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sur 1970 notes
« C'est une fille. »
« Il y a quelques secondes, elle ou il, tout restait possible, la grammaire rêvassait toujours son paysage, à présent on t'a coupé les ailes. »

Ce roman inclassable (Autofiction? Roman à thèse? Roman d'apprentissage?) déploie, à partir d'une subjectivité assumée, une authentique réflexion sur ce qu'implique le fait de naître fille à l'aube des années soixante. Ça implique, et ce quel que soit le potentiel de départ, un avenir tronqué, une existence étriquée, diminuée, ça implique d'être du côté de l'attente et de l'obéissance (aux règles, à la nature, aux parents, aux hommes), bref, ça implique d'être plus déterminée que libre.

Déjà, pour commencer, le sexe du nouveau-né est une incommensurable source de déception pour l'entourage. Juste avant sa sortie du ventre maternel, tous les espoirs étaient permis. La seconde d'après, c'est fini. Les dés en sont jetés. Ça n'est qu'une fille et on se console comme on peut : « Les filles, c'est bien aussi. »
Tout le monde est déçu, mais le plus déçu de tous, c'est de loin et sans conteste le père, personnage qui, sous des dehors bonhommes, est d'une insupportable condescendance à l'égard des femmes, de la sienne pour commencer, et de ses filles comme il se doit. Misogyne, même si le mot n'est jamais prononcé. C'est par lui, essentiellement et avant tout autre, que Laurence, double de l'auteure, intériorise très tôt le fait d'être « moins » :
« Tout ce qui est féminin déçoit, déchoit, elle le sait désormais. »
C'est lui qui, à la question « Vous avez des enfants? », livre cette réponse édifiante : « Non. J'ai deux filles. » C'est encore lui qui, évoquant ses filles avec des inconnus, affirme que ce sont des sacrées garces, quand elles s'y mettent.
« Garce. le mot revient et la hante. C'est une injure. »
C'est encore lui qui, en tant qu'homme et médecin, explique doctement à ses filles comment fonctionnent leur corps et leurs humeurs. Une parfaite illustration du « mansplaining », un terme popularisé par la féministe Rebecca Solnit désignant le fait, pour un homme, d'expliquer à une femme, sur un ton sentencieux de préférence, ce qu'elle sait déjà, voire ce qu'elle sait mieux que lui. Sauf que chez le père de Laurence, cela va plus loin. Ses explications, non contentes de n'éclairer en rien la lanterne de son interlocutrice, véhiculent les clichés les plus éculés au sujet des femmes :
« Les filles, en effet, sont régies par la lune. Leur cycle suit le sien, vingt-huit, trente jours, c'est pourquoi elles sont d'humeur changeante, ce qu'on appelle « lunatiques », elles ne sont pas vraiment libres, elles dépendent beaucoup de la nature. »
C'est encore et toujours lui qui, des années plus tard, pour des raisons obscures mêlant morgue médicale, esprit de corps et réflexe mondain, convainc sa fille, à sept mois de grossesse et au prix d'un mensonge inique, de troquer sa gynécologue contre un jeune médecin accoucheur inexpérimenté mais aux idées bien arrêtées, un homme aussi empathique qu'une borne kilométrique. Et c'est le drame.

« C'est la leçon de choses la plus cruelle dont tu aies jamais eu à subir le scénario, celui-là tu n'aurais pas pu l'imaginer. ».
Mais le plus grave n'est pas là. le plus grave, « c'est d'être quelqu'un qui ne choisit pas, qu'on manipule, le jouet d'un mensonge, l'objet d'une machination, l'enjeu d'un accord tacite, une personne dont le sort, la vie, le malheur et la joie se décident à côté d'elle, en dehors d'elle, malgré elle, chez les parents, les maîtres et les hommes. »
Le plus grave, c'est de ne pas se révolter, de ne pas faire valoir ses droits légitimes, le plus grave, c'est de continuer à sourire, docile et consentante, comme on le lui a inculqué depuis qu'elle est toute petite. Il n'y a pas trente-six façons de se faire aimer quand on naît fille dans une famille où tout le monde espérait un garçon. La place de rebelle est déjà occupée par la soeur aînée. Elle opte donc assez naturellement pour « petite fille modèle », discrète, obéissante, enfermant en elle à double tour ses angoisses et ses démons.
« Tu te fais de plus en plus petite en grandissant, tu ne veux pas déranger, ni constater qu'on ne se dérange plus pour toi. »
Ne pas faire de vagues, sourire en toutes circonstances, bien obéir à ses parents en particulier, aux adultes en général. C'est d'ailleurs ce qu'elle fera, sourire et ne surtout pas faire de vagues, quand, lors d'un été à La Chaux, tonton Félix glissera ses doigts terreux entre ses cuisses « fourrageant dans son short comme si c'était sa poche ». Elle a dix ans.

« Fille » est le récit d'un cheminement intérieur. Celui d'une fille, puis d'une femme qui, longtemps empêtrée dans les représentations éculées d'une féminité honteuse, voit soudain ses oeillères tomber, tout un monde des possibles s'ouvrir devant elle, et cela par la grâce d'une toute petite phrase prononcée par Alice, sa fille unique et adorée.
« Parfois, il suffit d'une phrase pour faire tomber des monuments. Donjon d'effroi, remparts de honte, la tour s'écroule dont on était à la fois la prisonnière et la geôlière, et d'un seul coup c'est plein soleil, c'en est fini des meurtrières. »
Finie la peur, finie l'angoisse qui lui lacère le ventre, finie la honte d'être née fille. J'avoue avoir longtemps attendu ce moment où la narratrice, enfin, s'aime en tant que femme. Ayant connu la chance de naître du côté face de la féminité, d'avoir été fêtée, choyée en tant que fille, en tant qu'enfant tout court, j'ai eu parfois du mal à me projeter en Laurence. Ce qui ne m'a pas empêchée de trouver ce livre remarquable de la première à la dernière ligne. Eclairant sans aucun doute. Salutaire, très probablement. Un livre de femme s'adressant à toutes les femmes, et aux hommes aussi :

« Il faut prendre la phrase et la recueillir, la sauver, répéter le mot de passe, le transmettre et ne jamais l'oublier. « Tu as raison, ma chérie, ai-je dit, c'est merveilleux, une fille. »
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Je ne connaissais pas Camille Laurens mais je peux vous assurer qu'après la lecture de ce livre, je vais regarder de plus près ses autres romans ! Quelle claque !

Elle nous raconte ici, avec quelques touches autobiographiques, la venue de la deuxième fille de la famille Barraqué, dans les années 60. le père est dépité… encore une fille ! Mais comment va-t-on l'appeler ? L'aînée a déjà un prénom épicène, Claude. Tant pis, ce sera Laurence. Quand on pense que l'un des amis vient d'être papa d'un petit garçon… quelle honte !

Vous l'aurez compris, ce livre va nous faire voir de l'intérieur comment une fille pouvait être considérée dans certaines familles. Celui-ci me touche d'autant plus que cela me rappelle des choses entendues et vécues dans mon enfance. Non, ce n'était pas l'apanage des années 60 seulement !
Lien : https://promenadesculturelle..
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Quelle déception ! Quelques critiques élogieuses de mes « amis de Babelio » m'avaient incité à emprunter « Fille ». Ce texte de Camille Laurens, qui a souvent pratiqué l'autofiction, m'a laissé perplexe. Sur 220 pages, elle raconte le destin d'une femme confrontée à des discriminations, et aux mutations de la société française des années soixante à nos jours : sa naissance, sa vie de petite fille puis sa vie de mère.

Pour son père, avoir une fille était moins valorisant que d'avoir un garçon, ce fut hélas souvent le cas, encore au milieu du siècle dernier, quand débute le récit. L'auteure tente de rappeler les problématiques de l'éducation des femmes et de la « domination » masculine ; j'ai donc suivi, au début avec intérêt, l'évolution du personnage principal. Hélas, le texte n'est qu'une accumulation de clichés mainte fois repris, et qui sont aujourd'hui (heureusement) pour la plupart dépassés et périmés.

L'auteure, s'inspirant de son histoire, « de sa propre expérience de fille », propose donc de suivre le parcours de Laurence en trois étapes réparties sur trois chapitres. Camille Laurens ne voulait pas faire quelque chose de victimaire sur une femme accablée par sa condition de femme mais la première partie, consacrée à sa petite enfance, m'a paru beaucoup trop longue (130 pages) et terriblement ennuyeuse car trop caricaturale. Je ne savais plus s'il s'agissait d'un roman autobiographique ou d'un manifeste féministe. le côté larmoyant est assez insupportable, est-ce donc si terrible d'être née fille ? A travers une profonde litanie de choses vues et revues, Camille Laurens explore, à travers Laurence, tout ce que « être une fille » signifie pour elle et tente de généraliser son cas. Cette idée va à l'encontre de celle de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme : on le devient ».

J'ai plus apprécié les deux autres parties, consacrées à sa vie familiale, même si les poncifs restent nombreux. Les mentalités, avec les années ont bien heureusement changé, certes, j'en conviens, pas encore assez.

Etre fille, puis une femme, peut ajouter des difficultés à l'existence, mais le féminisme mérite mieux ! Sur ce sujet, j'ai lu des choses bien meilleures, par exemple le livre d'Olivia Gazalé : le mythe de la virilité.

https://www.babelio.com/livres/Gazale-Le-mythe-de-la-virilite/992131
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Histoires de filles au début des années soixante, de petites- filles, de femmes, de relations familiales, de sexualité.
Laurence est née fille dans une famille où on cache les histoires de mains baladeuses surtout si c'est l'oncle le cochon. Une famille où le père médecin, est un patriarche, un grossier personnage qui ne connaît rien à l'enfant ni à la femme et leur colle des étiquettes. Une famille où la mère est une Bécassine, sans bouche.

Qui se cache derrière l'étiquette fille, rose bonbon. Qui est Laurence ? "L'eau rance" ? Identique à sa mère, sa grand-mère, sa soeur Claude ?

J'ai détesté le père qui pense avec son sexe, l'oncle abject, le gynécologue crétin, incompétent, stupide. J'ai trouvé l'histoire bien écrite, avec des mots d'une justesse incroyable, des mots intimes pas toujours faciles à entendre.

La troisième partie tombe tellement vraie qu'elle percute. Une chape de détresse mais aussi une onde de révolte, d'écoeurement m'ont submergée.
C'était trop. Je ne sais pas si ce récit est une autofiction. En tout cas il restera tapi dans un coin de ma tête, pas trop envie qu'il m'envahisse. C'est comme une connaissance inconsciente venue de loin, transmise de mère en fille, un rappel. On se dit qu'on a bien fait de naître un peu plus tard dans un pays où la femme est quelqu'un. Quelqu'une comme un homme, et en même temps unique comme chaque être humain. On se dit que les "Alice" font et feront des merveilles et que les "Tristan" ont des ailes d'anges.

Je remercie Babelio et les Éditions Gallimard pour ce roman de Camille Laurens.
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Trois temps. Trois temps de la vie d'une fille, d'une jeune fille, d'une femme.

Laurence Baraqué nait dans une famille à Rouen, en 1959, une famille bourgeoise protestante traditionnelle, dans laquelle une grande soeur est déjà présente, mais sans garçon – un drame pour le père.
« C'est une fille ». La phrase revient comme un leitmotiv, et la phrase s'adresse à un « tu » qui nous fait sentir tout de suite de quoi on parle.
« On te pose sur le ventre de ta mère, coucou, fait ton père au vu de la vulve indéniable. Tu vagis. Machinal, il se fend d'un sourire puis recule. Tu ne couines pas, tu brailles, tu t'époumones, quel coffre, pour le coupe, à l'oreille on ne ferait pas la différence ».

Etre une fille dans les années 60, c'est se conformer à une façon de vivre en vigueur en province : on respecte le père, on s'exprime peu, on va à l'école de filles, et on fait attention à ne pas tomber enceinte.
Et puis il y a cet oncle et cette scène que je ne décrirai pas ici – « à l'époque on ne parle de viol » dit Camille Laurens dans une interview au Magazine LIRE, « mais de tripotage, de pelotage, on minimise en disant que ce n'est pas bien méchant ». Et pourtant n'est-ce pas un traumatisme, pour cette adolescente qui se construit ?

Et puis Laurence va grandir, devenir mère à son tour dans les années 1990.
Mais rien ne va se passer comme ça devrait, et le récit de l'accouchement désastreux est un vrai morceau de choix. Je garde en mémoire, bien après avoir refermé ces pages, le souvenir de cette mère, qui vient de perdre son fils, à qui personne ne s'adresse : on console le mari qui pleure, on rassure l'horrible médecin accoucheur qui a cumulé les erreurs, mais elle, on ne lui dit rien. Pas de prise en charge psychologique, pas de mère consolante. Rien.
Rien que ce médecin accoucheur qui va coudre « le point du mari », oubliant même de vérifier l'essentiel : si le placenta a bien été expulsé. Laurence aurait pu y passer.

Dans la troisième partie du récit, Laurence Baraqué a enfin un enfant – une fille, bien sûr. Elle s'appelle Alice, et elle grandit dans un contexte de couple divorcé, puisque très vite Laurence comprend que son mari n'est pas l'homme qui pourra l'épanouir complètement.
Mais c'est cette fille qui redonne espoir au récit : elle est vive, têtue, préfère s'appeler « Monsieur Bricolage » que Alice, se faire offrir des costumes de cow-boy, et accentue son caractère pendant l'adolescence. Une belle consolation pour sa mère, qu'on surprendra tout de même en pleine expression de culpabilité à la fin – mais on n'en dira pas plus, pour ne pas gâcher le plaisir des futurs lecteurs.

Camille Laurens explore donc le thème du féminisme à travers la vie d'une femme, une histoire banale, mais qui la rend universelle. L'autrice explique avoir voulu faire « une sort d'état des lieux de la question sur une soixantaine d'années » - sujet qui a ressurgi massivement lors de l'émergence du mouvement MeToo.

Et puis il y a surtout l'écriture. Avec une attention toute particulière au vocabulaire et au choix des mots, c'est une écriture pleine de finesse qui rend le récit très harmonieux. Même les scènes les plus douloureuses sont contrebalancées par des respirations où l'autrice s'interroge sur le langage, comme ce terme de « Garce » qui était au départ l'antonyme de « Garçon » et qui est devenu bien péjoratif. « J'ai la passion du dictionnaire, des différents sens de la langue, des couches de langage, cette espèce de sédimentation au fil des siècles, et puis selon les milieux sociaux, les générations » dit encore l'autrice.

On songe aussi à Annie Ernaux, et son roman « les Années », que j'avais chroniqué en 2011.

Avec ce très beau portrait d'une femme à cheval sur le 20ème et le 21ème siècle, ce récit est aussi un roman d'apprentissage, mais à l'envers, puisqu'au final c'est sa fille Alice qui va éveiller sa mère à toutes ses questions de féminisme.

Pour conclure Camille Laurens boucle la boucle après la phrase initiale, où l'on comprenait la déception à la naissance d'une fille, pour finir sur cette phrase qu'on retiendra : « Tu as raison, ma chérie, ai-je dit, c'est merveilleux, une fille. »
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Bien fait pour toi ! Tu croyais ne pas aimer, tu étais restée sur un a-priori qui remontait à... à quoi, à quand, tu ne savais même plus. Et puis, cet entretien télévisuel avec cette auteure t'a plu, a bousculé tes certitudes et tu t'es dit pourquoi pas ? Et tu t'es laissé faire, tu as osé lire Camille Laurens. Et c'est bien fait pour toi parce que tu as adoré.
Son écriture t'a prise aux sentiments, aux émotions, aux tripes. Parfois, tu t'es sentie visée par ses propos. Tu cherchais une réponse, ta réponse parmi ses mots. Parfois, tu as trouvé un sens ou un début de sens. Mais chaque vie a son parcours, chaque vie est une histoire. le copier-coller n'existe pas en humanité, il s'en approche parfois et peut aider. Car c'est vrai qu'il y a des livres qui aident à grandir, à voir le monde autrement, à apprendre. Diable comme la littérature peut être captivante, soignante, libératrice aussi !

Fille, c'est d'abord l'histoire du mot et de ce que la langue française associe au genre, souvent très dévalorisant et dévalorisé.
Fille, c'est aussi l'histoire de Camille Barraqué née en 1959 dans une famille bourgeoise à Rouen. Père médecin et mère au foyer. On attendait un garçon et c'est encore une fille qui arrive...
Fille, c'est encore l'évolution du regard sur la femme depuis les années 60 jusqu'à aujourd'hui en croisant les thèmes de la sexualité, de l'inceste, de la contraception, de l'avortement, de l'accouchement, du deuil et de l'amour.
Enfin, fille c'est un questionnement sur la quête d'une identité et la construction de soi. C'est autant un récit intime que sociologique.

Fille, combien pèse ce mot ?
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Si j'avais regardé avant le sujet, je ne l'aurais pas lu. Démarre sur la naissance d'une deuxième fille chez un couple des années 60. Déception du père médecin, encore une fille ! Gamine, un vieux, lui met la main sous sa robe et la tripote devant d'autres membres de la famille qui ne disent rien. La nuit, elle rêve que l'instit lui enlève la culotte pour montrer ses fesses et ses parties génitales. Définition de sexes avec tous les mots vulgaires existants. Elle devient adulte et accouche à son tour. Une deuxième partie avec quelques bons passages. Je me suis traînée dessus avec la sensation d'un sujet mal traité. Trop d'excès sur la femme fashion victim. Un roman ou biographie ou règlement de compte qui met mal à l'aise et déprime, surtout si on est une fille...
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Le livre de camille Laurence m'a immédiatement rappelé une histoire qui circule dans ma famille.
À la naissance de son troisième enfant, mon père a reçu de la part de sa mère (ma grand-mère) une montre en cadeau de consolation car elle pensait qu'il aurait ENCORE une fille !!!
Et puis les petites phrases, les remarques du père de Laurence, la narratrice, ont fait écho à celles que ma soeur et moi avons pu entendre en étant enfants puis adolescentes. Phrases qui étaient pour nous des sujets d'agacement, voire de révolte.
Ce livre autobiographique (?) est truffé de références psychanalytiques et j'aime beaucoup. Ce récit devrait paraitre complètement daté mais même s'il y a eu des progrès et que la pensée est moins archaïque, tout n'est pas révolu loin de là !
Certaines remarques ou anecdotes font sourire d'autres beaucoup moins.
La première partie de ce récit concerne la naissance puis l'enfance de Laurence et donc la difficulté d'être fille lorsque son propre père attend et ne désire qu'une chose avoir un fils, la deuxième partie va tourner autour d'un drame qui donne un ton beaucoup plus tragique à ce récit.

Camille Laurence ne condamne pas les hommes dans leur ensemble, elle pointe l'ignominie de certains, l'humour qui peut être déplacé et blesser, des phrases misogynes qui font mal.
Ce récit devrait être étudié au lycée, les débats seraient sans aucun doute riches et passionnés.
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La narratrice s'appelle Laurence Baraqués, elle est née à Rouen à la fin des années 50, d'un père médecin et d'une mère au foyer. le choix du roi : avoir un garçon et une fille. « C'est une fille », c'est ainsi que Laurence est accueillie le jour de sa naissance, une nouvelle décevante, on espérait tant un garçon, il y a déjà Claude la soeur aînée. Ce n'est pas que le père soit malheureux, mais bon, il manque quelque chose à son bonheur, voilà tout.
Surnommée Gras-du-bide par son père, Laurence va nous raconter son enfance, son adolescence, sa vie de femme et de mère.

Les premières années d'école, la découverte que les garçons ont entre les jambes un bout de tuyau d'arrosage qui leur permet de faire pipi debout. Il y a du petit Nicolas dans la première partie de ce roman, mais un petit Nicolas en jupe. C'est frais, tendre et drôle.
La main du tonton qui déboutonne son short et passe sous sa culotte. Ce n'est que du tripotage, les hommes, c'est des pulsions on n'y peut rien. Il leur faut la bagatelle. le linge sale se lave en famille. Motus et bouche cousue.
Elle lit « Salut les copains », écoute des 45 tours sur le Teppaz de sa copine, en s'enfilant des fraises Tagada, participe à des boums garage, découvre le plaisir et le désir. Savoir comment séduire les garçons.

Le deuil d'un enfant mort, devenir la mère d'Alice, un garçon manqué, son objectif en faire une fille réussie.
Ce roman est un moment de lecture très agréable, une réflexion subtile sur le statut des filles par rapport aux garçons, un roman féministe, mais qui nous interroge utilement sur les préjugés, les inégalités dues au langage, sur les violences silencieuses et insidieuses, « Les femmes ont peur tout le temps, à toutes les époques, une femme menacée c'est un pléonasme. »

L'écriture de Camille Laurens qui est légère et remplie d'humour sait se faire grave et émouvante pour nous raconter la difficulté de naître fille, de se construire, de devenir une femme, une mère. La dernière phrase du livre résume tout :

« Tu as raison, ma chérie, ai-je dit, c'est merveilleux une fille. »


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Avant toute chose, je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Gallimard pour cet envoi.
Il ne s'agit pas réellement ici d'un roman mais plutôt d'une suite de souvenirs et de réflexions de l'auteure sur le fait d'être née fille alors que son père aurait voulu des garçons.
Je ne me suis pas retrouvée du tout dans ses propos.
Je ne me suis pas sentie concernée bien que née moi aussi dans une famille où mes parents n'ont eu que des filles, mais mon père nous a toujours fait sentir que ma soeur et moi étions les bienvenues.
L'auteure raconte son enfance, son adolescence, sa vie de jeune femme, sa vie de maman, etc…mais j'ai lu cet ensemble de souvenirs avec un certain détachement, de l'ennui et une grande lassitude.
Je n'ai pas accroché du tout à ce récit, j'ai trouvé qu'il y avait de nombreuses longueurs et je n'ai pas été touchée du tout par les souvenirs de cette petite fille et plus tard de cette femme.
Le fait qu'absolument tout le récit soit consacrée à sa petite personne m'a malheureusement lassé assez rapidement, bien que certains propos sur les différences de traitement entre les petites filles et les petits garçons soient intéressants.
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