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EAN : 9782070466948
112 pages
Gallimard (03/09/2015)
3.85/5   74 notes
Résumé :
Un quotidien fait de calculs mesquins, une cuisante déception amoureuse, un profond sentiment de désarroi face à la condition humaine...Les personnages de ces nouvelles sont englués dans une existence qui leur rétrécit l'âme, qui éteint leur joie de vivre. Mais peut-être nous invitent-ils à méditer le conseil que se donne l'un d'entre eux : "La vie est effrayante, alors il n'y a pas à se gêner avec elle, brise-la et prends tout ce que tu peux lui arracher avant qu'e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Les quatre nouvelles du recueil sont aussi dures et acides que des groseilles à maquereau à l'exception de L'étudiant. Cette nouvelle d'inspiration chrétienne est étonnante dans ce recueil d'un pessimisme radical. Il n'est vraiment pas tendre avec ces congénères ce Tchekhov des dernières années, en particulier avec les petits propriétaires terriens. Tous les principaux personnages baignent dans le mensonge, l'illusion et la solitude intérieure. Mais alors quel conteur ! Quel savoir faire ! En quelques pages, il nous plonge dans la psychologie des personnages, les met à nu, révèle leur peur, leur frustration, leur médiocrité, leur facticité avec une ironie légère et désenchantée.
Conclusion : " La vie est effrayante, alors il n'y a pas à se gêner pour elle, brise-la et prends tout ce que tu peux lui arracher avant qu'elle ne t'écrase ".

1) La Peur (1892)
Le narrateur rend visite par désoeuvrement à Siline une de ses connaissances qui a fui la ville pour s'installer à la campagne. Siline a apparemment tout pour être heureux notamment une femme aimée que le narrateur trouve charmante. Mais Siline avoue au narrateur qu'il vit dans la peur...


2)L'étudiant (1894)
Voir billet dédié.


3) Les groseilliers (1898). La nouvelle fait normalement partie d'une trilogie avec l'Homme à l'étui et de l'amour.
Ivan Ivanovitch raconte au narrateur et à l'un de ses amis l'histoire de son frère Nikolaï. Celui-ci devenu fonctionnaire à Moscou regrettait sa jeunesse à la campagne et voulait absolument acquérir une propriété où pousseraient des groseilliers. Il économisa sou par sou, se priva, se maria avec une riche veuve très laide qu'il mena au tombeau en deux ans à force de privations. Arrivé à la cinquantaine...

4) Ionytch (1898)
Ionytch est un jeune médecin qui arrive à S. à la campagne. Il est invité par une famille en vue. le père se pique de théâtre, la mère écrit des nouvelles et des romans, la fille Ekatérina surnommée Kotic joue du piano. Ionytch en tombe illico amoureux et lui tourne autour. Elle lui donne alors rendez-vous au cimetière...
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Dans « les groseilliers » second volet de sa petite trilogie (1898) (« L'homme dans un étui »et « de l‘amour » étant les deux autres volets). Tchéchov raconte avec humour l'histoire de Nikolaï petit fonctionnaire qui rêve d'une autre vie.
L'histoire commence ainsi ; contraint, par une forte pluie de se réfugier dans une ferme, Ivan Ivanitch raconte à Bourkine, son ami, l'histoire de son frère Nikolai dont le désir (qui va devenir une obsession) était de revenir vivre à la campagne pour son plus grand bonheur. Arrivé à ses fins, à force d'économie, il peut enfin se payer la propriété de ses rêves à 50 ans. Nikolaï se retire donc sur ses terres, il cultive enfin ses propres groseilliers dont les fruits lui paraitront succulents, il se lèvera la nuit pour les déguster ! Pourtant le lieu est plutôt sordide, usines et incinérateur bordent son terrain, mais, notre héros est aveuglé dans sa petite vie étriquée. Son frère, spectateur, est triste devant son peu d'ambition… son rêve de petit bourgeois qui place son bien-être dans de petites choses, ce solitaire et ce fat d'autosatisfaction.
Tchékhov qui disait « L'écrivain n'a pas à résoudre les problèmes mais il doit « les poser correctement », suscite en nous des interrogations sur le sens du mot bonheur et ce grand humaniste écrit : « le bonheur n'existe pas… si la vie a un sens et un but, ils ne sont nullement dans notre bonheur, mais dans quelque chose de plus grand. Faites le bien ! »
Dans « Ionytch » c'est de la déception amoureuse que Tchékhov décortique avec finesse et mélancolie. Ionytch, repoussée par une femme s'enlise dans sa vie et se néglige il devient obèse. Le récit est affligeant, triste là encore notre héros s'abandonne dans sa vie étroite, déçue, éplorée et cupide. Prends en main ton destin pourrait on lui dire !
Dans « la peur » nous sommes pris d'angoisse face à l'existence « Ce qui m'effraie surtout, c'est le train-train de la vie quotidienne, auquel nul d'entre vous ne peut se soustraire. Je suis incapable de discerner ce qui, dans mes actions, est vérité et ce qui est mensonge, et elles me causent du tourment ; j'ai conscience que les conditions de l'existence et mon éducation m'ont enfermé dans un cercle étroit de mensonge, que toute ma vie n'est rien d'autre qu'une préoccupation quotidienne de me tromper moi-même et de tromper les autres sans m'en apercevoir, et je suis effrayé à la pensée que je ne me délivrerai pas de ce mensonge jusqu'à ma mort. »
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« Nous ne somme pas sur Terre / Pour que la mort nous surprenne dans une paresse bienheureuse »,  La Divine Comédie , extrait, Dante Alighieri.
« Et moi je rôde, foetus adulte,plus moderne que n'importe quel moderne, pour chercher des frères qui ne sont plus. »…. Je suis une force du passé, Pier Paolo Pasolini, extrait.
Il faut parler d'âme lorsqu'on entre en littérature russe. D'âme et non de style. Parler de style serait peut être parler en courtoisie, l'âme russe n'est jamais courtoise. Peur, folie, extase, effondrement, dépassement, joie, feu, glace, tourbe, encre, papier musique, rage, marche, espace, immensité des espaces, innombrables appels, tourments.
Libre , vibrante, glacée, brûlante, jamais courtoise.
Pourquoi inviter Dante ? Pourquoi inviter Pasolini ? Pourquoi les convier à la table de Tchékhov ?
Parce qu'à la lecture de ces quatre nouvelles, et tout particulièrement à la lecture de « l'étudiant » cela devient une évidence.
«  le passé, pensait-il, est lié au présent par une chaîne ininterrompue d'événements qui découlent les uns des autres. Et ils semblait qu'il venait d'apercevoir les deux bouts de la chaîne : il avait touché l'un, et l'autre avait vibré ».
Puisque « Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige; Valse mélancolique et langoureux vertige ! » vient nous répondre Baudelaire.
« Voilà l'hiver revenu, dit l'étudiant, en s'approchant du feu ».

Astrid Shriqui Garain


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Je ne connaissais pas Tchekhov écrivain, et ses nouvelles sont de bonnes surprises ! Très poétiques, ces textes très courts sont comme des tableaux de scènes de la vie provinciale russe de la fin du 19ème siècle. Pas vraiment d'intrigue, mais des portraits sans concession et plein d'humour.
A déguster comme on visite une exposition d'Ilia Repine.
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Quel est le sens de la vie ? À quel moment, peut-on dire que l'on a réussi la sienne ?

Voilà des questions qui agitent les philosophes depuis des temps immémoriaux.

Anton Tchékhov donne la réponse de l'écrivain. Il en esquisse, à tout le moins, les contours dans un recueil de courtes nouvelles réunies par les éditions Folio.

C'est ainsi que la première nouvelle, "la peur", s'interroge sur la compréhension du but de la vie humaine.

La seconde, "l'étudiant", lie cette réflexion à celle du temps, inscrivant l'homme non plus dans sa propre temporalité mais dans un ensemble d'événements.

La troisième, qui donne son nom à ce livre, démontre qu'un bonheur égoïste ne mène pas à une vie réussie mais plutôt à un ersatz de bonheur.

Enfin, la dernière nouvelle "Ionytch" ramène le lecteur au bonheur perdu, celui des jeunes années, symbole d'une innocence qui se délite avec le temps.

L'ensemble des nouvelles est de très grande qualité. L'auteur réussit, à chaque fois, à dépeindre un cadre, une toile de fond de façon claire et précise.

Les personnages semblent doués d'une vie propre alors que, nous ne les suivons que pour peu de pages. Chaque nouvelle étant comme une fenêtre ouverte sur la société russe de cette période charnière entre la fin du dix-neuvième et début du vingtième siècle.

Un court recueil au prix très modique qui permet une incursion dans les très beaux écrits de Tchékhov.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Il tombait une pluie violente, serrée, dont il était difficile de prévoir la fin. Les deux hommes s'arrêtèrent, se demandant quel parti prendre ; leurs chiens, déjà trempés, immobiles, la queue entre les pattes, les regardaient d'un air attendri.
« Il faut nous abriter quelque part, dit Bourkine. Allons chez Aliokhine. C'est tout près.
— Allons-y. »
Ils tournèrent de côté, traversant des éteules sans discontinuer, tantôt prenant au droit, tantôt appuyant à droite jusqu'à ce qu'ils débouchent sur un chemin. Bientôt ils aperçurent des peupliers, un jardin, puis des toits rouges de granges ; la rivière miroita et leur regard découvrit un vaste plan d'eau avec un moulin.
Le moulin tournait, couvrant le bruit de la pluie ; la digue vibrait. Près des chariots, des chevaux attendaient, immobiles, trempés, la tête basse, tandis que des gens allaient et venaient, un sac sur la tête pour se protéger de la pluie. Tout cela était humide, boueux, inhospitalier, l'eau semblait froide, mauvaise. À présent, Ivan Ivanytch et Bourkine sentaient qu'ils étaient trempés, crottés, qu'ils avaient les membres raides et les jambes alourdies par la boue et ils longèrent la digue et remontèrent vers les granges, sans se parler, comme s'ils étaient fâchés.

LES GROSEILLIERS.
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L'argent, comme la vodka, fait des gens des êtres à part. Tenez, un marchand dans notre ville vient de décéder : à l'article de la mort il s'est fait apporter une assiette de miel et il a avalé avec le miel tout son argent et ses billets à lot pour que personne n'en profite. Un jour, dans une gare, j'inspectai du bétail : un maquignon tombe sous la locomotive, qui lui sectionne la jambe. Nous le portons à l'hôpital, le sang coulait, c'était affreux à voir, et lui, il ne cessait de demander qu'on aille chercher sa jambe : ce qui le tracassait, c'est qu'il y avait vingt roubles dans sa botte et qu'il avait peur de les perdre.

LES GROSEILLIERS.
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Et un tel ordre est sans doute nécessaire ; sans doute l'homme heureux ne se sent-il bien que parce que les malheureux portent leur fardeau en silence, car sans ce silence le bonheur serait impossible. C'est une anesthésie générale. Il faudrait que derrière la porte de chaque homme satisfait, heureux, s'en tînt un autre qui frapperait sans arrêt du marteau pour lui rappeler qu'il existe des malheureux, que, si heureux soit-il, tôt ou tard la vie lui montrera ses griffes, qu'un malheur surviendra - maladie, pauvreté, perte - et que nul ne le verra, ne l'entendra, pas plus que maintenant il ne voit ni n'entend les autres. Mais l'homme au marteau n'existe pas, l'homme heureux vit en paix et les menus soucis de l'existence l'agitent à peine, comme le vent agite le tremble, et tout est bien.
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… Je vois que nous ne savons que peu de chose et c’est pourquoi chaque jour nous commettons des erreurs, nous calomnions, nous faisons à autrui une vie impossible, nous gaspillons nos forces à des bêtises qui ne nous servent à rien et nous empêchent de vivre, et si je suis en proie à une telle terreur, c’est que je ne comprends pas à quoi et à qui cela est nécessaire. (p. 19 - la peur - ed. folio)
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Je vous l'avoue comme un ami, parfois, dans des instants d'angoisse, je me suis représenté l'heure de ma mort, mon imagination créait par milliers les plus sombres fantômes, je parvenais à atteindre à l'exaltation la plus torturante, au cauchemar et cela, je vous l'assure, ne me paraissait pas plus effrayant que la réalité.
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Videos de Anton Tchekhov (48) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anton Tchekhov
Benoît Jacquot avait réuni Isabelle Huppert et Fabrice Luchini pour un long métrage de fiction, Pas de scandale, en 1998. le cinéaste les a retrouvés au Festival d'Avignon, en juillet 2021, mais séparément cette fois, pour les besoins de son nouveau film, Par coeurs. Un documentaire passionnant sur le travail d'une comédienne et d'un comédien tous deux hors normes, suivis la veille et le jour de la première représentation de leur spectacle respectif : La Cerisaie, de Tchekhov, monté par Tiago Rodrigues dans la vaste cour d'honneur du palais des Papes, pour elle ; un seul-en-scène autour de Nietzsche dans le cadre plus intimiste de l'Hôtel Calvet, pour lui . Avec un scoop : Isabelle Huppert, la perfection faite actrice, est capable de « bugs » comme tout le monde - à savoir, buter inexorablement sur une longue réplique de sa pièce il est vrai assez complexe à mémoriser !
Par coeurs sortira en salles le 28 décembre 2022. En attendant, découvrez sa bande-annonce en exclusivité sur Telerama.fr. le film sera par ailleurs présenté en avant-première à Paris au cinéma L'Arlequin lors d'une séance spéciale le lundi 12 décembre à 20h15. La projection sera suivie d'une rencontre avec Isabelle Huppert, Fabrice Luchini et Benoît Jacquot animée par Fabienne Pascaud, directrice de la rédaction de Télérama - les places sont en vente ici : http://dulaccinemas.com/cinema/2625/l-arlequin/article/138713/avant-premiere-par-coeurs-en-presence-de-benoit-jacquot-isabelle-huppert-et-fabrice-luchini
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Le clafoutis de Tchekhov

Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

Nikita
Volôdia
Fiodor
Boris
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