AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Pauline Réage (Traducteur)
EAN : 9782221116401
182 pages
Robert Laffont (06/05/2010)
3.55/5   101 notes
Résumé :
Avec Le cher disparu, cette irrésistible satire des rites funéraires américains, Evelyn Waugh s'inscrit dans la lignée d'écrivains anglais qui, depuis Swift, ont su cacher sous la joie du rire un pessimisme manichéen. Humoriste redouté, Waugh est aussi considéré, pour la pureté et le classicisme de sa langue, comme l'un des maîtres de la littérature anglaise contemporaine.
Que lire après Le Cher disparuVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
3,55

sur 101 notes
5
3 avis
4
4 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
3 avis
On l'oublie souvent de ce côté du Channel, mais sous les liens pragmatiques unissant la Grande-Bretagne à son enfant rebelle qu'est les Etats-Unis, il existe des sentiments ambivalents, marqués par la conscience aigüe d'un gap culturelle entre deux peuples en apparence si proches. La perception en est variable, allant de l'attrait pour le léger exotisme au franc mépris. On se souvient de Sting Chantant « I'm a legal alien, I'm an englishmen in New-York », des GI en route pour le Débarquement décrits par les Britanniques comme « overpaid, oversexed and over-here », de l'attrait pour le chic et l'accent anglais dans les films américains. C'est ce de ce décalage dont traite ici Evelyn Waugh, avec tout son humour et son ironie subtile.

Une jeune fille américaine bien sous tous rapports et légèrement cruche, travaillant dans un funérarium de grand standing, se trouve prise entre deux amours. D'un côté, il y a ce thanatopracteur du service d'à côté. Plus âgé qu'elle, mais un bon américain respectable, le genre futur bon père de famille, et qui donne de si beaux sourires à ses cadavres ! de l'autre, il y a ce jeune anglais, élégant, cultivé, irrévérencieux, qui lui écrit des poèmes et la désarçonne autant qu'il la fascine. Mais oh scandale ! Il travaille dans une entreprise de pompes funèbres pour animaux de compagnie !

Les enfants de l'oncle Sam se prennent quelques flèches de long-bow dans leurs parties charnues. Leur puritanisme, leur goût pour le blingbling et leur capacité à aseptiser tout ce qu'ils touchent, y compris la mort, sont autant de magnifiques cibles. Avoir placer l'histoire dans le monde on ne peut moins connu des thanatopracteurs accentue ces tendances jusqu'au ridicule, le macabre le disputant au grotesque involontaire.

L'écriture d'Evelyn Waugh, célèbre pour son élégance, a cela de particulier qu'elle possède à la fois un charme suranné et une étrange jeunesse. Il n'est pas toujours aisé d'y rentrer, mais la visite vaut qu'on en cherche la clé.
Commenter  J’apprécie          392
Je ne sais plus pour quelle raison, ce livre était dans ma bibliothèque mais maintenant qu'il est lu, il va quitter cette bibliothèque, je n'ai pas envie de le garder. Je m'étais sans doute fiée à la quatrième de couverture qui nous promet une irrésistible satire des rites funéraires américains mais s'il y a, il est vrai, un ou deux passages qui font sourire, on est loin d'une satire irrésistible.
Les personnages sont toutefois hauts en couleur et je pense qu'une BD pourrait être sympa.
Commenter  J’apprécie          270
Evelyn Waugh écrit le cher disparu e 1948. Il nous transporte à Los Angeles, nouveau centre économique mondial de l'Après-guerre, qui marque sa puissance par sa capacité à arroser le monde de ses productions cinématographiques. Dans ce lieu, nous suivons Dennis, un anglais comme l'auteur, qui travaille dans les pompes funèbres pour animaux. Avec la mort de son logeur, Sir Francis, qui s'est pendu après son renvoi de l'entreprise cinématographique, la Mégalopolitan, Dennis découvre également le marché des pompes funèbres pour humains.

Avec beaucoup de cynisme et d'humour noir, Waugh critique l'émergence d'une société consumériste où tout se vend, même la mort, que cela soit pour animaux ou pour les humains. Peu importe la nature du défunt. Ces derniers, lors de leur dernière exposition publique, doivent être beaux, présentables. le mort est réduit à l'état d'objet.

Comme nous sommes à Hollywood, il y a beaucoup de factices, tel un décor de carton pâte. C'est l'hypocrisie et le faux qui font façade. Les personnages ne partagent que des sentiments sans profondeurs. Ils ne croient en rien. Pas même en l'amour pour lequel les attachements ne sont pas sincères et laissera froid les protagonistes à tout drame. Qu'il soit anglais ou américain, les gens sont fats et superficiels. Cette estime de soi ou de sa nation se trouve ainsi décrite : « Il n'est pas du tout cultivé […] beaucoup de nos plus grands auteurs [américains] ont l'air de lui être inconnus. » [p.112]

Le cher disparu est une critique de la société occidentale à une période où elle adopte une attitude très matérialiste. Les personnages sont psychologiquement laids. Ils pensent que la vie est une période de possession, alors que la mort, faisant de nous des corps inertes, n'a d'intérêt que pour se donner bonne conscience en offrant un bel enterrement.

Waugh jette donc, dans ce roman, un regard désabusé en cette fin des années 40. A-t-il eu tort dans son analyse, soixante ans plus tard ? Je me le demande.
Commenter  J’apprécie          130
Dites-moi, comment exprimez-vous la tristesse ? Contemplez-vous des nénuphars sur un étang ? Construisez-vous des châteaux de cartes ? Ou êtes-vous simplement assis dans un bar avec une expression triste sur le visage ?

Peu importe à quel point vous êtes triste. Mais si la dignité est importante pour vous dans le deuil, "Le cher disparu" d'Evelyn Waugh est pour vous.

Il est très approprié pour vous accompagner, comme une musique douce, à condition d'aimer la satire grinçante. Nous savons que ce monde se dirige vers l'enfer, (le pire est toujours sûr…) mais amusons-nous malgré tout ! Au bout du compte vous et moi sommes des gens agréables qui faisons partie du club des personnes partageant les mêmes idées qui n'aiment pas dévoiler leur âme. Et peu importe que ce "Cher disparu" soit une employée d'entreprise de pompes funèbres à l'esprit peu brillant qui voulait pragmatiquement organiser sa vie et qui s'est tuée, incapable de supporter le lourd fardeau du doute. Tout est grotesque dans ce monde fou, même l'amour (surtout l'amour…). Que reste-t-il à notre protagoniste et poète Dennis Barlow ? Trouver quelque chose à faire, par exemple feuilleter un roman moderne cliché pendant que son "Cher disparu" est en train de brûler, de se calciner.

Et qu'importe si les autres n'ont rien compris ni dans le livre ni dans la vie ? Laissez tout aller comme ça doit. Nous ne contemplons que la plaine sous des vagues de lumière changeante.

The Loved One (1948) - (sous-titré An Anglo-American Tragedy) - le Cher Disparu, traduit par Dominique Aury, satire sur les excès financiers des croque-morts de Californie. Plusieurs rééditions.
Commenter  J’apprécie          120
L'écrivain britannique de sexe masculin, contrairement à ce que son prénom – faux ami – pourrait laisser croire, Evelyn (Arthur St. John) Waugh né à Londres en 1903 est mort à Taunton dans le Somerset le 10 avril 1966. Il se convertit au catholicisme en 1930 et ses idées religieuses se manifesteront de manière de plus en plus visible au fur et à mesure de sa carrière, jusqu'à constituer le principal élément thématique de ses dernières oeuvres, coexistant avec un profond pessimisme. L'écriture de Waugh se caractérise par sa pratique très pure et raffinée de la langue anglaise et par son style sarcastique. le critique américain Edmund Wilson voyait en lui « le seul véritable génie comique paru en anglais depuis George Bernard Shaw ».
Avec un tel pedigree et au vu d'une critique élogieuse de la réédition de son bouquin le cher disparu écrit en 1948, je n'ai pas hésité à me jeter dans sa lecture. Ma déception n'en a été que plus grande. Mais revenons d'abord sur le sujet du roman.
Nous sommes dans le Hollywood des années 40 au coeur d'une communauté Anglaise qui tâche d'y faire bonne figure et représenter son pays dignement, « Il ne faut pas d'Anglais pauvre qui traîne à Hollywood ». le jeune Dennis Barlow se voit charger de l'enterrement de Francis Hinsley, son ami, qui vient de se suicider après avoir appris son licenciement. Dennis travaille, pour gagner sa vie, dans une entreprise de pompes funèbres animalière, les obsèques de son ami l'amènent à fréquenter une entreprise de pompes funèbres plus traditionnelle, mais gérée à l'américaine. C'est ce « gérée à l'américaine » qui est sensé donner tout le sel à ce roman.
Evelyn Waugh y trouve matière à se rire des travers de la civilisation moderne. Que tout le livre repose sur les rites funéraires était assez audacieux, qu'il nous en décrive tous les aspects poussés à leurs limites les plus extravagantes dans les moindres détails pouvait certainement choquer et faire son effet à l'époque où le livre a été écrit, mais de nos jours, la fiction elle-même dépassée par la réalité nous a habitué à pire et/ou à plus amusant. Tout le côté incongru du propos de l'auteur paraît bien banal, ou déjà lu ou vu ailleurs, maintenant. Je reconnais que c'est assez injuste pour l'écrivain, il était pionnier mais ne lisant son ouvrage que maintenant, j'ai été très déçu.
Je devine que ce livre a été féroce et drôle, doté d'un certain humour noir, mais à notre époque il est dépassé et s'il est dépassé c'est qu'il ne doit pas être aussi bon que cherche à nous le faire penser le texte au dos du bouquin. Heureusement le roman est court. Quant à Evelyn Waugh, il faut très certainement l'aborder par un autre opus que celui-ci.
Commenter  J’apprécie          21

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
-Alors là, vous êtes injuste, Aimée. Je suis atterré de m’apercevoir que vous avez cru ça. C’est moi qui devrais être déçu d’avoir eu la sottise d’être amoureux de quelqu’un d’aussi ignorant que vous, d’une jeune fille à qui les trésors les plus célèbres de la littérature sont inconnus. Mais je fais la part des choses. Vous avez des standards culturels différents de ceux auxquels je suis habitué. Vous êtes sans aucun doute plus versée que moi dans les sciences et dans l’instruction civique. Mais dans le monde en train de mourir d’où je viens, la manie des citations est un vice national. Personne n’aurait l’idée de faire un discours dans un banquet sans citer un poème. Autrefois, c’était du latin ; maintenant, ce sont des vers anglais. Les députés du parti libéral, à la Chambre des Communes, citent tout le temps Shelley : les tories et les socialistes ne se lèvent pas pour se plaindre d’être déçus quand ils découvrent que ces fleurs de rhétorique ne sont pas originales. Ils préfèrent rester tranquilles et faire semblant de l’avoir toujours su.
Commenter  J’apprécie          80
- Avez-vous apporté des photographies de votre Cher Disparu ? Cela aide énormément à redonner la personnalité. Etait-ce un vieux monsieur très gai ?
- Non, plutôt le contraire.
- Faut-il que j'inscrive serein et philosophe ou critique et résolu ?
- La première chose, je crois.
- C'est l'expression la plus difficile à obtenir, mais Mr. Joyboy en fait sa spécialité - avec le joyeux sourire des enfants. Votre Cher Disparu n'avait pas de postiche ? Et quel était son teint habituel ? Nous classons généralement le teint en trois catégories : rural, athlétique et universitaire, c'est-à-dire rouge, bronzé et pâle. Universitaire ?
Commenter  J’apprécie          90
Extrait où l’employée Aimée Thanatogénos interroge Dennis sur la façon dont on doit préparer le mort pour la cérémonie funéraire :

- Comment votre Cher Disparu a-t-il passé ? demanda-t-elle.
- Il s’est pendu.
- Le visage est-il très défiguré ?
- Abominablement.
- C’est tout à fait normal. Mr Joyboy s’en occupera sans doute personnellement. Tout est dans le toucher, n’est-ce pas, il faut masser pour décongestionner et faire circuler le sang. Mr. Joyboy a des mains merveilleuses.
- Et vous, qu’est-ce que vous faites ?
- Les cheveux, la peau et les ongles, et c’est moi qui donne les consignes aux embaumeurs pour l’expression et la pose. Avez-vous apporté des photographies de votre Cher Disparu ? Cela aide énormément à redonner la personnalité. Etait-ce un vieux monsieur très gai ?
- Non, plutôt le contraire.
- Faut-il que j’inscrive serein et philosophe ou critique et résolu ?
- La première chose, je crois.
- C’est l’expression la plus difficile à obtenir, mais Mr Joyboy en fait sa spécialité – avec le joyeux sourire des enfants. Votre Cher Disparu n’avait pas de postiche ? Et quel était son teint habituel ? Nous classons généralement le teint en trois catégories : rural, athlétique et universitaire, c’est-à-dire rouge, bronzé et pâle. Universitaire ? Et les lunettes ? Un monocle. Le monocle est toujours difficile parce que Mr. Joyboy tient à faire pencher un peu la tête pour que la pose soit plus naturelle. Il est difficile de faire tenir les pince-nez et les monocles une fois que la cher a durci. Et bien sûr le monocle a l’air moins naturel quand les yeux sont fermés. Est-ce que vous y tenez particulièrement ?
- Non, non, éliminons le monocle.
- Comme vous voudrez, Mr. Barlow. Mais naturellement Mr. Joyboy peut parfaitement s’en arranger.
- Non, je crois que votre argument des yeux fermés est sans réplique.
- Très bien. Votre Cher Disparu a-t-il passé avec une corde ?
- Avec des bretelles.
- Cela devrait être facile à arranger. Quelquefois il reste une ligne qu’on ne peut enlever. Nous avons eu le mois dernier un Cher Disparu qui avait passé avec du fil électrique. Même Mr. Joyboy n’a rien pu y faire. Il a fallu enrouler une écharpe autour du cou jusqu’au menton. Mais des bretelles cela devrait très bien donner.
Commenter  J’apprécie          10
« … Sur le sein gauche, que le soutien-gorge faisait pointer, étaient brodés les mots : Hôtesse funéraire.
- Puis-je vous être utile à quelque chose ?
- Je suis venu pour des obsèques.
- C’est pour vous ?
- Sûrement pas. Est-ce que j’ai l’air tellement moribond ? »
Commenter  J’apprécie          50
Aimée Thanatogenos parlait la langue de Los Angeles ; les écoles et l'université du lieu lui avaient maigrement meublé l'esprit ; on s'y cognait à tous les angles. Pour se présenter au monde extérieur, elle s'habillait et se parfumait selon les injonctions des réclames ; on pouvait à peine distinguer chez elle le corps et le cerveau du produit standard, mais son âme - ah ! son âme - était une chose unique et qui venait de très loin ; cette âme n'était pas née aux entêtants vergers des Hespérides, mais à l'air pur de l'aube sur les montagnes, aux cols de l'Hellade où volent les aigles. Un cordon ombilical de cafés et de fruiteries, d'ancêtres aux métiers louches, receleurs et souteneurs, unissait Aimée, qui n'en savait rien, aux hauts lieux de sa race.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Evelyn Waugh (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Evelyn Waugh
Pour consulter les titres parus dans cette collection : https://www.lesbelleslettres.com/collections/20-memoires-de-guerre
La collection Mémoires de guerre a pour but de publier des textes inédits ou oubliés d'écrivains, de journalistes, de soldats sur les conflits qu'ils ont vécus. Celle-ci a débuté à l'automne 2012 avec la publication de deux auteurs majeurs : Curzio Malaparte avec La Volga naît en Europe récit de son expérience de correspondant de guerre sur le front russe durant le second conflit mondial et Winston Churchill, avec, son tout premier ouvrage, inédit en France, La Guerre de Malakand dans lequel le futur prix Nobel de littérature raconte, en 1897, sa guerre en Afghanistan. .
Si la collection a publié à parts égales ces dernières années les grands classiques du genre, parmi lesquels les écrits de John Steinbeck, Martha Gellhorn, Eugène Sledge, Evelyn Waugh, elle a aussi accueilli des auteurs contemporains. Des militaires français comme le commandant Brice Erbland, pilote d'hélicoptère en Afghanistan et en Libye, Guillaume Ancel et ses témoignages sans concessions sur la guerre en ex-Yougoslavie et au Rwanda, André Hébert, jeune militant communiste parti se battre aux côtés des Kurdes contre Daech, la journaliste Pauline Maucort et ses portraits de soldats victimes de stress post-traumatique ou encore les officiers de la Légion étrangère qui ont témoigné dans un ouvrage collectif. La collection vient également d'obtenir le prix Erwan Bergot 2020 pour le texte du dernier Compagnon de la Libération, Hubert Germain.
Mémoires de guerre est dirigée par François Malye, petit-fils d'un des fondateurs des éditions Les Belles Lettres et grand reporter au magazine le Point. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages historiques : Histoire secrète de la Ve République (en collaboration, La Découverte, 2006) ; Napoléon et la folie espagnole (Tallandier, 2007) ; François Mitterrand et la guerre d'Algérie (avec Benjamin Stora, Calmann-Levy, 2010) ; La France vue par les archives britanniques (avec Kathryn Hadley, Calmann-Lévy, 2012 . De Gaulle vu par les Anglais, Calmann-Lévy, 2020, reédition) Camp Beauregard, Les Belles Lettres, 2018.
+ Lire la suite
autres livres classés : humour noirVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (237) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20212 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}