AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Danièle Sallenave (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070337460
368 pages
Gallimard (13/04/2006)
3.61/5   37 notes
Résumé :

" J'ai beaucoup écrit dans ma jeunesse : mais rien qui me parût valable. J'avais environ trente ans quand j'osai proposer à des éditeurs le livre que j'appelai Primauté du spirituel, détournant ironiquement le titre d'un essai alors célèbre de Maritain.

J'avais mis beaucoup de moi-même dans cet ouvrage. J'étais en révolte contre le spiritualisme qui m'avait longtemps opprimée et je voulais exprimer ce dégoût à travers l'histoire de jeunes... >Voir plus
Que lire après Anne, ou quand prime le spirituelVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Bien sûr, on n'entre pas dans un ouvrage de Simone de Beauvoir, fût-il une oeuvre de jeunesse quelque peu délaissée, sans ressentir une envie d'aller plus avant, histoire de confirmer ce que cette prêtresse du féminisme a donné à la littérature.
Dans ce livre, qui semble avoir été l'objet d'une sorte de reniement de la part de l'auteur, du moins dans un premier temps, on trouve plusieurs portraits de femmes, qui semblent vivre indépendamment les unes des autres, et pourtant, toutes ces femmes se sont côtoyées, appréciées, aimées, craintes : ce livre raconte surtout la complexité des relations femme/femme, la domination, la soumission. Les hommes sont plutôt falots, parfois lâches...
Simone de Beauvoir, déjà, pose ses jalons dans l'histoire littéraire du XXème siècle. Son talent d'écrivain, sa pensée : elle a déjà "tout d'une grande" !
Elle-même juge son livre, avec un certain recul : " C'est, somme toute, un roman d'apprentissage où s'ébauchent beaucoup des thèmes que j'ai repris par la suite. Je lui garde une sympathie que j'aimerais voir partagée.»
Commenter  J’apprécie          90
Simone de Beauvoir est un de mes auteurs préférés, il ne me manquait plus que ce livre pour avoir lu la totalité de ses oeuvres.
En vérité, j'aurais dû le lire bien avant, juste après le premier tome de ses mémoires, en fait ! (ironiquement, c'etait le premier livre que j'ai lu d'elle). Il aurait fallu en toute logique le lire après "Mémoires d'une jeune fille rangée", car dans ce roman on sent la volonté d'expier en quelque sorte la mort de Zaza / Anne, la meilleure amie de Simone.
A l'époque, le manuscrit avait été refusé, et l'auteur le juge assez sévèrement... Notamment pour ce qui est d'un supposé manque de cohérence entre les parties...
Personnellement j'ai adoré ce roman ! Justement, la structure en est très moderne, et déjà à l'époque préfigurait le "nouveau roman", avec une trame narrative très originale, des parties qui se répondent, les voix des personnages qui se font l'écho les unes des autres - un véritable concerto littéraire.
J'adore l'écriture de Simone de Beauvoir, et je trouve ce livre vraiment bien construit. Il mérite d'être mieux connu et apprécié.
Commenter  J’apprécie          60
Bien sûr, on n'entre pas dans un ouvrage de Simone de Beauvoir, fût-il une oeuvre de jeunesse quelque peu délaissée, sans ressentir une envie d'aller plus avant, histoire de confirmer ce que cette prêtresse du féminisme a donné à la littérature.
Dans ce livre, qui semble avoir été l'objet d'une sorte de reniement de la part de l'auteur, du moins dans un premier temps, on trouve plusieurs portraits de femmes, qui semblent vivre indépendamment les unes des autres, et pourtant, toutes ces femmes se sont côtoyées, appréciées, aimées, craintes : ce livre raconte surtout la complexité des relations femme/femme, la domination, la soumission. Les hommes sont plutôt falots, parfois lâches...
Simone de Beauvoir, déjà, pose ses jalons dans l'histoire littéraire du XXème siècle. Son talent d'écrivain, sa pensée : elle a déjà "tout d'une grande" !
Elle-même juge son livre, avec un certain recul : " C'est, somme toute, un roman d'apprentissage où s'ébauchent beaucoup des thèmes que j'ai repris par la suite. Je lui garde une sympathie que j'aimerais voir partagée.»
Commenter  J’apprécie          50
Une lecture qui ne laisse pas indemne.
"[...] Il faut faire ce que nous avons à faire sans tenir compte de nos humeurs, Anne» dit Mme Vignon; elle haussa les épaules : «J'ai été comme toi ; mais on apprends à ne pas s'écouter.» "

L'histoire de Marcelle, Chantal, Lisa, Anne et Marguerite. Cinq femmes nées et élevées dans un milieu bourgeois, très Catholique dont les vies s'entrecroisent.
Marcelle veut tellement sauver le monde et les autres qu'elle pense que son propre bonheur ne passe que par cela.
Chantal est très libre, veut aiguiller toutes celles qui l'entourent pour qu'elles soient à son image. Sa liberté la rend un peu égocentrique.
Lisa court derrière un amour impossible
Anne est tiraillée entre sa foi, son éducation et son amour pour un homme trop éloigné de son milieu.
Marguerite prend tous les risques pour s'éloigner de son éducation mais être libre ne se décréte pas.

Il est essentiel de contextualiser l'oeuvre avant d'en aborder l'histoire. Cet ouvrage est le premier de Simone de Beauvoir. Elle a justement grandi dans ce milieu et avait une amie très chère dénommée Zaza. Zaza est amoureuse et son mariage est empêché car son prétendant n'est pas croyant. Zaza en perdra la raison et se donnera la mort. On dira officiellement qu'elle était malade.
C'est avec cette injustice et cette colère que Simone de Beauvoir écrira ces mots.
A la lecture, on ressent la révolte de l'autrice derrière la plume mais aussi le soin de réhabiliter son amie Zaza. On sent la frustration de ne pas avoir été suffisamment là pour elle et de ne pas avoir pu la "sauver".

Les destins qui nous sont racontés ne sont que douleur et désillusion. le rejet de Simone de Beauvoir envers ce milieu donne un récit sévère, engagé et très percutant. Il ne m'a pas laissée indemne.
Elle décrit parfaitement l'entrave qu'un milieu trop religieux peut avoir sur l'émancipation de la femme. J'ai trouvé que ce texte était une bonne entrée vers la pensée de Simone de Beauvoir. Il peut être un premier pas vers "le deuxième sexe".
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          10
J'ai bien aimé ce texte De Beauvoir. Il se divise en cinq parties qui exprime chacune le point de vue d'un personnage féminin de l'histoire. Les éléments se recoupent donc de façon intelligente.
On voit que l'auteur s'est inspirée de sa propre vie pour décrire les expériences tant des adolescentes que de Plattard, l'enseignante. Y est livré une réflexion intéressante sur la liberté personnelle et le lien a la religion mais aussi sur la mauvaise foi. le style est plus désuet/classique que dans ses autres textes (c'est son premier roman) mais cela reste une belle écriture.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Mlle Olivier, qui avait dressé avec tant de soin le catalogue des livres réservés à la jeunesse, aurait été bien étonnée si elle avait su quel aliment fournissaient aux rêveries de sa nièce certains contes innocents, les récits édifiants du chanoine Schmidt. La cruauté de Barbe-Bleue, les épreuves infligées à la douce Grisélidis par un époux au cœur inquiet, la rencontre du duc de Brabant avec l'infortunée Geneviève, toute nue sous ses longs cheveux, remplissaient Marcelle d'un trouble extraordinaire ; elle s'enchantait inlassablement de cette histoire : une femme maltraitée par un maître superbe finit par conquérir son cœur à force de soumission et d'amour. Marcelle s'identifiait à cette héroïne qu'elle imaginait parfois innocente et méconnue, mais le plus souvent coupable d'une lourde faute, car elle aimait frissonner de repentir aux pieds d'un homme beau, pur et terrible. Il avait droit de vie et de mort sur elle et elle lui disait « Seigneur » ; il la faisait mettre nue devant lui et, pour monter sur son cheval richement caparaçonné, il se servait de son corps comme d'un marchepied. Elle prolongeait avec volupté ce moment où la tête courbée, le cœur empli d'adoration, d'une humilité passionnée, elle sentait un dur éperon écorcher son dos d'esclave.
Commenter  J’apprécie          00
Chantal inclina son visage vers le feu ; une grande émotion l'envahissait ; après tant de semaines de regrets arides, elle sentait soudain qu'elle n'avait pas été frustrée. Son action avait échoué, l'avenir ne lui avait pas docilement obéi ; mais voici qu'en échange un passé lui avait été donné ; dans l'ombre sereine de cette vieille maison, elle avait enfin rencontré ce qu'elle cherchait depuis si longtemps ; quelque chose qui n'appartînt qu'à elle seule et qu'on pût lui envier ; une belle et tragique histoire alourdirait à jamais sa vie ; désormais des ombres mystérieuses passeraient parfois sur son visage, ses gestes, ses paroles, auraient de subtiles résonances, et les regards qui se poseraient sur elle s'attarderaient longtemps, avides de percer son secret. La tête de Chantal se courba davantage ; il pesait lourd contre son cœur, ce merveilleux fardeau ; elle ne pouvait pas prévoir encore toutes les richesses qu'il lui dispenserait, mais elle se sentait déjà transfigurée par sa présence ; mieux qu'autrefois elle saurait aimer, comprendre, éclairer, consoler ; peut-être même serait-elle capable un jour de transformer sa douloureuse expérience en une œuvre de sereine beauté.
Commenter  J’apprécie          00
Loin de Desroches, elle désirait sa venue si désespérément que sa gorge sèche, ses lèvres brûlantes lui faisaient mal ; quand il était là, cette présence lui paraissait étouffante. (…) Pendant qu'il parlait, Marcelle regardait avec désespoir ce corps étranger derrière lequel, précieuse, inaccessible, était murée une âme ; elle était si lasse d'elle-même qu'elle aurait voulu à jamais se perdre en lui. Mais deux êtres qui s'aiment, assis l'un à côté de l'autre, sont encore deux êtres solitaires ; Desroches ne paraissait pas pressentir cette tragédie.
Commenter  J’apprécie          00
Je ne voyais rien, je ne savais pas regarder, mais comme je marchais à grands pas dans les rues sombres, je sentais autour de moi la présente indistincte du monde et cela m'exaltait ; des ivrognes sortaient en titubant des bistrots, boulevard de la Chapelle des femmes faisaient le guet sous les enseignes lumineuses des hôtels, le monde était couvert de lèpre, on ne pouvait pas le contempler sans horreur, et pourtant, il fallait le frôler en tremblant, écouter sa respiration ; cette grande masse confuse et monstrueuse me fascinait.
Commenter  J’apprécie          00
 Même la liberté, Marguerite, il faut être capable de la jeter par la fenêtre ; le jour où vous ne tiendrez plus à elle, plus à rien, alors seulement vous la posséderez.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Simone de Beauvoir (91) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Simone de Beauvoir
Vous connaissez Simone de Beauvoir, mais peut-être pas sa soeur Hélène. Pourtant, cette artiste peintre s'est elle aussi engagée pour la cause des femmes.
#feminisme #simonedebeauvoir #cultureprime
_____________
Retrouvez-nous sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
Et abonnez-vous à la newsletter Culture Prime : https://www.cultureprime.fr/
autres livres classés : rouenVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (108) Voir plus



Quiz Voir plus

Simone de Beauvoir

Comme beaucoup de femmes des années 40, Simone de Beauvoir a adopté un accessoire (ou une coiffure) qu'on lui a vu sa vie entière. Lequel ?

Un chapeau à voilette
Un turban
Un canotier

10 questions
235 lecteurs ont répondu
Thème : Simone de BeauvoirCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..