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EAN : 9782362291654
180 pages
Editions Bruno Doucey (04/01/2018)
4.14/5   22 notes
Résumé :
« Si tu savais comme je t'écoute, p'tit gars, ou plutôt comme je vous entends, vous, enfants de Terezín...
Si nous ne dormons pas, c'est pour guetter l'aurore
Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent...
Ai-je écrit ces mots pour vous ? Vous dont j'ai croisé les beaux visages émaciés à Auschwitz, vos traits purs lavés de ciel comme empreints d'idéal et de cette rage de vivre qui vous tient debout afin de dire Non au mal ! (...)
Tu t'es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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« La poésie ne doit pas périr. Car alors, où serait l'espoir du monde ? »
Léopold Sédar Senghor

Après avoir lu Ombre parmi les ombres, cette citation publiée par Sagesse66 a été une évidence. Elle devait figurer en ouverture de ce petit billet. Je remercie les Éditions Bruno Doucey et Babélio pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une Masse critique, un roman qui m'a appris beaucoup. de la vie dans le camp de Terezin au travers des yeux d'un gamin sensible, mais également de celle de Robert Desnos, ses dernières heures et ses songes qui renvoient le lecteur à des bribes de sa vie passée. J'ai été très touchée et émue par cette double découverte. le théâtre dans ce camp décrit par ce petit gars qui n'a plus rien que les yeux bleus de Desnos, des petits poissons libres comme l'air que rien ne peut emprisonner, sauf une paupière. Mais reste ses textes et c'est un bel hommage qui lui est rendu par Ysabelle Lacamp, mettre un poète avec un enfant. Tout l'espoir du monde.

« Qu'il aurait aimé être un mot, libéré du temps, de la pesanteur, de la réalité ! Une petite balle lisse et facétieuse bondissant dans l'espace ! »
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Toi le poète au beau regard hypnotisé
Et moi enfant de Terezín rescapé
Une rencontre un lien si bouleversant
A ton chevet j'écoute ton délire émouvant
Tu vogues en chuchotant sur l'eau des souvenirs
J'ai si peur que la mort efface ton sourire
Robert Desnos, ce nom à jamais dans mon coeur
Ta main une dernière fois effleure une petite fleur...

J'ai été très émue par ce texte intense et inspiré d'Ysabelle Lacamp: elle imagine que les chemins d'un enfant juif survivant du camp tchèque deTerezín et de Robert Desnos, abandonné par les Allemands, avant leur déroute ,affaibli ,sans doute atteint du typhus, se croisent.

Leurs voix fusionnent, l'une pour dire l'horreur du camp, vue par un enfant qui tente de survivre, l'autre, de plus en plus ténue, pour rappeler des bribes de vie, les séances d'hypnose chez André Breton, les fugues de Youki, l'amour impossible pour Yvonne, la résistance toujours, le désir de liberté toujours.

Un poète nous est restitué avec délicatesse et passion, même s'il est un peu rêvé par l'auteure, un poète dont l'humour, l'auto-dérision auront jusqu'à la fin été " l'ultime diversion"...

Visionnaire tourné vers ses images intérieures, Robert Desnos restera pour moi au-delà de sa fantaisie surréaliste, l'homme des amours impossibles, celui qui me bouleverse dans des poèmes comme " À la faveur de la nuit" ," A la mystérieuse" ou " Le dernier poème".

Le 5 juin 1945 s'envola une belle âme qui aurait pu effectivement s'écrier:" écoute, écoute la poésie, elle est vraiment le cheval qui court, qui court, qui court au-dessus des montagnes"...
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Ce court et magnifique roman fait revivre le poète surréaliste et résistant Robert Desnos à partir des derniers jours qu'il a vécus dans le camp de Terezin (ou Theresienstadt), à 50km de Prague, où les allemands l'avaient laissé, malade, en avril 45, dans leur fuite devant l'armée soviétique. Extrêmement affaibli après son transfert dans des conditions dramatiques depuis le camp de Flöha en Saxe, sans doute atteint du typhus, Desnos mourut dans ce camp quelques jours après que les nazis l'eurent abandonné aux mains de la Croix Rouge. Au cours de certaines séances de rêves éveillés qu'il avait vécues avec André Breton et le groupe des surréalistes, Desnos avait, dès les années 20, prophétisé son départ et sa disparition en camp de concentration, comme le rappelle le poème d'Aragon "La complainte de Robert le Diable", mis en musique et chanté par Jean Ferrat :

Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne

Ysabelle Lacamp imagine que Desnos se lie d'amitié avec Leo Radek, un enfant juif d'origine tchèque, rescapé de ce camp de Terezin d'où des convois partaient régulièrement vers les camps de la mort. Aussi en même temps que nous revivrons, par des flashs sur le passé, certains des moments de la vie du poète, nous apprendrons aussi l'histoire de ce camp qui a eu une place à part dans la logistique de la "Solution finale".

J'ai trouvé vraiment superbe la construction et le style de ce roman, mêlant des poèmes de Desnos à la narration, elle-même particulièrement poétique, chargée d'émotion et aussi d'horreur à l'évocation de ce qu'ont subi Desnos, son ami Leo et leurs camarades, mais aussi (et c'était une gageure !) pleine de fantaisie et d'humour, ces deux derniers traits étant intrinsèquement liés au poète. C'est pour moi un magnifique hommage (ou "tombeau") qu'a su écrire Ysabelle Lacamp à l'un des plus grands poètes du XXe siècle.
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J'ai tant rêvé de toi...


J'ai tant rêvé de toi
que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser
sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère?

J'ai tant rêvé de toi
que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine
ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et
me gouverne depuis des jours et des années,
je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.

J'ai tant rêvé de toi
qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie
et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi,
je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres
que les premières lèvres et le premier front venu.

J'ai tant rêvé de toi,
tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu'il ne me
  reste plus peut-être, et pourtant, qu'à être fantôme parmi les
  fantômes et plus ombre cent fois
que l'ombre qui se promène et se promènera allègrement
sur le cadran solaire de ta vie.

//Robert Desnos (1900 - 1945) , À la Mystérieuse.
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En lice pour le Prix Hors Concours 2018 (Gaëlle Bohé) ce récit est un pan d'amour à l'orée de ce temps poétique où la douleur de vivre semait des morceaux de verre sous les pas des hommes. Elle est belle l'écriture d'Ysabelle Lacamp. Douce et empreinte de ce souffle qui appelle l'autre à l'aide par l'art du mot ciselé en délivrance à venir. Robert Desnos est ce grand poète aux vers fraternels et purs, caresses sur le front de l'enfant de Terezin. Sauveur, allié d'une fleur qui pousse sur les barbelés de l'horreur, ce sage, ce soldat de tendresse, sanglote de froid, de rage, d'impuissance, de souffrance, lui le donnant. Ce récit est lumière. Il est plus que cette bouée de sauvetage qui s'égare en pleine mer barbare et folle. Il est ce que la nuit doit au jour vaillant et endurant. Cet hymne fondateur est une bataille, la fraternité contre la haine. Les mots d'Ysabelle Lacamp sont feux et forces, piliers et endurance. Robert Desnos de loin, de près, entre les lignes porteuses de sens est osmose avec cette écriture qui écarquille le Verbe à l'aube inspirante. L'enfant rescapé, l'unique symbole de ce qui résiste au glas du malheur est ce regard qui affole et qu'on voudrait protéger et vite. La barbarie, tache d'encre sur la page noble, foudroie en plein vol, le mot survivre. La force littéraire, magnificence de ce récit, étouffe le mal par sa puissance. L'ampleur humaniste de ce récit gagne sur la barbarie, sur le sang fou des tortures intestines. Ce récit est notre Histoire. Robert Desnos est ce pas de côté cher aux êtres de courage. « le chant du coq est –il vraiment mort ? » « Ombre parmi les ombres » est beau à pleurer. Ses couleurs sont celles de l'engagement, de la formidable générosité d'un homme qui donne le verbe en nourriture pour l'enfant de Terezin et bien plus que cela encore. « Les petits êtres de Terezin »(Page 114) ne tremblent plus. « Ombre parmi les ombres « est un hommage, une mémorielle reconnaissance. Ce récit est de l'or pur. Personne ne peut froisser le langage courageux et noble de l'auteure si attentionnée au vivant des mots. Ils assemblent l'épars et font oeuvre de rédemption. Publié par Les Editions Bruno Doucey, indispensable, bénéfique, ce récit est à apprendre par coeur.
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critiques presse (1)
Culturebox
03 avril 2018
La romancière Ysabelle Lacamp publie aux éditions Bruno Doucey "Ombre parmi les ombres", le récit romancé de la mort du poète Robert Desnos le 8 juin 1945 au camp nazi de Theresienstadt. Entre réalité et intuition, elle évoque la vie de l'homme et le drame du lieu où il vécut son agonie.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
[Les nazis tournèrent à Terezin des films de propagande, visant à montrer ce camp comme un "ghetto idéal" pour les juifs.]
Un film, oui, censé montrer la journée type du juif le plus heureux sur terre grâce à la magnanimité et à la munificence du Fürher.
Match de foot, atelier de couture bourdonnant, folle et trépidante session de jazz au Stadtkapelle : «Regardez comme ils sautillent ! Regardez-les se tortiller ! »
Un film, un vrai, avec ses décors en trompe-l’œil, ses fausses échoppes où rien n'était vendu, son café musical où l'on ne pouvait pas boire de café, ses bains publics sans canalisation, sa banque aux faux clients et aux faux caissiers, et même ses dizaines de landaus tout neufs paradant sur la grand-place au soleil à défaut de ne jamais voir l'ombre d'un bébé !
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Terezín, au doux nom choisi en l'honneur de la mère de l'empereur, qui aurait cru alors que tu deviendrais tombe à ciel ouvert de milliers de Juifs?(...)

Terezín...étrange Babel du désespoir ou l'on parquait les Juifs pour mieux les envoyer mourir...
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Je reste fasciné par tes yeux qui me fixent, comme deux énormes lacs transparents, si clairs, si profonds, si sincères, que j'aimerais me perdre dans leur onde.
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[…]
Tout de même, s’habitue-t-on à ne plus être qu’un
numéro ? Une petite boîte, une allumette tiens, qu'on
empile sur des milliers d'autres petites boîtes, qu'on
aligne à côté de milliers d'autres allumettes : numéro
185 443, mesdames et messieurs ! Et hop, comme ça,
sorti du chapeau ! Si ça vous fiche pas un coup à l'égo !

p.101
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Assis à ton chevet, j'observe les petits poissons transparents battre des nageoires derrière tes paupières, puis ta nuit d'aquarium se dissiper lentement.
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Videos de Ysabelle Lacamp (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ysabelle Lacamp
"Robert Desnos est un être plein de lumière, d'optimisme ravageur. (...) C'est un moteur d'espoir, d'espérance (...) Il aime l'homme, l'humain, le peuple ; il est au-dessus de toute discrimination."
C'est autour du titre "L'art plus fort que la barbarie" que ce sont rassemblés la romancière Ysabelle Lacamp, l'historienne de l'art Marie Cantos et l'éditeur Bruno Doucey à l'université permanente de Nantes. Une conférence centrée autour des figures des poètes Robert Desnos et Ceija Stojka.
Le roman d'Ysabelle Lacamp : https://bit.ly/2Aa1uR6 Le recueil de Ceija Stojka : https://bit.ly/2rNQK6l
Réalisation © Thibault Grasset.
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