Récit très fort. Livre offrant des témoignages bouleversants. Un très grand livre à lire et à relire. Il enseigne l'humilité et la tolérance.
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C'est un livre magnifique. On apprend à découvrir cette femme merveilleuse, et on se rend compte, qu'après tout, Soeur Emmanuelle n'est qu'une femme, extraordinaire et exemplaire certes, mais une femme avant tout, avec ses qualités mais aussi ses défauts. Ce livre est le genre de livre, et Soeur Emmanuelle le genre de personne, qui arriveraient à me rapprocher (ou me faire revenir) de la religion… En tout cas, qu'on soit croyant ou pas, c'est un livre qui fait réfléchir sur les autres, sur la manière dont chacun peut essayer d'aider son prochain, mais ce livre fait aussi réfléchir sur soi… Bref à lire…
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La deuxième chose qui m'a frappée - et dont j'ai souvent parlé dans mes conférences -, c'est l'extraordinaire morosité des Français. Je venais de mon bidonville où, en dépit de toute la saleté et de tous les problèmes, règne la joie de vivre et j'arrive dans le métro parisien. C'était incroyable! Je regardais ces gens, chacun assis dans son coin sans oser regarder son voisin, avec ces têtes d'une tristesse pas possible. J'avais envie de leur dire : "Qu'est-ce qui vous est arrivé? On vous a tout volé? Vous avez perdu un être cher? Mais enfin, qu'est-ce que vous avez?" Cela m'a fait réfléchir. Je suis comme tout le monde. Si je vivais à Paris, je ferais sans doute la même tête triste. Mais pourquoi? Il doit y avoir une raison. Comment se fait-il qu'un pauvre diable de chiffonnier qui vit dans une cabane sans eau, sans électricité, sans le moindre confort, qui n'a aucun loisir à l'extérieur - sauf, s'il est un homme, le minable bistrot du coin - paraît plus heureux qu'un Européen qui a tout?
J'ai vécu une expérience époustouflante au Sénégal. Dans des cabanes dont les murs étaient en carton bouilli et le sol en terre battue, j'ai rencontré un groupe de femmes qui m'ont expliqué qu'il n'y avait pas de travail pour elles mais qu'elles se "débrouillaient" en ramassant les fruits et les légumes qui restaient après la fin du marché. Il n'y avait rien dans ces cabanes. Et quand je dis rien, c'est rien. Or ces femmes, pendant toute la durée de ma visite, n'ont pas arrêté de rire et de s'amuser. Elles paraissaient les femmes les plus heureuses du monde. Je n'arrive pas à m'expliquer cela. Est-ce le fait de ne pas avoir sous les yeux le luxe des autres? De ne pas être constamment tenté, comme on l'est à Paris, à cause des vitrines, de la télévision, des affiches, etc., par les plaisirs de la société de consommation? Qu'est-ce qu'il faut, finalement, pour qu'un homme soit heureux? Je n'en sais rien. Toujours est-il que moi, j'ai constaté que moins tu as, plus tu vis. Je le crois dur comme fer.
L'événement qui m'a sans doute le plus marqué dans ma vie s'est déroulé un dimanche matin sur une plage de la mer du Nord, en Belgique. C'était en septembre 1914 et je n'avais pas encore six ans. Nous habitions Bruxelles où mon père - qui était français - avait hérité de sa mère une petite fabrique de lingerie. Officier de réserve et très patriote, mon père, Jules Cinquin, s'était présenté au bureau de recrutement de Calais, mais on lui avait répondu que sa classe n'était pas encore appelée. Pour profiter des derniers beaux jours de l'été, avant la grande séparation, mes parents avaient loué une villa au bord de la mer, à Blankenberge, près d'Ostende.
Dieu nous a donné le monde, les poissons, les oiseaux, la terre pour faire la fête, pour en jouir ensemble, en partageant. Pour moi, le plus important sur terre, c'est de déployer toutes les ressources que nous avons reçues - notre intelligence, notre volonté, notre santé tant qu'elle est encore bonne - pour vivre au maximum en créant du bonheur. Le vivant, c'est celui qui aime une fleur, un rayon de soleil, un bon repas. Au moment de mourir, saint François, le pauvre d'Assise, a demandé à Claire de lui donner un gâteau à la frangipane. Et Claire, qui savait qu'il adorait la frangipane, le lui avait déjà préparé. Tu vois, c'est cela, vivre.
Plus tard, au Soudan, au Liban, j'ai vu des centaines d'autres enfants morts ou en train de mourir - du tétanos, tués par balle ou simplement de faim. Je n'aurais pas pu continuer à supporter cette vie si je n'avais pas cru à la résurrection. L'amour est plus fort que la mort. Ton enfant, ma voisine, tu vas le retrouver, comme moi je sais que je retrouverai ma mère et tous les êtres que j'ai aimés.
"Si j'en ai la force, je voudrais dire à tous ceux que je laisse sur la terre que je les emporte avec moi dans le Ciel. Chacun d'entre eux. Car, vois-tu, Marlène, l'amour est plus fort que la mort."
Vahina Giocante dans les pas de Soeur Emmanuelle au Burkina .L'actrice soutient une grande campagne de l'association Asmae dont elle est la marraine et nous raconte son immersion dans une mission au Burkina Faso. | Retrouvez sur notre site toutes les vidéos du Nouvel Observateur