« François, roman ». Titre étonnant, le livre n'est pas un roman, il ne le revendique pas. C'est le livre de souvenirs d'enfance et de jeunesse d'un petit Auvergnat de Clermont-Ferrand.
Plus : il tente de répondre à la question « comment devient-on ce que l'on est ? ». Est-on ce que les parents ont fait de nous ? Ce que l'École a fait de nous ? Est-on le produit de nos amitiés, ou plus simplement de l'air du temps, de la mode, des événements ? de tout sans doute.
Voilà les question que se pose l'auteur en les illustrant par des épisodes successifs de son enfance, lui qui fut élevé dans un famille catholique et gaulliste, instruit à l'école privée, fut un temps gauchiste (de quelle obédience?), marxiste et se dit finalement socialiste.
Et finalement qu'est-il au sortir de sa jeunesse alors qu'il est déjà entré pleinement dans l'âge mûr ? Il le dit lui-même : "François (…) Celui de sept ans, celui de quatorze ans."
Zut ! Tout ce trajet, toutes ces épreuves, toutes ces défaites et ces victoires, pour revenir au point de départ : l'enfant fabriqué par ses parents entre l'âge de raison et l'adolescence en révolte. Non, cela ne vaut pas le coup ! J'avoue ma déception à ce point final du livre.
Un livre agréable à lire, bien mené, bien rythmé, qui nous fait traverser les années 60 et 70, années de liberté, pleines d'espoirs et de révoltes.
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Dans ce nouveau livre, l’écrivain explore ses jeunes années, celles au cours desquelles s’est décidée sa vocation littéraire.
Lire la critique sur le site : LeMonde
François Taillandier se raconte comme un personnage de roman, témoin des grands bouleversements des années 1960 dans la France profonde.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Dans ce récit autobiographique au style élégant, si français, François Taillandier ne se souvient pas seulement de l'enfant qu'il a été, au début des années 1960, il se présente aussi devant lui avec, pour se défendre, tous les romans, essais, portraits qu'il a écrits. Comme s'il voulait s'acquitter d'une dette.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
En se souvenant de son arrière-grand-père, de ses nombreuses tantes et de quelques grands-tantes, le romancier note avec une pointe d'amusement que des millions d'individus nés avant nous n'ont eu besoin ni de Marx ni de Freud pour mener une vie pleine et bonne, loin du délire du désir.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Là [ à Angers ], j'étais dans une zone intermédiaire, au cœur d'une certaine France dont je n'avais jamais pris en compte l'existence. Pas un peuple, en définitive : une population, ni citadine ni rurale, ni nantie ni démunie. Le marais. Ces gens n'étaient pas inintéressants par nature, ils l'étaient par défaut. Déchristianisés, dépolitisés, déculturés, déshistoricisés. Il n'y avait rien là-bas. Le canapé, la télé, le centre commercial. La France pavillonnaire, la France d'Auchan et de la voiture de l'année, la France qui regardait à la télévision "Dimanche Martin", "L'Île aux enfants", l'inspecteur Columbo et les matchs de foot. La France à statistiques, celle qui fournit les panels de consommateurs pour tester les nouveaux yaourts, et met le remboursement des verres de contact au premier plan de ses préoccupations politiques.
Cette expérience d'une lecture (ou d'un film, ou d'une musique) qui vous commotionne, qui va chercher en vous quelque chose que vous aviez toujours ignoré, et qui l'éveille, le produit, le profère, qui instaure un avant et un après - cette expérience que je souhaite à tous - je la connus avec Cyrano.
Ils étaient le peuple, ceux là, celui auquel pensait le général de Gaulle quand il disait « le peuple » ou « le pays ». Lorsque bien plus tard j'entendis la célèbre sortie du chef de l’État sur la ménagère (« La ménagère, elle veut bien le progrès, mais pas la pagaille ! »), je sus à l'instant de qui il parlait : c'était d'Antonine. Peut-être est-ce à Lucien et Antonine que je dois de n'avoir jamais oublié cela, le peuple. Ce peuple de France, composé de ceux « de souche » et d'autres plus récents, peu importe ; un peuple qui, à condition qu'on ne le méprise pas, sait se montrer profondément gentil, amène, généreux. Peut-être est-ce Antonine et Lucien qui font que je ne cesserai jamais, en un coin du cœur, d'être socialiste, même si cela n'a rien à voir avec ce qui, depuis quelques décennies, nous a été refilé sous cette appellation.
Comme je lui présentais, piteux, le carnet scolaire à signer, il le considéra longuement puis me dit, pensif, sans colère : "Dommage qu'il n'y en ait pas eu un plus con." Et l'on s'en tint là.
Mais il y eut davantage. Me partageant ainsi entre la fac et la rédaction du journal, j'eus pour la première fois l'intuition qu'il est salutaire de n'appartenir pas à un seul groupe ou à une seule catégorie, qu'il faut toujours s'efforcer d'être en même temps là et ailleurs. Tout collectif, que ce soit la paroisse, la section politique ou la littérature germanopratine, réduit son propre champ de vision, en vient à tourner en rond dans ses obsessions et préjugés, qui lui masquent le reste du monde ; tout collectif, dès lors qu'on en fait son seul horizon, tourne au ratatinage. Il faudrait toujours avoir une double vie, qui ne serait pas une trahison, mais instituerait le recul, la distance, un décalage discret et permanent.
Maison de la poésie (4 juin 2019) - Texte et Lecture de Alban Lefranc, extrait du Dictionnaire des mots parfaits (dirigé par Belinda Cannone et Christian Doumet, éd. Thierry Marchaisse, parution mai 2019).
Le Dictionnaire des mots parfaits :
Pourquoi certains mots nous plaisent-ils tant ? S?adressant à notre sensibilité, à notre mémoire ou à notre intelligence du monde, ils nous semblent? parfaits.
Bien sûr, parfait, aucun mot ne l?est ? ou alors tous le sont. Pourtant, chacun de nous transporte un lexique intime, composé de quelques vocables particulièrement aimés.
Après ceux consacrés aux mots manquants et aux mots en trop, ce troisième dictionnaire iconoclaste invite une cinquantaine d?écrivains à partager leurs mots préférés.
Il vient parachever une grande aventure collective où la littérature d?aujourd?hui nous ouvre ses ateliers secrets.
Auteurs : Nathalie Azoulai, Dominique Barbéris, Marcel Bénabou, Jean-Marie Blas de Roblès, François Bordes, Lucile Bordes, Geneviève Brisac, Belinda Cannone, Béatrice Commengé, Pascal Commère, Seyhmus Dagtekin, Jacques Damade, François Debluë, Frédérique Deghelt, Jean-Michel Delacomptée, Jean-Philippe Domecq, Suzanne Doppelt, Max Dorra, Christian Doumet, Renaud Ego, Pierrette Fleutiaux, Hélène Frappat, Philippe Garnier, Simonetta Greggio, Jacques Jouet, Pierre Jourde, Cécile Ladjali, Marie-Hélène Lafon, Frank Lanot, Bertrand Leclair, Alban Lefranc, Sylvie Lemonnier, Arrigo Lessana, Alain Leygonie, Jean-Pierre Martin, Nicolas Mathieu, Jérôme Meizoz, Gilles Ortlieb, Véronique Ovaldé, Guillaume Poix, Didier Pourquery, Christophe Pradeau, Henri Raynal, Philippe Renonçay, Pascale Roze, Jean-Baptiste de Seynes, François Taillandier, Yoann Thommerel, Laurence Werner David, Julie Wolkenstein, Valérie Zenatti
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