Ce qui est intéressant, dans cet ensemble d'opuscules, c'est qu'il s'agit de sept traités ou réponses qui balayent une grande partie de la vie d'
Emmanuel Kant.
"Des différentes races humaines", 1775. Inspiré par
Georges-Louis Leclerc de Buffon ,
Kant définit quatre races humaines : Blancs, Nègres, Huns, Indiens.
"
Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique", 1784.
Kant pose la question : est-il possible, compte tenu de la vanité puérile des hommes, de tracer une histoire de l'humanité ?
"Compte rendu de l'ouvrage de Herder : idées en vue d'une philosophie de l'histoire de l'humanité", 1785. Après un résumé de l'ouvrage, c'est une sorte de crêpage de chignon assez confus !
"Définition du concept de race humaine". Là,
Kant, qui cherche vraiment à approfondir son concept, aurait dû attendre Darwin, car il se mélange les pinceaux entre "race", "classe", "espèce", "souche", "caractère", "variété", "catégories", sans parler des dérivations et de la dégénérescence !
"Conjectures sur les débuts de l'histoire humaine". plusieurs éléments distinguent l'homme de l'animal, et
Kant semble se poser la question, avec laquelle je suis d'accord, vous me connaissez : Qu'est ce qu'ils ont tous à élever l'homme au dessus de l'animal ? ... Et si cela était une fausse piste ?
"Sur l'emploi des principes téléologiques dans la philosophie", 1788. C'est une réponse à
Georg Forster, qui a voyagé avec Cook, mais il se perd dans un débat sur Dieu et la Nature, reprend ses délires sur les races : les Nègres, les Tziganes sont des Hindous, les Indiens d'Amériques sont une race inachevée car trop indolents, et donc au dernier échelon, les Esquimaux sont des Blancs attardés...
Mais il débouche sur des concepts intéressants qui me permettent d'élaborer un "système de pensée kantien" :
Partant du triangle Dieu-Nature-Raison, il chevauche son dada : la téléologie, ou étude des fins, des buts finaux de l'humanité ; il distingue téléologie pure (la liberté ), la téléologie pratique ( la morale ), la téléologie naturelle ( Dieu ), et la connaissance pure, théorique, qu'il appelle
la raison pure ; tout ça va me permettre d'aborder plus sereinement son fameux "
Critique de la raison pure".
Et la conclusion de ce traité/réponse semble être : la fin, l'enjeu du monde humain est la récupération de notre liberté primitive ; mais au sein d'une société, est-ce possible ?
"
Le conflit des facultés", 1798. Fac de philosophie contre fac de droit. Ce traité a pour enjeu le progrès. Il émet trois propositions :
- ça va de mal en pis, le Mal gagne, et les prophètes de malheur prédisent que le monde périra par le feu.
- Eudémonisme : oui, il y aura progrès ! mais c'est pour
Kant l'imagination de doux rêveurs ( comme moi ).
- Abdéritisme : le monde humain est une alternance de Bien et de Mal, ... et c'est malheureusement ce que constate
Kant. L'homme reproduit le mythe de Sisyphe.
Cependant, il reste optimiste, et pense qu'on va s'approcher d'une monarchie républicaine, avec un monarque aux pouvoirs limités, et cela permettra d'éloigner les guerres de conquête.... ahem...
Oufff, voilà !
Bon, je vois, dans les préoccupations principales de
Kant, deux sujets d'études :
- Les races. Au XVIIIè siècle, on n'en est plus à savoir si les Indiens d'Amérique ont une âme, mais on ne sait pas encore que l'homme descend du singe. Les passages qui traitent des races m'ont peu intéressé, car confus et dépassés, mais certaines phrases m'ont fait éclater de rire !
2 ou 3 étoiles pour moi.
- La téléologie. Pour les traités qui abordent ce sujet, j'ai mis 4 ou 5 étoiles. C'est un sujet passionnant et toujours d'actualité :)