Parmi les grands penseurs de la seconde moitié du XXème siècle,
Levi Strauss,
Lacan, Hawkins, Bourdieu, Baudrillard, Deleuze, Monod, Foucault (Michel, pas
Jean Pierre!),
Edgar Morin reste finalement le plus accessible.
Bien sûr, il ne peut s'empêcher de truffer ses propos de notions abstraites et d'un vocabulaire parfois hermétique aux béotiens que nous sommes, du moins que je ne peux m'empêcher de rester désespérément (noosphère, ontologie, praxis – autant de notions si complexes qu'une fois lue la définition, vous en savez encore moins qu'avant).
Reste que dans l'ensemble, ce Paradigme Perdu est lisible. Mieux : Morin parvient à analyser et surtout synthétiser tous les composants de la grande Histoire qui ont amené l'Homme là où il se trouve, la civilisation à son point actuel.
Dès lors, on comprend tout.
Pourquoi l'interdit de l'inceste stoppe l'Evolution de l'espèce en dispersant les gênes et créant une multitude de petites différences
mais pas de grand schisme menant à la création d'une nouvelle espèce.
Pourquoi la fabuleuse intelligence humaine ne peut se départir d'un côté plus sombre, démentiel. Comme si ce trop grand cerveau, en permettant l'analyse et la pensée, offrait aussi la possibilité d'en utiliser les mauvais côtés. Pire : cette folie est nécessaire à la pratique de l'intelligence. Rien de plus flagrant dans l'Art : les véritables artistes ne sont-ils pas des névrosés jouant avec leur névrose pour en sublimer les effets ?
Morin, par delà ces vues si précises sur l'Humain, voit plus loin : il espère une quatrième mutation. Après la mise en commun de ses capacités (sociabilité), après l'élaboration de la technique associée à la science, il espère que l'Humain parviendra à renaître, à dépasser sa petite personne pour penser plus vaste, plus global. Réconcilier l'Humain, la Nature et la Culture.
Utiliser (enfin) toutes les capacités permises par son (trop) grand cerveau.