« Il fallait une personnalité exceptionnelle pour porter, défendre et faire voter une loi autorisant l'avortement en 1974. Il fallait une femme. de rigueur et de conviction. de courage et d'abnégation. Une femme portant très haut une exigence de morale et d'éthique. »
Un ouvrage passionnant qui nous rappelle la dureté de ce combat qui n'était pas gagné d'avance, et la violence des propos, parfois indignes, tenus à l'Assemblée nationale lors de la présentation du texte.
Il commence par le discours d'introduction de
Simone Veil, cette Grande Dame au " regard opale et au tempérament de feu… "
Face à une assemblée à priori hostile composée de 98% d'hommes, elle tient un discours combatif, plein de coeur et de raison.
Un discours plein de coeur car elle parle de la solitude et de la détresse des femmes confrontées à ce drame.
Un discours plein de raison, car il était grand temps de légiférer pour empêcher ces centaines de milliers d'avortements clandestins ou réalisés, pour celles qui en avaient les moyens, dans des pays étrangers.
Un discours courageux, sincère, sans langue de bois ni compromissions, qui fut suivi d'un déchainement de haine et de violence.
Menaces, insultes, outrages : rien ne fut épargné à
Simone Veil, mais son histoire personnelle lui donnait cette force qui déstabilisèrent ses pires adversaires.
Face à ces démagogues et ces hypocrites, je retiens le soutien discret mais efficace d'hommes politiques comme Bernard Pons, ancien médecin de campagne confronté de près et de manière constante aux drames des femmes qui connaissaient des grossesses non désirées.
Dans ses réponses aux questions de
Annick Cojean,
Simone Veil fait toujours preuve d'humanité et de simplicité. Elle raconte les tractations en coulisse pour faire passer sa Loi. Comment résister aux groupements féministes qui voulaient des dispositions plus libérales pour ne pas s'aliéner les votes des députés de droite ? Comment apaiser la hiérarchie religieuse ? Comment faire face au torrent de haine destiné à l'ébranler ?
Dans ces négociations,
Simone Veil n'a jamais cédé d'un pouce sur ces deux principes : la décision ultime revient à la femme et l'IGV est le dernier recours.
Que de modestie aussi quand elle estime que la Loi Neuwirtz est autrement plus importante pour la libération des femmes que la sienne.
Le texte fut finalement voté par 284 voix contre 189.
Une loi pour l'Histoire qu'on ne doit pas oublier ; une loi primordiale pour les femmes… Pour les hommes aussi…