Lofti a développé une empathie évidente pour les brûleurs du détroit, les harragas, qui ne pourront plus jamais revenir chez eux, trop loin, trop cher, trop pauvre, et puis naîtrait alors la hchouma, la honte, celle de ne pas avoir pu franchir la bonne frontière, la dernière, la honte de ne pouvoir envoyer de l'avenir au kilo, par lettre, par colis, par mandat-poste, celle de ne plus représenter l'icône du cousin de France ou de l'oncle d'Amérique, et c'est pour cela, ajoute Lofti en désignant la baie de Tanger, que même si tu n'as que deux, trois ou cinq pour cent de ce peuple de migrants qui parvient de passer dans l'eldorado, le reste est condamné à errer, à marcher de ville en ville, de mendicité en dépérissement, peu importe, l'amal contre la hchouma, l'espoir contre la honte, seule importe la lumière qui guide les pas, le rêve qui guide l'espoir.
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