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Jean Markale (Éditeur scientifique)
EAN : 9782226059703
396 pages
Albin Michel (10/09/1992)
3.86/5   7 notes
Résumé :
Quatrième de couverture :

De nos jours, la mort a été bannie de la société humaine, et nos cimetières autrefois serrés autour de nos églises ont été rejetés loin des villes et des hommes. La modernité a voulu tuer la mort, en oubliant ce que nous transmettaient les traditions orales d'antan : les défunts demeurent, de façon mystérieuse, dans le domaine des vivants.

Si la mort prédispose à l'évocation des craintes les plus diverses, c'es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Difficile de trouver une meilleure période que celle du premier novembre pour commencer la lecture de ce livre. Qu'on se déguise en squelette ou en zombie, ou qu'on prenne simplement le temps d'aller fleurir les tombes de ses proches, la mort est au coeur de la journée.

Jean Markale a rassemblé dans cet essai des contes régionaux provenant des quatre coins de la France, autour du thème de la mort : les revenants, leurs dangers et leurs bénéfices, la mort vue comme châtiment, ou encore les moyens de se jouer de la dame (l'homme pour les amateurs de Pratchett) à la faux pour gagner quelques années de vie supplémentaires.

Ce qui frappe principalement, c'est de voir la continuité qui existe, finalement, entre le monde des morts et celui des vivants dans l'imaginaire collectif. Les revenants viennent principalement régler des questions qui se sont posées de leur vivant : un assassiné va confondre son meurtrier, une mère veille sur le bien-être de son enfant et s'assure qu'il soit correctement traité, un autre encore va rendre un coup de main à une personne qui lui en avait donné un à une période importante de sa vie. Personne ne peut trouver le repos avant d'avoir entièrement « payé ses dettes » ici-bas. de la même manière, la puissance des serments est plus forte que la mort. Que la promesse ait été faite étourdiment sur l'émotion du moment ou que la mort soit venue trop vite pour pouvoir la respecter, le défunt erre sur terre jusqu'à son accomplissement.

On s'amuse également de voir le mélange des diverses influences dans le mythe final : dans certaines histoires, des traits de tragédies grecques se mêlent aux anciennes traditions celtiques, le tout recouvert d'un couche de christianisme. Mais si les thématiques sont universelles, les leçons morales peuvent beaucoup varier selon les régions. Chez l'une, les amants séparés de force se retrouveront éternellement unis dans la mort, chez l'autre ils finiront maudits et en Enfer pour avoir jeté le déshonneur sur leurs familles respectives.

Ce tour d'horizon de la mort en France s'est révélé tout sauf lugubre : on est tour à tour touché par certaines visions des défunts, frappés par le côté positif et joyeux de certaines histoires, ou le côté rebelle et indépendant d'autres. À noter que l'auteur a déclenché plusieurs polémiques, en étant notamment accusé de parler de choses qu'il ne maîtrisait pas vraiment et de ne donner que ses propres livres comme références. Mais dans le cas de ce livre, je pense que cet aspect est peu important : si les histoires sont rapportées honnêtement, chacun y trouvera son intérêt, quels que soient les commentaires de l'auteur sur les récits.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Puisqu'il y a fraternité entre les vivants et les morts, la règle du jeu d'équilibre veut que l'entraide soit efficace, même si celle-ci est dangereuse, même si elle doit déboucher sur des situations impossibles. Par le fait qu'ils ensevelissent leurs morts, par la mémoire qu'ils entretiennent de ceux-ci, les vivants admettent qu'ils peuvent aider les défunts. Dans les civilisations rurales, si l'on aide les défunts à mourir, on se doit également de les aider à gagner le plus vite possible les régions bienheureuses où l'âme trouvera enfin la paix. La lutte entreprise contre les revenants n'est pas seulement négative. Elle ne vise pas seulement à assurer au groupe social ou à l'individu sa tranquillité, elle débouche sur une vision beaucoup plus altruiste des choses, et qui peut s'exprimer de la façon suivante : je ne peux être heureux si les autres ne sont pas heureux.
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[L]es saints honorés par toute civilisation rurale sont liés au terroir. Ce sont, la plupart du temps, des saints locaux. Ils sont sensés connaître le pays, ses habitudes, ses coutumes. Ce sont des interlocuteurs privilégiés. Ils ont encore de la famille, des descendants, des alliés. Alors joue l'esprit communautaire. Le saint d'une paroisse a des pouvoirs et des compréhensions que le saint d'une autre paroisse ne peut avoir, quitte à en avoir d'équivalents pour sa propre paroisse. Cela ne dispense pas d'honorer les saints universels, mais ceux-ci prennent, selon les paroisses ou les régions, des colorations très spécifiques. On peut prendre comme exemple la multiplicité des appellations sous lesquelles on rend un culte à la vierge Marie.
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[T]outes les croyances, toutes les pratiques, tout ce qu'on appelle improprement les "superstitions", ne sont autre chose que le résultat d'un prodigieux amassement de notions remontant très loin dans le temps et ayant emprunté à toutes les traditions, à toutes les religions qui se sont succédées sur un territoire déterminé. Et ce n'est même pas du syncrétisme : il n'y a pas superposition des divers éléments, il y a une réelle synthèse, à tel point qu'il est bien difficile de discerner l'origine exacte de ce qu'on peut observer même à l'heure actuelle dans les civilisations de type rural. De toute façon, rien n'est fortuit, et tout se réfère à des critères qui échappent peut-être à la logique intellectuelle, mais qui sont dûment éprouvés par les siècles passés. On prend toujours soin de nous préciser que c'est "comme ça", depuis la nuit des temps, et cette référence à des temps primordiaux constitue une preuve qu'on ne se permettrait pas de discuter.
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Videos de Jean Markale (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Markale
POÉSIE MÉDIÉVALE – Qu’est-ce que BROCÉLIANDE ? (France Culture, 1993) L’émission « La matinée des autres », par Jacqueline Kelen, diffusée le jour de noël 1993 sur France Culture. Invités : Jean Markale, Claudine Glot, Philippe Le Guillou, Pierre Dubois, Patrik Ewen et Jean Thos.
>Coutumes, savoir-vivre, folklore>Folklore>Littérature populaire orale (601)
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