Le récit s'ouvre en plein
hiver, avec le constat de l'indifférence du monde. Nous sommes chez Grace, elle discute avec sa fille Sacha sur l'importance du pardon. le fils, Robert, un garçon intelligent et primaire à la fois, est en vadrouille. Peut-être chez son père qui, depuis le divorce déclenché par des opinions contraires au sujet du Brexit, habite la maison d'à côté avec Ashley, une jeune écrivaine engagée.
Parmi les émissions télévisées débiles, Grace aperçoit une ancienne actrice avec laquelle elle avait joué Conte d'
hiver de
Shakespeare lors de l'été 1989. Un été particulier qui lui laisse le souvenir d'une rencontre exceptionnelle.
L'été, ce moment de grâce qui commence avec l'arrivée des martinets. Une saison que l'on ressent intérieurement avec la chaleur de l'affection.
Alors que son frère vient de lui coller un sablier dans la main avec de la superglue, Sacha rencontre Charlotte et Arthur. le couple, journaliste pour leur site environnemental, Art et Nature, l'emmène aux urgences puis la ramène chez elle.
Robert tombe en pâmoison devant Charlotte. Calmé, il étale ses connaissances sur Einstein et sur le livre d'Ashley. le couple propose à la famille de les accompagner pour une visite chez Daniel Glück, un vieillard auquel Arthur doit remettre un souvenir de sa propre mère, une pierre issue d'une oeuvre d'art.
Aucun des personnages ne reviendra intact de ce voyage.
Avec Daniel Glück,
Ali Smith nous raconte un pan méconnu de l'histoire de la seconde guerre mondiale.
Daniel et son père ont été enfermés à Douglas sur l'île de Man. Là, ils ont croisé
Fred Uhlman,
Kurt Schwitters, Rawicz et Landauer. Pendant ce temps, la soeur de Daniel doit fuir l'Allemagne. Elle s'engage dans la résistance pour aider des juifs à sortir du pays. Mère d'une petite fille, elle est hébergée en Toscane chez Nina et Robert Einstein, le frère d'Albert.
Les romans d'
Ali Smith sont un curieux mélange de simplicité et de complexité. Avec une grande fluidité, l'auteur nous emmène sur des chemins de traverse. Avec ses personnages, elle nous entraîne au gré de ses réflexions sur le monde en plein Brexit et COVID.
Un centenaire en proie avec les souvenirs d'une guerre qui a brisé sa famille, un réfugié politique emprisonné près de l'aéroport, une mère actrice avide de retrouver la chaleur d'un certain été, une vieille dame altruiste qui met sa demeure à la disposition de sans-abris.
De ces instants de vie mêlés, le chemin est pourtant clair. L'été est ce moment qui te ramène à toi-même, une chaleur induite par la solidarité.
Avec le film de
Lorenza Mazzetti ou la sculpture de Barbara Hepworth,
Ali Smith sème dans ces romans des éclats artistiques au coeur des vies ordinaires.
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