AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Michel Mohrt (Autre)Pierre Singer (Autre)
EAN : 9782253043256
Le Livre de Poche (31/01/1996)
4.01/5   90 notes
Résumé :
Robert Penn Warren (1905-1989), romancier du Sud, fut longtemps le grand rival de Faulkner. Les Fous du roi (prix Pulitzer 1946), sans doute son plus grand livre, nous fait assister au douteux combat qu'un homme peut-être sincèrement épris de justice entend livrer – seul d’abord ou presque – contre les forces de la corruption et du mensonge. Nous sommes dans l’Amérique profonde du début des années 30, mais en territoire plutôt familier : trafics d’influence, combine... >Voir plus
Que lire après Les fous du roiVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
4,01

sur 90 notes
5
6 avis
4
5 avis
3
1 avis
2
3 avis
1
0 avis
"Bientôt, dans un moment, nous sortirons de la maison pour nous jeter dans la fournaise du monde ; sortis de l'histoire, nous rentrerons dans l'histoire et nous affronterons le verdict inexorable du temps. ". C'est par cette phrase énigmatique que se closent les sept cents pages du roman de Robert Penn Warren.
"Les fous du roi" est un livre ...métaphysique. Un roman exigeant dans lequel le lecteur aura quelquefois peine à entrer. Il ne faut pas s'attendre a une intrigue ponctuée de multiples rebondissement comme chez Ellroy par exemple, qui dépeint lui aussi dans ses livres les turpitudes de la vie politique américaine. Comme le dit justement Kajaku dans une critique précédente : "Il ne se passe pas grand chose" dans ce livre. Il existe quand même une trame narrative que Robert Penn Warren a emprunté à la vie du sénateur de Louisiane, Huey- Long, un homme politique démagogue et cynique, qui mourût assassiné . le personnage central du roman n'est pas le sénateur Willie Stark , l'avatar de Huey-Long , mais un de ces hommes qui gravitent autour des chefs de partis, un conseiller tout autant qu'un homme de main : Jack Burden.
L'intrigue , sans être compliquée, n'est pas facile à raconter. Si l'on veut qualifier le tout d'un raccourci trivial , on pourrait dire que c'est une histoire banale d'arroseur arrosé. le gouverneur du Comté de Mason City , Willie Stark brigue le Sénat. Un de ses adversaires, le sénateur McMurfee , se trouvant sur son chemin , il charge son homme de main, Jack Burden, de trouver un moyen de faire pression sur le Juge Irwin, un ancien ami de sa mère, afin que lui même intercède auprès de McMurfee pour qu'il laisse la place libre à Willie Stark. Burden ,connaissant bien l'intégrité du juge à la retraite, doute que l'on puisse le faire chanter , "cherche et tu trouveras" lui dit l'inflexible gouverneur. Et il va trouver : une misérable petite affaire de malversations financières vieille de trente ans ; la tâche, le pêché , dans la carrière immaculée du Juge Irwin. Cette découverte sera à l'origine des évènements qui vont alors s'enchaîner inexorablement.
Jack Burden sera ,à son corps défendant , le messager autant que la main du destin. L'auteur a mis beaucoup de ses questionnements, de ses angoisses, de ses anxiétés, dans son personnage principal. Jack Burden est le rejeton d'une riche famille sudiste, étudiant moyen, mal dans sa peau, amoureux fou d'Anne Stanton son amie d'enfance. Il devient journaliste dans un journal local d'où Willie Stark le débauche pour en faire son conseiller. Jack Burden n'est pas un raté malgré les apparences. C'est au contraire un homme d'une lucidité extrême, absolument pas dupe des forfaitures et des perfidies nécessaires au "vivre ensemble" de tous les jours. C'est l'homme de la "chair" , opposé à l'homme de "l'idée" incarné par son ami d'enfance Adam Stanton , brillant chirurgien habité par l'obsession du Bien , qui refuse la direction de l'hôpital construit par Willie Stark , persuadé qu'une bonne dose de Mal s'est invité à sa construction...
Vous l'aurez compris, au fin des fins, "Les fous du roi" se résume à une grandiose dissertation sur le Bien et le Mal , thème éminemment sudiste s'il en est (Faulkner et ma chère Flannery O'Connor ).
S'il vous prend l'idée (bienvenue , malgré mon compte-rendu décousu :-) , d'entreprendre la lecture de ce livre (lu dans l'édition de poche "biblio" ) , il faut absolument lire la belle introduction de Michel Mohrt qui explique magnifiquement les enjeux du roman, son contexte, sa place dans l'oeuvre de Penn Warren.
Enfin, une mention particulière pour la langue de Robert Penn Warren ; certainement édulcorée par la traduction (traducteur Pierre Singer, qui a du être à la peine vu la difficulté à rendre le sel des dialogues...) . L'auteur est un virtuose de l'image et de la métaphore. Tout au long des sept cents pages et au moment des dialogues je n'ai pu m'empêcher de penser à des scènes réelles ou imaginées de cinéma américain . Pouvoir du MYTHE !


"Par ici les choses ne changent guère" , dit le patron. La phrase ne semblait pas exiger de réponse , donc je n'en fournis aucune.
"Je parie que j'ai bien entassé , l'un dans l'autre, des milliers de litres de pâtée pour les cochons dans cette auge" dit-il. Il cracha de nouveau. " Je parie que j'ai régalé au moins cinq cents cochons dans ce coin-là. Et d'ailleurs, nom de Dieu ! c'est toujours ce que je fais : verser de la pâtée !
- Eh bien, c'est de ça qu'on vit, n'est-ce-pas ?
Il ne répondit pas."
Commenter  J’apprécie          213
Un pavé de 523 pages ! Je me suis accrochée jusqu'à la page 250, mais je n'en pouvais plus, je l'ai fermé. Je me suis vraiment, mais vraiment ennuyé. Je ne dis pas que ce n'est pas un bon bouquin, sans doute est-ce moi -même qui me suis égarée dans un univers qui n'est pas le mien et qui ne m'intéresse pas, la sphère politique et ses frasques.
Commenter  J’apprécie          240
Alors, par où commencer ? J'ai lu ce roman en me disant que j'attaquais un monument, un chef d'oeuvre… Si j'ai dévoré le début, j'ai laissé tomber au bout d'un moment et ne l'ai repris que bien plus tard. Sans doute ma lecture en a-t-elle souffert, mais c'est aussi le signe que cette lecture était ardue !
Corruption, magouilles politiques, allers et retours dans le temps pour comprendre comment le narrateur "s'est fait". Un roman noir fourmillant de détails, amples (on s'y perd un peu dans le temps et les personnages, mais ce n'est que mon avis). Malheureusement, la narration fait un peu datée, cette lecture a ressemblé à un exercice pour moi, dommage. Mais je reconnais la valeur littéraire de ce roman, et je comprends ce qui en a fait un classique !
Commenter  J’apprécie          160
Une écriture remarquable pour un roman sur le monde politique avec "ses "grandeurs et ses turpitudes". Des personnages décrits avec maestria et une ambiance magnifique. Epuisé mais à chercher d'occasion car il en vaut la peine.
Commenter  J’apprécie          201
Les fous du roi est un roman de Robert Penn Warren, prix Pulitzer 1947, que l'auteur reçut également en 1957 et 1979 dans la catégorie poésie. Il semble toujours être le seul auteur primé dans les 2 catégories.

Années 30. Jack Burden, le narrateur, est le bras droit de Willie Stark, "cul-terreux", comme il se qualifie lui-même, devenu gouverneur. Il est désormais "Le patron" et est bien décidé à ne pas laisser sa place à ceux qui ne souhaitent que sa chute.

Quitte à chercher à salir ses opposants, pratique désormais bien connue de la politique états-unienne.

Notons que l'auteur s'est inspiré du célèbre gouverneur de Louisiane Huey Long pour créer le personnage de Stark

Voilà pour le pitch initial. Mais le roman est plus complexe que cela, ce qu'illustre d'ailleurs sa narration, non linéaire, avec de fréquents allers-retours dans le temps. Mais l'auteur parvient toujours à maintenir la fluidité du récit, fluidité qui n'est pas toujours présente (attention, pas taper!) chez Faulkner par exemple.

La préface fait référence à cette écriture: "le lecteur pourra s'étonner en cours de route de telle digression, de tel flash-back, dont la nécessité ne lui apparaît pas d'abord; il s'apercevra plus tard que rien n'est laissé ici au hasard, que le moindre détail se trouve être justifié, parfois 300 pages plus loin"

Si Stark semble au début du roman le personnage principal, les personnages secondaires vont prendre peu à peu de l'épaisseur. Au point de faire de Burden le véritable héros du roman. C'est sa vie, ses doutes, ses allégeances et ses trahisons qui sont le coeur du récit, dont la densité nécessitera sûrement une relecture dans le futur.

En cela c'est un roman étrange puisqu'il dépasse le cadre que j'imaginais. Ce n'est pas un roman sur les arcanes de la politique américaine, comme je le pensais. La politique n'est finalement qu'un prétexte, une sorte de trame.

Sur ce, je vous laisse méditer sur une phrase de Stark: "l'homme est conçu dans le péché, il vient au monde dans la corruption, et passe de la puanteur des langes à la pestilence du linceul"

Bonne lecture!
Commenter  J’apprécie          70


critiques presse (1)
LaLibreBelgique
30 mars 2015
Son écriture est faite de simplicité, de maîtrise, de métaphores, de savante lenteur, sans doute déroutante pour les lecteurs pressés, mais savoureuse.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Cass retourna dans le Mississipi. Pendant deux ans il dirigea la plantation, lut la Bible, pria, et, ce qui peut paraître étrange, connut la prospérité, mais bien malgré lui. Finalement il acheva de payer ses dettes envers Gilbert et affranchit ses esclaves. Il comptait pouvoir poursuivre son exploitation en les salariant.
"Idiot que vous êtes, lui dit un jour Gilbert ; conduisez-vous chez vous comme un idiot, si vous ne pouvez pas faire autrement, mais , pour l'amour de Dieu, pas en public. Imaginez-vous qu'ils travailleront quand ils seront affranchis ? Un jour de travail, une miche de pain. Imaginez-vous qu'il soit possible d'entretenir un bataillon de Nègres libres à côté d'une plantation où d'autres sont esclaves ? Passe encore de les affranchir ; mais pourquoi les dorloter jusqu' à la fin de vos jours ? Expédiez-les ailleurs et occupez-vous de droit, ou de médecine, ou bien prêchez l'Evangile et finissez quand même par tirer de toutes ces bondieuseries une manière de vivre. "
Pendant toute une année, Cass s'efforça d'exploiter son domaine avec ses Nègres affranchis ; en définitive il lui fallut avouer son échec.
Commenter  J’apprécie          80
La vérité est une chose terrible. On commence par y poser le bout du pied, sans rien éprouver. Quelques pas de plus, et on s’aperçoit qu’elle vous entraîne comme le ressac, vous aspire comme un remous. D’abord, la vérité vous attire à elle d’un mouvement si lent, si régulier, si mesuré, qu’on s’en rend à peine compte ; et puis le mouvement s’accélère, et puis c’est le tourbillon vertigineux, le plongeon dans la nuit. Car la vérité a ses ténèbres. On assure qu’il est terrible d’être saisi par la grâce divine.
Commenter  J’apprécie          150
[...] elle se mit à rire, d'un rire guttural, argentin : le rire des femmes heureuses. Elles rient autrement lorsqu'elles veulent paraître polies, ou amusées. Une femme ne rit de cette manière que peu de fois dans sa vie, uniquement quand elle est touchée au vif [...] Lorsqu'une femme rit ainsi, elle émeut, peu importe son visage. Il suffit d'entendre ce rire pour comprendre qu'on touche une vérité pure et magnifique. Parce qu'un tel rire est révélateur. [...] Car tout ce qu'un homme désire, en réalité, est d’entendre une femme rire de cette manière.
Commenter  J’apprécie          90
- La vie que tu mènes ne te plaît pas ? Toi, un personnage important, tu ne jouis pas de l'existence ?
Je ne lâchais pas prise. Je savais bien qu'il n'est pas d'usage de poser cette question à n'importe qui, surtout en employant le ton que j'avais pris, mais je m'obstinais. Un copain grandit près de vous, il réussit, devient quelqu'un ; vous, vous êtes un raté mais il vous traite comme autrefois, rien n'est changé entre vous. Néanmoins la question vous brûle les lèvres ; on a beau s'injurier, on enfonce le couteau quand même. Il existe une espèce de snobisme du ratage. C'est un club, une vieille école, c'est le crâne sur les deux tibias, et il n'y a pas de grimace plus méprisante et orgueilleuse ; elle est aussi odieuse que celle de l'ivrogne accoudé au comptoir près d'un ancien copain qui est devenu une huile, qui n'a pas changé et qui l'emmène dîner chez lui et le présente à sa jolie petite femme aux yeux limpides et à ses beaux enfants. Point de jolie petite femme dans l'appartement miteux d'Adam, mais il avait réussi et, alors, il fallait que j'enfonce le couteau. Ma question ne lui fit aucun effet. Il tourna simplement vers moi son regard candide, légèrement troublé par son effort de réflexion, et répéta :
- Non ! je n'y ai vraiment jamais pensé.
Commenter  J’apprécie          10
Il n'y a rien que les femmes aiment autant que l'ivrogne, le coquin, le braillard, le réprouvé. Elles aiment cet homme parce qu'elles sont semblables aux abeilles de la parabole de Samson, dans la Bible : elles aiment à construire leurs rayons dans la carcasse d'un lion.
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Robert Penn Warren (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Penn Warren
📖 Livres mentionnés : Memphis de Tara M. Stringfellow Au bout du rêve de Farrah Rochon Amari, tome 2 de B.B. Alston Au nom des noirs de Robert Penn Warren
autres livres classés : louisianeVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (675) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1821 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..