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EAN : 9782266343824
144 pages
Pocket (16/05/2024)
4.45/5   56 notes
Résumé :
" Dans les camps, il y a ceux qui survivent et ceux qui ne survivent pas. Il y a ceux qui reviennent et ceux qui ne reviennent pas. Personne ne sait pourquoi. C'est quelque chose qui vient du ciel. Il y a des anges, forcément. Je le crois. J'ai toujours eu deux anges avec moi. Je les ai toujours. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Peut-être parce qu'il fallait que je revienne. Il fallait que je dise ce que d'autres ne diraient pas, que j'écrive ce que personne n'écrirait. Je... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Marceline Loridan-Ivens est morte à 90 ans. 
C'était génial de vivre constitue sans doute son dernier témoignage, livré au documentariste David Teboul et à l'avocate Isabelle Wekstein-Steg.
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Elle raconte son enfance, puis des éclats de sa vie, souvenirs clairs ou tronqués de l'enfer concentrationnaire, elle qui fut déportée à Auschwitz-Birkenau à 15 ans.
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C'était génial de vivre est un bouleversant combat, une injonction à "continuer".
Les mots et les phrases sont jetés là, bruts, francs.
Paroles d'une femme libre. Enfin.
Parce que ce n'est pas parce qu'on est libéré qu'on est libre. Encore faut-il se reconstruire.
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J'ai lu beaucoup de témoignages, je me suis rendue au camp de Struthof, en Alsace, seul camp de concentration ayant existé sur le territoire français.
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Je me suis documentée... je croyais tout savoir ou presque. Quelle prétention.
Chaque fois que je consulte d'autres ouvrages, j'en apprends encore.
Toujours plus horrible.
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Voilà, je ne savais que dire pour transmettre mes émotions, je suis encore à court de mots et j'en suis désolée.
Autant de souffrances, autant de courage face à autant de cruauté... et encore, cruauté est trop faible pour qualifier les atrocités commises.
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Ce livre est très court, je vous invite à le lire.
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Elle parle vrai, sans fioritures, sans prendre de gants, la petite Marceline. Je dis petite alors qu'elle avait plus de 90 ans quand elle a livré ce témoignage. N'y voyez aucune condescendance, Juste elle était petite physiquement, et puis quelque part, ainsi qu'elle le dit elle-même, elle a toujours quinze ans, parce que c'est l'âge qu'elle avait quand elle a été déportée, et qu' « On a l'âge de son trauma. »

Dans ce témoignage laissé peu de temps avant son décès, elle revient sur sa vie, son enfance, sa position du milieu dans la fratrie, pas la plus évidente, les années de guerre et son arrestation au printemps 44 avec son père, qui lui ne reviendra pas, ce qui va la hanter éternellement.

Elle décrit l'enfer des camps, avec franchise, sans hésiter à témoigner sur les horreurs, celles perpétuées par les gardiens, les soldats, les kapos, mais aussi certains déportés, parfois par obligation, parfois juste pour avoir une chance de plus de survivre. Elle ne cache rien, c'est précis, clair, pas de détours et c'est d'autant plus insoutentable, difficile à lire, difficile à imaginer. Cela se passait il y a quatre-vingt ans, hier dans l'histoire de l'homme... Quelle inhumanité pour des peuples qui se disaient civilisés.

Un témoignage fort, qui ne s'arrête pas aux années des camps, mais décrit aussi l'après, le retour difficile, la sensation de déranger, de devoir se taire, l'incompréhension de ceux qui y ont échappé. Et aussi les conséquences sur les familles, certaines détruites à jamais parce que il est devenu difficile de se comprendre, parce que ceux qui sont revenus ne sont pas ceux qu'on attendait, parce qu'ils doivent réapprendre à vivre, que ceux qui sont restés se sentent coupables.

La petite Marceline n'est plus. Il faut continuer à la lire, il faut continuer à se souvenir, pour elle et pour toutes les autres, pour que ce ne soit jamais plus.
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Il est des voix qu'il faut écouter, encore et encore. J'ai lu récemment les témoignages de Ginette Kolinka, survivante du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, et de Marie Vaislic, rescapée des camps de concentration de Ravensbrück et Bergen-Belsen.
Lorsque j'ai vu le beau visage souriant de Marceline Loridan-Ivens en couverture et ce titre plein de vie et de résilience, j'ai eu envie de lire son récit. L'autrice au sourire généreux et à l'humour frondeur nous dit qu'on a l'âge de son trauma, elle a eu quinze ans toute sa vie.

On ne sort pas indemne de ce genre de livre.
Je referme ce livre, secouée, bouleversée par ce nouveau témoignage et par l'inhumanité dont les hommes sont capables. Il me faut maintenant trouver les mots justes après ceux de Marceline Loridan-Ivens pour dire la cruauté, la brutalité et l'indifférence des nazis qui ont mené des millions de personnes à la mort dans l'indifférence la plus totale, et l'enfer qu'ont vécue les détenus.

*
« Au cimetière du Montparnasse, la rabbin Delphine Horvilleur t'a rendu un dernier hommage : «  La tradition juive entend la rébellion et la colère, même tournées contre Dieu. Elle l'écoute et lui fait de la place. Et si l'homme peut demander à Dieu des comptes, alors je crois qu'en cet instant, face à Marceline, Dieu est en situation difficile et pourrait bien passer un sale quart d'heure. Parce que devant lui se tient une avocate féroce de l'humanité, qui va plaider comme personne contre sa génération. »

Marceline Loridan-Ivens, décédée en 2018 à l'âge de 90 ans, était autrice française, actrice, scénariste, réalisatrice et productrice de films. Un de ses longs-métrages, « La petite prairie aux bouleaux », raconte son expérience de la déportation à Auschwitz-Birkenau.

*
À la question « Etes-vous heureux ? », Marceline Loridan-Ivens ne peut esquiver ses souvenirs de la guerre, de la Shoah, de ces mois de souffrance et de peur dans le camp de la mort d'Auschwitz-Birkenau.
Elle a douze ans lorsque la seconde guerre éclate. Suite à la dénonciation d'un voisin, la jeune adolescente est arrêtée avec son père en février 44 par la Gestapo et la milice française.
D'abord emprisonnée à Saint-Anne, puis à la prison des Baumettes avant d'être internée au camp de Drancy, elle est ensuite déportée à Auschwitz en avril de la même année.
Elle y retrouvera Ginette Kolinka et Simone Veil qui deviendra sa plus grande amie.

Elle nous raconte son histoire, les conditions de voyage éprouvantes dans un wagon à bestiaux, son père à ses côtés. Sans eau. Sans nourriture. Les corps entassés. Un baquet dans un coin à la vue de tous pour faire ses besoins.
Sans rentrer dans les détails, elle relate son arrivée dans le camp, les terribles premières heures où tout est fait pour les humilier et les déshumaniser, où elle est séparée de son père.
Elle décrit la vie au camp : la peur, les mauvais traitements, les brimades quotidiennes et les coups, l'appel interminable sans bouger, les travaux forcés, la faim et la soif, la surpopulation, les épidémies dont le typhus, les cadavres à enterrer,…

« … si tu supportes l'humiliation, tu vivras, si tu ne la supportes pas, tu crèveras. »

« La vie quotidienne à Birkenau pouvait détruire les liens les plus intimes, ruiner les relations les plus confiantes. »

Après Auschwitz-Birkenau, Marceline Loridan-Ivens est transférée en Saxe au camp de Raguhn, puis au camp de Theresienstaldt.

*
Il n'est pas question seulement de devoir de mémoire, mais aussi de parler de la vie, du difficile, impossible travail de reconstruction après avoir vécu l'impensable, l'inimaginable.

A la libération, après la longue marche vers Prague où elle est soignée puis le retour en France, à nouveau dans un wagon à bestiaux, son oncle lui assène ces mots terribles : « Ne raconte rien, ils ne peuvent pas comprendre ».
Marceline Loridan-Ivens nous raconte la perte de repères, l'incompréhension de ceux qui n'ont pas vécu les camps, la barbarie nazie passée sous silence, le difficile chemin pour retrouver son humanité, l'impossibilité d'oublier ces mois de violence insoutenable.

« Je n'ai jamais quitté le camp. Je ne me suis jamais comportée dans la vie autrement que comme si j'y étais restée. Je suis dedans, je revois sans cesse la boue, la merde, les SS. »

Et puis, il y a son père qu'elle a attendu et qui n'est jamais revenu.

« Quand mon père est-il mort ? Je ne sais pas. Je ne sais pas où il est enterré, ni même s'il a été enterré. Il a pu mourir en marchant, il a pu être éliminé dans ces marches de la mort où les SS tuaient tout le monde. »

*
Dans ce petit livre d'une grande force, les mots sont lâchés, simples, directs, sobres, le lecteur le sent, avec la plus grande honnêteté et sensibilité. J'admire sa force de vie, son courage et sa résilience pour survivre à l'horreur et la folie.

Son témoignage est émouvant, glaçant et bouleversant d'émotions. C'est un texte d'une grande profondeur, d'une extrême force et d'une grande sagesse qui prolonge, à mon sens, mes lectures précédentes.
Que dire de plus ? Lisez-le.

Je finis avec les derniers mots de Marceline Loridan-Ivens :
« Un jour, je serai débarrassée de moi-même. Je ne serai plus là. Je serai une poussière d'étoile dans le ciel, une poussière de je ne sais quoi qui ne sera plus moi. »

*
Je remercie Babelio et l'équipe Pocket en Masse Critique Non-fiction pour l'envoi de ce livre qui m'a permis de venir à la rencontre de Marceline Loridan-Ivens.
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Février 1944, 4 mois avant le débarquement, Marceline Rozenberg est arrêtée avec son père. Drancy, Birkenau, Bergen-Belsen, Raguhn, parcours terrible qui l'aura marqué à vie.
David Teboul et Isabelle Wekstein-Steg ont recueillis les propos de Marceline Loridan-Ivens, elle nous parle de son enfance, de son arrestation, de la vie dans les camps, puis le retour et le dialogue impossible avec ceux qui n'ont pas vécu la déportation.
Marceline ne sera plus jamais la même, elle raconte le manque de compassion, de tendresse de la part de ceux qui en sont revenus, ils ne savaient tout simplement plus comment faire.
Eux ne sont pas morts là bas mais morts en dedans, étrangers à ceux qu'ils étaient avant de partir. Un autre combat les attend, réapprendre à vivre, à être heureux, tout en gardant en eux ce qu'ils avaient vécu, vivre avec ces souvenirs.
Ce livre n'est pas le premier concernant les camps de concentration. Pourquoi un nouveau, qu'apporte t'il de plus ? Sans doute rien, si ce n'est que chaque voix permettant de diffuser ces témoignages, chaque parole de ces trop rares survivants apportent pierre après pierre un rempart contre l'oubli. Marceline, disparue en 2018 y aura contribué de par ses films et ses livres. Que chacun d'entre nous les lisent et les transmettent pour ne pas oublier ce dont sont capables les hommes envers leurs semblables et que ne soit jamais remis en doute ces épisodes de l'histoire.
Voici les quelques mots qui terminent ce livre :
"Aujourd'hui, je suis heureuse de vivre.
Plus je vivrai, mieux je me porterai.
...
Un jour, je serai débarrassé de moi-même. Je ne serai plus là. Je serai une poussière d'étoile dans le ciel, une poussière de je ne sais quoi qui ne sera plus moi."
Merci à Babelio et aux éditions Pocket pour l'envoi de cet ouvrage.
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Texte inclassable dans lequel Marceline Loridan-Ivens se livre sur son enfance, sur la déportation à Auschwitz-Birkenau et sur l'impossible retour.
C'est un livre confession, intense, un flot de souvenirs qui dévalent au fil des pages, un peu désordonné parfois, mais d'un naturel confondant, comme une conversation à coeur ouvert, où l'on sent l'urgence à dire l'essentiel et l'important avant de quitter ce monde.
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critiques presse (1)
LaCroix
20 septembre 2021
Sans doute le dernier témoignage de Marceline Loridan-Ivens, brut et bouleversant.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Mon père n'était pas à Birkenau, mais à Auschwitz, à moins de trois kilomètres. Au bout de quelques mois, nos commandos se sont croisés. Je l'ai senti arriver avant même de le reconnaître.
J'ai hurlé : « Papa !" Nous nous sommes jetés dans les bras l'un de l'autre. Il était extrêmement maigre. Dans mon kommando, certaines filles ont fondu en larmes, mais tout le monde devait continuer à avancer. Un SS s'est précipité sur moi et m'a frappée sauvagement en me traitant de putain. « Mais c'est ma fille ! » a crié mon père. J'ai juste eu le temps de lui donner le numéro de mon block avant de m'évanouir sous les coups. Quand je suis revenue à moi, j'ai trouvé un oignon dans un pli de mon vêtement. Mon père avait eu le temps de l'y glisser.
Ce légume était un luxe extraordinaire.
Le lendemain, vers cinq heures et demie du matin, nous sommes reparties au travail. J'ai à nouveau croisé mon père, mais la scène de la veille nous avait rendus prudents.
Il ne s'est pas approché. Nous ne nous sommes plus jamais revus.
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Les portes du wagon se sont ouvertes dans un fracas de métal. Des hommes sont montés, ils portaient des tenues rayées. Ils nous ont dit : "Donnez les enfants aux vieillards. Dites que vous avez dix-huit ans." Ils essayaient de nous sauver la vie. Leur message signifiait : plutôt que de brûler avec votre gosse, ce qui vous attend si vous le gardez, donnez-le à un vieillard qui sera brûlé de toute façon. Nous ne pouvions pas comprendre.
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Je n'aime pas revenir à Auschwitz. Je n'ai pas besoin de remplir un vide. Beaucoup de gens n'existent que par les histoires qu'ils racontent. A force d'être racontées, ces histoires se figent, elles s'ossifient. On n'est plus dans la vérité des choses. Celui qui raconte amoindrit ou embellit la vérité. Moi, quand j'ai senti que je me répétais, j'ai dit: Stop, c'est fini pour moi. Ce n'est pas des enfants que j'ai le plus peur, c'est du public adulte. Les enfants, eux, comprennent tout. On peut presque tout leur dire. On doit presque tout leur dire.
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Marceline, Le premier film dans lequel tu apparais est Chronique d’un été d’Edgar Morin et Jean Rouch. On te voit dans les rues de Paris, posant aux passants cette question : « Êtes-vous heureux ? » Cela se passe en 1960. Tu as trente-deux ans. Edgar Morin t’a expliqué que le sujet du film était le bonheur. Il fallait arrêter au hasard des passants dans la rue pour leur demander « Êtes-vous heureux ? » et voir comment ils réagissaient à cette question. Tu lui as répondu : « Tu ne penses pas qu’ils vont nous balancer des tartes ? » Morin t’a dit : « Non, pas du tout. Tu es piquante, séduisante, très jolie, ça va très bien marcher. Sois aguichante et sympathique. » Toi, tu avais envie de pleurer. Lorsque tu as dû répondre à cette question – « Êtes-vous heureuse ? » –, tu t’es trouvée prise au piège. Tu as pleuré, tu as pensé à la mort de ton père à Auschwitz. Pour toi, depuis quinze ans, tout était du rabe. Tu ne pouvais pas échapper à ce que tu avais vécu. La morte que tu étais ne pouvait plus revivre. À Drancy, sur les murs de la prison, tu avais écrit : « C’est presque un bonheur de savoir à quel point on peut être malheureux dans la vie. »
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Joris Ivens avait raison. Il disait : « Il ne faut jamais perdre son enfance, il faut la nourrir. » Il avait raison. Il faut la garder en soi. C'est elle qui nous apporte tout. C'est elle qui nous permet d'oser, comme seuls les enfants peuvent oser.
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Videos de Marceline Loridan-Ivens (32) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marceline Loridan-Ivens
Rencontre avec Frédérique BerthetFrédérique Berthet a publié en 2018 aux éditions P.O.L La Voix manquante – texte qui retrace l'apparition fugitive et inoubliable de Marceline Loridan dans Chronique d'un été de Jean Rouch et Edgar Morin. Ce film de « cinéma-vérité » évoque les souvenirs poignants de la déportation de Marceline. La Voix manquante raconte les coulisses de ces images. Frédérique Berthet a reçu pour La Voix manquante le Prix du livre de cinéma 2018 décerné par le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC).Rencontre animée par Alexia Vanhee
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