L'Apocalypse

[Livre audio, lu par Domi]
Je ne sais vraiment pas ce qui m'est passé par la tête quand je me suis mise à la lecture de ce texte, je me suis dit que je ne voulais pas mourir inculte, et puis ce texte fondateur fait partie de notre culture occidentale, qu'on soit croyant ou non. Enfin, les témoins de Jéhovah adorent y faire référence lorsqu'ils viennent m'apporter "la bonne parole", donc je me suis dit que n'avoir rien à répondre pour débattre avec eux était dommage. Bref...
Oh God, tant par la forme que par le fond, la lecture de ce texte était une vraie punition de la première à la dernière phrase.

La forme est extrêmement répétitive. L'auteur semble ignorer l'existence des pronoms et des phrases enchâssées et l'ensemble devient donc un genre de litanie répétée ad nauseam. de plus, ce texte hyper symbolique est complètement hermétique si vous n'avez pas la grille de lecture adéquate. On vous parle de bête à sept tête et dix cornes, d'autres à sept têtes mais seulement sept cornes. Certaines ont des diadèmes, d'autres pas... Dans le texte, ça semble crucial comme détail et pourtant on n'a pas la moindre idée d'à quoi cela peut bien faire référence.
Du coup, c'est assez facile de faire dire n'importe quoi à un texte aussi symbolique. Quand les visiteurs du dimanches viennent sonner par paires pour m'expliquer que l'une des bête représente les États-Unis et l'autre la Chine, ça me semble en effet tellement clair que Saint-Jean l'apôtre voulait parler de ces deux nations maléfiques et odieuses à travers ces symboles... Mmmh, bien entendu.

Quant au fond, j'ai été finalement assez déçue des valeurs de ce texte pourtant fondateur de plusieurs religions séculaires, voire millénaires. Par rapport à la simplicité du message de Jésus, la bienveillance et la modernité presque choquante que cela a représenté à l'époque, le texte de l'Apocalypse me semble une vraie régression aux pires passages de l'Ancien Testament : le Dieu vengeur, les pierres précieuses avec lesquelles il bâtit sa Nouvelle Jérusalem, les fléaux qui s'abattent sur la Terre pour punir les impudiques, les meurtriers et SURTOUT les incrédules (whaaaat?!)...

Bref, c'est vraiment ardu d'apprécier ce texte sans les grilles de lectures géo-historiques adaptées, de même que les valeurs prônées sont aux antipodes de nos valeurs contemporaines occidentales... Dommage.

Rares sont les textes qui ont à ce point inspiré et pénétré dans ses entrailles une civilisation. L'Apocalypse de Jean – que l'on soit chrétien ou non – est un pilier de celle de l'Occident. Il est une clé pour comprendre son histoire.
Son « auteur », selon la tradition chrétienne, serait l'Evangéliste Jean, et c'est sur l'île grecque de Patmos qu'il en aurait eu la révélation, au Ier siècle de l'ère chrétienne.
Et, d'un point de vue littéraire, cette oeuvre, qui conclut le Nouveau Testament, déploie une narration proprement ahurissante, ayant marqué de son empreinte – et continuant de le faire – l'Art occidental. Depuis les tympans des cathédrales, Dante Alighieri, en passant par Michel-Ange, jusqu'au cinéma, l'Apocalypse essaime.
Parce qu'il est exceptionnellement visuel et envoûtant, ce texte, ancré désormais dans la culture populaire, fascine encore aujourd'hui : qui ne connaît pas, par exemple, les quatre cavaliers ? Ce récit fantastique et eschatologique – « Où domine le surnaturel », cf. le Petit Robert – donne effectivement à voir ce qui ne peut se voir : la fin des temps. Qu'il ait été décliné en mosaïques, tapisseries, peintures, sculptures, etc., atteste son pouvoir évocateur.
Enfin, l'Apocalypse recèle un espoir – pour ceux, bien sûr, qui ne seront pas précipités dans les basses-fosses de l'enfer ! –, celui de l'éternité. Espoir qui obsède l'humanité depuis la nuit des temps.