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EAN : 9791021025745
481 pages
Tallandier (28/03/2019)
4.11/5   32 notes
Résumé :
“ Crois ou meurs ! Voilà l’anathème que prononcent les esprits ardents au nom de la liberté ! ” Ainsi s’indigne le journaliste Jacques Mallet du Pan dans le Mercure de France du 16 octobre 1789, au tout début de la Révolution. Voilà qui s’inscrit en faux contre la thèse, solidement ancrée aujourd’hui, de deux révolutions : une bonne, celle des droits de l’homme, qui aurait dérapé pour aboutir à une mauvaise, celle de la Terreur.Et si la Révolution tout entière avait... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Il est difficile de faire une critique neutre de ce livre qui possède d'énormes avantages et d'énormes défauts à mon avis.
Il s'agit d'un livre engagé, d'un pamphlet contre la Révolution française. L'auteur, historien confirmé, spécialiste (nostalgique ?) de l'ancien régime (la monarchie absolue) s'inscrit dans une tradition française d'historien contre-révolutionnaire.
C'est aussi un peu un mal français en Histoire, en tout cas avec notre Histoire de France de balancer entre la dénonciation et l'hagiographie. Ici Claude Quétel est clairement dans la dénonciation.
La Révolution française serait, selon lui, une période sombre de notre histoire, gagnée par l'obscurantisme intellectuel, l'intolérance et la violence. Il va même plus loin. Faisant un peu l'apologie de la monarchie pré-révolutionnaire, il affirme que les idées des Lumières, elles-mêmes, préparaient cette intolérance et cette violence.
Il apporte quelques exemples qui étayent ces propos, mais comme tout pamphlet, il ne cherche pas , à aucun moment, à nuancer son étude. Il fait part lui aussi d'une extrême intolérance envers ces idées du XVIIIe siècle.
Ce manque de nuance me gène un peu aux entournures, car même si ce qu'il rapporte est juste c'est tout de même très partial. Claude Quétel a le défaut de ne rapporter dans son livre que les informations et les idées qui vont dans son sens. Ce procès à charge finit par être contre-productif pour qui a tout de même un peu étudié la période.
Pourtant, oui, les philosophes des Lumières en défendant leurs idées le font parfois avec excès et intolérance (Voltaire lui même critique parfois violemment les autres philosophes en pls de la monarchie absolue) mais c'est aussi oublier facilement le contexte dans lequel ils écrivent, celui d'une monarchie absolue qui s'enfonce dans le conservatisme social et religieux, d'une justice vénale qui n'est utilisée que pour maintenir ce système en place, d'un roi qui ne peut pas réformer son propre royaume devant l'opposition des privilégiés, d'un Tiers État qui n'a aucun moyen de participer aux décisions du gourverment, etc. Et j'en passe.
En affirmant que les Lumières sont la seule cause de la Révolution alors que le contexte était mille fois plus complexe, l'auteur montre encore une fois qu'il ne rédige qu'une charge contre révolutionnaire et contre-philosophique.
Pourtant, sur la Révolution, s'il simplifie à outrance son propos, il n'a pas tort. Tout ce qu'il écrit est peu contestable. le problème, c'est que l'on aurait aimé un vrai procès. Les arguments du procureur sont là, mais pas ceux de l'avocat.
Or oui la Révolution est intolérante avec les idées contre-révolutionnaire, oui, elle avait en elle dès 1789, le germe de la Terreur, oui, les députés n'y connaissaient rien en finances, en budget, en diplomatie et n'ont pas gouverné le pays avec expertise. Mais, en lisant Claude Quétel, on a l'impression que ce sont ces mêmes députés qui sont les maîtres de la France dès mai 1789. Il oublie un peu vite qu'ils s'opposent à un système séculaire qui oppresse la population et qui n'arrive pas à se réformer de l'intérieur, à un roi faible qui ne fera que prendre les mauvaises décisions et qui accélérera lui-même la Révolution (le jeu de paume, c'est lui que le provoque, le 14 juillet, c'est lui qui fait peur aux Parisien, la guerre, c'est lui qui la veut pour retrouver son pouvoir, la fuite à Varennes qui échoue, c'est lui…).
Claude Quétel oublie aussi un peu vite que la situation de 1793 est cataclysmique pour la France avec des soulèvements dans tout le pays et des invasions étrangères de toutes les puissances européennes. La France est au bord de l'implosion et de l'explosion. La Terreur, avec tous ses abus, ses excès, sa violence insupportable, sa tyrannie intolérante a toutefois permis de sauver l'unité et l'indépendance du pays. A quel prix ? Ce prix en valait-il la peine ? Il y a débat et les arguments pour et contre doivent s'exprimer mais chez Claude Quétel, on n'a que la moitié, celle à charge.
Il est vrai toutefois que beaucoup d'historiens font l'inverse et encense cette période sans nuancer non plus leurs propos. Pour se faire une idée réelle de la Révolution, il faudrait donc lire Claude Quétel et François Furet par exemple.
Au final, un livre qui se lit facilement car le style de l'auteur est plutôt dynamique. Ses propos ne sont pas critiquables en eux-mêmes et sont même très intéressants mais cette charge exclusive contre la Révolution aurait mérité un débat contradictoire. A ne surtout pas prendre comme unique référence sur la Révolution , mais à mettre en face d'autres lectures.
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Article de Jean-Clément Martin.
Histoire incorrecte ou pas correcte ? le livre charge de Claude Quétel s'inscrit dans une tradition qui gomme la complexité et lutte contre une image de la Révolution française que les études actuelles démentent. A-t-on encore besoin de cette fascination nostalgique ?

La caractéristique majeure du livre tient dans les certitudes affirmées. Toute la révolution repose sur une cause unique, la contestation des philosophes relayée par les jacobins, aidée en quelque sorte par la faiblesse du roi. En aucun cas, les crises économiques et sociales ne jouent de rôle, encore moins les volontés réformatrices de la monarchie et les refus des « privilégiés », ou dit autrement la crise ouverte par l'opposition à la centralisation administrative et politique. Inutile de chercher le rôle dévastateur des critiques envers le couple royal et des rivalités dans la Cour, comme de vouloir comprendre le jeu compliqué des courants rivaux dans l'Eglise catholique et des remises en cause de la société que les jansénistes (pour faire bref) réclamaient. Que la révolution ait pu commencer outre-Atlantique et transiter dans tous les pays environnants, n'est pas prise en compte non plus pas plus que les répercussions compliquées de l'intervention du pays dans la guerre d'indépendance américaine ou dans les conflits politiques aux Pays-Bas et dans les provinces « belgiques » de l'Empire.
Lien : https://blogs.mediapart.fr/j..
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Clémenceau pensait que la Révolution était un bloc. Quetel est de cet avis, mais pour d'autres raisons. Il se situe dans la longue tradition de l'historiographie contre-révolutionnaire pour laquelle 93 est contenu dans 89, la Terreur n'étant que la conséquence de ses principes. En sorte que Robespierre est l'ancêtre de Lénine, de Staline et pourquoi pas de Hitler.
Les historiens de cette mouvance ne veulent pas voir que la Terreur n'a été qu'un expédient rendu nécessaire pour sauver la France dans des circonstances désespérées, et qui la sauva effectivement. Personne ne l'a voulue, et Robespierre s'apprêtait à l'abolir, mais aussi à faire tendre gorge aux pires des terroristes, ce qui est la raison principale de sa chute.
Il ne s'agit pas de nier ou de minimiser les exces parfois abominables mais d'en comprendre la raison (ce qui n'excuse ni Fouché ni Carrier ni Thureau, proconsuls qui étaient loin de rendre fidèlement compte de leurs actes aux Comités.).
Bref il n'y a ni intentionnalité ni conséquence logique des principes de 89.
Il ne s'agit pas non plus de remettre en cause les compétences de Monsieur Quetel, historien incontestable, ou la qualité de son travail.
Mais il est certain que, 230 ans après, il est difficile d'aborder ces'questions en toute objectivité. Je renverrais bien aux ouvrages de Jean-Clement Martin, mais il est vrai qu'il est quelque peu robespierriste, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Au sujet du titre du livre : il serait facile d'ironiser sur la pratique du même principe (Crois ou meurs) par diverses religions, qui semblent s'y être livrées sur une échelle bien supérieures et qui pourtant n'ont jamais été les dernières à stigmatiser la"barbarie" de la Révolution.
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Lu en parallèle avec la version de 1973 de la Révolution de François Furet et Denis Richet. Claude Quétel a écrit un livre brillant et courageux. Il a rédigé un récit au jour le jour des événements en mettant le projecteur sur la violence et les crimes. Ceux-ci furent la réalité dès le 14 juillet 1789. Ils furent présents tout au cours de la période jusqu'en 1799. Ce qui ne manque pas d'ébrècher le mythe. L'écriture de Claude Quétel est limpide et facile à lire, ce qui,par principe, est pour pour le lecteur un avantage. La période du Directoire semble un peu moins couverte que dans la version de la paire Richet-Furet. Néanmoins, l'intérêt du livre de Claude Quétel est qu'il n'est pas une hagiographie de plus. Mais qu'il offre un angle original avec un accent critique sur les contradictions des acteurs, les nombreux crimes et les horreurs qui les accompagnent. le sang a beaucoup coulé... Egalement appréciable, le lecteur découvre une bibliographie très étoffée qui est un guide historique de l'histographie de la Révolution.
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Voilà un livre d'histoire qui se lit comme un roman ou comme un pamphlet plutôt.

Une révision décapante de l'histoire de la révolution qui sent mauvais l'anathème, la manipulation et l'échafaud, une analyse partiale, mais passionnante dont l'on suit le fil comme dans un polar bien sombre.

Oublions les images d'Epinal, c'est comme une gigantesque AG pour ceux qui ont connu, avec les mêmes abus et mécanismes, les mêmes enchaînements... et l'on redécouvre à quel point les prémisses de bien des dérapages intellectuels et sanglants sont dans cette matrice.

Récit à charge et donc partial : mais ça démystifie, décape et provoque la réflexion!
En cinq cents pages ou ne pèse aucun pédantisme une belle révision de notre histoire.

J'ai apprécié !
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critiques presse (1)
LeFigaro
24 mai 2019
Pour Claude Quétel, l’auteur de Crois ou meurs! Histoire incorrecte de la Révolution française, la Révolution française fut un épisode exécrable, de bout en bout, de l’histoire de France.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Par glissements successifs, l’Assemblée constituante devient ainsi totalitaire. En proie depuis le début à une exaltation collective, elle se proclame souveraine et entend connaitre de tout. Nul n’a pouvoir sur elle, à commencer par le roi. Elle n’est pas prisonnière d’un passé qu’elle récuse mais seulement garante d’un avenir qui la condamne à fuir en avant, à aller sans cesse plus loin, en outrepassant le rôle qu’elle s’est elle-même assigné : donner une constitution à la France. Or que fait elle ? Elle empiète sur le pouvoir exécutif, se libère des parlements en les congédiant le 3 novembre 1789 et viole au nom du salut public les libertés si solennellement proclamées dans son grand œuvre : la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Dès le 28 juillet 1789, au plus fort de la Grande peur, elle a institué un « Comité des recherches », véritable bureau de police destiné à « recevoir les dénonciations contre les auteurs des malheurs publics. »
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Le jacobin entend exercer tout pouvoir sans partage mais récuse par avance d’être considéré comme un tyran puisqu'il est libérateur. Il est souverain au nom de la souveraineté du peuple. Taine le définit comme « un fou qui a de la logique et un monstre qui se croit de la conscience », ajoutant que « puisqu'il est la vertu, on ne peut lui résister sans crime ». « Comme si, commente Burke, tous ceux qui n’approuvent pas les nouveaux abus étaient évidemment partisans des anciens. »
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Louis XVI est lui-même acquis en partie aux idées des Lumières. Il pourrait être « un despote éclairé » comme nombre de souverains qui lui sont contemporains, réformateurs d’une main mais tenant fermement de l’autre la barre de l’Etat. Cependant il n’en est rien. Son règne va alterner une succession de décisions et de non-décisions aussi calamiteuses les unes que les autres. Qu’importe qu’il ait été intelligent, cultivé, passionné de marine et de sciences, qu’il ait eu une excellente mémoire et parfaitement parlé l’anglais. Il est maladivement timide et indécis. C’est un roi faible, inapte à l’exercice du pouvoir, surtout en période de crise.
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Cédant devant l’hostilité de tous ceux qui frappent ses réformes, le roi renvoie son ministre (Turgot) le 12 mai 1776, non sans que celui-ci lui ait adressé quelques jours plus tôt une mise en garde prophétique : « N’oubliez jamais, Sire, que c’est la faiblesse qui a mis la tête de Charles 1er sur le billot. »
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Videos de Claude Quétel (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claude Quétel
Storia Voce - 5 juin 2019 Une histoire incorrecte de la Révolution
Plus qu’un simple objet d’histoire, la Révolution Française est pour certains un mythe, un fantasme, une idole. Un mythe aux contours flous qu’il faut sans cesse réinventer et adapter, un mythe populaire écrit par des intellectuels, un fantasme qui ensorcelle et qui fascine. Mais la Révolution française est aussi une idole, qui semble pourtant chanceler depuis 1789 dans son sanctuaire. Elle est une idole ébréchée mais dont les débris semblent toujours replacés dans le saint des saints du temple de l’histoire. L’historiographie semble le montrer : étudier la Révolution française ne peut-être qu’un pèlerinage ou une guerre sainte. Une chose est sûre, la salle capitulaire ne se désemplit pas même si tout le monde ne semble pas avoir le droit au chapitre. Mari-Gwenn Carichon reçoit au micro de Storiavoce, l’historien Claude Quétel, qui vient de publier aux éditions Tallandier et Perrin, l’ouvrage : Crois ou meurs, une histoire incorrecte de la Révolution française.
L'invité: Claude Quétel est un historien tout d’abord spécialiste du 18ème siècle Directeur de recherche honoraire au CNRS, il est spécialiste de la folie et de la psychiatrie. On lui doit, entre autres une Histoire de la folie, de l’Antiquité à nos jours (624 pages, 12,5 euros) chez Tallandier et une Histoire des murs (320 pages, 9 euros) chez Perrin. Reconnu comme un fin connaisseur de la Seconde Guerre mondiale, il a également été directeur scientifique du mémorial de Caen avec La Seconde Guerre mondiale (Perrin, 480 pages, 24,9 euros), L’Impardonnable Défaite (Tempus, 480 pages, 11 euros). Son Crois ou meurs est le récit historique de la période la plus controversée de l’histoire de France et l’aboutissement d’un travail de plusieurs années. Il a été coédité par Perrin et Tallandier (512 pages, 21,90€).
+ Lire la suite
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