Voilà une oeuvre maîtresse de la littérature francophone totalement inconnue.
J'aime ici la complexité des personnages, leur densité, la complexité des rapports entre ces êtres, la complexité des situations, la complexité parfois de cette écriture.
Tout ce qu'un usurpé Gatsby ou un ennuyeux attrape-coeurs n'ont pas. N'auront jamais quelque soit la quantité de fans amalgamés au fil du temps, lecteurs trop peu soucieux de complexité.
Car cette écriture est parfois âpre, inattendue. le parallèle peut sembler quelque peu osé, mais cette écriture a quelque chose du sang menstruel. Comme ces trois femmes qui pouvaient déranger "l'ordre établi" de cette époque post Moyen-ageuse, véritable époque de chasse aux sorcières.
A la lecture de ces trois histoires (trois romans et non trois nouvelles) et plus particulièrement la première, je me suis fait la réflexion que le livre qui suivrait serait un livre quelconque, un médiocre truc actuel. Un livre "sacrifiable" : parce que forcément après Trois âges de la nuit", toute lecture paraîtra fade, terne, vide.
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Approche intéressante et contrastée du thème de la sorcellerie, ou de sa supposition. C'est une démystification intelligente, parfois assez crue. Roman assez technique aussi, l'écriture n'est pas si facile.
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Sait-on jamais ce que c'est qu'une vocation, le nombre de matériaux impurs qui la constituent avant de se transmuter mystérieusement en une seule paillette d'or?
( Elizabeth ou l'amour fou)
J'aime bien Anne de Chantraine : entre cinq et douze ans, faible petite bête puante couchée en rond sur la paille de la carriole, si maigre, une figure pointue, des ongles rongés, des sabots aux pieds, une robe en haillons, un ruban rouge autour de la chevelure sans couleur, et aux oreilles, deux gros boutons de verre taillé. Toute la précoce résignation des enfants malheureux dans ses yeux pâles, et quelque chose en plus ; l'attentive stupidité paysanne sur ce visage menu, immobile. Et quelque chose en plus. Toute l'enfance hésitante au seuil d'un monde de prodiges.
La chronique de Gérard Collard - Prix Goncourt
Pour cette rentrée littéraire, notre chroniqueur-libraire Gérard Collard réagit à l'annonce de la première sélection de livres susceptibles de remporter le Prix Goncourt 2011. Pour information le jury de l'académie Goncourt est composé d'Edmonde Charles-Roux, Jorge Semprun, Régis Debray, Françoise Mallet-Joris, Robert Sabatier, Patrick Rambaud, Bernard Pivot, Françoise Chandernagor, Tahar Ben Jelloun, Didier Decoin. Voici leur sélection : rom@ de Stéphane Audeguy aux éditions Gallimard Limonov d'Emmanuel Carrère aux éditions POL Retour à Killybegs de Sorj Chalandon aux éditions Grasset Dans un avion pour Caracas de Charles Dantzig aux éditions Grasset Les Souvenirs de David Foenkinos aux éditions Gallimard L'Art français de la guerre d'Alexis Jenni aux éditions Gallimard Jayne Mansfield 1967 de Simon Libérati aux éditions Grasset Un sujet français d'Ali Magoudi aux éditions Albin Michel Du Domaine des Murmures de Carole Martinez aux éditions Gallimard Des vies d'oiseaux de Véronique Ovaldé aux éditions L'Olivier Le système Victoria d'Eric Reinhardt aux éditions Stock Monsieur le commandant de Romain Slocombe aux éditions Nil Tout, Tout de Suite de Morgan Sportès aux éditions Fayard La belle amour humaine de Lyonel Trouillot aux éditions Actes Sud Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan aux éditions JC Lattès
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