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EAN : 9782070768813
104 pages
Gallimard (01/01/2004)
3.68/5   65 notes
Résumé :

" J'ai alors giflé son visage d'ange. Si j'avais eu une pierre, un bâton, n'importe quoi, je l'aurais massacré jusqu'à ce qu'il ne soit qu'une bouillie de chair, je crois. Mais je n'avais que mes mains pour dire ma colère et mes yeux pour fusiller. Il ne l'a pas vue venir cette gifle et sa tête s'est retournée comme celle d'une marionnette et il a reculé.

J'ai senti la brûlure sur ma paume et j'ai abattu ma main encore, mais cette fois, i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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«Au début, il y a le pays. Un bout de terre à la surface irrégulière, aux contours incertains. Ici la rondeur d'une femme enceinte, là la cambrure d'une jeune fille, plus loin l'aridité d'une vieille. C'est un pays né du crachat brûlant d'un volcan et dont le profil a été dessiné par les tempêtes et le soleil cardinal.»

C'est ici qu'est née Maya entre "la semaine de rêve à six mille euros, la solitude sans prix d'une plage en milieu de semaine et le kilo de lentilles noires à trois centimes d'euro qui doit tenir toute la semaine."
Blue Bay, une route la traverse et la divise : à gauche de belles résidences, à droite des cabanes en tôle rouillée.
A gauche les riches et vue sur l'océan, à droite les pauvres et vue sur rien du tout ou sur leurs semblables.
Cette île incarne toutes les contradictions : le tourisme de luxe et la misère.
Maya et ses rêves d'enfant : partir de son pays, quitter sa famille ... Et puis, le lendemain de ses seize ans elle rencontre Dave. L'opposition de deux milieux : Maya hindoue de caste insignifiante et Dave fils d'un grand entrepreneur richissime.
Une histoire "d'amour fou" mais aussi d'amour impossible car c'est bien connu "selon que l'on naisse riche et puissant ou pauvre et misérable .....
Et ce sera une tragédie !
Ce livre nous parle aussi de la violence, de la douleur jusqu'à la déraison. "La douleur c'est ne plus penser à autre chose"
Etre sous emprise !

Une écriture sobre parfois teintée de poésie et de finesse,
des descriptions magnifiques de cette île m'ont permis d'apprécier cette lecture. J'ai aimé découvrir cette terre inconnue, cette civilisation divisée en castes, et ses inégalités ...
Mon regret, une histoire d'amour trop cliché qui ne m'a pas vraiment émue !

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Elle est née là, à Bleu Bay, village au bord de mer, de cette mer spécifiquement bleue. Elle a dix neuf ans, fille unique d'un couple modeste, son père travaille à l'hôtel le Paradis.

C'est l'histoire idyllique d'un amour entre elle et un jeune homme Dave, soit dit en passant chef de son papa.. Elle a seize ans quand elle le rencontre pour la première fois et ne cesse, de ce jour, de penser à lui.

Seulement de cette chance qui lui sourit joyeusement, son amour avec un homme de haut rang, son travail à l'hôtel le Paradis, elle pense qu'un jour elle "aurait le retour de bâton" car elle ne comprend pas pourquoi la vie lui offre tout ce bonheur alors que ces amies galèrent.

Et c'est ainsi qu'un matin elle découvre que celui qu'elle désire le plus au monde, vient de se marier avec une autre femme, une femme de son rang, un mariage arrangé par ses parents.

Tout se déchire violemment en elle et elle ne sera plus jamais la jeune fille insouciante et aimante. Son corps s'empoisonne de haine.

Jusqu'où peut-t-elle aller pour essayer de guérir cette blessure qui saigne à vif dans son coeur et tout son corps ?

Une histoire d'amour dans tout ce qu'elle a de plus violent, d'ailleurs peut on appeler cela de l'amour ? L'auteure souligne la souffrance extrême de l'être humain quand il est dépossédé de ce qui le tenait en vie, en amour, en liberté.

Depuis la lecture du tout dernier roman : le ciel par-dessus le toit de Nathacha Appanah, je poursuis la découverte incessante de cette plume que je trouve magnifique mais aussi très violente.
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Un agréable moment de lecture avec ce court roman, un des premiers, de Nathacha Appanah. Ce n'est sûrement pas son meilleur, mais il a déjà quelques belles qualités.

Le fond de l'histoire est finalement assez classique voire banal. Nous sommes sur la côte est de l'île Maurice, très fréquentée par les touristes étrangers. Maya, 19 ans à peine, née d'une famille pauvre de Blue Bay, tombe follement amoureuse de Dave, jeune homme de famille aisée de Mahébourg, la ville riche distante de quelques kilomètres. Entre eux, c'est le coup de foudre, la passion des âmes, des coeurs et des corps, Maya est subjuguée par les sensations nées de ce premier amour.
Mais la différence de classe sociale est un problème sur cette île encore imprégnée de l'influence indienne avec son système des castes.
Maya va en faire les frais, lorsqu'elle découvre stupéfaite que son amour vient de se marier, bien qu'il dise en être malheureux. Folle de jalousie, elle a la haine de la salope (elle ne la nomme pas autrement) qui lui a volé son chéri et projette de se venger. D'abord, elle va reprendre une liaison journalière, cette fois clandestine, avec Dave...
Pourtant, rien ne sera jamais plus comme avant, quelque chose est cassé, dans cette chambre d'hôtel où ils se retrouvent Maya se perd dans un puits sans fond d'amour mécanique et bestial, où la tendresse n'est plus qu'une sensation lointaine d'un passé heureux.
Alors Maya ira au bout de sa logique furieuse pour accomplir son funeste dessein.

Le thème n'est pas d'une originalité extraordinaire, et on pourrait presque avoir du mal à saisir comment une fille accédant à peine à l'âge adulte devient barrée à ce point de son roméo au point de commettre l'irréparable...Notre héroïne est bien naïve. Mais elle est aussi délurée, déterminée, avide d'expériences, de liberté, de vie, et on sent que l'auteur aime son personnage féminin, emblématique de son île natale. Car l'île Maurice est le sujet principal, finalement. Nathacha Appanah la dépeint comme saturée de chaleur et de couleurs, les plantes et fleurs sont très présentes, avec les fameux flamboyants en vedette. On sent comme un regret quant à l'invasion touristique, mais aussi une lucidité, car ils font vivre ce petit bout de terre lointaine et tout le monde en profite plus ou moins.
Il y a surtout deux mondes bien distincts, ceux des riches propriétaires d'hôtels et autres commerçants, et ceux des pauvres petits ouvriers et pêcheurs, qui finalement les servent. le mélange est difficile, les histoires d'amour interdites et périlleuses dans un système où les mariages sont encore souvent arrangés.

Un roman de bonne tenue qui donne envie d'approfondir l'univers généreux et chaleureux, mais aussi pervers et violent, de Nathacha Appanah.
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Ce court roman débute par de belles descriptions de Blue Bay, l'une des pointes de l'île Maurice où habite la narratrice, Maya, prénom signifiant illusion.
L'illusion de bonheur, il est question de ça, car la pauvreté des autochtones se dresse en miroir des hôtels paradisiaques pour touristes. C'est une manne d'emplois mais aussi une prison dorée laissant l'espoir d'une vie d'ailleurs, des envies de départ face aux perspectives bouchées, d'impossibles rêves à moins que…
Il y a le poids des diktats culturels aussi, réelle pression sociale dont celle de la stérilité. Ce « risque » met au ban sa mère de la famille maternelle en raison d'une incapacité à enfanter et marque celle-ci de stigmates, la rendant dépressive et résignée.
Son père fait face à sa manière mais il faut faire vivre la famille et est embauché comme beaucoup au village pour servir le secteur touristique.
Maya trouve une place de standardiste et c'est la rencontre avec Dave, le fils d'un riche gérant d'hôtel issus d'une grande famille de propriétaire, symbole de la fracture sociale, des divisions par castes historiques.
Il y a d'abord l'amour inconditionnel, merveilleux et insouciant et le rythme du roman est paisible, presque en suspens. Mais la trahison, le retour des traditions impliquant l'union entre individus de même rang social rattrape Maya. Dave se mari alors même qu'il fait miroiter à celle-ci le bonheur d'une vie meilleure.
Elle passe d'aimante à amante sauvage. L'amour disparait mais pas le désir. Une colère sourde gronde dans l'esprit de Maya. Elle se retrouve à tenter une résilience inadaptée où voyeurisme, abandon de l'innocente jeunesse, deuil impossible s'immiscent insidieusement.
Jalousie, regrets, violence psychologiques prennent le pas dans le récit et le paradis s'éteint à mesure que les rêves s'effacent au profit d'une aliénation mentale, d'une folie grandissante.
La mort rôde sous toutes ses formes dans ce paradis perdu.
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« L'Afrique – qui fit – refit- et qui fera. » Michel LEIRIS

Les premiers livres publiés dans cette collection bénéficiaient d'une présentation de Jean Noël Schifano directeur de la collection. J'en extrait deux phrases emblématiques « Nous parions, ici, sur les Africains d'Afrique et d'ailleurs, de langue française et de toute langue écrite, parlée et sans doute pas écrite encore, nous parions sur l'écriture des continents noirs pour dégeler l'esprit romanesque et la langue française du nouveau siècle. Nous parions sur les fétiches en papier qui prennent le relais de fétiches en bois. ». le frontispice des premières parutions a disparu mais l'orientation éditoriale demeure.

C'est après avoir lu de nombreux auteurs, africains, antillais, publiés dans cette collection (et chez d'autres éditeurs), que j'ai souhaité, dans une note aux dimensions modestes, faire partager des plaisirs de lecture et peut-être vous entraîner dans ces espaces si proches et si peu connus. En ces temps d'éphémères, je choisis de puiser dans les premiers ouvrages publiés.

Laissez vous guider par les titres et leurs résonances, passez la porte des jaquettes tachées et entrez dans ces continents, vous y trouverez des écrivain-e-s passionné-e-s et passionnants.

Vous avez peur de l'inconnu, vous chercher des repères, pourquoi ne pas commencer par les deux livres de Boniface MONGO MBOUSSA « Désirs d'Afrique » et « L'indocilité » qui présentent un large panorama d'auteurs, odeurs classiques, fragrances modernes, ténèbres rwandaises, flamboyances congolaises, diaspora et casques coloniaux.

L'écriture des un-e-s vous enchantera, celle d'autres vous fera rire, leurs rêves vous sembleront proches et d'autres si lointain. Contes, récits épiques, aventures, livres accrochés à la vie.

Quelques idées, pour vous mettre l'eau à la bouche, espérances de lectures à venir.

Plongez vous dans la langue savoureuse de Abdourahman WABERI « Transit » qui de Roissy à Djibouti évoque la guerre et l'exil ou « Rift, routes, rails » variations au passé et au présent sur les déserts, les océans et les mythes. Choisissez la langue brutale de la martiniquaise Fabienne KANOR qui dans « D'eaux douces » raconte l'aliénation d'une femme au prise avec les questions identitaires.

Peut-être serez vous attiré par le titre « Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois » de Henri LOPES qui revient sur le mouvement de la négritude et s'interroge sur la création, la francophonie, le métissage à l'heure de la globalisation .

Choisissez l'un des romans de Ananda DEVI, originaire de l'île Maurice, par exemple « Soupir » et son premier paragraphe « La terre est enflée comme une langue qui n'a pas bu depuis longtemps. le sable coule aux pores. Les horizons et les regards sont scellés. Au dessus de nous, le ciel semble ouvert. Mais il n'y a rien d'ouvert, ici. Nous sommes nés enfermés. »

Suivez la quête d'amour de Maya, héroïne de Nathacha APPANAH-MOURIQUAND.

Vous n'aimez pas le foot, que cela ne vous rebute pas d'entrer dans « La divine colère » du camerounais Eugène EBODE, pour y partager sa critique de la compétition et des passions « transformant les stades en crachoir et en cratère de tous les exutoires ».

Que dire de « L'ivrogne dans la brousse » du nigérian Amos TUTUOLA, qui fait figure d'ancêtre de ces littératures. La traduction de Raymond QUENEAU est un régal.

Allez à « Lisahohé » capitale imaginaire mais si réelle du togolais Théo ANANISSAH pour suivre et vous perdre dans une enquête où le narrateur même ne semble pas si innocent.

Rejoignez la tendresse de la gabonaise Justine MINTSA dans « L'histoire d'Awu » à moins que vous ne vouliez suivre le chemin du journaliste qui vous entraînera sur les traces de Lidia do Carmo Ferrerira poétesse dans « La saison des fous » de l'angolais José Eduardo AGUALUSA.

Mais peut-être serez vous plus sensible à la confrontation entre modernité et privilèges ancestraux dans « La révolte du Komo » du malien Aly DIALLO, au récit du congolais Mambou Aimée GNALI et son « Beto na beto, le poids de la tribu » ou au destin de l'aveugle Doumé dans le roman « le cri que tu pousses ne réveillera personne » du camerounais Gaston-Paul EFFA .

Admirez le portrait dressé de l'île Maurice par Amal SEWTOHUL dans « Histoire d'Ashok et d'autres personnages de moindre importance », ou parcourez l'effacement de la société traditionnelle dans le système colonial de Donato NDONGO dans « Les ténèbres de ta mémoire ».

Je ne veux ni vous lasser si substituer mes propres découvertes à vos possibles lectures.

J'ai gardé pour la fin la mosaïque de Sylvie KANDE « Lagon, Lagunes » et la petite postface si belle de Edouard GLISSANT qui se termine par cette invitation « Je voulais seulement, à cette place, partager avec vous l'insondable et l'imprévisible. Écrire est une divination. Lire ce qui fut écrit, c'est déchiffrer l'énigme. »
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je me suis redressée brusquement et une goutte de sueur s'est échappée derrière mon oreille. Elle a suivi un moment la ligne de ma mâchoire, a glissé le long de mon cou pour trouver son chemin entre mes seins. Aujourd'hui encore, je la sens, cette trace première qui m'a marquée jusqu'au creux de mon ventre. Je regardais en silence ce garçon qui se tenait devant moi et tout ce que je sentais, c'était cette goutte de sel qui me caressait l'oreille, la mâchoire, le cou, la peau tendue entre les seins pour mourir dans mon nombril. J'ai eu l'impression stupide et pourtant si agréable que c'était son doigt qui descendait lentement, lentement...
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Seuls les flamboyants semblaient tirer de la force et de la couleur de la boule de feu qui trônait au-dessus de Blue Bay. Leurs fleurs ressemblaient à des langues de sang, avides et sauvages, qui menaçaient de crever le ciel. J'ai été contente de ce paysage sec, dur et cassant. J'ai été contente du souffle chaud qui montait de la terre, j'avais l'impression que l'enfer n'était pas si loin de nous et que cette mer paisible et cette plage immaculée n'étaient que des leurres.
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La douleur, c'est prier pour que la mécanique de la routine ne se détraque jamais parce que vous n'avez plus de force pour supporter l'imprévu.
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Moi je cours toujours vers la mer. Je file à travers les troncs minces des filaos, j'enlève mes chaussures rapidement, je me dépêche comme s'il fallait que je rattrappe la mer avant qu'elle ne se retire. Quand l'écume crépite à mes pieds, c'est comme si j'entendais le rire de la mer.
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Avec l’horizon flou qui l’entoure, ce pays ressemble parfois à un pays de fin du monde. Les gens d’ici racontent qu’il n’était pas prévu. Qu’il a jailli comme cela, sans que personne ne lui demande quoi que ce soit et que c’est
pour cela qu’il reste si mystérieux. C’est un pays in extremis. On y soupire beaucoup, j’ai remarqué. Parfois, au détour d’une route, jaillissent de nulle part une fleur jamais vue auparavant, un rocher de granite qui brille au
soleil, un banc de sable échappé à la terre, des pas mystérieux, une motte de terre sculptée en femme dont les seins et l’entrejambe sont pudiquement cachés par fougères et mousse. Parfois même, jaillissent des plumes
d’oiseau aux reflets de feu... Et devant ces traces qui racontent une genèse, on soupire. Parce que la beauté et le mystère, m’a-t-on dit, ça fait soupirer.
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Vidéo de Nathacha Appanah
Nathacha Appanah était présente pour présenter son nouvel ouvrage : La mémoire délavée paru aux éditions Mercure de France. le roman s'ouvre par un magnifique vol d'étourneaux. Un vol au premier abord innocent mais dont le murmure dans une langue secrète fait écho à toutes les migrations et surtout à celle d'aïeux, partis d'un village d'Inde en 1872 pour rejoindre l'île Maurice. L'autrice traverse alors la mémoire de sa famille. le centre de l'ouvrage est marqué par un magnifique hommage à son grand-père qui travaillait dans un champ de cannes.
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