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Castelletto tome 1 sur 3
EAN : 9782368123072
320 pages
Charleston (09/05/2018)
3.55/5   37 notes
Résumé :
Dans les ruelles chatoyantes et décadentes de la Venise de 1361, Chiara rêve à une autre vie. À la mort de sa mère, victime de la peste, elle est recueillie par une communauté de prostituées alors qu'elle n'est qu'une petite fille. Treize ans plus tard, elle vit elle aussi du commerce de ses charmes. Belle, brillante et déterminée, Chiara économise dans l'espoir de se construire un avenir plus radieux. Mais la découverte de l'identité de son père va bouleverser ses ... >Voir plus
Que lire après Castelletto, tome 1 : ChiaraVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Venise, 1360, quartier de San Matteo. Chiara, dite l'Aragonaise, est une jeune prostituée qui a beaucoup de succès auprès des hommes. Elle rencontre par hasard Nicola Chiutto, prêtre et confesseur de Pietro Dolfin, fils du Doge. Celui-ci désire enfermer toutes les prostituées de San Matteo pour les contrôler et prélever la part d'argent qui lui revient mais il va devoir manoeuvrer car tous les membres du Conseil ne voient pas son projet favorablement. Chiara refuse elle aussi cette idée, elle veut rester libre malgré les menaces physiques qu'on lui fait subir pour l'effrayer, elle et son amie Gina. Parallèlement, Chiara et Nicola se retrouvent et tombent passionnément amoureux l'un de l'autre. Mais on vient de confier à Chiutto la tâche d'organiser le transfert des prostituées vers le Castelletto où elles seront enfermées et Chiara se sent trahie. En même temps, Pietro Dolfin la choisit comme favorite ; elle tente de s'enfuir mais échoue et devient la prisonnière de Pietro. Comment va-t-elle pouvoir supporter cette absence de liberté ? La jeune femme découvre alors l'identité de son géniteur.

J'ai découvert ce roman qui se passe à la fin du Moyen Age en Italie, et précisément à Venise, pour Noël et attirée par sa couverture mystérieuse, le résumé m'a encore plus donné l'envie de le découvrir.
Ce roman est vraiment très original et dépaysant par l'époque qu'il dépeint, le XIVème siècle avec la peste qui continue de faire des ravages réguliers, et par le lieu puissamment magique où il se passe qui fait rêver et voyager.
C'est aussi un roman d'aventures où de nombreux personnages sont présents, hommes de pouvoir, d'Eglise ou ruffians de basse condition, toujours prêts à de mauvaises actions, ou femmes de petite vertu mais au grand coeur, souvent liées par une profonde amitié et matrones autoritaires et vénales. On ne s'ennuie pas une seconde ici. L'index des personnages est une bonne idée mais je ne l'ai vu qu'à la fin de ma lecture, il aurait été aussi bien placé en début de livre, à mon avis.
Quelques scènes sont pimentées et donnent, sans être vulgaires, de la sensualité au livre. Elles vont bien avec la couverture un peu "hot" du livre qui peut rappeler certaines nuances de Grey.
D'autres scènes font froid dans le dos comme la mise à mort du jeune enfant ami de Chiara, l'incendie des maisons des prostituées ou le spectacle des cadavres flottant sur les eaux. Cette alternance de moments forts à la tonalité très différente relance à chaque fois l'intérêt du lecteur.
Un léger bémol : j'aurais apprécié qu'il y ait un lexique en fin d'ouvrage ou quelques notes explicatives en bas de page, pour les mots italiens employés, pas toujours évidents pour des lecteurs de langue française.
J'aurais grand plaisir à découvrir le deuxième tome de cette série quand j'en aurai l'occasion et retrouver les personnages et l'ambiance dépaysante que j'ai appréciée et qui m'a fait découvrir Venise comme je ne l'avais jamais vue.
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Aujourd'hui, mon cher lecteur, je vais te faire voyager à Venise, nous allons remonter le temps jusqu'au 14e siècle.
C'est une lecture que j'ai adorée, je ne connaissais pas du tout la plume de l'autrice (depuis j'ai appris que sous ce pseudo se cache un homme je te dis un mot à ce propos à la fin), mais elle m'a convaincue. Ce premier opus pose clairement la base d'une saga prometteuse avec des personnages forts et une richesse historique très très intéressante, je t'en reparle plus loin dans mon avis.

Tu commences le récit avec une Venise en pleine épidémie de peste, aucun quartier n'est épargné, le quartier où résident les prostituées est un des plus touchés.
L'une d'entre elles meurt et laisse sa fille, toutes deviendront sa mère.

13 ans plus tard, tu fais la connaissance de l'héroïne de ce premier tome : Chiara.
Elle exerce le même métier que sa mère, élevée dans le milieu, cela ne lui paraît pas anormal, pourtant elle rêve de liberté, de changer de vie, de s'enfuir loin de sa matrone même si elle aime sa ville et ses mille lumières.
Sa liberté a un prix, mais en plus le doge de Venise a des projets qui réduiront encore plus le peu de liberté qu'il lui reste.
C'est dans ce climat que Emma Mars t'entraîne.
Je ne t'en dis pas plus sur le pitch.

Ce premier opus possède trois forces.
Je t'en ai parlé juste au début.

La première force est, sans aucun doute, Chiara, je l'ai aimée directement et plus j'ai avancé dans ma lecture, plus je l'ai appréciée.
Elle veut changer sa condition, sans oublier ses plus proches amies, comme Angela, celle qu'elle considère comme sa mère ou Gina sa meilleure amie, sans oublier ses « soeurs » qui partagent le même travail qu'elle.
Un personnage qui réclame la justice, mais sans violence, entêtée, aimante un personnage à la psychologie bien développée tout comme Nicola, ils forment un duo des plus attachants bien qu'ils mènent des vies complètement opposées.
J'ai aussi adoré la bienveillance et la bonté de Alvaro ou encore Rolando.
Pour ce qui est des personnages détestables, ils ne sont pas en reste, Lucia Nigra, Pietro, Sandro, etc. Ils traitent les prostituées odieusement alors qu'ils en tirent profit.
Homme d'Église ou matrone, autant tu vas aimer les premiers que je t'ai cités, autant tu détesteras ceux-ci.
Certains des protagonistes ont existé d'autres sortent de l'imagination de l'autrice, mais tous sont incroyablement bien décrits.

La seconde force de ce roman est l'écriture de Emma Mars.
En très peu de pages, elle te situe directement son intrigue, les descriptions historiques des lieux comme de la situation politique et ecclésiastique sont importantes pour asseoir sa trilogie, mais aucune ne m'a lassée.
Une plume fluide, sensuelle, élaborée, puis sans conteste la recherche minutieuse qu'elle a menée m'a subjuguée.
Fiction et réalité se côtoient sans que tu puisses savoir ce qui est vrai ou pas, la fiction est intégrée dans l'histoire et inversement.

La romance est trop belle, j'ai adhéré à cette histoire même si elle peut étonner.
Le langage utilisé est par moment cru, pour ma part cela ne m'a pas dérangé, mais je préfère te prévenir.

Enfin, ce qui a retenu le plus ma concentration sur ce roman, c'est comme je viens de t'en parler l'histoire.
Tu le sais que je suis une grande amatrice d'histoire, le Moyen Âge est la période que j'aime le moins et pourtant Emma Mars me l'a si bien décrite que j'ai visualisé chaque pont, chaque quartier célèbre ou moins célèbre.
Que j'ai compris les enjeux pour Chiara et les autres ; la pauvreté comme la richesse sont expliquées, les palais merveilleux côtoient la saleté des quartiers plus défavorisés et oubliés des dirigeants qui ne pensent qu'à s'enrichir, j'ai vraiment apprécié cette immersion pourtant avec des passages pas très ragoûtants.
C'est une Venise en plein essor que tu lis, en plein bouleversement et construction quand la papauté est encore à Avignon.

J'ai autant aimé que » Les enfants de Venise » de Luca di Fulvio ce qui n'est pas un petit compliment pour moi.
Certes, c'est complètement différent, mais j'ai retrouvé ce pointillisme historique, ces descriptions que j'avais tant aimées, la Venise du Moyen Âge est loin d'être aussi glamour que ce que l'on voit maintenant, j'ai appris beaucoup sur son essor grâce à ces deux livres.

Je t'encourage vivement à commencer cette saga si tu aimes la romance historique, les héroïnes fortes et une intrigue qui court jusqu'à la fin, il me tarde de lire la suite.
Le tome deux est annoncé pour le mois de septembre.
Que j'ai tremblé pour nos personnages principaux ! Vivement que je retrouve Chiara.

Édit :
Au moment où j'ai rédigé ma chronique, je ne savais pas du tout que sous ce nom d'autrice se cachait un homme, mon amour pour ce roman n'en est que plus fort, j'admire ces hommes qui ont la faculté de nous décrire les tourments féminins, qui comprennent les femmes, je ne sais pas si je m'explique bien.
Peu importe pour moi le sexe ou la nationalité de l'écrivain du moment que j'aime le roman, mais ici je souligne ce fait uniquement pour la beauté et la sensualité du texte, vraiment l'écriture, Chiara et l'histoire sont parfaites.
Je ne peux vraiment que te le conseiller.

Lien : http://luciebook.blogspot.be..
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Ce livre est arrivé par hasard entre mes mains. La soirée de lancement du livre de Caroline Noël était aussi celle de Castelletto chez Charleston. J'ai rencontré Emma Mars, j'ai pu échanger avec Frédéric (vous suivez ?), et je suis repartie avec son livre dédicacé. Improbable. La couverture ne m'attirait pas, je n'aurais jamais acheté ce livre en librairie.

Avec Castelletto, on se retrouve dès les premières pages en totale immersion dans la Venise du XIVème siècle, dans les quartiers défavorisés, en compagnie des courtisanes et autres filles de joie. Nous suivons plus particulièrement Chiara, orpheline, qui a été élevée par une communauté de prostituées vénitiennes et qui vend désormais elle aussi ses charmes. Nous sommes à l'aube de l'ouverture du Castelletto, lieu construit pour regrouper les courtisanes de la ville et ainsi réguler et gérer leur commerce. Et c'est à Nicola, homme d'église que l'on demande de superviser cette citadelle du vice.

"Le pape des putains vénitiennes ! Sa foi était peut-être erratique ; ses moeurs pas toujours dénués de taches. Mais de là à promouvoir le commerce des corps et la corruption des âmes ?"

Les premières pages m'ont un peu déstabilisée, le temps de me faire au style de l'auteur. En effet, les tournures de phrases et les mots qu'il emploie ne me sont pas familiers. Mais justement, c'est ce style qui m'a finalement séduite et embarquée dans cette saga. Dès le début, j'ai imaginé les décors, les personnages. Tout se déroulait dans ma tête au fil des lignes, comme si je ne lisais pas mais plutôt comme si je regardais un film. Vous voyez ce que je veux dire ?

Frédéric, tu décris si bien la Venise des catins. Les personnages semblent tous plus vrais les uns que les autres. Les ruelles, les canaux, les costumes, tout y est. Je n'ai pas eu l'impression de lire une fiction, mais plutôt de faire un bond de plusieurs siècles en arrière. Je me suis complètement projetée dans l'ambiance de Castelletto.

Chiara est attachante, elle est passionnée et entière. Elle sait ce qu'elle veut, et en même temps elle est prête à se sacrifier pour venir en aide à ses amis. Elle est une héroïne courageuse et audacieuse, une Angélique d'un autre temps et d'un autre milieu. Loin d'être soumise, Chiara est une battante, une amoureuse de la vie.

"[…] l'élégance n'a ni sexe ni condition."

J'ai souvent eu peur pour elle. le souffle coupé, j'ai enchaîné les chapitres. La vie de Chiara est tellement mouvementée et surtout dangereuse. le danger et le risque sont présents à chaque client, à chaque rencontre, à chaque coin de rue. Certaines scènes sont vraiment difficiles, mais pas anodines. La vie des prostituées de Venise était souvent synonyme de viol, de maltraitance…

"Et comme elle esquive son baiser, il réaffirme son autorité de chasseur qui sait le gibier déjà acquis :
– Un peu de résistance ne me déplaît pas… Mais tu sais que cela ne sert à rien, n'est-ce pas ?"

La vie de Chiara prend un tournant quand elle fait la rencontre de Nicola, un prêtre de la cité des Doges. L'amour est un sentiment qu'on ne contrôle pas. Et pour Chiara et Nicola, si au commencement tout semble les séparer, finalement tout les rapproche. Ils ne sont plus une catin et un homme d'église, mais deux êtres qui s'aiment. Loin de tomber dans la guimauve, ce côté romance interdite et clandestine donne du piment à l'histoire. J'ai vibré, frissonné pour eux, avec eux. Il me tarde de connaître la suite de leur relation.

"Mais même muets ils se disent l'après. L'attachement. La clandestinité. La douleur de se quitter et la joie folle de revivre de tels instants. Les rendez-vous volés à sa matrone, en cachette de tous. Là, tout de suite, elle n'est plus une putain du Rialto, il n'est plus un prêtre."

On dit qu'il ne faut pas se fier à la couverture d'un livre, que l'habit ne fait pas le moine. J'en suis maintenant convaincue. Castelletto a été un coup de coeur auquel je ne m'attendais absolument pas. Cela fait un bien fou d'être surprise de cette manière ! Il va me falloir maintenant lire Nicola, le tome 2 pour connaître la suite de la vie de Chiara.

Castelletto vous emmène en totale immersion dans une Venise que vous ne connaissez sans doute pas. Laissez-vous entraîner à la suite de Chiara, vous ne le regretterez pas !
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Résumé Castelletto 1 Chiara d'Emma Mars
Chiara a passé la nuit avec son protecteur, un homme très âgé qui prend soin d'elle. Elle se réveille et elle est en retard, attendue par sa matrone.

Chiara a 20 ans, vit à Venise et est prostituée. Son rêve, partir.

Avis Résumé Castelletto 1 Chiara d'Emma Mars
Chiara a 20 ans. Elle est prostituée. Elle a perdu sa mère, elle-même prostituée, de la peste à l'âge de 13 ans. Mais Chiara veut fuir Venise pour vivre ailleurs, abandonner son passé. Mais c'est sans compter sans sa matrone, une femme qui tient son monde de main de fer, et ses sbires. Tous sont prompts à être violents et surtout à gagner de l'argent, beaucoup d'argent. Car Chiara a toujours été protégée par les amies de sa mère. Sa beauté est indéniable par rapport aux autres filles.

Dans ce roman, Chiara, surnommée La Princesse, affrontera son passé et elle arrivera à savoir qui est son père. D'ailleurs, cet élément va changer tout son avenir. Chiara est franche, sensible envers ceux qui souffrent. Elle veut protéger ses compagnes, les plus faibles. Car malgré les disputes, les jalousies, les prostituées sont soudées. Surtout que les prostituées vont être enfermées et déjà que leur statut n'est pas enviable, cela le sera encore moins. Elles n'ont aucune liberté de mouvement, des codes couleurs existent. Et ce confinement dans un quartier, le Castelletto, pour soit-disant réguler les maladies, ne leur apportera rien de bon. Sauf de l'argent, encore plus d'argent à la famille qui gère la ville, à l'Eglise. L'idée est que Venise et donc ce lieu soient repris dans le monde entier.

Outre les nombreux personnages de ce roman, que l'on suit parfaitement bien, il y a Nicola le prêtre qui va tomber amoureux fou de Chiara. Mais lui doit obéir à l'Eglise, à l'Etat. Et ce qu'il a pu promettre à Chiara ne pourra pas se réaliser. Alors, même si elle est en colère, fortement, puisqu'il ne pourra pas écouter ses revendications et celles de ses amies, l'appel de la chair, du corps est plus fort. Et ce malgré les menaces, ils tentent de se cacher. Il me tarde de retrouver Nicola dans le second opus qui lui semble être dédié.

Ce roman est basé sur des faits et des personnages qui ont existé. L'auteur démontre très bien toutes les informations apprises et transcrites dans ce roman, dans cette histoire de cette femme libre mais aussi prisonnière. On imagine très bien cette Venise débauchée, mais une Venise qui souffre. Une prostitution que tout le monde cherche, même les touristes. Car la prostitution est autorisée mais fortement taxée et régie par de nombreuses règles. Les hommes, au plus haut sommet de l'Etat, combattent le vice mais même chez eux, les orgies sont légion. Ils vont également changer les règles de Venise en imposant, par exemple, le principe de la courtisane. Une femme qui reste au bon vouloir de l'homme qui l'a payée mais qui vit dans les coins réservés aux domestiques. J'ai particulièrement aimé ces explications concernant cette procession des douze Marie qui s'effectue avant le Carnaval. Tous les ans, les quartiers changent. Cela permet de faire la fête mais aussi de prier. Tout le monde est concerné.

Chiara m'a fait découvrir un pan de l'histoire de Venise que je ne connaissais pas, une période également. En tous les cas, je n'aurais pas aimé vivre à cette période. Venise est une ville qui ne m'attire pas particulièrement. C'est sûrement dû au fait qu'elle est entourée d'eau et mon vertige qui me donne l'impression d'être attirée au fond. Emma Mars m'a permis de découvrir un autre de ses talents. Raconter une histoire mais dans une époque qui n'est pas du tout contemporaine.

Le second tome était prévu pour fin septembre 2018. Il semble qu'il soit édité. Je pense que je vais me précipiter pour l'acheter.
Lien : https://livresaprofusion.wor..
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Il faut quand même l'avouer face à cette histoire j'avais un peu peur de ce que j'allais y découvrir... Emma Mars aborde ici le milieu de la prostituion avec la création du premier bordel, le Castelletto à Venise, au XIVème siècle. Je ne savais pas si j'allais accrocher aux personnages ou bien même à l'histoire.

Je tiens à souligner que l'auteur a fait un travail de recherches pour mettre en scène certains personnages qui ont réellement existés ou s'est inspiré de personnages historiques, mais aussi des recherches pour raconter le déroulé des événements. L'aspect historique m'a plu ; être immergée dans une autre époque – d'ailleurs ce n'est pas une époque souvent abordée dans mes lectures -, découvrir les moeurs d'un autre pays que la France, les conditions difficiles du peuple et également voir la mise en place de ce lieu.
L'auteur nous montre toutes les facettes du commerce de la chair où règne violence, pouvoir et argent. Il nous montre les enjeux d'un tel établissement : à qui celui-ci profite-t-il réellement ? À qui les bénéfices revient-il ? le lieu n'est-il pas une prison cachée ? L'Église y sera mêlé. Complot et manipulation seront bien présents tout le long du récit. Tout est loin d'être beau et rose et Emma Mars décrit les faits de manière brut. L'époque, les coutumes, certaines pratiques étaient brutales et tout cela se reflète dans l'écriture. le pouvoir et l'argent font tourner les têtes et certains sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. Cet aspect de l'histoire est encore tellement d'actualité, malheureusement...

Nous avons deux visions dans l'histoire : les prostituées d'un côté et celle de l'Église. Deux opinions qui s'opposent, deux clans qui vont se battre chacun pour leurs intérêts. Nous avons toute une palette de personnages, tous différents des uns et des autres. Certains personnages sont machiavéliques, cruels et barbares. Tandis que d'autres sont plein de douceur, protecteur et bienveillant. Nous allons suivre Chiara, une prostituée, la belle Aragonaise, la déesse tant convoitée par les hommes. Je me suis profondément attachée à son personnage autant que par son histoire que par son caractère : à la fois douce, compatissante, et je l'admire pour son courage et pour sa force. Loin d'avoir une vie facile, elle arrive à trouver le bonheur, à être en empathie avec les hommes qui viennent chercher du réconfort dans ses bras. Gina et Angela m'ont également beaucoup plu. du côté des hommes, j'ai été charmée par Mosca et bien sûr par Nicola. le tome suivant porte son nom, je suis impatiente d'en découvrir plus lui.

J'ai passé un bon moment de lecture et ce premier opus m'a donné envie d'en apprendre davantage sur cette partie de l'Histoire. Cependant, quelques points m'ont dérangé durant ma lecture... Tout d'abord, l'histoire d'amour entre la belle Chiara et son prétendant. J'ai trouvé que les sentiments sont survenus très (trop) rapidement. D'autre part, j'ai trouvé que les événements s'enchaînaient vite. Tout cela s'explique sûrement par le nombre de pages, moins de 300.
Enfin, le récit est riche dans son vocabulaire et dans les informations qui nous sont donnés. Ne connaissant pas l'Histoire de Venise, ni sur cette période ni sur cet aspect historique, j'ai dû durant ma lecture faire des recherches afin de pouvoir suivre et comprendre tous les enjeux du récit. Cela a coupé ma lecture, ce que je trouve bien dommage... Je conseille donc de faire quelques recherches au préalable sur la manière dont l'État de Venise est dirigé au début du siècle.

En bref, je me suis laissée emporter dans l'histoire du Castelletto et dans la quête des origines de Chiara, malgré quelques petits bémols. J'ai beaucoup aimé découvrir cette période historique autant que son héroïne. Emma Mars relate les faits tels qui sont. La vie est brutale, les mots, les actions de certains personnages le sont tout autant. Il y a ceux auxquels on s'attache et ceux qu'on déteste. Embarquez-vous pour Venise ! Pouvoir, manipulation, complot mais aussi amour et tendresse sont au coeur de ce récit. Je lirai la suite avec plaisir !

Lien : http://croqueuse-livres.weeb..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Venise, décembre 1348.
La nuit s’était abattue en plein jour, peu après les coups de cloche au campanile de Saint-Marc qui ponctuaient le zénith au soleil. Dès la fin de la matinée, celui-ci avait disparu derrière la brume qui enveloppait désormais la lagune. Les silhouettes noires qui s’aventuraient encore à l’extérieur se résumaient à des ombres, tels des poissons qui auraient percé la surface bistre du Canal pour repartir aussitôt dans ses profondeurs. Impénétrables.
- Laissez passer !
Les deux hommes qui portaient la dépouille emmaillotée d’un drap sale n’eurent qu’à murmurer leur ordre. Le rideau de curieux qui s’étaient agglutinés devant la masure misérable s’effaça de lui-même. Chacun put alors apprécier la tenue de portefaix qui sortaient leur fardeau dans l’étroite ruelle, le corps ceint d’un mantel long et couvrant, le visage masqué d’un linge trempé dans le vinaigre, les mains gantées.
Le dégoût qu’on lisait dans leurs yeux épuisés – combien de cadavres avaient-ils déjà charriés depuis le lever ? – semblait plus inspiré par l’infamie du quartier que par la pestilence des lieux. Le mal était partout. Il frappait ici comme au palais ducal. Il ne distinguait ni les classes ni les âges ni les sexes. Des morts, ils en trimbalaient à longueur de journée, et souvent plus mal en point que celui-ci. Mais que dire de ces femmes… ! Car ils le voyaient à présent, il n’y avait là que des femmes.
Certaines avaient tout juste pris le temps de passer un châle sur leur poitrine ; d’autres l’exhibaient encore, habituées qu’elles étaient à faire de leur corps un étal. Transgressant sans vergogne les règles en vigueur, toutes s’autorisaient des couleurs et des matières qu’on leur interdisait pourtant, soieries rouges ou blanches qui tranchaient sur leurs peaux brunes ou laiteuses. Si leur office ne faisait pas de doute, la qualité si diverse de la « marchandise », de la splendeur au laideron, aurait eu de quoi surprendre un néophyte. C’était ainsi, au Rialto, il y en avait vraiment pour toutes les bourses et tous les goûts, l’offre précédant toujours la demande.
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Si Chiara conservait en toute occasion une tenue décente,laplupart de ses conseurs appliquaient à la lettre la consigne qu'avaient imposée les autorités,et qui visait à combattre le crime de pédérastie.Ces seigneurs du Grand Conseil s'étaient imaginé qu'en exposant les attributs des femmes publiques comme la viande sur un étal,les tentations impies se reporteraient d'elles-même sur ces dames,délaissant les pièces sans attrait que sont les hommes.
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Ainsi allait Venise, et au-delà le monde : le lit conjugal perpétuait les lignées; mais il n’y avait que dans leurs bras à elles qu’un homme pouvait connaître les délices véritables de l’amour.
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N’est-il pas préférable de prévenir les perversions plutôt que de guérir les âmes qui s’y adonnent?
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Mais même muets ils se disent l'après. L'attachement. La clandestinité. La douleur de se quitter et la joie folle de revivre de tels instants. Les rendez-vous volés à sa matrone, en cachette de tous. Là, tout de suite, elle n'est plus une putain du Rialto, il n'est plus un prêtre.
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