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EAN : 9782823600032
256 pages
Editions de l'Olivier (23/08/2012)
3.03/5   88 notes
Résumé :
« J'ai souvent eu l'impression, en écrivant ce livre, d'emprunter des discours tout faits comme on louerait des voitures pour le plaisir de les rendre à l'autre bout du pays complètement cabossées », confie l'auteur.

Rassemblant des échantillons prélevés dans les médias et sur les forums, détournant les sophismes et les clichés de la doxa ambiante qu'elle mixe avec érudition et humour aux discours savants ou sociologiques, Emmanuelle Pireyre organise ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
3,03

sur 88 notes
Le roman d'Emmanuelle Pireyre raconte …difficile à dire et à décrire car la première question qui vient à l'esprit est est-ce bien un roman ? ce n'est pas plutôt un essai ? Un laboratoire d'écriture ? Une fois le livre refermé le lecteur demeure perplexe, l'auteur mêlant sans cesse la fiction avec la réalité, l'imaginaire des personnages avec les aliénations du monde social entre « passerelles logiques et tunnels oniriques ». Il n'y pas de fil narratif mais une suite de réflexions disparates, appliquées à un schéma imaginaire.

Avec une succession d'histoires éclatées portant sur les dogmes contemporains de la société, E. Pireyre s'appuie sur une question actuelle, la décortique jusqu'à en épuiser la substance pour mieux mettre en évidence la prégnance du monde dans lequel on vit. Dans chacun des récits, l'auteur confronte la passion, le rêve, ou la sauvagerie du personnage aux codes de la société. C'est une confrontation non sans heurt. Face à ce qui apparaît après démonstrations comme des poncifs rigides et aberrants de la société moderne, aux premiers desquels la finance, le management japonais ou la religion, chacun d'eux revendique un désir d'émancipation, une liberté de pensée… Ils tentent à leur manière de réenchanter le monde.

Si a priori, les questions apparaissent farfelues, le ton léger, et si les réflexions étirées jusqu'à l'extrême aboutissent parfois à des réponses absurdes, on doit reconnaître à l'auteur le talent de tourner dans tous les sens nos représentations habituelles et nos sens communs. La technique est déconcertante dans la mesure où c'est tout à la fois ludique et érudit. L'humour venant certainement écarter la pesanteur du thème de la réflexion.
Cependant pour qui n'est pas familier avec l'univers d'Emmanuelle Pireyre, cette lecture demande un effort de concentration constant. C'est une lecture un peu trop exigeante lorsqu'on recherche dans la fiction l'abandon de soi et le droit à la paresse intellectuelle.

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Peut-on tisser un texte littéraire plaisant à lire pour le plus grand nombre en mettant bout à bout des questions bizarroïdes que personne ne s'est posé et ne se posera jamais ?
Comme entre autres...
- Comment habiter le paramilitaire ?
- le tourisme représente - t - il un danger pour nos filles faciles ?
- Friedrich Nietzsche est-il halal ?
ou encore ...
- Comment être là ce soir avec les couilles et le moral ?

Quoique la dernière question sélectionnée puisse être rigolote, force est de reconnaître que le style choisi et la galerie de personnages des textes en question qui oscillent entre détails culturels inutiles et vulgarité ont eu raison de ma patience et de mon goût pourtant certain des mots et des idées.

De courts textes se croisent dans chaque chapitre, de tous horizaux, polices d'écriture fluctuantes, avec d'incessants commentaires de l'auteure.

C'est lourd, inintéressant et d'une singularité sans esprit jamais rencontrée encore dans un livre.

Je capitule.
Lien : http://justelire.fr/feerie-g..
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Le jury du prix Médicis a joué la carte du risque en couronnant cette féerie. Annoncé comme une compilation de textes composites présentés de manière novatrice - à l'image de la diversité documentaire d'une session sur le web ? -, le livre constitue a priori une cible intéressante pour le chasseur de structures littéraires singulières. John Dos Passos n'avait-il pas réussi dans le récit hétéroclite avec Manhattan Transfer en 1925 ?

Il ne s'agit pas d'une histoire ni d'un essai mais de l'énumération de choses qu'Emmanuelle Pireyre trouve belles dans ce monde. Non au plan des apparences physiques mais à celui des idées.

Parler de sujets très divers est louable, insinuer des liens entre eux l'est autant puisque tout se tient avec la mondialisation et les réseaux sociaux. Mais peut-on tout mêler ? On s'étonnera qu'un hacker malveillant, tout sympathique qu'il soit, et qui est sans doute à sa façon un héros des temps moderne, trouve place dans une féerie qu'on voudrait davantage souriante et sereine qu'inquiétante.

On surfe sur des idées réformistes qu'on s'attend à trouver dans les conversations branchées d'un meeting anticapitaliste. Ceci ne fait pas problème, mais lorsqu'on voit pointer la révocation du fonctionnement de la société contemporaine, on s'attend quand même, à un moment ou l'autre, à voler un peu plus haut. D'autant qu'on convoque des noms sérieux comme Giorgio Agamben, Nietzsche, Boris Cyrulnik (de façon voilée pour celui-ci),… qui font espérer plus que des péroraisons absconses. Vrais débats et propositions se font attendre jusqu'à ce que le paragraphe décline gentiment dans une photo insigne répétitive, un chat ado débile voire une touchante collection de baisers. Si si, c'est bien compris, Emmanuelle Pireyre veut parler tendresse et bulles bleues alors que ce monde sombre dans les profits bourgeois et les monstres financiers, c'est aimable mais n'est-il pas un peu mince cet énorme cliché ? Et quelques mots réussis - "Il fallut attendre le 16è siècle pour que la note si soit ajoutée à la gamme de do" - ne suffisent pas.

En cours de lecture, j'ai tenté - je devais passer à côté de quelque chose - de sonder le projet de l'auteure à travers cette vidéo: l'interview traînante ne fait que répéter le livre. Et de concéder elle-même que ses féeries sont parfois tirées par les cheveux.

Entre sérieux, futile, fleur bleue et philosophie, le lecteur perd tout repère. le mixage audacieux pourrait fonctionner, mais on en sort fatigué à force de ne pas s'amuser ni rien apprendre. Il ne suffit pas d'arborer crânement des insignes contestataires mais encore faut-il les présenter sous une forme littéraire esthétique destinée à la diffusion. Je n'ai pas le sentiment que ce soit réussi ici.

La véhémence de ce billet vient évidemment de la mauvaise humeur induite par la volonté d'aller jusqu'au bout du livre. Il aurait mieux valu y renoncer dès qu'il se refusait. L'inventivité d'Emmanuelle Piryeyre, sa vivacité intellectuelle n'ont pas suffi, selon à moi, à produire plus qu'un distractif pied de nez. Voilà un bandeau rouge qui ne lui va pas bien.


Lu en format ePub sur Sony PRS-T1

Lien : http://marque-pages.over-blo..
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J'ai regardé quelques critiques des Babeliotes et je me suis lancée dans la découverte de Féerie générale et j'ai été sous le charme. C'est léger et instructif à la fois.
Moi qui n'aime pas les Mangas car ce n'est pas ma génération d'y adhérer, j'ai vu avec déplaisir qu'un abus de lecture de mangas avait conduit un jeune otaku nommé Tsutomu Miyazaki à tuer et dévorer quatre fillettes dans les environs de Tokyo ! C'est juste un rappel des faits qui se sont passés en 1989. Personnellement je m'en souvenais fort bien.
L'auteure mêle des faits réels avec un peu d'imaginaire et cela passe très bien. Les enfants traders qui veulent vendre leurs appartements de la Côte d'Azur pour se renflouer et qui posent des questions pertinentes à leur maîtresse sur le but des banquiers, je ne pense pas que cela existe en vrai : c'est juste une extrapolation de sa part, une petite féerie...
J'ai aimé le thème récurrent des baisers (avec la langue bien sûr car c'est prouvé que les garçons ne savent pas embrasser) car cela donne beaucoup de légèreté à son discours. Moi aussi j'aime les films où on s'embrasse tout le temps. Là, c'et un peu les Bisounours.
Beaucoup de songes dans ce livre qu'on aimerait qu'ils deviennent réalité. Par exemple, "une allocation, un revenu de base versé à tous, adultes et enfants, sans obligation de travailler.Les gens deviennent maîtres de leurs choix, ils ont suffisamment pour vivre, et peuvent décider de consacrer leur temps soit à la vie associative, soit à ne rien faire, soit à travailler, et dans ce cas leur salaire s'ajoute à l'allocation." Bienvenue au Pays enchanté où tout désir devient réalité.
L'histoire de SunDog, le hacker californien est aussi très belle. Il dit que "c'est génial d'être un hacker, c'est comme être champion de surf ou chanteur de rock, d'ailleurs il y a des points communs entre nos modes de vie." "Le hacker enchante autrui par son perfectionnisme, sa compréhension intime du système ; il refuse de se laisser aliéner par les applications techniques, et d'être soumis, comme 99 % de l'humanité, aux machines, aux interfaces et aux vendeurs de licences. Il veut rester libre."
J'ai aimé l'excitation cool et le désir de perfection qui étaient présents dans le rêve du Grand Pingouin. le pingouin de Linus, le fondateur du système d'exploitation Linux dans les années 90, qui lui est apparu un jour dans ses visions en train de déguster un poisson assis sur la banquise, symbolisait le système d'exploitation qu'allait bientôt créer le jeune chercheur finlandais, et le poisson avalé représentait les codes trop complexes et les licences payantes. Intéressant !
La fin n'en est pas moins troublante : un jour les peuples du monde entier se révolteront contre tous ces traders qui les ont ruinés et ils se retrouveront au bout d'une fourche. Une réplique de 1789.
C'est assez loufoque mais peut-être aussi dans le style des Oulipiens, c'est une recherche littéraire qui même beaucoup de genre et c'est bien ficelé. Je ne me suis pas ennuyée une seconde.
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Abandonné aux deux tiers du roman... Ce qui me rassure : je ne me sens pas seule!

Je ne me suis pas vraiment ennuyée à la lecture, non. Même pas. Mais je n'ai absolument pas pu comprendre où l'auteure voulait en venir.
Pas trouvé le fil de l'histoire... Pas aimé le style de la narration... Et même pas accroché aux histoires que j'ai lues. La première m'a même mise très mal à l'aise avec ces gosses de neuf ans qui parlent de Bourse et de vendre leur maison de Cannes avant de perdre de l'argent...

Peut-être suis-je passée à côté de quelque chose mais comme apparemment, je suis loin d'être la seule, je ne m'inquiète pas!
Et je me sens plus légère depuis que j'ai refermé ce livre!
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critiques presse (2)
Telerama
11 septembre 2013
Inventive, adepte de la parodie et des collages, Emmanuelle Pireyre écrit une poésie narrative qui emprunte à toutes les formes d'écriture, et ça pétille, tel un feu d'artifice un soir de 14 Juillet.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lhumanite
08 octobre 2012
Histoires vite dites, paroles toutes faites, idées reçues volent en éclats quand Emmanuelle Pireyre tire sous leurs pieds le tapis de la langue, avec ce livre allègrement subversif, féerique, en somme.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Page 42 Editions de l’Olivier
Nous refusons d’avoir à nous battre ; nous refusons de nous battre premièrement par pur idéalisme (…) ; et nous refusons de nous battre aussi par pure flemme

Page 63
J’ai noté quelques subtilités récentes de la technologie pour nous rendre dépendants, augmenter indéfiniment les surfaces d’échanges. (…) Et en face, j’ai noté comment notre sauvagerie entre dans les vêtements qu’on lui a fabriqués, (…) comment s’y prend notre sauvagerie (…) quand la dose d’interpénétration géopolitique devient démesurément encombrante.

Page 105
Son sujet n’était pas Héroïsme en général, mais Héroïsme contemporain, grosse différence. (…) Il n’y avait pas d’archives, il fallait inventer. 95% des écrits sur l’héroïsme s’arrêtent à la seconde guerre mondiale.

Page 109
Nous vivons dans le musée de l’Homme. Tout est là devant nous (…) mais ces objets demeurent lointains et inaccessibles derrière leur vitre.

Page 160
Terminons les idées, crie William Farrell(…) A partir de maintenant, on prend du bon temps, on va raconter des histoires.

Page 177
Il fallût attendre le 16e siècle pour que la note si soit ajoutée à la gamme de do.

Page 179
Lisant tous ces noms disparates et énigmatiques, on croit voir une série de boites en métal sur une étagère. (…) On a envie d’ouvrir les boîtes et d’en découvrir le contenu ; mais le mieux est de ne pas le faire.

Page 202
Nous vivons au second degré.

Page 209
Le mari du futur est un mari qui, ostréicole, croise les obstacles et les transforme en perles nacrées au fur à mesure.

Page 212
On nota de ici et là la présence de milliers de gens extraordinaires comme Arthur Rimbaud ou Georges Brassens, capables de vivre en résistant aux chocs, de remettre les compteurs à zéro sans faire tout un foin.

Page 216
Ainsi donc, été, hiver, la montagne ne se laisse pas impressionner par les éléments variables.

Page 247
Attention (…). Le rationnel n’est pas le raisonnable ; plus tu fonces en avant avec ta rationalité mathématique, plus la raison morale aura du taf en back office pour opérer le contrôle et vérifier que tout est bien conforme.
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Au fil des années, à force de les voir passer chaque nuit dans mes rêves, j’ai associé ces quatre jambes sauvages et familières à ce qui, dans l’amour, est de l’ordre de la forêt abrupte et nécessite un isolement vertical, des arbres hauts, un lac…
Et puis aussi, au fil des années, voyant nuit après nuit ces jambes passées dans mes rêves, je leur ai évidemment aggloméré d’autres choses encore. Au fur et à mesure j’ai aggloméré à ces jambes la manière que nous avons d’être intraitables, notre précieuse réserve de récalcitrant, notre répulsion pour le monde social. J’ai cristallisé dans ces jambes, dans cette nature silencieuse et ce lac, notre violence qui ne veut pas se restreindre, notre irrationnel primitif qui pouffe et qui ricane, notre corps qui ne veut pas mourir, ne veut pas obéir, notre itinérant qui ne veut pas vivre en société, ne veut pas se plier aux lois, refuse de payer la taxe de séjour.
[...]
Il y a en nous une tension poétique, un désir féerique d’exister seuls dans l’absolu, de vivre isolés, à deux ou en micro-unités, environnés de nature ; bref, tout ce genre de sentiments qu’on pourrait appeler belles jambes sèches, musclées, récalcitrantes, qui la nuit nous claironnent le rappel.
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Mon rêve américain se résume surtout à des jambes : on voit, comme dans une séance de cinéma de dix secondes, les jambes nues d'un homme et d'une femme marchant côte à côte ou légèrement décalés, en tout cas assez vite, les quatre pieds nus frappant le sol. Les deux personnages de mon rêve se nomment Charlotte et Wilbourne, ce sont les personnages des Palmiers sauvages de William Faulkner. J'ai commencé à faire ce rêve aussitôt après avoir lu le livre, il y a des années. Le reste du livre de Faulkner est passé en mode basse résolution, je n'en ai qu'un souvenir assez flou. Seule est restée intacte cette scène minuscule du milieu du livre, dans une maison isolée, en pleine nature américaine.
A ce moment du livre Charlotte et Wilbourne viennent de passer les mois d'été totalement coupés du monde dans cette maison prêtée par un ami. Comme Charlotte est mariée à un autre homme, leur histoire d'amour illégitime a valu à Wilbourne de perdre son emploi de médecin. La solitude ne les gêne pas, au contraire. Pour bien saisir l'atmosphère du rêve, il faut se représenter que la maison dans laquelle passent les jambes est située auprès d'un lac ; il faut prendre la mesure de l'épaisseur verte et silencieuse de la nature. Le séjour au bord du lac est une expérience d'amour adamique isolé dans la nature, sans rapport avec la société, sans rapport avec d'éventuels voisins tondant la pelouse qui feraient un petit coucou par-dessus la haie. Charlotte et Wilbourne ne veulent pas être des voisins, ni un couple respectable ; ils ne veulent pas être un mari, ni une épouse ; la respectabilité est pour eux le repoussoir, la figure du désastre bourgeois. On ne sait pas trop s'il y a du bonheur dans cette vie composée uniquement d'amour, sommeil et baignades, parce que les corps et les esprits sont rugueux, d'une brutalité solide qu'il est bizarre même d'appeler amour. Il y a en tout cas une forme d'intransigeance simple : n'être régi par aucune contrainte extérieure, être ensemble chaque jour, coucher ensemble chaque nuit, n'être soumis à aucune des obligations, aucun des rythmes du monde social.
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Un jour où Linus avait beaucoup travaillé à l'architecture informatique, il tomba en transe et eut la vision de ce grand et beau Pingouin en train de déguster un poisson assis sur la banquise. Le Pingouin symbolisait le système d'exploitation qu'allait bientôt créer le jeune chercheur finlandais, et le poisson avalé représentait les codes trop complexes et les licences payantes. Le rêve de Linus signifiait que le grand Pingouin allait chasser et dévorer tout ce qui est trop compliqué, bidon et source de plantage. Il devait capturer l'ensemble des codes qui se tortillent comme des spaghettis, qui sont infesté de créatures dégradantes ou entravés par des licences inquiétantes et dangereuses. Le pingouin était serein sur la banquise, il n'aimait pas les emplois rémunérés, préférant qu'on se lève à n'importe quelle heure pour coder et qu'à d'autres moments, on laisse tomber pour jouer en réseau ou sortir faire un tour. Le Pingouin aimait les logiciels simples, astucieux, efficaces, gratuits. Depuis sa lointaine banquise des années 90, le Pingouin continuait de veiller sur l'esprit hacker, le copyleft et l'approche ludique du code.
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Nous les Européens, nous avons changé. On dit souvent ici et là de par le monde, que nous les Européens, nous sommes à présent des personnes douces et gentilles. Et c'est vrai, lorsque nous voyageons on nous en fait souvent la remarque. "Votre concept de soft power est une idée très cool, très douce, particulièrement gentille", nous murmure-t-on quand nous passons nos bagages dans le hall de tel ou tel hôtel d'Asie ou du Moyen-Orient. "Tellement positif de ne pas toujours mettre l'accent sur la violence, les armes, les soi-disant peuples ennemis et l'intimidation brutale", nous glissent les hôteliers en nous tendant la clé magnétique de notre chambre. Et cela nous fait un bien fou d'entendre ce genre de message lorsque, partout dans le monde nous rentrons exténués d'une grosse journée de vacances. "Tellement cool, nous disent les gérants de l'hôtel en nous servant un grand jus d'orange, de remplacer la violence et les armes par les lois internationales, l'établissement de normes, le dialogue diplomatique." Nous aimons écouter les remarques en ce sens lorsque nous déambulons dans les souks et faisons semblant d'être absorbé par les bijoux locaux. Nous admirons les bijoux sur toutes leurs faces ; bien sûr nous les trouvons beaux, mais en même temps, nous tendons l'oreille à ces aimables commentaires. Lorsque nous bronzons et semblons dormir d'un lourd sommeil sur telle ou telle plage brésilienne, en réalité nous ne perdons pas un mot des conversations de nos voisins de plage qui font allusion à nos efforts de diplomatie multilatérale, à notre refus de désigner, comme font certains, un barbare parmi les peuples du monde puis de la combattre à mort. Nous savourons en somnolant ces remarques bienveillantes concernant la géopolitique tranquille de l'Europe, son désir de pouvoir dispersé et équilibré sur les différents point du globe. Nous les écoutons, souriant en rêve sur notre paréo fleuri, nous les écoutons citer Tzvetan Todorov, le cosmopolitisme et le projet kantien de paix perpétuelle.
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Videos de Emmanuelle Pireyre (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuelle Pireyre
A l'occasion du salon "Les Correspondances" à Manosque, rencontre avec Emmanuelle Pireyre autour de son ouvrage "Chimère" aux éditions de l'Olivier . Rentrée littéraire automne 2019.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2354170/emmanuelle-pireyre-chimere
Notes de musique : © mollat
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