Publié en 2008, "Mots pour Maux" est un recueil de 18 nouvelles préfacé par
Philippe Grimbert et composé des textes de
Georges-Olivier Châteaureynaud,
Marie-Ange Guillaume,
François Vallejo,
Mathieu Terence,
Delphine de Vigan, Martin Wrinckler,
Diane Meur,
Boualem Sansal,
Dominique Sylvain,
Grégoire Polet,
Michèle Fitoussi,
Martin Page,
Léonora Miano,
Franz Bartelt,
Anne Bragance, Vincent Delacroix,
Sylvie Germain et
Philippe Claudel.
Chacun de ces auteurs a choisi de prendre la plume pour évoquer le corps en souffrance comme résultat d'un trop plein d'émotions, d'une hantise ou d'une colère, d'une peine que l'on pensait guérie et qui s'extériorise.
Le corps malade serait ainsi doté d'un langage propre et apparaîtrait finalement comme la somatisation de l'esprit, manifestation d'un dysfonctionnement destinée à tirer la sonnette d'alarme.
Le corps exprime les vérités passées sous silence par l'esprit et révèle ainsi le sens caché de douleurs enfouies consciemment ou non.
Chaque texte a pour titre une métaphore corporelle utilisée dans le langage courant telle que "Les bras m'en tombent", "Blanche a vu rouge", "La tête comme une pastèque",...et chacune de ces histoires tourne alors autour de l'expression choisie.
Le jeune Aloïs Hoffle perd la face après qu'il ait refusé de se soumettre à un duel au sabre exigé par sa corporation.
Un homme épris de son aide-soignante met tout en oeuvre pour prolonger son séjour à l'hôpital et développe un urticaire plutôt tenace.
Une femme fomente une vengeance implacable contre son amant qu'elle sait être avec une autre.
Dans "Mes jambes coupées",
Delphine de Vigan annonçait déjà le thème du suicide de sa mère évoqué dans son dernier roman "
Rien ne s'oppose à la nuit".
Il est aussi question d'un homme qui, plongé dans les yeux de sa maîtresse, pénètre son âme et y apprend la vérité sur son compte, d'un "1984" revisité par
Boualem Sansal, d'une conspiration des casse-couilles chargée de pourrir la vie d'un écrivain ou encore d'un médecin à ce point impliqué dans la vie de ses patients qu'il finit par absorber leurs maux.
Pendant ce temps-là, un barman revient doucement à la vie, une romancière part à Rhodes pour décider du sort de son personnage qui lui procure d'incessantes migraines, une femme affirme son envie de changer de sexe lors d'un entretien d'embauche, une petite fille tire les leçons de la "bonne attitude" inculquée par sa grand-mère.
Parmi mes textes préférés figurent assurément "Prise de tête ou l'ange de l'oubli" d'Anne Bragrance - qui suit les traces d'un homme né avec un bec de lièvre et lequel compte bien réclamer son dû à l'ange qui l'a délaissé le jour de sa naissance - et "Les bras m'en tombent" de Vincent Delacroix ou le monologue d'un ancien gardien de musée reconverti en agent de la circulation qui disserte sur la lassitude éprouvée par la Vénus de Milo au point que celle-ci en ait perdu les bras.
L'avantage de ce recueil est qu'il se veut très hétéroclite. Il m'a non seulement permis de côtoyer bon nombre d'écritures fort différentes mais m'a également semblé faire montre d'une très grande originalité dans le traitement de ce thème pas forcément folichon de prime abord.
Alors que je m'attendais à découvrir des variations autour de maladies bien connues, j'ai bien souvent été surprise par le côté saugrenu, absurde, fantastique même parfois, de ces textes qui m'ont décoché plus d'un sourire.
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