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Antony Beevor (Éditeur scientifique)Luba Vinogradova (Éditeur scientifique)Catherine Astroff (Traducteur)Jacques Guiod (Traducteur)
EAN : 9782253122494
510 pages
Le Livre de Poche (27/02/2008)
4.27/5   82 notes
Résumé :
La "Grande Guerre patriotique" - celle qui débuta en URSS en 1941 par une déroute et se termina, quatre ans plus tard, au prix de sacrifices inouïs, le drapeau rouge flottant sur le toit du Reichstag..., Vassili Grossman l’a vue de près.

Correspondant de guerre pour Krasnaïa Zvezda (L’Étoile rouge), le quotidien officiel de l’Armée rouge, il a été sur tous les fronts: la défense de Moscou, Stalingrad, bien sûr - expérience qui lui inspira son inoublia... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Vassili Grossman était correspondant de guerre sur le front russe pendant la seconde guerre mondiale de 1941 à 1945. A ce titre, il rédigeait des articles pour le journal de l'Armée rouge, « l'Etoile Rouge ». « Carnets de guerre » présente les notes préparatoires à ses articles. Introduit et commenté par Antony Beevor, historien anglais, et Luba Vinogradova, le témoignage de Vassili Grossman présente la terrible réalité des combats et des conditions de vie des soldats, les souffrances des civils et les exactions de l'armée allemande. le récit est particulièrement réaliste et poignant quand il relate la bataille de Stalingrad. Premier journaliste à rentrer dans Tréblinka, Vassili Grossman rapporte les témoignages des rares survivants. le journaliste présente le fonctionnement du camp d'extermination dans une analyse détaillée. La qualité littéraire préfigure son oeuvre principale « Vie et destin » qu'il rédigea après la guerre. L'intérêt des carnets dépasse le simple témoignage, l'écrivain perce derrière la froide réalité du front, mais aussi l'homme effaré par la souffrance des soldats, des civils et les horreurs perpétrées. Il a conscience que la censure stalinienne frappe ses écrits et que le pouvoir soviétique cache le sort réservé aux juifs.
Les carnets sont replacés dans leur contexte et leur chronologie par Antony Beevor et Luba Vinogradova. le commentaire en facilite la lecture et permet une mise à distance des écrits de Vassili Grossman qui en tant que correspondant de guerre se devait de valoriser la bravoure de l'Armée Rouge.
Le livre est à conseiller pour son apport historique ses qualités littéraires et sa présentation.



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Impressionnant. Si vous croyez avoir tout lu sur la 2ème guerre mondiale sans avoir lu les Carnets de guerre de Vassili Grossman, détrompez-vous. Grossman nous dit tout ce qui a permis aux Russes de tenir pendant le conflit, une combinaison de résilience, de sacrifice et de peur. Les armées soviétiques avaient des détachements qui suivaient les attaques et tuaient impitoyablement tout soldat qui battait en retraite. Un officier de l'armée rouge dit qu'il se considère comme mort depuis le jour où il a été affecté à Stalingrad. Donc il n'a rien à perdre puisqu'il est déjà mort.

On voit bien d'ailleurs que les deux armées étaient commandées par des fanatiques, puisque l'attitude d'Hitler de celle de Staline avaient beaucoup de points communs. Les deux étaient brutaux et jusqu'au-boutistes, ordonnant à leurs troupes de se faire massacrer jusqu'au dernier plutôt que de reculer.

Grossman se fait un devoir d'interroger tous les témoins possibles, qu'ils soient officiers, simples soldats ou civils pris au milieu des combats. le livre se présente souvent sous forme de petites phrases capturées sur le vif plutôt qu'un récit bien ordonné, mais qu'importe.

Le chapitre sur Treblinka est horrible, d'une part parce que l'auteur nous raconte l'étendue des horreurs qui s'y sont déroulées, mais aussi parce qu'il essaie d'expliquer rationnellement la raisonnement des bourreaux. Âmes sensibles s'abstenir ...

L'auteur porte un jugement très objectif sur les évènements, ce qui lui vaudra des ennuis avec la censure. Grossman dénonce l'horreur des massacres de juifs, mais ses reportages sur le sujet seront toujours censurés par le pouvoir soviétique. Lors de l'entrée de l'armée russe en Allemagne, il décrit comment les soldats héroïques de l'armée rouge se transforment en bandits, pillant tout ce qu'ils trouvent, détroussant les prisonniers de guerre juste libérés, allant même jusqu'à violer leurs compatriotes russes qui avaient déjà eu le malheur d'être emmenées prisonnières en Allemagne.

Ses Carnets de guerre nous apprennent aussi l'immense espoir d'une partie du peuple soviétique à la fin du conflit, lorsque beaucoup de gens croyaient en l'avènement d'une ère meilleure et la fin de la répression stalinienne puisque l'ennemi était vaincu. Il nous montre aussi le sort des malheureux Polonais qui n'ont échappé au nazisme que pour tomber sous le joug tout autant impitoyable des soviétiques.
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Les carnets de guerre d'un écrivain/journaliste juif et ukrainien pendant la Seconde Guerre Mondiale,le tout est accompagné de notes et de précisions de la part des auteurs du livre,afin qu'on comprenne mieux le contexte et qu'on ne se laisse pas berner par certaines erreurs ou vision trop optimistes/pessimistes de Grossman.

Presque tout y est : la retraite de 1941,l'offensive allemande stoppée devant Moscou,la bataille de Stalingrad,la bataille de Koursk,la reconquête des territoires perdus,les abominables massacres de " la Shoah par balles " (dont la mère de Grossman sera l'une des victimes),l'horreur de Treblinka et Maidanek,les terribles souffrances de la ville de Varsovie,la bataille de Berlin ...

Grossman était envoyé sur le front et une fois sur place il interrogeait les soldats,les officiers,les généraux,les civils,les déportés,les prisonniers,les infirmières ...

Entre ce qu'a vécu Grossman et les nombreux témoignages divers et variés qu'ils partagent avec nous,ce livre regorge d'anecdotes parfois drôles,touchantes,joyeuses et souvent tristes,terribles,dures voir franchement insoutenables (le passage sur l'organisation de Treblinka et sur le cheminement des déportés de leur montée dans le train jusqu'à la chambre à gaz est sans doute ce que j'ai lu de plus dur dans ma vie).

Grossman relate bien l'horreur de la guerre pour les soldats comme pour les civils.

Il rend aussi hommage aux soldats et aux civils tués ainsi qu'à l'héroïsme des combattants soviétiques et au courage de la population.

Il évoque bien évidemment la cruauté des fascistes et les très nombreuses exactions dont ils se sont rendus coupables.

Mais ce livre ne fait pas non plus l'impasse sur les crimes d'une partie de l'armée rouge (notamment le viol,le vol et le pillage),les nombreuses erreurs/crimes de Staline et certaines méthodes très discutables utilisées dans l'armée soviétique.

Un livre qui raconte aussi la vie de Grossman avant et après la guerre,le bonhomme aura beaucoup de problèmes avec la censure et ses oeuvres majeures (dont son chef d'oeuvre " Vie et Destin ") ne seront publiées que plusieurs années après sa mort,d'abord à l'étranger puis en Russie après la chute de l'URSS.

Donc si vous êtes intéressé par la Seconde Guerre Mondiale en général et par les événements de la guerre Germano-Soviétique en particulier,je vous recommande ce livre mais soyez préparés parce que c'est pas toujours très joyeux ...
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Malheureusement ce livre ne donne pas le texte brut des notes de Grossman. Il ne nous est pas possible de nous faire notre opinion puisque nous devons passer par les choix effectués par Beevor et Vinogradova, à l'antisoviétisme bien développé, qui nous imposent la leur. Ce sont quand même les nazis qui sont les bourreaux et les envahisseurs. Bref à ces deux "auteurs" on ne demandait rien, à moins, qu'ils veuillent faire dire au texte ce qu'ils ont en tête (leur introduction parle d'un conflit nazi-soviétique !!!). Bref, je ne saurais trop conseiller à un lecteur de trouver les textes de Grossman non expurgés et dans toute leur authenticité.
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Ce livre condense des extraits des carnets de guerre de Vassili Grossman, ce journaliste engagé comme militaire journaliste dans l'armée rouge pendant la seconde guerre mondiale. Il décrit les actions héroïques et presque kamikaze des soldats face aux allemands, la retraite et surtout le siège de Leningrad. Enfin il suit, toujours sur la brèche la grande offensive Bagration qui repousse les allemands jusque chez eux. Il détaille les horreurs de la guerre, les massacres, et surtout "Treblinka" où il arrive très vite et a l'occasion de procéder à des auditions sur place. Ce sont des pages dures à lire mais prises sur le vif, un témoignage exceptionnel. Il ne se gêne pas pour décrire les abus terribles des soldats russes arrivant sur les territoires allemands.
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critiques presse (1)
LeMonde
31 août 2022
Dans ses « Carnets de guerre », l’écrivain soviétique a notamment raconté la reconquête de l’est et du sud de l’Ukraine par l’Armée rouge en 1944. La situation d’aujourd’hui résonne étrangement et tristement avec ce récit.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Un gamin de Berditchev : ” On m'a appelé Mitia Ostaptchouk. Mais je suis Khaïm Roïtman. Je suis de Berditchev. Maintenant j'ai treize ans. Les Allemands ont tué mon père, ils ont tué ma mère. J'avais un petit frère, Boria. Un allemand l'a tué avec son pistolet-mitrailleur, il l'a tué sous mes yeux… C'était bizarre, la terre bougeait !

J'étais debout sur le bord de la fosse, j'attendais : là, ils vont tirer ! Un Allemand s'est approché de moi, il avait les yeux qui clignaient. Sur le sol, il y avait un bout de verre qui brillait. L'Allemand s'en est approché pour le ramasser, et je me suis mis à courir comme un fou. Lui me poursuit et me canarde avec son pistolet-mitrailleur, il a fait un trou dans ma casquette. J'ai couru, couru et je me suis effondré. Après, je ne me rappelle plus ce qui s'est passé. Un vieil homme m'a ramassé, Guerassim Prokofievitch Ostaptchouk. Il m'a dit : ” Désormais tu es Mitia, mon fils. “ Il avait sept enfants à lui, j'ai été le huitième.

” Des Allemands sont arrivés, ils étaient ivres, ils se sont mis à crier, ils avaient remarqué que j'étais un noiraud. Ils demandent à Guerassim Prokofievitch : ” Il est à qui ? ” Il dit : ” A moi. “. Ils se mettent à l'injurier, ils l'accusent de mensonge, parce que je suis noiraud. Mais lui, il leur répond tranquillement : ” C'est parce que c'est le fils de ma première femme. Elle était Tsigane. “

” Quand on libéré Berditchev, je suis allé en ville. J'ai retrouvé mon frère aîné Iacha. Il avait survécu aussi. Iacha est grand, il a seize ans. Au moment où les Allemands s'en allaient, Iacha, a trouvé le salaud qui a tué notre mère, et il l'a fusillé.

213 - [Le Livre de Poche n° 30969, p. 372]
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Certains historiens ont suggéré que les Allemands, avec les croix noires de leurs véhicules, étaient perçus comme apportant une libération chrétienne à une population opprimée par l'athéisme soviétique. Nombre d'Ukrainiens ont accueilli les Allemands avec le pain et le sel de la bienvenue, et nombre de jeunes filles ukrainiennes fréquentèrent avec entrain des soldats allemands. Il est difficile de mesurer l'ampleur de ce phénomène en termes statistiques, mais il est significatif que l'Abwehr, le département de contre-espionnage de l'armée allemande, ait fait recommandation de lever une armée de un million d'Ukrainiens pour lutter contre l'Armée rouge. La chose fut fermement rejetée par Hitler, qui était horrifié à la seule idée de Slaves combattant sous l'uniforme de la Wehrmacht.

218 - [Le Livre de Poche n° 30969, p. 8] Introduction
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p.375. édition calmann-levy
C'est en Allemagne, et surtout ici, à Berlin, que nos soldats ont commencé à s'interroger sur la raison pour laquelle les Allemands nous étaient tombés dessus aussi soudainement. En quoi avaient-ils besoin de cette guerre horrible et inique ? Par milliers les nôtres ont vu désormais les riches fermes de Prusse-Orientale, le haut niveau d'organisation de l'agriculture, les étables en béton, les vastes pièces, les tapis, les armoires pleines de vêtements.
Des milliers de nos soldats ont vu les bonnes routes qui relient les villages, ils ont vu les grands axes allemands de circulation... Nos soldats ont vu dans les banlieues les maisons à étage qui ont l'électricité et le gaz de ville, avec des salles de bains, avec des jardins parfaitement entretenus. Nos hommes ont vu les riches villas de la bourgeoisie berlinoise, le luxe incroyable des châteaux, des propriétés et des hôtels particuliers. Et des milliers de soldats, regardant autour d'eux, répètent cette question pleine de colère : « Pourquoi sont-ils venus chez nous ? De quoi avaient-ils besoin ? »
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En janvier 1944, alors qu'il suivait que l'Armée rouge s'avançant vers l'ouest à travers l'Ukraine, Grossman atteignit enfin Berditchev. Là, toutes ses craintes au sujet de sa mère et du reste de sa famille se trouvèrent confirmées. Ils avaient été massacrés lors de l'un des premiers grands massacres de Juifs, le plus meurtrier juste avant les exécutions de masse dans le ravin de Babi Yar, aux porte de Kiev. Le massacre des Juifs de la ville dans laquelle il avait grandi lui fit se reprocher encore plus de n'avoir pas su sauver sa mère en 1941.

1091 - [Le Livre de poche n° 30969, p. 22]
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p.148-9. édition calmann-levy
Une charge énorme s'est abattue sur la femme... La femme occupe la place décisive. Elle a pris sur elle un énorme labeur, et le front reçoit du pain, des avions, des armes, des munitions. Ce sont elles, désormais, qui nous nourrissent, elles qui nous fournissent des armes. Quant à nous, les hommes, nous accomplissons la seconde moitié de la tâche, nous combattons. Et nous combattons mal. Nous avons reculé jusqu'à la Volga. Les femmes ne disent rien, mais elles n'ont aucune rancœur, elles n'ont pas en elles de mots durs. À moins qu'elles ne les retiennent. À moins qu'elles ne comprennent combien est terrible le fardeau de la guerre, même d'une guerre malheureuse.
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Videos de Vassili Grossman (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vassili Grossman
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