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Robert Louit (Traducteur)
EAN : 9782907681704
119 pages
Tristram (16/10/2008)
3.77/5   113 notes
Résumé :
Pangbourne Village est un enclos résidentiel de luxe près de Londres, où une dizaine de familles aisées - directeurs généraux, financiers, magnats de la télé - vivent en parfaites harmonie et sécurité. Jusqu'au jour où l'on découvre que tous les enfants viennent d'être kidnappés et leurs parents sauvagement massacrés.
Deux mois après les faits, les enlèvements ne sont toujours pas revendiqués. Les enquêteurs sont dans l'impasse. Impuissants, ils se repassent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Août 1988. La police anglaise fait appel au docteur en psychiatrie Richard Greville pour les aider à élucider le mystère du « Massacre de Pangbourne", une abominable affaire de meurtres multiples qui défraye la chronique depuis deux mois.
Pangbourne Village, c'est une majestueuse résidence de luxe pour cadres supérieurs (directeurs, financiers, informaticiens, magnats de la télé) où tout a été pensé, construit, élaboré pour que les résidents vivent en toute quiétude et en toute sûreté dans un environnement ultra-sécurisé.
Hélas, malgré la vidéo-surveillance, les caméras, les postes de contrôle, les alarmes, les agents privés, les écrans et moniteurs enregistrant 24h sur 24…malgré donc, tout un dispositif garanti infranchissable, la mort s'est invitée à Pangbourne Village, transformant cet enclos haut de gamme en zone sinistrée. En l'espace d'une demi-heure, le paradis Pangbourne s'est transformé en enfer. Trente minutes de folie meurtrière ; mais une folie froide, méthodique, minutieusement organisée afin que nul ne puisse en réchapper.

Ainsi, le matin du 25 Juin 1988, les policiers font une bien sinistre découverte : tous les membres adultes des dix familles de résidents et quelques rares employés ont été sauvagement assassinés dans le luxueux lotissement de l'ouest de Londres. Les enquêteurs vont dénombrer 32 cadavres d'adultes.
Quant aux treize enfants des familles massacrées, malgré les traces irréfutables de leur présence sur les lieux, ils ont tout bonnement disparus, comme volatilisés. Où sont-ils ? Que sont-ils devenus ? Pourquoi ont-ils disparu ?
Si la thèse de l'enlèvement est raisonnablement avancée, nulle rançon n'a été à ce jour exigée, pas plus qu'une quelconque revendication expliquant la tuerie systématique des adultes.
Les agents de Scotland Yard et du Home Office piétinent. Deux mois après les faits, ils ignorent toujours tout des mobiles et de l'identité du ou des assassins.
Le Docteur Richard Gréville, consultant psychiatre pour la police de Londres, débarque alors à Scotland Yard. Sa réputation d'« électron libre enclin à la pensée oblique » a amené les policiers à solliciter son aide pour résoudre cette énigmatique affaire.

C'est à travers les notes du rapport médico-légal de Greville que le lecteur va pénétrer au coeur d'une enquête déstabilisante. Ecrit sous forme de journal de bord, la qualité littéraire n'est ici pas forcément de mise et il ne faut pas s'attendre à de longues phrases travaillées, stylisées ou esthétiques. le docteur rédige son journal et c'est un peu comme si le lecteur lisait par-dessus son épaule, suivant le développement de l'affaire au fil de son exposé et de ses raisonnements. le style est épuré, sans fioriture, dans un but affiché de clarté et de concision. C'est pourtant cette écriture factuelle, au plus près des observations et des constatations de Greville, qui va offrir ce caractère glaçant au roman en le baignant dans un climat remarquable de réalité.
La vidéo des lieux du crime nous communique ainsi d'emblée un sentiment pénible de véracité. La caméra panoramique qui entreprend la visite mélancolique du lotissement révèle l'atmosphère aseptisée qui y règne, un lieu à ce point dépourvu d'âme et de vie que même « les feuilles emportées par le vent semblent avoir trop de liberté ».
Viennent ensuite les théories diverses censées expliquer le massacre qui s'est joué là. Les pistes plausibles sont passées en revue tout autant que les spéculations les plus fantaisistes. Mais la question cruciale demeure ; elle flotte dans les consciences dans un épais brouillard de doutes : que sont devenus les enfants et que leur est-il arrivé ?
La visite de Pangbourne Village et la reconstitution des crimes assoient enfin une version bien trop extravagante et horrible pour pouvoir l'envisager.

Mais l'intrigue n'est pas des plus essentielles. En effet, bien vite nous nous doutons de ce qui s'est réellement passé. En réalité, la force du récit, écrit de manière circonstanciée, froide et précise comme le sont les rapports de police, est de nous amener à reconnaître l'évidence. La construction du roman n'est alors rien d'autre qu'une confortation de l'horreur, une preuve irréfutable de ce que l'on se refusait à accepter. L'inconcevable vérité devient une conclusion sans appel.

Avec ce singulier et dérangeant petit roman paru en 1988, le célèbre auteur d'anticipation anglo-saxon J.G Ballard (1930 – 2009), en visionnaire attentif des mécanismes de nos sociétés modernes, pointait les dangers de la pensée sécuritaire à l'extrême.
Dans leur lotissement ceint de hauts murs et clôturé de grillage électrique, les riches résidents de Pangbourne pensaient pouvoir échapper à la violence du monde en vivant en quasi-autarcie, dans un environnement surprotégé, mais à vouloir tout contrôler, ils n'ont fait que s'enfermer dans une prison dorée, une cage de luxe étouffante, écrasante, où le moindre élément de désordre devait être expurgé. Seule réponse à leur despotisme de la bonté, à leur tyrannie du Beau, de l'amour et de la communication : la révolte par le chaos, la sauvagerie, le meurtre.
Troublant et inquiétant à souhait, ce petit ouvrage, tendant à refléter ce que pourrait être la logique totalitaire d'une civilisation de demain ultra-sécuritaire, imprime un sentiment de malaise et d'inconfort. Car demain…c'est bientôt…c'est aujourd'hui…
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Si petit et si barbare... tel est ce court roman de J. G. Ballard au nom évocateur de Sauvagerie.

Le narrateur, le Dr Richard Greville, expert-psychiatre de son état, est appelé pour déterminer les responsables du massacre de Pangbourne Village. Trente-deux morts, les adultes (parents, domestiques, employés et gardes de sécurité) et treize enfants comme envolés. Que s'est-il passé dans cet enclos résidentiel luxueux et hautement sécurisé? Greville reprend les éléments et les hypothèses avancées pour essayer de comprendre.
Pas de rançon demandée, aucune revendication politique ou terroriste, rien ne colle dans cette tuerie hors-norme et ces disparitions d'enfants.

En quelques dizaines de pages, Ballard dresse un portrait perturbant de cette bourgade isolée, véritable ghetto de riches comme on en trouve un peu partout désormais. L'auteur s'acharne à dépeindre les conséquences possibles - et extrêmes - de la tentation ultra-sécuritaire. Son récit fait froid dans le dos. Ce que renforce le ton professionnel et neutre du psychiatre. Pas d'émotion dans ses propos, juste l'établissement de faits et de déductions. Avec une pointe acide et caustique par-ci, par-là.

Un roman dérangeant, au style sec et acéré. Qui pose question sur l'évolution de la société. Paru pour la première fois en 1988, l'opus n'a rien perdu de son actualité ni de son intensité. Encore un bon conseil littéraire de mon libraire préféré!
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Ecrit il y a plus de 20 ans, ce très court roman de J.G Ballard est toujours d'actualité, assez intemporel en fait.

C'est une lecture particulière. le récit est très froid ; un ton neutre et glaçant qui rappelle la froideur aseptisée du lotissement où l'histoire se déroule . La forme choisie par l'auteur est singulière. On lit le journal du psychiatre qui assiste les enquêteurs. le style est donc simple, direct, clinique et ne s'encombre pas de fioritures ou d'effets de style. le point de vue est celui d'un professionnel qui énumère des faits et tente de les expliquer. L'objectif n'est pas de "faire du beau".
De nombreux passages sont des descriptions d'enregistrements des caméras de surveillance. Ce regard mécanique renforce la froideur du récit et met une distance avec le lecteur. de fait, on ne ressent aucune émotion ni sentiment envers les personnages. Ce choix de ne pas impliquer émotionnellement le lecteur, car il est évident que c'est volontaire, est très malin. Ainsi débarrassé de son bagage émotionnel, le lecteur est tout entier concentré sur les questions soulevées par Ballard.
Il démontre bien comment une société hyper-sécuritaire, recroquevillée sur elle-même, finit par se détruire de l'intérieur.

La forme très courte est un bon choix car sur la longueur un tel récit dénué de tout sentiment aurait été ennuyeux et lassant.
L'intensité de ce livre ne réside pas dans son intrigue mais dans les questions qu'il soulève.
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1988, près de Londres, drame dans un enclos résidentiel de luxe peuplé d'une dizaine de familles irréprochables (intelligence, culture, et aisance matérielle grâce à de 'bonnes situations').
Les adultes ont été massacrés et leurs enfants - adolescents - ont disparu. Ni vandalisme, ni cambriolage. Au vu des différentes méthodes meurtrières employées, tout semble avoir été minutieusement préparé. Un scénario sans faille pour une tuerie bouclée en vingt minutes chrono.

Après une description froide et crue des scènes de crimes, place à une enquête sur un mode classique, façon Hercule Poirot. Les deux enquêteurs, un sergent et un psychiatre, ressemblent aux personnages d'Agatha Christie, de Conan Doyle et d'Edgar Poe. Échanges particulièrement guindés et méthodes d'investigation à l'ancienne. Ensemble, ils envisagent toutes les pistes possibles, y compris les plus farfelues.
Leurs conclusions sont prétextes à des réflexions intéressantes sur l'éducation, le pouvoir asphyxiant de la bienveillance excessive. On pense aux théorisations de Winnicott (la "mère suffisamment bonne") et de Bruno Bettelheim ("l'amour ne suffit pas"). Grosso-modo : le mieux est l'ennemi du bien... Hélas, cet exposé est succinct, rapidement éclipsé par la reconstitution interminable du carnage. J'ai survolé cette fin, très déçue par la surenchère de détails sur les sévices infligés, à mon sens gratuits et incongrus en regard de ce qui précède.
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« La seule chose étonnante chez ces gens, c'est qu'ils aient trouvé le temps de se faire assassiner. »

Court roman de quatre-vingt pages, Sauvagerie fut publié initialement en 1988 sous le titre Running Wild. Deux mois après les faits, le Dr Greville, expert-psychiatre de Scotland Yard est appelé par la police pour résoudre le massacre incompréhensible de Pangbourne Village, une résidence luxueuse étroitement surveillée à une cinquantaine de kilomètres à l'Ouest de Londres.

Dans ce havre de paix aseptisé, les familles semblaient vivre des vies bien remplies presque trop parfaites, sans conflit d'aucune sorte, chacun étant de toute façon en permanence sous surveillance. Quasiment sans dégâts matériels, sans aucune trace de vol, les propriétaires des villas, leurs domestiques et leurs chauffeurs ont été systématiquement abattus, en moins d'une demi-heure, ce 25 juin 1988, et les treize enfants qui vivaient dans la résidence ont tous été enlevés.

D'après le rapport du Dr Greville, on devine assez rapidement qui a tué mais la clef de ce récit glaçant et très dérangeant n'est pas là.

Notre idéal du bonheur bourgeois n'en ressort pas indemne.
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critiques presse (2)
LeMonde
26 juin 2023
Le livre se présente comme un extrait de son journal, aussi glaçant qu’un rapport d’autopsie. Très court, ce roman saisissant ne laisse pas place au moindre temps mort.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
15 mai 2023
Un jour, on y découvre les adultes froidement assassinés, les enfants ont disparu. Bijou ballardien, chef-d’œuvre de cynisme mené sous forme d’enquête.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Mon incapacité à reconnaître l'évidence, partagée avec presque toutes les personnes concernées, donne la mesure de la véritable énigme du massacre de Pangbourne.
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A Pangbourne Village, le temps pouvait passer dans un sens ou dans l'autre. Les habitants avaient éliminé le passé et l'avenir. Malgré leur hyperactivité, ils existaient dans un monde civilisé et sans évènements. En un sens, les enfants avaient remonté les horloges de la vie réelle.
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Toutefois, parvenu à la dernière séquence... je fus frappé par la manière dont Pangbourne Village restait étranger à ce jour de mort ? (p17)

La sécurité comptait énormément ici, ça m'obsédait manifestement. La maison relaie donc les images des moniteurs de l'entrée ?
- Chaque maison de Pangbourne Village. Le ton de Payne était bizarre, mais très sérieux. Au rez-de-chaussée comme à l'étage. Au moins, on sait pourquoi il n'y avait pas d'adultère ici. Mais pensez aux enfants épiés à toute heure du jour et de la nuit. Alcatraz junior version affectueuse... (p 49 - 50)
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Incapables d'exprimer leurs émotions ou de répondre à celles des gens qui les entouraient, suffoquant sous un manteau d'éloges et d'encouragements, ils étaient à jamais pris au piège dans un univers parfait. Dans une société totalement saine, la folie est la seule liberté.
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Dans une société totalement saine, la folie est la seule liberté
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Vidéo de James Graham Ballard
Loin du récit survivaliste ou de la robinsonnade, “Sécheresse” de J. G. Ballard décrit un monde post-apocalyptique peuplé de personnages apathiques devant l'urgence climatique. Un roman d'une troublante actualité.
#sciencefiction #postapocalyptic #cultureprime _____________
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