sa place dans le mouvement. Enfin, j'ai souri en lisant la raison pour laquelle Victor a quitté Lutte ouvrière pour rejoindre la Ligue communiste: il a été profondément déçu d'apprendre, par hasard, que son mentor qui, le soir dans les bistrots, le préparait si activement à la lutte, était, à la ville, tout craintif d'afficher ses convictions ! En parallèle du parcours de Victor, nous suivons celui de Léa, dans le mouvement sioniste-socialiste Dror. L'ambiance du mouvement est différente de celle que connaît Victor. L'esprit de communauté y est davantage présent. Léa séjourne plusieurs fois dans un kibboutz. « Rouge c'est la vie » est particulier dans la bibliographie de Thierry Jonquet. Je le cite: « [Victor] écrit des romans. Des romans noirs. Ses personnages, tourmentés par le mal, n'en finissent pas de patauger dans la haine, la déraison. le seule histoire d'amour qu'il se sentait prêt à coucher sur papier, avec maladresse, c'était la sienne. Celle dont Léa a écrit toutes les pages, patiemment, en vingt années de vie commune. Victor aime Léa. Léa aime Victor. Tout est dit en six mots. Six. Pas un de plus. » Pour l'instant, j'ai peu lu Thierry Jonquet, mais j'ai déjà été séduit par son mélange de suspense et de tableaux sociaux, tout cela dans un style plaisant; je le laisse en bonne place sur ma pile. Parmi mes maigres lectures, je mettrai en avant « La Bête et la Belle », dont la fin est surprenante ! Thierry Jonquet est décédé en 2009, à l'âge de 55 ans, des suites d'une maladie soudaine. Comme disait le Chat de Geluck, « Alors comme ça... c'est Dieu qui nous donne la vie... et c'est Dieu qui nous la reprend ?! Moi je dis : Donner c'est donner, reprendre c'est voler ! ». + Lire la suite |