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EAN : 9782752910837
176 pages
Phébus (12/01/2017)
3.75/5   64 notes
Résumé :
Le microclimat de l’île : pluie et bourrasques. Ce qui n’empêche pas ses habitants d’avoir un bon fond, et d’accueillir le facteur avec un sourire, quel que soit son retard. Le pauvre homme souffre d’arthrose ; mais l’heure de la tournée n’intéresse pas grand monde. Nul n’envoie plus de lettres d’amour et les factures arrivent toujours trop tôt. Jusqu’à ce que des missives malveillantes atterrissent dans les boîtes aux lettres.
Un corbeau avive les susceptib... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Excellent! Grand enthousiasme à la lecture de ce roman! Merci à Babelio et aux éditions Phébus de m'avoir permis de découvrir, après l'original policier"L'assassin à la pomme verte", un autre livre de Christophe Carlier.


Déjà, bravo pour le titre, qui ,en jouant sur les mots, montre bien qu'il sera question de correspondance peu bienveillante...Le corbeau qui domine l'île, sur la première de couverture, confirme cette impression de missives anonymes et angoissantes .

On pense , bien sûr, au début, à "La plume empoisonnée "d'Agatha Christie,mais le thème est traité ici de toute autre façon.

Tout d'abord, la première partie du livre présente assez classiquement en apparence les diverses réactions des habitants de cette petite île, à la suite de l'envoi des lettres anonymes.En apparence seulement, car l'auteur sait créer une atmosphère particulière, en paragraphes courts, qui multiplient les points de vue, déroutent le lecteur et le tiennent en haleine.

Et surtout, il établit un parallèle entre l'île, personnage à part entière, inquiétant, dangereux, et ses corbeaux, annonciateurs d'événements funèbres , et le Corbeau épistolaire, planant sur ce microcosme humain et prenant plaisir à le dominer, à lui faire peur.

La deuxième partie est vraiment jubilatoire ! C'est le point de vue du Corbeau que l'on nous donne.Évidemment, je ne vous révélerai rien à son propos mais il est très intéressant de comprendre ses motivations, son ressenti face aux conséquences de ses actes.

Quant à ce que l'on pourrait appeler l'épilogue, il est tout simplement délicieusement ironique et cruel...

Ce livre n'est pas à lire comme un simple roman policier, je pense d'ailleurs qu'il pourrait plaire à tous , plus particulièrement à ceux qui aiment les histoires singulières , piquantes, et bien écrites. Car j'ai laissé pour la fin ce que j'ai apprécié par-dessus tout , c'est justement le style: enlevé, riche en images, vraiment réjouissant, tour à tour poétique, cinglant, réaliste. Une mention spéciale pour les portraits si expressifs, juste en quelques mots, des différents personnages.

Alors, je vous invite à faire la connaissance à la fois de la belle plume acérée de l'auteur et de celle, plus laconique mais plus virulente du Corbeau...
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Sur une île (dont on ne connaitra jamais le nom, mais qui sent bon les embruns) , le facteur se met à distribuer des lettres anonymes . Au café " La Marine " , les regards se font suspicieux , le gendarme Gwenegan , observe .
Face au Corbeau malveillant, une gentille vieille dame devient La Corneille , et envoie des lettres sympas , histoire de rétablir l'équilibre .
Tour à tour dans la tête des uns ou des autres , Christophe Carlier nous offre un petit OVNI , de 174 petites pages... Aucun suspens, mais du charme à revendre .
Très poétique, remarquablement écrit, malicieux, "Ressentiments distingués" tient plus de la fable que du roman policier ,( et la présence d'un corbeau n'a rien à voir dans mon ressenti ...).
Un roman ciselé , rythmé et très distingué !
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À la lecture de la quatrième de couverture, j'avais trouvé une forte ressemblance entre Ressentiments Distingués et un autre livre également reçu lors d'une opération masse critique : La Lièvre et le Corbeau : Une enquête rurale de Philippe Loul Amblard.
Moyennant un environnement différent (d'un village occitan à une île bretonne) le pitch est identique avec la présence d'un corbeau semant la zizanie au sein d'une petite communauté. Soupçons, commérages, médisances et intrigues, le tout dans l'écrin resserré d'un petit microcosme.

Mais si le style raffiné de ce Christophe Carlier est plaisant, côté histoire je suis plutôt resté sur ma faim. Pourtant, le début de Ressentiments distingués se fait en fanfare : ne serait-ce que ce titre qui en dit long et qui est très bien trouvé. Dès les premières pages on rencontre le style recherché, littéraire, tout en métaphores et références de l'auteur. le contenu des premières missives anonymes est caché au lecteur qui est d'ailleurs mis dans la situation du destinataire, de la victime du corbeau, lorsque, pendant une première partie de très bonne qualité, l'auteur lui prodigue de minuscules paragraphes laconiques, brefs, n'entretenant pas toujours de rapport, mais jouissifs et frustrants, faisant qu'il accueillera avec joie le moment où les enchaînements se feront logiques.
Mais si l'exercice de style est réussi, une plume imagée ne fait pas tout et peut, parfois, dépasser le nécessaire ou l'agréable pour tomber dans la lourdeur et la fatuité. de plus, la particularité de l'histoire de lettres anonymes présentée ici tient au fait que le corbeau est mythomane ou plutôt fabulateur, et que les méchancetés qu'il rédige, sans qu'elles n'aient de fond de vérité, ne font mouche que grâce à leurs tournures vagues, leurs références floues, la mise en exergue de petits travers que l'on pourrait retrouver chez monsieur tout le monde. On est face à une version particulièrement nocive d'un corbeau tirant en aveugle, et c'est là une belle idée qui, à mon sens, n'est pas assez développée. La brièveté de ce roman y est peut-être pour quelque chose, mais j'ai souvent trouvé les bonnes idées sous-exploitées (la lettre d'un mort, la corneille face au corbeau, la disparition mystérieuse d'une habitante, etc.).
Après une première partie extrêmement plaisante, la suivante m'a fait l'effet d'une douche froide, la suite, heureusement relève le niveau.

Je remercie Babelio et les éditions Phébus pour ce beau petit roman (l'objet est d'ailleurs de bonne facture) qui aurait mérité d'être un peu plus consistant.
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Voici un petit livre bien original.
Une île aux habitants peu commodes, aux caractères forgés par des années de vie et d'isolement dans un climat bien rude : le décor et les personnages sont posés d'emblée.
J'aime l'atmosphère assez rugueuse et mystérieuse qui se dégage dès les premières pages.
L'insularité, avec ses particularités, offre une ambiance générale spéciale : dans ce petit milieu fermé tous se connaissent (ou croient se connaître) et s'épient.
Un corbeau venu mettre ses pieds (ou plutôt ses pattes !) dans le plat va faire voler en éclat l'équilibre de cette micro-société ; et comme partout, l'envers du décor n'est pas joli-joli...
Christophe Carlier, que je découvre à travers cette lecture, a concocté un excellent début d'histoire : le lecteur est bien accroché, les pages se tournent toutes seules, on veut savoir où l'auteur va nous mener.
Le hic, c'est que je suis une lectrice exigeante ; plus précisément, quand l'entrée en matière fait naître l'espoir d'une lecture de qualité, je veux cette qualité et pas autre chose. Je n'aime pas être déçue.
La citation d'Octave Mirbeau en exergue "Il y a des dos, dans la rue, qui appellent le couteau... Pourquoi ?...", le mystère des lettres anonymes et la présentation initiale des différents destinataires m'ont beaucoup plu. Pour la suite, je suis restée sur ma faim.
Le style est plaisant, les petites phrases s'enchaînent avec humour et ironie. En quelques lignes des portraits sont efficacement dressés. Par petits paragraphes l'auteur décrit l'île et ses habitants. C'est très réussi, c'est même par moments jubilatoire.
Mais, parce que vous avez bien compris qu'un "mais" allait arriver, la suite n'a pas été à la hauteur et je me suis un peu lassée de cette histoire qui ne me captivait plus.
Sur l'île, la vie reprendra son cours, "Le printemps fait reverdir l'herbe et refleurir les buissons.", et moi, je reprends le cours de ma vie de lectrice après cette petite parenthèse, pas désagréable du tout, mais pas inoubliable non plus.
Je remercie Babelio et les éditions Phébus pour leur envoi. Je suis curieuse de nature, j'ai des lectures variées, et découvrir un nouvel auteur est toujours un plaisir.
Un dernier mot pour parler de l'objet. le livre est vraiment très beau, les éditions Phébus soignent toujours la qualité de leur production. Belle couverture, très beau papier : c'est toujours un plaisir de lire un tel ouvrage.
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Christophe Carlier Ressentiments distingués Phébus
( 174 pages – 16€)

Christophe Carlier, distingué par le Prix du premier roman pour L'assassin à la pomme verte renoue avec le suspense.
La citation de Mirbeau qui ouvre le récit a de quoi vous glacer et suffit à donner le ton : «  Il y a des dos, dans la rue, qui appellent le couteau ».
Voici le lecteur confiné sur une île peu accueillante par sa configuration : «  Récifs, falaises ». Une île encore plus hostile quand la saison des pluies s'installe, que le vent hurle, «  se plaint », que «  les flots sont plus violents ». Une île anonyme, à elle seule, «  un personnage unique, minéral, envoûtant », «  un caillou », « un rocher ravitaillé par les corbeaux ». Qu'elles soient grecques ou bretonnes : «  Même beauté, même déchaînement les soirs d'orage », «  même étouffement ».

On sent la scission entre l' insulaire, au «  caractère trempé » et les nouveaux installés. Comme leur mentalité diffère ! Les gens de la terre ferme dont le gendarme, peut-on compter sur eux ?
Que peuvent faire les habitants dans ce huis clos sinon s'y ennuyer, traquer un fait divers, épier ses voisins ? Les lieux publics deviennent leur camp de base.

Au café, un écrivain peut collecter des brèves de comptoir comme Jean-Marie Gourio Pour Christophe Carlier, c'est un poste d'observation qu'il affectionne. (1)
C'est donc au café La Marine que se côtoient toutes les strates qui composent la population de l'île et que circulent toutes les rumeurs.
La dernière en date est l'existence d'un corbeau , semant le désordre,qui envoie une pluie de cartes anonymes. Les phrases sont d'abord «  acidulées, ensuite plus acérées, assassines, «  pleines de fiel ». A chaque nouvelle victime,la sidération. Et chacun de deviser, de suspecter un tel ou une telle. Mille interrogations taraudent les habitants. On jase, on conjecture. On vaticine. Puis une pause.

De nouveau «  des messages brefs, cinglants, calligraphiés » , «  de plus en plus hostiles »,véhiculant des accusations. Il serait temps que la gendarmerie s'empare de ces cartes, les décrypte. Ce travail d'analyse incombe à Gwenegan. Il scrute les clients du café qu'il croise. A l'affût de leurs tressaillements, il tente de débusquer leur part sombre, de dresser un portrait robot. La psychose gagne les habitants, ils se sentent cernés « par le vieil ennemi invisible et maléfique.Le couvre-feu s'instaure «  naturellement ». La tension atteint son paroxysme,l'auteur employant un champ sémantique autour de la mort : glas, crime, assassin, oiseau de malheur. «  La malédiction est en marche ».

Le voile sur ces mystères successifs se lève dans la deuxième partie du roman,tout s'éclaire alors. Quelle jubilation pour le corbeau de jouir d'une telle «  emprise » sur l'île ! le narrateur radiographie les pensées et actions du volatile.
Des drames surviennent. On continue à s'interroger devant cette tempête dévastatrice.
Pour l'un d'eux, doit-on tisser une corrélation entre la carte du corbeau reçue par Mateo et la décision de celui-ci? le « vilain oiseau » avait-t-il conscience de l'impact que pouvaient générer ses phrases sur un être fragile ? Surtout quand «  elle était incisive comme un rase-légumes ». Sa plume n' est-elle pas «  plus efficace qu'un parapluie bulgare » ? Quant à Gabriel, le facteur, ne risque-t-il pas d'être accusé d' « auxiliaire de la mort » ?

La force romanesque de Christophe Carlier est multiple :
c'est d 'avoir planté un décor qui au fil des pages devient oppressant avec ces corbeaux dans les champs, voletant, «  plus arrogants qu'à l'ordinaire » qui font écho au corbeau «  humain » qui « affûte son bec ».

C'est d'avoir multiplié les envois de cartes, ce qui génère une montée en puissance de l 'effroi parmi les insulaires. Leur stupeur va crescendo face à ce corbeau infatigable.

C'est d' avoir distillé un rebondissement en ressuscitant , par une lettre, la noyée Carole! Et cette main retrouvée par les pêcheurs qui draine tous les curieux au port !

C'est d'avoir ajouté «  une corneille » en pendant du corbeau qui, à son tour, est plongé dans les hypothèses ! Qui donc est en train de l'imiter ? L'aurait-il identifié ?

La saveur des descriptions réside dans l'attention aux détails : Gislaine, aux «  yeux clairs bordés de cils roux », les métaphores et les comparaisons : «  l'horizon ressemble à un trait de fusain, épais, régulier ».La poésie s'invite avec les vagues qui se défont «  dans un ourlet de blancheur » ou «  l'horizon ressemble à un trait de fusain, à une rature géante ».

Comme l'épeire dans sa toile captive,le talent de Christophe Carlier est de tenir en haleine son lecteur qui se pose aussi ces multiples interrogations qui jalonnent le récit, l'enquête stagnant. L'auteur n'est pas seulement un portraitiste hors pair, il excelle dans l'art du suspense. le mot phare de cette «  histoire époustouflante» est mystère. le narrateur déroule un imbroglio de vies, dont certaines vont être prêtes à basculer.Il distille à petite dose : ironie, bassesse, rancoeur et met au jour les non-dits, les liaisons clandestines. Il confie au hasard le choix de ses cibles.

L'écrivain glisse ses réflexions sur maints sujets. Il déplore le déclin de l' orthographe.On devine, en filigrane, une certaine nostalgie face à la disparition des échanges épistolaires au profit des mails. L'écriture n'est-elle pas une projection de notre personnalité ? le volatile a «  donné à sa correspondance le tombé impeccable d'une nappe damassée, à ses phrases l'éclat des couteaux en argent ».

Au fil des romans, un style se confirme : une succession de courts paragraphes, une unité de lieu et d'action, une galerie de personnages dont l'auteur entrelace les destins.Une plume ciselée mais acérée qui égratigne.
Le monde du dessinateur Sempé n'est pas loin. (2)

Christophe Carlier signe un roman «  HHH »:haletant, hallucinant,horrible pour l'épilogue. Impossible au lecteur, pressé de débusquer le corbeau, de lâcher ce récit original qui a séduit aussi Amélie Nothomb.

(1) : le roman précédent Singuliers
(2) : Christophe Carlier admirateur de Sempé lui rend hommage dans
Happé par Sempé.
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critiques presse (1)
LaCroix
20 janvier 2017
Le nouveau livre de Christophe Carlier est à la fois un conte, un roman policier et une fable.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (79) Voir plus Ajouter une citation
Une règle s'imposa rapidement à tous : il fallait éviter les silences, car aussitôt que s'éteignaient les voix, le dernier qui avait parlé devenait suspect.
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Le cœur de Tommy était aussi ténébreux que celui d'Émile avait été limpide. Ils avaient suivi chacun sa pente, qui menait l'un au crime, l'autre au sacrifice. On ne faisait jamais rien d'autre dans la vie qu'aller vers soi.
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On jasait. Qui donc avait envoyé ces cartes ? Un homme, une femme ? Un jeune, un vieux ?
- Les hommes n'écrivent pas, observa l'un.
- Les jeunes non plus, assura l'autre.
- Et ils font des fautes d'orthographe, ajouta un septuagénaire.
Or, à cet égard du moins, le corbeau semblait irréprochable.
On soupçonna l'institutrice et la secrétaire de mairie.
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Jadis, les passions calaient leur rythme sur celui du courrier. On s'aimait follement à l'époque et on prenait la plume. On s'espérait des années. On apprenait à s'écrire et à se ressembler. Puis, un jour, au bout d'une allée, on voyait poindre une silhouette que le temps avait transformée. Et l'on mesurait la supériorité de la vie épistolaire sur la vie réelle.
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Il chérissait les missives des enfants ou des vieilles personnes, dont les écritures se ressemblent si peu. Les premières, rondes et malhabiles, semblent livrer le meilleur d'elles-mêmes en recopiant une adresse toujours mal centrée. Les secondes, déformées par des années de correspondance, penchent vertigineusement vers la droite, appelées déjà par l'ombre dernière qui les guette au coin de la ligne.
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