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EAN : 9782360840014
136 pages
Inculte éditions (24/04/2019)
3.98/5   48 notes
Résumé :
États-Unis, années trente. L’industrie automobile fait la pluie et le beau temps de l’économie américaine. Le pays, gigantesque, s’offre à des routes rectilignes qui en traversent chaque état. Les citoyens s’équipent en nouveaux modèles, le crédit marche à flot, les autoroutes fleurissent, les stations-services éclosent. Afin d’encourager ces trajets qui enrichissent géants du pétrole et adeptes du fordisme automobile, on offre à tour de bras des cartes autoroutière... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Dans les années trente aux Etats-Unis, en plein boom de l'industrie automobile, les compagnies pétrolières encouragent la consommation de carburant en distribuant gratuitement des cartes routières. Les cartographes se protègent alors du plagiat en introduisant des erreurs volontaires dans leurs documents, souvent par l'ajout d'une ville ou d'un lieu imaginaires. Parmi ces « villes de papier », Agloe dans l'état de New York, transposée dans ce livre en Rosamond dans le Maine, a connu un sort très particulier, puisque ce lieu fictif a fini par devenir réel, avant de retomber dans le presque néant quatre-vingts ans plus tard.


Quel étonnant et pittoresque livre que celui-ci ! Brodant autour d'un fait réel, l'imagination de l'auteur nous entraîne dans une passionnante enquête aux multiples rebondissements, qui se dévore sans jamais laisser retomber ni la curiosité ni la surprise. Entre des protagonistes anonymes aux destins peu ordinaires et souvent émouvants, mais aussi de grands noms que cette histoire exploite avec humour, entre concours de circonstances et événements parfois spectaculaires, l'on ouvre des yeux d'enfant ébahi devant ce récit aux allures de conte poétique, où réalité et irréalité échangent constamment leurs visages, au fil d'une écriture précise, limpide et magnétique.


J'ai été envoûtée sans réserve par cette lecture fascinante, où ce qui n'aurait pu être qu'une anecdote originale devient une épopée aussi captivante que poignante : une petite pépite à ne manquer sous aucun prétexte ! Coup de coeur.
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En 1931, découvrir Rosamond, ce petit coin d'Amérique situé dans le Maine, avec ce couple d'amoureux, Desmond Crothers et Rosamelia Flores, qui y célèbre leur mariage.
Puis en 1959, y retourner pour l'élection de Miss Rosamond. Election qui hélas finira mal à cause d'un terrifiant orage. Apprendre que ce fâcheux épisode a inspiré un grand nom du cinéma, Alfred Hitchcock, pour une série télévisée.
Être étonnée ensuite du désir de Walt Disney d'y construire une ville idéale, vers 1964.
Remarquer ensuite que l'un des plus célèbres des écrivains américains, Stephen King, y fut photographié dans les années 80.
Et enfin écouter la légende qui raconte que Jimmy Hendrix y serait également passé.

Quelle fabuleuse histoire que celle de cette petite ville ! Mais je me penche sur une carte géographique et je cherche en vain cette petite localité... Qu'est-ce que tout cela veut dire ? Ai-je seulement rêvé ! Après quelques recherches, j'apprends que Rosamond est en fait une ville de papier, un Copyright Trap comme on dit aux Etats-Unis. Un leurre quoi ! Une erreur volontaire pour traquer les plagiaires.

J'ai adoré cette petite histoire construite à partir d'un fait réel et y est appris l'origine de ces fameux Copyright Traps.
Un beau voyage dans le temps et dans l'imaginaire.

Et un grand merci à lucia-lilas pour cette belle découverte :0))
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Bienvenue dans le Maine du début des années 30 ! A la recherche d'une ville fantôme à l'époque des Copyright Traps, quand les cartographes rivalisaient d'astuce pour éviter les plagiats sur leur travail.

Desmond Crothers est l'un d'eux, employé dans une firme qui cartographie le territoire de l'Etat du Maine pour le compte d'une grande compagnie pétrolière en plein boom de l'industrie automobile. La ville de Rosamond est sa signature, sa ville de papier née de la moitié de son prénom et celui de sa fiancée.
Oui, mais il n'avait pas prévu que le sceau de sa vie intime allait devenir un lieu habité, que chacun va tenter de s'approprier, un endroit fait de blanc, qui a vécu et a disparu.

Un lieu où il reste des souvenirs que seuls les vestiges des stores aux peintures écaillées donnent à contempler.

Des images qui m'ont fait penser aux photos de Walker Evans dans sa recherche de capter l'ordinaire invisible, le patrimoine vernaculaire, la culture du quotidien, le plus beau et le plus touchant.

J'ai suivi à l'aveugle la folle aventure du narrateur dans cet ouvrage exceptionnel parce qu'il est touche plusieurs domaines que j'affectionne particulièrement, l'enquête journalistique, l'histoire, la cartographie avec pour ancrage la construction d'une communauté d'hommes et de femmes au hasard d'une simple borne posée le long d'une route.

Cet ouvrage, un oLni, m'a vraiment passionnée de bout en bout en me laissant une petite pointe de nostalgie envers la ville de papier.
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Fascinant, envoûtant, captivant, magnétique… Voici les adjectifs qui me viennent à l'esprit pour décrire le dernier roman d'Olivier Hodasava : « Une ville de papier », publié chez Inculte et cela tient, je crois, à trois éléments : le sujet, la construction et l'écriture.
Le sujet : alors là, accrochez-vous...
Nous sommes dans les années trente, aux États-Unis, en plein essor de l'industrie automobile. Pour inciter la population à parcourir les grands espaces américains, les géants du pétrole via les stations-services leur offrent des cartes routières…
Avril 1931 : le patron de la General Drafting, société spécialisée dans la cartographie, invite un de ses employés, un certain Desmond Crothers, à déjeuner dans un restaurant chic de New-York. Il veut en effet le remercier pour son travail sérieux et consciencieux. Pour ce faire, il va lui proposer d'ajouter un « Copyright Trap » de son choix sur la carte du Grand Est américain pour laquelle ils sont en train de travailler. Un « Copyright Trap » ? Quèsaco ? Ah ah, vous n'avez jamais entendu parler de cette bête-là ? Eh bien, figurez-vous que pour s'assurer de ne pas être copiés par des concurrents et donc pour protéger leurs droits d'auteurs, jusque dans les années 80/90, les concepteurs de cartes ajoutaient... une ville imaginaire. Ainsi, s'ils retrouvaient celle-ci sur la carte d'un concurrent, il leur était très simple de prouver que leur travail avait été copié. Et ça existe vraiment les « Copyright Trap » ? Mais OUI ! Aussi incroyable que cela puisse paraître : allez jeter un coup d'oeil sur l'article Wikipédia… Il y a eu des villes imaginaires (Agloe, dans l'Etat de New York), des rues imaginaires et, toujours pour éviter le plagiat, dans des encyclopédies, vous pouvez aussi trouver des entrées imaginaires, des noms propres imaginaires… Comme je vous le disais, c'est fascinant ! Voilà qui aurait beaucoup plu à Borges, tiens ! Donc, revenons à notre employé modèle : il va donc avoir l'honneur de placer sur la carte de l'Est américain une ville fantôme dont il choisira le nom…
Sur ce point, je n'en dis pas plus sinon qu'après avoir parcouru les premières lignes, vous êtes littéralement ferré, happé, captivé et vous allez jusqu'au bout du roman d'une traite ! Je crois que ce livre a un pouvoir magique… Si, si...
Bon, à présent la construction : en fait, ce roman est l'histoire même de cette ville inventée par l'employé Desmond Crothers et l'on voit la façon dont différentes personnes ( un commerçant, une ancienne miss, Walt Disney lui-même, des hippies, Stefen King en personne…) se sont emparés de ce lieu, que ce soit pour y bâtir une épicerie, un podium, une cité ou bien comme sujet d'écriture… En fait, l'ensemble est présenté comme une enquête menée par un homme fasciné par le sujet et qui va interroger différents témoins : l'effet de réel marche à fond, ce qui fait que l'on croit vraiment à tout ce qui nous est raconté. Il y a, dans ce roman, un jeu important entre la fiction et la réalité qui est vertigineux. On passe de l'un à l'autre continuellement, et les repères entre l'illusion et le réel finissent par s'estomper, se brouiller et s'annuler voire s'inverser, car finalement, cette ville qui n'existe pas finit par avoir plus de consistance, plus d'histoire et donc plus de réalité que tout autre lieu. Ici, la fiction plaque au sol le réel qui ne se relève pas. La fonction performative du langage s'en donne à coeur joie. Je nomme, tu existes : ils y vont.
Par ailleurs, ces différents « témoins » interrogés créent un effet bluffant de mise en abyme : on a l'impression que tel ou tel petit détail de leur récit pourrait très bien être approfondi et donnerait lieu à une autre histoire qui s'ouvrirait à son tour sur un autre récit.
Et pour finir l'écriture : elle participe largement de cet effet de réel : en effet, les descriptions ainsi que l'exposé des faits, les gestes des personnages sont très précis, très minutieux, donnant l'impression au lecteur qu'il est là, présent, qu'il assiste à la scène. C'est stupéfiant.
Il faut dire aussi que certains détails du récit confèrent parfois à cette ville imaginaire un pouvoir presque magique, fantastique… On perd très vite nos repères, on ne sait plus où l'on est (malgré la carte que l'on a sous les yeux.) Impressionnant…
Pourquoi n'ai-je pas entendu parler de ce roman plus tôt ? Tiens, ça aussi c'est incroyable. Décidément !
Allez, vous n'avez aucune excuse, foncez !

PS : L'auteur, Olivier Hodasava, a un blog « Dreamlands Virtual Tour » : depuis 10 ans, il publie tous les jours des photos prises à partir de Google Maps et Google Street View. Il invente des petites histoires, propose quelques commentaires poétiques ou esthétiques… Il est l'un des fondateurs de l'OuCarPo : l'Ouvroir de Cartographie Potentielle, sur le modèle de l'OuLiPo. Jetez-y un petit coup d'oeil !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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« Il n'y a pas de meilleure matière à rêver qu'une carte », cette citation de Robert Louis Stevenson aurait été un exergue parfait pour ce récit.
Dans les années 30 l'industrie automobile (et par la même occasion pétrolière), révolutionne la société, l'économie et la culture américaine. Desmond Crothers, jeune cartographe chez Général Drafting, travaille sur la carte routière du Maine (USA). Pour empêcher d'être copiés par des concurrents, il est à l'époque - bien avant celle du G.P.S. - courant d'ajouter un lieu inexistant sur les cartes (appelé Copyright Traps). Desmond ajoute donc à sa carte la ville de Rosamond, contraction de son prénom et de celui de sa future épouse ...
Olivier Hodasava nous emmène vers ce non-lieu ; étymologiquement cette utopie. Mais la force de l'écriture c'est peut-être de créer du réel. Alors nous allons rencontrer à Rosamond : le propriétaire d'un Général Store, Walt Disney, Stephen King et une de ses fans bibliothécaire en Belgique. On y trouve aussi une tragique élection de miss et un épisode (fictif ?) de la 4ème Dimension, un petit clin d'oeil à ce cher vieux Richard Brautigan, et John Mellencamp aurait écrit une chanson sur Rosamond ... mais le doute et le conditionnel sont souvent de mise. Il est bien sûr question d'un procès pour plagiat. L'auteur enquête, cherche des témoins, à la façon de Truman Capote ou Norman Mailer (voir p.40) car parfois la réalité dépasse la fiction. En prenant du recul sur ce texte, dans les replis de la carte, j'ai cru voir aussi une ébauche, une esquisse d'une petite histoire des États-Unis, entre 1930 et aujourd'hui.
Pourtant ne cherchez pas Rosamond (Maine, USA) sur Google Earth, elle n'y est pas ... ou n'y est plus. Raison de plus pour lire ce roman, cette enquête ou ce récit, peu importe l'étiquette le principal étant de partir en voyage par la lecture, de rêver comme aurait dit R.L. Stevenson ... Allez, salut.
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critiques presse (2)
LeMonde
03 juillet 2019
Pour son nouveau roman, l’histoire d’un lieu inventé sur une carte qui finit par exister véritablement, Olivier Hodasava s’est inspiré d’un curieux fait réel.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
28 mai 2019
C'est fascinant. Et follement poétique.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
- [...] Je sais, ça paraît étrange mais apparemment jusqu'à l'apparition du numérique, d'Internet, tous les cartographes rajoutaient - de deux doigts repliés, elle marqua des guillemets d'intention - des "erreuds délibérées". Et ce n'était pas seulement vrai pour les cartes du ciel. C'était la même chose pour les cartes routières. La plupart du temps, on ajoutait une ville. Et pour les plans des villes, on ajoutait une rue piege, une rue qui n'existait pas. Aujourd'hui, avec l'informatique, tout ça, je pense que ça n'existe plus mais à l'époque ça avait un sens. C'était une façon comme une autre de se protéger, tu vois. [...] (p. 32)
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« Tu vois, quand on fabrique une carte, quelle que soit la carte, on ajoute un élément fictif, une ville par exemple, une ville qui n'existe pas. On appelle ça une ville de papier - c'est joli, non, comme terme ? Tu ne trouves pas ? Ou sinon aussi, de façon plus technique, mais c'est moins joli, on appelle ça un Copyright Trap. On en met sur toutes les cartes, tu vois. Comme ça, si quelqu'un vient à nous copier sans autorisation, il copie aussi notre ville imaginaire et alors on peut le prouver et, si nécessaire, attaquer en justice. Tu sais, c'est la première fois que monsieur Lindbergh propose à quelqu'un de choisir la ville de papier à sa place. Tu te rends compte ! » (p. 16)
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Faire naître Rosamonde, vraiment.
Construire une ville idéale au fur et à mesure. Louer ou vendre les bâtiments une fois ceux-ci construits mais toujours garder un œil sur la vision d’ensemble. …
Deux questions fondamentales, se posent à lui et l’obsèdent. Régulièrement, il s’en cconfie à sa femme. La première pourrait se résumer ainsi : à partir du moment où la ville va exister, à quel point risque-t-elle de lui échapper ? Si des autorités, officiellement, se mettent à la gouverner, pourra-t-il seulement encore nommer ou changer les choses à son gré ? L’autre question, peut-être plus fondamentale encore, concerne les habitants potentiels de la ville. Comment choisit-on les gens que l’on voudrait voir habiter une ville idéale ? Faut-il qui faut-il que soient mis en place des quotas ? Et si oui, sur quelle base ? Par classe d’âge ? Par type de métier ? Par niveau de richesse ? Par origine ethnique ?… Walt Disney ne veut pas faire de sa Rosamond l’équivalent de l’un de ses parcs à thème. Il veut juste une cité aux proportions parfaites. Il voudrait qu’y naisse une société qui ensuite puisse prospérer « naturellement ». Mais alors, comment choisir, ou justement ne pas choisir, ceux qui habiteront un tel endroit ? La problématique est vertigineuse. Au point qu’il lui arrive même parfois de douter que son projet puisse être viable.
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L'acte fondateur de l'Oucarpo, une réunion de chercheurs, de cartographesn de géographes, d'artistes, devait se tenir sur l'île d'If - avec un nom pareil, l'île tient lieu de paradis pour qui veut se jouer des potentialités.
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Depuis que j’ai découvert cette histoire, je me sens redevable. Enfin, non. Disons que …je ne sais pas si on peut vraiment dire que ça a un rapport direct mais ça me rappelle cette conversation que nous avons eu ce matin, tu sais, sur la mélancolie, et sur cette phrase que j’avais entendue à la radio : la mélancolie, ce n’est pas être nostalgique des choses du passé mais savoir qu’elles ne reviendront plus.
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Vidéo de Olivier Hodasava
- "Une ville de papier", Olivier Hodasava, Inculte (Dernière marge) https://www.librest.com/livres/une-ville-de-papier-olivier-hodasava_0-5625685_9782360840014.html
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