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EAN : 9791035400934
Audiolib (21/08/2019)
  Existe en édition audio
3.73/5   220 notes
Résumé :
Pendant la nuit du 24 au 25 mars 2015, Félix de Récondo a cheminé vers la mort. Trois ans plus tard, sa fille Léonor transforme le huis clos de la chambre d’hôpital en un vibrant manifeste, manifesto, témoignant de la liberté et de la force de création que ce père artiste garda inlassablement intactes.
Deux narrations s’entrelacent, qui signent le portrait d’un homme dont la jeunesse fut marquée par la guerre civile espagnole et l’exil : celle de Léonor, enva... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (80) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 220 notes
Merci à Piatka qui par sa très belle critique m'a permis de découvrir et une auteure et un roman dont je vais garder l'empreinte longtemps sur mon coeur fleur bleue.

Léonor de Recondo signe un récit admirable sur la dernière nuit de son père en soins palliatifs. Sa plume caresse les notes d'une cantilène pleine d'amour et de sensibilité. Des pages d'amour et de douceur aux allures poétiques, une cantate de souvenirs entre Felix son père et son ami Ernest Hemingway. Des pages où l'attente dans la chambre 508 de l'hôpital respire encore et toujours l'amour de Leonor pour son père. Leonor sait que son père va mourrir incessamment. Il a contracté une infection qui le condamne. Pour que la mort vienne chercher son père avec des mains de velours, elle rend la vie à son père dans des voyages de coeur, là où son père a été heureux, là où son père était un homme libre. Car « pour mourir libre, il faut vivre libre ».

Que c'est bon et beau de se faire caresser par de la si belle littérature. Un plaisir au bout des doigts, des mots qui enveloppent, brillent et nous réconcilient avec la douleur.
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Leonor de Recondo fait partie des auteurs dont j'apprécie tellement la plume, qu'à la sortie d'un nouvel ouvrage, je me précipite chez mon libraire. Je ne regarde même pas la quatrième de couv', je démarre sans préambule ni a-priori.

Cette fois-ci, Leonor, avec pudeur et délicatesse, nous fait partager la dernière nuit de son père Félix en mars 2015. C'est dire si le propos est délicat et personnel, et c'est bien grâce à une construction originale du récit que l'auteure parvient à rendre hommage à ce père artiste profondément aimé en évitant la surcharge émotionnelle de mauvais goût.
Les courts chapitres alternent un dialogue imaginaire de Félix, immigré espagnol, avec Ernest Hemingway, sur fond de guerre civile, de corrida, d'amour et d'exil, et les dernières heures de veille et de chagrin de sa femme et de sa fille à l'hôpital en soins palliatifs. En offrant ainsi à l'âme de son père mourant des échappées vivantes, sa fille prend des respirations salutaires qui allègent le cheminement inexorable vers la mort.

Au final, portée par une écriture toujours aussi poétique, j'ai été littéralement happée par cet hommage émouvant et lumineux, ode à la vie artistique du père et de sa fille reconnaissante. Une réussite totale !
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Un coup de fil en pleine nuit. Un appel d'une mort annoncée. Celle de son père, Félix. Après une opération qui s'est mal passée, ses minutes, ses heures, lui sont comptées. Au chevet de son lit d'hôpital, sa femme, Cécile, et sa fille, Léonor. Dans le huis clos de cette chambre défilent avec pudeur les instants présents si sacrés. le souffle retenu, les deux femmes veillent, en cette dernière nuit, sur l'homme de toute une vie...

Manifesto, un texte à la fois brut et pudique, profondément intime. Un récit original au cours duquel Léonor de Récondo alterne les derniers moments avec son père avec les souvenirs imaginaires de celui-ci, notamment des dialogues avec Ernest Hemingway, mais aussi son enfance, l'Espagne, l'exil, ses trois enfants partis trop vite, la musique, l'art... Un poignant et émouvant hommage à l'homme qu'était Félix, au lien si particulier qui unit père et fille, aux souvenirs éternellement gravés, à la vie et à la main qui, malgré tout, s'échappent... Sensible, à fleur de peau, à fleur de mots, l'auteure déroule une partition vibrante d'émotions...
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Léonor reçoit un appel de sa mère Cécile pour se rendre au chevet de Félix, à la Salpêtrière. Léonor va donc accompagner son père dans ses dernières heures de vie après une opération qui s'est mal passée.
Ce huis clos de la chambre d'hôpital va laisser en alternance les esprits de Félix et Léonor s'exprimer.
C'est à la fois un récit autobiographique et imaginaire que Léonor de Récondo, auteure et violoniste, nous livre, un vibrant hommage à son père disparu en 2015.
Elle imagine des retrouvailles entre son père et Ernesto (Ernest Hemingway). La communion entre ces deux esprits permet de revenir sur la vie de Félix et sur ses souvenirs d'enfance en Espagne. Ce sont des échanges sur les femmes, le plaisir, la vie de Félix et les tragédies qui l'ont traversée, notamment la mort de trois de ses enfants, la guerre, l'exil, le deuil, le suicide, deux destinées un peu parallèles.
Elle évoque quant à elle, avec douceur et délicatesse, des souvenirs familiaux et se souvient de leur complicité, lui à ses pinceaux, elle à son violon. Félix, le sculpteur, raconte d'ailleurs avec émotion la fabrication du violon de sa fille. La musique a accompagné leur vie, leur bonheur et les dernières heures ensemble.
Cette nuit de chagrin se transforme en un bouleversant hommage à son père où la vie et la mort s'entrelacent au coeur de ce Manifesto.
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Autour d'un moment dramatique, la mort de son père, Léonor de Récondo a écrit son Manifesto qui se passe dans la nuit du 24 au 25 mars 2015. L'auteure est avec Cécile, sa mère, au chevet de Félix de Récondo qui agonise. C'est là qu'elle imagine ce père qu'elle adore en pleine discussion avec Ernesto, Ernest Hemigway, qui a connu les heures sanglantes de l'Espagne en pleine guerre civile et vécu au Pays basque dont est originaire la famille de Récondo.

La discussion entre les deux hommes est entrecoupée par un retour régulier à la réalité, par l'angoisse de la fille qui, aux côtés de sa mère, trouve le temps très long, trop long et déborde en même temps d'amour.
Ernesto évoque ses souvenirs d'enfance, la pêche à la mouche, alors que Félix parle du Pays basque, de Franco, de la guerre perdue, de Gernika et de cet arbre, un chêne défendu par une chaîne humaine. Ernesto aimait les toros, la corrida et c'est pour cela qu'il revenait en Espagne.
Dans ce petit livre, Léonor de Récondo s'est livrée à un exercice difficile et l'a réussi. Son texte est plein d'amour, de sensibilité, d'humanité. Logiquement, Ernesto est plutôt en retrait mais sert de lien entre Félix et l'Espagne, la fuite de la dictature franquiste. Impossible, en lisant cela de ne pas penser, entre autres, à Leny Escudero. Dans le début… la suite… la fin, livre paru hélas en auto édition en 2015, il raconte aussi son parcours et ses problèmes d'adaptation dans son pays d'accueil, le nôtre.
Avec beaucoup d'émotion et de franchise, l'auteure parle de la fin de vie, de l'hôpital et du dévouement admirable du personnel soignant. Sans savoir si le mourant s'en rend compte, la présence des êtres chers à son chevet pour l'accompagner montre que l'essentiel c'est l'amour.

Je n'oublie pas ce violon sculpté, fabriqué par Félix, violon si cher à Léonor de Récondo qui en joue admirablement. Par petites touches, la fille démontre tout ce qu'elle doit à ce père artiste qui aimait travailler en présence de Cécile. C'est une vie qui s'achève après tant de souffrances, de douleurs, de joies et de bonheurs partagés.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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critiques presse (2)
LeMonde
22 février 2019
Le poignant hommage de Léonor de Récondo à son père. L’écrivaine fait s’animer évocations du passé (la guerre d’Espagne, l’exil), dialogues imaginaires (avec Hemingway) et ­prolongements oniriques.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
11 février 2019
Manifesto est, comment pourrait-on dire?, un hommage, un portrait, un tombeau pour ce père, Félix, artiste peintre et sculpteur basque né au début des années 1930 qui, dès 1936, vient en France pour fuir le franquisme.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (118) Voir plus Ajouter une citation
Je te vois assis sur le banc en marbre, le ciel sous les pieds. Tu regardes la vallée. Je m’approche lentement, la montée m’a fatigué. Tu as le dos courbé. Ça fait combien de temps qu’on ne s’est pas vus, Ernesto? Des décennies, dans les années cinquante sûrement, j’avais vingt ans, et toi, trente de plus.
Aujourd’hui, je savais que je te trouverais là. Il faut qu’on se raconte, toi, moi, les autres. Sinon, on se taira et on regardera le paysage longtemps, à s’en remplir les yeux. On se dira : tu te souviens ? Et on se souviendra de tout, Ernesto, très précisément de chaque détail.
Peut-être qu’on posera des mots dessus. Il paraît que ça allège. On deviendra, alors, si légers qu’il n’y aura plus de banc, plus rien, juste le ciel et tous les détails qu’on y trouvera. On se regardera et on rira des rides, des cheveux blancs, des dents qui manquent. On s’observera du coin de l’œil, la pupille vive comme au premier jour, et on pensera aux femmes qu’on a aimées, à leurs corps, à leurs seins chauds et fragiles dans nos paumes, à leurs ventres tendus, à nos bouches
sur leurs lèvres. On y pensera comme si c’était hier, et nos mains nues se souviendront. Je te vois de dos, Ernesto, je m’approche lentement.
Je vois la forêt et le bois, je sens la chaleur de l’été. On lancera les phrases à la montagne. Tu me parleras de ton suicide et des toros. Je te parlerai de mes enfants morts, et puis j’ouvrirai la boîte que j’ai avec moi et je te montrerai le violon. Il n’y aura personne pour le faire sonner, mais ça n’a plus d’importance. J’ai tellement imaginé, rêvé ce son, qu’en ouvrant l’étui tu l’entendras un peu, et moi, je l’entendrai parfaitement.
La musique se faufile dans le fil du bois, attend, se cache, puis s’endort. Léonor viendra la réveiller un jour. Mais aujourd’hui, ce qui compte, c’est qu’on se retrouve, toi et moi.
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Mais toi, où es-tu ? Ta respiration a changé depuis quelques temps, je ne pourrais pas dire depuis combien de minutes, je regarde ma montre sans comprendre l'heure. C'est la nuit noire, je sais simplement que nous marchons vers l'aube et ta mort. Ta respiration s'est altérée, un léger ronflement sort de ta gorge. Ton thorax soulève régulièrement le drap, rien d'autre ne bouge. Aucune expression sur ton visage si lisse. Et je comprends soudain - comment pourrait-il en être autrement ? - que tu es sorti de cet espace clos, que tu as pris la tangente par le seul point de fuite qui existe dans cet espace : ton esprit. Ton esprit se promène ailleurs, à l'ombre d'une forêt, et il cause à d'autres. Nous sommes dedans, tu es dehors.
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Ma bouche contre ton oreille, je te dis des mots qui ne s'écrivent pas. Des mots qui exigent la voix. Des mots de toi à moi, les derniers prononcés qui traversent ta peau devenue froide, qui parcourent tes oreilles, ton cerveau, tes veines et tout ton squelette pour rejoindre ton souffle, si ténu soit-il. Des mots d'amour, de gratitude, alors que déjà se profile l'incertitude de ne pouvoir jamais vivre sans toi.
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La réalité est bien pire que le cauchemar, je le sais, je l'ai vérifié. Je vais dompter mon esprit et mon inconscient qui m'échappent la nuit. Je le peux.
C'est pour ça que j'écris, je bois, je fais l'amour si voracement. Je veux sentir le corps vivant et m'abandonner pour jouir de cet éclair d'oubli, de cette joie miraculeuse. Je veux croire que le temps passera, estompera, polira, et je continuerai de faire l'amour, à caresser la peau vive, en la chérissant avec mes mains, mon sexe, ma bouche, ma langue. Transpirer, embrasser, lécher, mais ne surtout pas rêver.
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Je traverse les Landes à la fin de la nuit, le meilleur m’attend. Les derniers kilomètres après Saint-Jean-de-Luz, la route qui longe la mer. Je m’arrête toujours au même endroit, je suis épuisé par la distance parcourue, par la France traversée, je m’arrête sur la corniche, là où l’océan commence, et mon esprit plonge dans le ciel gris-bleu de l’aube, puis s’amalgame à la masse liquide, immense. L’horizon, d’un coup, aspire mes pensées et mes angoisses, me laisse seul avec le vent qui glisse entre mes doigts, qui s’infiltre dans mes oreilles et mon nez. J’ouvre grand la bouche, j’inspire. (..)
D’une traite depuis Paris, une nuit tendue par la joie qui m’attendait ici.
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Vidéo de Léonor de Recondo
Accompagnée de la violoncelliste Elisa Jonglar Venise 1699. Ilaria Tagianotte naît dans une famille de marchands d'étoffes. C'est une période faste pour l'art et la musique, le violon en particulier. À peine âgée de quelques semaines, sa mère place la petite Ilaria à la Pietà. Cette institution publique a ouvert ses portes en 1345 pour offrir une chance de survie aux enfants abandonnés. On y enseigne la musique au plus haut niveau. le prêtre Antonio Vivaldi y est maître de musique. Ilaria, jeune prodige, apprend le violon et devient la copiste du maestro Vivaldi. Elle se lie avec Prudenza, une fillette de son âge. Leur amitié indéfectible la renforce et lui donne une ouverture vers le monde extérieur. le grand feu, c'est celui de l'amour qui foudroie Ilaria à l'aube de ses quinze ans. Celui qui mêle le désir charnel à la musique si étroitement dans son coeur qu'elle les confond et s'y perd.
Dans le cadre du festival Italissimo 2024.
À lire – Léonor de Récondo, le grand feu, Grasset, 2023.
+ Lire la suite
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