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Michel Breitman (Autre)
EAN : 9782264004826
395 pages
10-18 (24/08/2005)
4.19/5   40 notes
Résumé :
Tommasino vit dans la « zone » de Rome avec une bande de garnements qui découvrent la vie sous ses aspects les plus cruels: misère, maladie, faim, vol, prostitution, mort. Il devient un de ces « vitelloni » qui chassent les filles, volent des voitures, se livrent à des attaques à main armée. II est condamné à deux ans de prison. Lorsqu'il en sort - il a vingt ans - il s'inscrit au parti communiste et décide de se ranger. Mais il est tuberculeux et après avoir sauvé ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"Une vie violente", ou vie et mort d'un pauvre bougre dans les bas-fonds romains des années 60.
Tommaso est un sale garnement d'un quartier pouilleux de Rome. Autour de lui il n'y a que crasse, puanteur, misère, maladie, faim. Un terreau idéal pour Dame Violence. de fait, le quotidien de Tommaso et de ses compères d'infortune est fait de vols de voiture, de braquages, de bagarres, d'agressions de prostituées. Condamné à deux ans de prison alors qu'il n'a pas 20 ans, Tommaso, à sa sortie, décide de prendre sa vie en main et de se caser avec Irene. Mais, ces bonnes résolutions à peine prises, il se découvre tuberculeux et est hospitalisé. Il en réchappe mais reste en sursis, et on ignore si son héroïsme lors d'une grave inondation du quartier lui aura ouvert les portes du Paradis…
"Une vie violente" est un roman difficile, de par la violence (parfois gratuite, m'a-t-il semblé) dont font preuve ses personnages, décrite sans fard et sans pincettes, par la précarité et la promiscuité de ces vies de crève-la-faim. Difficile aussi par ses dialogues en argot, que j'ai trouvés pénibles à lire et qui m'ont beaucoup freinée dans ma lecture (j'ignore à cet égard quel a pu être l'apport de la nouvelle traduction). Pourtant, ce sont ces mêmes éléments (violence et langage) qui donnent une puissance folle à ce roman. Avec cette description hyperréaliste de vies violentes et violentées par … la vie, et malgré des personnages peu attachants aux agissements et convictions parfois obscurs, ce livre ne laisse pas non plus son lecteur indemne.
En partenariat avec les Editions Buchet-Chastel via Netgalley.
#UneVieViolente #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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« Une vie violente » parait en 1959, un an après « Ragazzi di Vita » (« les ragazzi » dans sa version française). Il s'inscrit dans la continuité de son premier roman, une histoire de gamins de la rue, des va-nu-pieds des faubourgs de Rome qui vivent de l'air du temps et de menus larcins, parfois de tapinage. La violence de leur condition semble totalement leur échapper. Ils sont absorbés par leur quotidien, insouciants et incapables de se projeter dans leur avenir qui semble être drapé de la brume opaque du mauvais sort. Tout est bon pour eux pour gagner les quelques lires qui payeront une poignée de cigarettes ou un cinéma avec leur petite amie du moment. Ils survivent à l'instinct, en bande, dans une course folle vers leur destinée. Enfants du caniveau, la vie ne leur offrira que le strict minimum matériel, mais bien plus sur un plan humain.
Mal grès la pauvreté de ces vauriens que décrit Pasolini et cet acharnement qu'a la vie à les vautrer dans la fange et l'indigence, ils portent en eux l'insouciance de leur condition et cette hargne à avancer dans une société capitaliste où l'ouvrier est à la limite du servage. Ils sont illuminés, ils irradient cette énergie du désespoir qui les rend attachants.
Il y a dans ce roman toutes les convictions communistes de Pasolini, mais un communisme blanc, attaché aux libertés individuelles et aux égalités sociales en opposition au communisme rouge, bolchevique, où l'individu disparaît au profit de la communauté.
Une fois les difficultés de lecture des dialogues surmontées, l'auteur employant l'argot de son Frioul natal, « Une vie violente » est une immersion dans le monde du vrai, de l'humain et de la sauvagerie de la vie.
Et ils sont riches car ils n'ont pas d'argent…
Traduction de Jean-Paul Manganaro.
Editions Buchet Chastel, Points Signature, 400 pages.
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Si proche de la Rome des monuments antiques et du Tibre, le quartier de Pietralata, autour de la rivière de l'Aniene, est l'image d'une Italie populaire et pouilleuse encore marquée par l'immédiat après-guerre. Prenant pour personnage central Tommaso Puzzilli, Pier Paolo Pasolini décrit, dans une langue qu'il a voulue la plus proche de la réalité possible, la vie et la mort d'un jeune homme marquées par la pauvreté, la violence et l'irrépressible passion de vivre. Moderne par la langue, par le choix des personnages, le roman de Pasolini est aussi puissamment moral, se rapprochant en cela du roman du dix-neuvième siècle. Tommaso, l'enfant pauvre, devient par sa seule rage un vitellono dont les mérites égalent ceux des autres. Mais la prison puis la maladie lui donneront une profondeur que ses proches amis n'approchent même pas. Son destin, ainsi, colle à celui d'une Italie orgueilleuse, belle et terrible à la fois qui, au carrefour du souvenir du fascisme et de la tentation du communisme, caresse l'espoir d'une vie meilleure.

Tommaso est d'abord un enfant qui passe ses journées dehors, à courir après des copains qui se montrent tantôt conciliants, tantôt rudes. le diminutif - Tommasino - prouve le caractère enfantin du personnage. Sans cesse derrière Lello, qui le repousse souvent, son personnage est déjà marqué par une rage certaine : manière de montrer qu'il peut jurer et se conduire, lui aussi, comme un homme, manière aussi d'exécrer ce que les autres semblent penser de lui, à savoir qu'il est comme un boulet à leurs pieds, qu'ils aiment bien mais qu'ils traînent. Rapidement, les bêtises deviennent des délits, voire des crimes, si l'imagination nous autorise à penser cela. Car, si le vol par la ruse ou à l'arraché est décrit - lors de la virée nocturne, à bord d'une Fiat 1100, volée elle aussi, dans les stations services de la banlieue romaine -, on ne sait si le passage à tabac d'un pompiste conduit à sa mort. Pasolini le laisse là, au bord du chemin de son roman, et nous lecteurs suivons la jeunesse délinquante, embarqués dans sa quête d'argent facile. La contrainte, la confrontation physique, la menace font partie de la vie de Tommaso et de ses amis. Régulièrement, cela est justifié par la quête d'argent. Car il est indispensable pour flâner, se montrer, payer le café aux compères, sortir, impressionner une fille ou l'emmener au cinéma. Pourtant, ces actes demeurent impunis. Si Tommaso va en prison, c'est parce que la violence s'est imposée à lui, tandis qu'il désirait seulement que l'un de ses amis allât chanter la sérénade à Irène, une jeune fille dont Tommaso s'est entiché. de la prison, Pasolini ne parle presque pas. Elle est une parenthèse obligatoire dans le parcours de Tommaso, mais elle ne le change pas. D'ailleurs, lorsque Tommaso se présente à ses amis de son retour de prison, ceux-ci ne le célèbrent que très modérément : l'événement n'est pas si important, car rien n'a vraiment changé dans leurs vies quotidiennes.

La violence du titre n'est pas seulement exprimée en actes. Elle est une part intime de ces jeunes hommes, en même temps qu'elle est omniprésente dans leur environnement. L'amour lui-même est violent, comme si rien ne pouvait échapper à cette emprise. Dénué de tout confort matériel et spirituel, Tommaso a pour lui une rage de vivre, qui lui fait vouloir tout avoir, tout de suite. Cette rage s'exprime y compris dans les rapports que l'on supposerait plus apaisés. Ainsi avec Irène, sur laquelle Tommaso jette son dévolu car il pense que, dotée d'un physique ordinaire, elle ne le rejettera pas. Lorsqu'il l'invite au cinéma, il en profite pour lui imposer des caresses qu'elle se résigne à accepter. L'amour et le sexe sont contaminés. D'une certaine manière, la jouissance de l'un et de l'autre fait partie de l'attirail de tout bon vitellono. N'est pas un homme celui qui n'impose pas son désir aux autres. Il faut dire aussi que le sexe est une autre manière d'obtenir de l'argent, notamment auprès d'hommes plus âgés, homosexuels, tels l'instituteur, les hommes que l'on croise aux pissotières ou au cinéma.

Mais si Tommaso est un délinquant détestable en bien des points, il est aussi le fruit d'une société qui, dix ans après la fin de la guerre, suscite toujours des espoirs qu'elle ne satisfait pas. Pietralata est, moins qu'un quartier, un assemblement informe de baraques de bois et de tôles où s'entassent de pauvres familles venues des environs de Rome et des provinces du sud. le café, où s'entasse la marmaille turbulente, est la seule animation du quartier. Les routes sont des chemins de terre que la pluie transforme en torrents de boue. Dans de telles conditions, les deux petits frères de Tommaso décèdent de maladie et d'accident. Sans doute ne sont-ils pas les seuls à être victimes de leur environnement. A sa sortie de prison, Tommaso a la bonne surprise de découvrir que ses parents ont déménagé dans les nouveaux immeubles construits une organisation gouvernementale. La reconstruction est une oeuvre lente et inégale ; c'est d'ailleurs dans le bidonville de Pietralata qu'aura lieu la tragédie finale. En liant la misère sociale à la délinquance d'une jeunesse désoeuvrée, Pasolini dessine le portrait inquiétant d'une Italie en plein chantier urbain, social et politique. L'ère fasciste n'est finalement pas si lointaine, et pour plusieurs personnages, la figure de Mussolini représente toujours la fierté nationale et, malgré la défaite, une époque dorée. La guerre a laissé des cicatrices : ce sont les ruines, ce sont aussi les souvenirs de proches assassinés par des factions politiques rivales. Ainsi Lello qui hurle, en pleine nuit, sa colère quant à son père assassiné par les communistes. le communisme, justement, est une force qui compte dans le nouveau paysage politique italien. Tommaso, après son expérience au sanatorium durant laquelle il participe activement à une grève et à la résistance contre les forces de police, adhère justement au parti. Cet engagement participe aussi de la rédemption de Tommaso.

Le livre de Pasolini, à l'instar des grandes oeuvres littéraires naturalistes, possède ainsi une puissante dimension morale. Enfant perdu sur le chemin de la violence, enfant perdu par son obsession de reconnaissance sociale, Tommaso se place, de par ses actes, en dehors des lois et de la morale sociale. Mais, plus que la prison, plus que l'emploi que Tommaso trouve au marché, plus encore que le projet de fiançailles avec Irène, c'est la maladie qui met à l'épreuve le corps et l'âme de Tommaso. Tuberculeux, le jeune homme fait preuve de courage lors de la grève du sanatorium, pendant laquelle il cache des hommes recherchés par la police. le déluge final revêt l'aspect d'une épreuve biblique. Les éléments déchaînés, le danger pour les habitants démunis ainsi que pour Tommaso lui-même, l'incapacité des pompiers à porter secours démontrent que la rédemption de Tommaso est totale. Égaré, l'enfant qui représente une certaine Italie prouve que le pays peut se reconstruire, y compris moralement.

La force du roman de Pasolini tient enfin, évidemment, de la langue utilisée. Les dialogues se veulent le plus proche possible du parler populaire romain, avec des constructions grammaticales et syntaxicales à la fois très incorrectes et très vivantes. Ce souci de restitution de l'oralité contribue naturellement au réalisme de l'oeuvre, rapprochant en cela le roman de Pasolini des oeuvres cinématographiques de l'immédiat après-guerre italien. Si la lecture des passages argotiques peut se révéler ardue, elles donnent, par la violence même des mots usités, une dimension très moderne aux personnages, une profondeur vitale rare dans la littérature. Les dialogues sont empreints de la rage de ces jeunes hommes que la vie maltraite, et ils usent du seul langage dont ils ont l'absolue maîtrise : celui de la violence. Dans une société en ruine, l'homme retourne à son état de nature, cher aux philosophes des Lumières. Ce qui distingue alors l'homme de l'animal a pour nom la morale. Tommaso, figure quasi christique, en meurt pour le prouver.
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Une lecture pénible pour un roman qui s'inscrit dans un contexte qui l'est tout autant.
Rome, fin des années cinquante. Dans les bas quartiers de la ville, la misère s'entasse dans des taudis insalubres faits de tôles et de bois pourri, le long d'une eau puante. On y survit à peine, pis que des rats. Les gamins déguenillés et morveux jouent dans une boue glauque, livrés à eux-mêmes. En grandissant ils apprennent les quatre cent coups, la rapine, la violence.
Tommaso est l'un de ceux-là, sorti avec peine de l'adolescence pour entrer dans une vie d'adulte sans espoir, il connait les codes, se bat, se bourre la gueule avec ses potes, vole, cherche une fille, essaie de se ranger, tombe, se relève, et meurt.
On a clairement là un fabuleux roman social, un témoignage précieux de l'histoire populaire romaine d'après-guerre, pourtant cette lecture m'a pesé tout du long, et je ne suis pas parvenue à y entrer. le ton n'y aide pas, avec une narration assez clinique et de nombreux dialogues restitués dans leur jus argotique que j'ai trouvés pesants à lire. Il faut par ailleurs sans doute connaître et apprécier l'univers et le message de Pasolini, que je ne connais pas. Je suis passée à côté.
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J'ai découvert avec délectation le cinéma de Pasolini cet été. Curieuse, j'ai voulu en venir à ses romans. Que n'ai-je été déçue par Théorème ! J'insiste avec une vie violente, et me voilà conquise. La première partie est un peu longue : le personnage de Tommaso ne s'y distingue pas très clairement de ses congénères, jeunes malfrats des environs de Rome mais Pasolini nous plonge dans un univers bordélique et violent, dans le quotidien de pauvres jeunes qui luttent et enchaînent les larcins pour se procurer trois sous. On retrouve là ses voyous préférés aux portraits tirés dans le film Mamma Roma. La deuxième partie est bien plus aboutie que la première. Tomasso, épris d'Irène fait son bout de chemin et emporte le lecteur avec lui dans les bas-fonds de Rome jusqu'à un final épique. le roman est un bel exemple de baroque : l'auteur prend dans la main le lecteur pour l'emmener dans un bordel en mouvement perpétuel mais comme dans son cinéma, Pasolini alterne avec des plans plus statiques, peintures enchantées de la lumière et des paysages entourant le héros qui reposent du vagabondage ! À lire avec un peu de patience au départ, et beaucoup d'ouverture d'esprit pour entrer dans les décors de ce génie du XXe siècle.





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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
A présent Tommaso et Irene marchaient étroitement enlacés. Il l'avait prise par la taille, qui était replète, et il la tenait bien serrée, comme s'il avait peur qu'elle ne tombe. Ils étaient silencieux et bougons comme le sont les fiancés, s'en allant pas à pas là où ils doivent aller.
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Quand Tommaso se retrouva sur son lit, il lui sembla qu'il allait un peu mieux. En fin de compte, en fin de compte, tout n'était pas dit encore...Depuis plusieurs heures, la toux n'était pas revenue. Il demanda à sa mère un peu de marsala qu'avait apporté Irène. Puis, quand vint la nuit, cela empira : de nouveau il vomit le sang, il toussa, toussa sans plus s'arrêter et enfin hop, plus de Tommaso.

Fin.
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Les gamins filaient vite de l’école, et ils s’éparpillaient entre les cours de terre battue, à travers la bourgade : quatre murs de lotissements, une rangée de potences, quelques lavoirs avec autour deux brasses de boue noire, et un peu plus de lumière qu’à l’intérieur de l’école.
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Il portait un béret tiré jusque sur les narines, ancien, vieux, et si poisseux que si on l'avait tordu il en serait sorti du saindoux.
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PIER PAOLO PASOLINI / UNE VIE VIOLENTE / LA P'TITE LIBRAIRIE
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