De larmes et d'écume

L'énigme de la goélette fantôme

New-York, 1872, Elsie prend la fuite vers l'Europe à bord de la Mary Celeste. La goélette sera retrouvée trois semaines plus tard entièrement vide, flottant à la dérive, toutes écoutilles ouvertes, au large des Açores. Que s'est-il passé ? Mutinerie ? Tempête ? le mystère passionnera, puis tombera dans l'oubli – sauf pour Basil Huntley, enquêteur pour une compagnie d'assurance maritime de la City de Londres, obsédé par les naufrages et le souvenir d'une certaine jeune fille. Onze ans plus tard, le détective n'a pas abandonné l'espoir de faire la lumière sur le sort de la Mary Celeste. Il est assisté par le jeune Spotty Finch bientôt gagné par la curiosité de son employeur…

On lit en alternance le journal d'Elsie et le récit, de la bouche de Spotty, de l'enquête qui se déroule onze plus tard. Elsie nous immerge à bord du navire et décrit une atmosphère étrange qui place le récit sous tension. L'enquête nous entraîne, quant à elle, dans les bas-fonds de Londres comme dans le passé de Basil. On y croise parieurs, corsaires, commerçants en tous genres et même Sir Arthur Connan Doyle ! En arrière-plan se dessine la révolution industrielle anglaise et les dernières heures de la traite transatlantique.

Stéphane Michaka s'est inspiré de faits aussi réels qu'incroyables. Il compose son roman d'une plume alerte, navigant allègrement entre les genres – policier, historique, récit d'aventure, romance. C'est très chouette, prenant et bien écrit. Seule ombre au tableau : le dénouement précipité et frustrant de l'enquête suite à l'irruption ex nihilo d'un élément décisif.

Immersif et dépaysant !
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Le 5 novembre 1872, Elsie fugue afin de fuir son beau-père, sa mère est décéde et elle rencontre sur la Cinquième Avenue à New-York le révérend Cobb et sa femme Emmie. Ils connaissent une solution afin qu'elle puisse émigrer en Europe : le beau-frère d'Emmie, le capitaine Briggs appareille sur une goélette, la Mary Céleste avec sa femme et leur fille de deux ans, Sophie, il suffira de prétendre qu'Elsie est la nourrice de l'enfant. Elsie rencontre sur la goélette Richardson le second du capitaine, Gilling le lieutenant, Head le cuistot, Arian Marteus le lutin et Volkert et Boz Goodschaad les géants.

Un mois plus tard, la Dei Gratia qui a quitté New-York en même temps que la Mary Céleste, la croise le 4 décembre au-delà de l'archipel des Açores à 600 miles marins du Portugal. L'équipage de la Dei Gratia, le capitaine Morehouse, Deveau le second, Wright le deuxième lieutenant, John Johnson, les matelots, montent sur la Mary Céleste mystérieusement abandonnée avec ses mille sept cents barils d'alcool.

En 1884, douze ans plus tard, James Finch, un gamin de dix-sept ans de l'East End à Londres, dit Spotty, mousse sur des bateaux, postule auprès de Basil Huntley au bureau des enquêtes de l'Atlantic Mutual, une des plus grosses compagnies d'assurances maritimes de la City. Il est recruté et devient le fidèle assistant de Basil Huntley. Leur quotidien est chamboulé par la visite d'un homme, Mortimer Ashe, qui dit avoir retrouvé une bouteille à la mer venant de la Mary Céleste chez un pêcheur de Santa Maria des Açores avec des lettres d'Elsie.

Basil Huntley raconte alors à Spotty sa propre histoire. En 1875, le jeune Basil Huntley rencontre sur les docks de Liverpool la jeune Elsie McKentrick qui vit chez les Brooks, des bourgeois qui ont fait fortune dans le commerce triangulaire. Il tombe fou amoureux mais M. Brooks, un homme violent, a décidé d'émigrer aux États-Unis d'Amérique avec sa femme et les enfants de celle-ci et de son premier mari, le Commodore McKentrick.


“Né en 1974 à Paris, Stéphane Michaka a étudié la littérature et le théâtre à Cambridge (Royaume-Uni) avant de partir enseigner le français en Afrique du Sud. Auteur de romans (La Fille de Carnegie, Ciseaux) et de pièces de théâtre (Le Cinquième Archet, Les Enfants du docteur Mistletoe), il a signé pour la radio des adaptations remarquées de classiques du XIXe siècle dont Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad, Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne et Moby Dick de Herman Melville, ces deux derniers parus en livre-disque chez Gallimard Jeunesse. Son conte musical Alice & merveilles, paru chez Didier jeunesse, a obtenu le Coup de coeur de l'Académie Charles-Cros. Sa série en deux tomes Cité 19, publiée chez PKJ, a conquis un public parmi les adolescents et les adultes.” source : PKJ

Stéphane Michaka est connu en littérature pour la jeunesse tout d'abord comme traducteur puisqu'il a traduit un roman de Sarah Dessen, Pour toujours... jusqu'à demain en 2008. Il écrit et commence sa carrière d'auteur pour la jeunesse avec la série Cité 19 et les deux tomes successifs, Ville noire en 2015, Zone blanche en 2016 chez PKJ. Il publie ensuite un livre-CD, Alice & merveilles chez Didier jeunesse en 2017. Il publie ensuite La mémoire des couleurs en 2018 chez PKJ et les albums chez Gallimard jeunesse, Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne en 2019 et Moby Dick de Herman Melville en 2020.


Une lecture époustouflante. Stéphane Michaka se base sur une histoire vraie, celle de la Mary Céleste retrouvée au large des Açores sans aucun passager. Ce roman historique devient une formidable aventure avec de nombreuses intrigues tout d'abord emmêlées. le jeu de narration est extraordinaire, nous lisons alternativement les lettres rédigées par la jeune Elsie sans savoir tout d'abord qu'il s'agit de la lecture des deux héros une fois qu'ils ont retrouvé la bouteille à la mer puis le récit du jeune James Finch et enfin le récit de Basil Huntley à James Finch de son enfance et de sa rencontre avec Elsie. Stéphane Michaka y recrée tout un monde disparu, celui de l'activité maritime à New-York, à Londres et à Liverpool, l'émigration aux États-Unis d'Amérique, l'essor de l'industrie, la fin du commerce triangulaire mais les réalités de l'esclavage. Stéphane Michaka parvient même à mettre en scène Arthur Conan Doyle ! Il y a des allures de roman dickensien, le jeune James Finch est un garçon intelligent, intrépide et aventureux. Stéphane Michaka a un extraordinaire sens du rythme de l'intrigue, il y a un suspense intenable autour du mystère de cette Mary Céleste et surtout de celui de la jeune Elsie. Enfin, c'est un roman incroyablement sentimental avec l'amour fidèle de Basil et Elsie.

Coup de coeur.

Sélectionnée pour rencontrer l'auteur dans le cadre de la sortie du roman, je me suis empressée de me procurer le livre et de le lire aussitôt. le résumé m'avait bien attirée. J'étais très enthousiaste de me lancer dans cette lecture. Je ne m'attendais à rien de particulier à part de voyager en haute mer.

Malheureusement, l'embarquement n'a pas été concluant dés les premières pages. Pourtant, de bonne volonté, j'ai poursuivi ma lecture, me disant que je finirai par me familiariser à la plume et à l'histoire. Je ne sais pas comment l'expliquer. Je ne me l'explique même pas. Je suis totalement passée à côté de l'essence même du livre. J'ai essayé plusieurs tactiques pour m'immerger dans le récit. Rien a y fait. Je pense que ce livre n'est pas fait pour moi tout simplement car je ne contre-dis pas qu'il a un fort potentiel.

L'intrigue est riche, parfaitement documentée. On sent le travail de l'auteur qui a minutieusement disséminé tous les événements historiques de l'époque pour en faire un dénouement crédible, extrêmement bien ficelé. Allez savoir, je n'ai pas réussi à m'y immerger. Je suis restée à la surface tout au long de ma lecture. C'est terrible d'être de marbre face à son bouquin ! J'aurai pu le mettre de côté et le reprendre plus tard mais ma conscience n'a rien voulu savoir. Qu'est-ce c'est casse-tête d'être trop sérieuse ! J'ai donc continué en espérant que mon avis évoluerait au fil de la lecture.

Avis qui n'a pas cessé malheureusement de se déteindre. Je ne me sentais vraiment pas impliquée par la quête du protagoniste. Je lisais sans trop comprendre les enjeux. Je saisissais les grandes lignes mais pas les détails. Frustration quand tu nous tiens ! Est-ce dû à la trame lente ? Il est vrai que le rythme est assez plat. Ce huit clos au coeur de l'océan met effectivement du temps à se mettre en place. D'habitude, j'aime les récits contemplatifs mais ici, cet aspect a desservi le livre pour moi. Par cette lenteur, je ne me sentais pas prise par l'histoire. Je ne ressentais aucun suspense. Il n'y avait rien pour me tenir en haleine. Je m'ennuyais ferme.

La plume très fouillie de l'auteur ne manque pas de technique et pourtant, je n'ai pas été convaincue. Il y a un je-ne-sais-quoi qui m'a brutalement freinée dans mon élan comme dans la deuxième partie du premier tome de Cité 19 ainsi que tout le deuxième opus qui sont dans un autre registre. Ici, j'ai trouvé la narration difficilement accessible. La documentation était peut-être trop poussée pour moi ? Ce serait bien la première fois que je fasse ce reproche là pour un bouquin et j'en suis la première désolée. Cependant, il est vrai que l'aspect historique m'a perdue. Ne connaissant pas le drame de la Mary Céleste, j'étais focalisée sur la vie qui se déroulait sur le bateau. Les lettres d'Elsie me parlaient un peu plus que la quête policière. Or, la dernière partie du livre est entièrement concentrée sur la résolution de l'énigme.

Malgré mes efforts, je n'ai pas réussi à m'attacher à Finch que je trouve trop lisse, sans once d'originalité. Pour moi, il ne se détachait pas de la trame. Au contraire, j'ai senti qu'il la subissait. de fait, il manquait cruellement de charisme. Il ne m'a rien fait ressentir. Les personnages secondaires qui l'entourent, sont tout aussi dénués de reliefs. J'ai trop vite cerné leurs attentions. Il n'y avait aucune surprise quant à l'issue de l'histoire.

Le seul personnage qui a su capter ne serait-ce quelque peu mon attention, c'est Elsie que j'ai trouvé intrigante. D'ailleurs, j'aurai aimé que l'histoire soit racontée entièrement dans son point de vue. Elle cache un trouble secret qui n'est pas résolvé quand on ferme le livre. J'ai aimé cet aspect qui m'a laissé un chouilla sur ma faim. En plus, à travers ses yeux, l'univers maritime nous est bien dépeint ce qui apportait une douce fraicheur au livre et m'a fait un peu voyagé.

Les rencontres qui se déroulent au mauvais moment, ça arrive. Ce roman en fait malheureusement partie. Si je l'avais lu en étant parfaitement dans le bon mood, je serai peut-être mieux entrée dans l'intrigue. Une déception qui n'engage que moi. Je vous invite à faire votre propre avis.

Un roman qui mêle aventure, enquête et amour avec en toile de fond une histoire vraie, la mystérieuse disparition de l'équipage de la Mary Céleste au large des Açores en 1872.

Baltimore, 1872 : Elsie, une jeune fille au caractère bien trempé, a fugué pour échapper à son beau-père après le décès de sa mère. Elle cherche à embarquer pour l'Europe, mais, mineure, elle a peur d'être dénoncée et rattrapée. Lorsque le destin lui fait croiser la route d'un pasteur, qui compatissant, la met en relation avec sa soeur. Cette dernière doit justement prendre la mer avec sa fille de deux ans, Sophia, et son mari, capitaine de la Mary-Céleste. Se faisant passer pour la nourrice de la fillette, Elsie parvient à monter à bord. Mais très vite l'ambiance devient angoissante, ce qu'elle raconte dans son journal, confié plus tard à la mer dans une bouteille.
Dix ans plus tard, ce même journal est retrouvé et proposé contre une forte somme à Basil Huntley, employé dans la compagnie d'assurance maritime en charge du dossier de la Mary-Céleste. Or, justement, Basil recherche désespérément depuis dix ans une jeune femme nommée Elsie. Grâce à l'aide de son employé de Bureau, Spotty Finch, un gamin très dégourdi qui a assisté à la scène et qui nous raconte la suite de l'histoire, il se lance à la recherche du journal… et de la jeune femme.

J'avais lu d'excellentes critiques sur ce livre et je dois dire que je suis plutôt déçue.
Si j'ai beaucoup aimé le personnage et le journal d'Elsie, la narration de la vie à bord et la manière dont l'auteur fait sourdre l'angoisse et peu à peu, la reconstitution de l'Angleterre victorienne et le clin d'oeil de l'apparition de Conan Doyle, j'ai eu plus de mal avec l'enquête, trop vite et facilement menée et résolue à mon goût. Quant à la dernière partie, je l'ai trouvé bâclée, voire même sur certains points carrément grotesque. [Déjà, le pari des deux frères pour expliquer l'embauche de Silas, qui a quand même failli aboutir à un meurtre, m'avait laissé dubitative, mais l'arrivée du détective de l'agence Pinkerton en deus ex-machina m'a vraiment frustrée. Quant à l'échouage d'Elsie sur l'île de Groix après avoir fait naufrage au large des Açores, c'est d'autant plus ahurissant qu'elle devait être en robe, ce qui n'aide pas à survivre dans l'eau, et non en combinaison de néoprène. Tout comme dans ses descriptions, et en la faisant embaucher comme institutrice, l'auteur semble avoir négligé qu'à cette époque, dans l'ouest de la Bretagne, on parle breton ! ] Une lecture qui me laisse donc au final un goût amer, alors qu'elle avait vraiment bien commencé.

Le fil du récit ne sera pas linéaire, nous goutterons aux remous, aux ressacs des souvenirs.
Vous avez le pied marin, jeunes lecteurs, j'espère?
Vous n'aurez pas à craindre d'aller et venir entre l'Angleterre et l'Amérique dans ce cas, dans le temps aussi pour un peu retracer les premières heures et les dernières heures d'Elsie McKentrick sur les souvenirs et les dernières pistes de son cher ami Basil Huntley.
Ce choix narratif, rebondissant des pages intimes d'Elsie aux souvenirs de Basil, permettront de densifier le personnage de cette jeune fille farouche qui se sauvera du domicile familial un jour pour fatalement ne plus y revenir à cause du naufrage du bateau, où elle s'était engagé clandestinement comme gouvernante du couple d'une pasteur.
"Avec pareille caractère, aura t-elle pu trouver les moyens de sauver sa vie?", nous demanderons nous?

La mer va être très présente, ça oui, comme un goût d'évasion ou de piège aquatique fatale.
Qu'est-il arrivée à Elsie et tout l'équipage du " Marie Céleste"? Dix jours après son départ, le navire reviendra vers le port vidé de son équipage mais toujours plein des affaires personnelles de tous les passagers.
Le récit, tout en racontant la tendre relation de Basil et Elsie, bâtira les bases d'un mystère irrésolu onze ans plus tard.
Sortis des feuillets d'Elsie qui nous contera tout ce qui se passera avant la disparition, nous aurons le passé d'Elsie arrivé à Liverpool en vers 1860, confié par Basil à son apprenti de 17 ans, "Spotty" Finch.
Le regard de Spotty nous permettra de gagner un peu de hauteur sur les personnages principaux, de commenter leurs décisions et de douter d'eux à travers lui.
On ne s'y perdra pas trop et c'est habile pour enchevétrer tous les détails qui placeront l'émotion, les scènes, avec les différentes pièces du puzzle qui vont compléter le tableau final de la disparition.
Trois voix, trois époques: L'enfance avec Basil, la fugue sur le bateau couchée par écrit par Elsie avec des feuillets dont le destin les replacera entre les mains de Basil, la suite de l'enquête restituée par un jeune débutant qui s'immiscera dans les affaires et les sentiments adultes de son nouvel employeur.
Basil Huntley est employé dans une compagnie d'assurance sur les navires.
Ainsi, un personnage de peu de foi en quète de récompense viendra quérir le personnage cité dans les feuillets de la bouteille repêchée à la mer.
Lui qui ne savait pas où et comment Elsie avait disparu durant onze ans se trouvera remis en selle pour la retrouver, lui qui avait remuer ciel et terre, et détectives pour retrouver sa trace....

Le suspens sera bien entretenu, incluant les vilaines superstitions des marins. Aucun indice ne pourra nous placer sur la piste d'un coupable sur les débuts du livre, la disparition sera très étrange mais ça sera la faute à " pas de chance", la mer prend beaucoup de vies, cela arrive et souvent.
On nous glissera à une oreille que les 3/4 de la famille du Capitaine de la Marie Céleste aura péri en mer, une vraie malédiction et qu'une femme à bord, pas mariée, cela ne porte pas chance non plus aux marins.
Nous accrocherons à l'histoire dont on nous dit en quatrième de couverture qu'elle est inspirée de faits réels et nous serons gagnés par la recherche de la vérité sur la base d'éléments rationnels, comme saurait le prouver une enquête d'assurance pour ne pas se trouver bluffer par une honteuse supercherie.
Voici déja pour promettre une bonne mise en bouche et choisir de découvrir " de larmes et d'écume".