Vous dire que ce livre m'intriguait et que je râlais de ne point le trouver dans une grande surface commerciale vendeuse de livres serait un euphémisme. La vente en ligne vint à mon secours et ce livre échoua dans ma boîte vers la mi-mai.
Son 4ème de couverture était obscur et n'ayant obtenu qu'un extrait tiré du récit comme résumé, je ne savais pas où
Bob Garcia allait m'entraîner lorsque j'entamai ma lecture. C'était un pari risqué de ma part, n'ayant pas apprécié son précédent pastiche "
Duel en enfer".
Le pitch ? L'inspecteur Lestrade a obtenu l'aide de
Mina Martens, une spirite, qui a eu une vision et grâce à elle, ils ont retrouvé une petite fille enlevée. Lestrade a les yeux qui brillent mais Holmes est sceptique : de simples déductions auraient permis de retrouver la gamine, rien de sorcier là dessous. Pour lui, le spiritisme, ce n'est que fumisterie, ce qui n'est pas le cas de l'éditeur des récits de Watson, un certain
Conan Doyle...
Ce qui va les entraîner dans l'aventure, c'est la découverte, par un ouvrier, d'un couteau posé à l'intérieur de la cheminée d'un immeuble que l'on doit abattre. Il s'agit du funestement célèbre n°13, Miller's Court. Vous ne comprenez pas ? C'est là qu'une certaine Mary Jane Kelly fut charcutée par un dénommé Jack... (un sein sous la tête et le second entre ses pieds, entre autre).
L'expérience voulue ? Donner le couteau à la spirite pour voir ce qu'elle va "voir"... le tout sous contrôle de Lestrade, un autre flic, un journaliste,
Conan Doyle, sans oublier Holmes et Watson, mais déguisés, eux. Ainsi, ils auront la preuve : fumisterie or not fumisterie.
Là, j'ai eu des sueurs froides : y aura-t-il matière à remplir 424 pages juste avec ça ??
En fait, ce que la spirite va "voir" en empoignant ce vieux couteau fera l'objet de 13 récits...
Lorsque je tombai sur le premier récit qui se déroule à une époque vachement reculée (époque des Celtes, en compagnie d'un certain Londinos), je fis la grimace, grommelant que je m'étais faite avoir sur la marchandise et que ce que je voulais, moi, c'est un pastiche holmésien, pas une fresque historique. Soupirant, je me mis à lire : puisque le vin était tiré, fallait le boire jusqu'à la lie.
Pourtant, je suis vite entrée dans
L Histoire, à tel point que j'ai été saisie lorsque le récit repris pied dans l'époque de Holmes. Quoi ? Que fait Holmes au temps des Celtes ? Hein ? Ah oui...
Cette impression ne me quitta pas durant tout le récit. J'invectivai même tel ou telle personnage, lui enjoignant de courir plus vite, de fuir,... bref, je vivais de l'aventure avec un grand A.
Nous passâmes ensuite aux Romains qui avaient colonisé la Bretagne (celle de Jolitorax, le cousin d'Astérix) et la ville de Londinum; et hop, un tour à l'époque de l'Inquisition, croisant au passage un certain frère Guillaume qui me fit penser à Guillaume de Baskerville, personnage de
Umberto Eco (
Le nom de la rose) et qui en fait, était bel et bien lui avec son fidèle Adso; holà, 1666 et son grand incendie après la peste noire; tiens, un éventreur de femmes de petits vertus...
A chaque fois, reprendre pied dans l'univers du détective était difficile, tant le récit Historique était prenant. Et entre deux récits, s'écoulait une journée que Holmes, ainsi que Watson, mettaient à profit pour dénicher la supercherie de la spirite, les failles dans les dates, dans les noms des gens... Son enquête avance lentement tant les preuves sont difficiles à trouver au début car trop ancien.
Une enquête où les déguisements, les filatures et les déductions s'enchainent; pareil pour les récits aussi, nous montrant des facettes méconnues de la ville de Londres, surtout ses quartiers les plus mal famés, ces pauvres hères qui errent dans leurs taudis, ces femmes qui vivent des les décharges publiques, triant les ordures, marchant dans des monceaux de cadavres, ou dans des couches de détritus qui leur arrivaient à la hanche.
La question que l'on se pose c'est "Mais comment tout cela va-t-il finir ?" et "Quel est le rapport entre toutes ces histoires et l'époque dans laquelle les protagonistes se trouvent ?". Oui, ça en fait deux, mais la seconde vous est offerte.
Bémol ? Toutes ces petites histoires sont bien entendu assez sombre, vous vous en doutez et je pense que certains lecteurs pourraient trouver que ces récits sont un peu trop nombreux et trop sombres. Moi, ça a passé, mais de justesse, un ou deux de moins auraient allégé le récit sans le desservir, donnant une impression de plus grande vitesse dans le roman.
Il faut dire que je lis vite, mais ce n'était pas de l'écriture confort comme aux éditions Belgique-France
Loisirs (style interligne 1,5) et l'écriture était bien condensée sur toute la page.
Le final ? Je l'ai senti "un peu" venir, ce qui n'a pas gâché ma lecture (normal, c'est à la fin que je l'ai senti).
C'était perfide, bien trouvé et j'ai passé un bon moment de lecture, découvrant une fois de plus la ville de Londres comme jamais auparavant.
Ceci n'est pas que pour les holmésiens, les autres peuvent le lire sans problème. Spécial, plaisant, agréable, le livre vous fera voir Londres aux rayons X.
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