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EAN : 9782070338757
480 pages
Gallimard (22/02/2007)
3.59/5   158 notes
Résumé :
Parfois, on se sent comme loin de sa vie. Si loin qu'on pense même à... Michel Soler, seul dans une ville déserte et terrassée par l'été, en est à ce point d'éloignement. Désespérément disponible, et prêt à tout... Et soudain tout lui arrive. Il est jeté dans une machination de terreurs, de violences, de morts et d'amours qui sont de ce monde, et qui n'en sont pas. Mais son indifférence et sa tendresse, sa folie et son humour à périr dans les ricanements le font éch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un roman lu il y a au moins 15 ans. Un merveilleux souvenir. Je pourrais vous parler de ce que j'ai ressenti : l'humour inimitable de cette histoire, les fous rires que j'ai eu (je ne crois pas avoir jamais autant ri en lisant un livre), le sentiment d'un temps incertain, celui de la dépression. Je pourrais évoquer le personnage de Michel Solers, dépressif donc, dans le décors irréel de Lyon, désertée au mois d'août. Lyon : ville natale de l'auteur, véritable personnage secondaire. J'aurais pu d'ailleurs tenter de vous faire ressentir l'amour qu'il éprouve pour la capitale des Gaules, à n'en pas douter capitale de son coeur. Et puis il y a aussi sa passion pour la musique classique. J'aurais pu vous dire que l'intérêt de ce livre ne tient pas dans son intrigue mais bien dans le personnage de Michel, qui soigne son mal-être par le regard désabusé, empreint de cet humour si particulier, qu'il porte sur le monde. J'aurais pu, en effet, vous parler de tout ça. Mais pour bien le faire il aurait fallu que je le relise et j'ai bien trop peur de ne pas éprouver les mêmes sentiments que lors de la première lecture. le temps abîmera tout. Mais pas ce souvenir.
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Le Monde a fait paraître, en 2019, la liste des 100 romans qui ont le plus enthousiasmé le journal depuis 1944. À côté d'oeuvres devenues instantanément des classiques, en France ou dans le monde, figurent des romans de moindre tonnage (La Fée carabine de Daniel Pennac, Les Grandes blondes de Jean Échenoz), dont je m'étais étonné mais surtout intensément réjoui qu'ils y figurent. Sans hésitation j'aurais ajouté à ces deux-là : l'Enfer de René Belletto.

Troisième tome d'une trilogie comprenant le Revenant (qui est épatant) et Sur la terre comme au ciel (qui est épatant aussi), l'Enfer n'est pas n'importe quel livre : en 1986, il a décroché les Prix Femina et du livre Inter. Excusez du peu. Il est pourtant un peu (lire : totalement) oublié aujourd'hui : c'est une erreur, ne mégotons pas sur les qualificatifs, colossale.

Dans ces trois romans, aux constructions et atmosphères proches (cadre Lyon, conditions détraquées, narrateur paumé, blessé et foutraque, intrigues plus rocambolesques (frisant le fantastique) que policières, angoisse de vivre, difficultés de communiquer, fragilité des sentiments, goût de la guitare etc.), Belletto déploie des talents de plume inouïs, d'un brio fou, d'une intensité et d'une inventivité qui ne baissent jamais, allant de l'humour le plus vif au désespoir le plus noir, le tout tenant dans les mêmes pages, souvent les mêmes phrases, un peu comme un funambule pressé qui ne tomberait jamais mais sur lequel s'acharneraient, se succédant sans cesse comme dans un Cartoon, les éléments les plus contraires : vents, giboulées, pluie de mousson, neige, grêle, chaleur de bête, chute de pierres.

On me dira : c'était il y a presque 40 ans, relire ça ? (J'ai relevé sur Babelio quelques critiques de lecteurs qui hésitaient à y revenir, comme on craint de croiser un amour de jeunesse dont on se demanderait : qu'ai-je bien pu lui trouver ?) (la remarque vaut dans les deux sens). Je répondrai : zéro risque, épatant c'était, épatant ça reste, épatant ça restera. Hormis les modèles de voiture, et la présence de téléphones fixes (il n'y en avait même pas dans Proust), rien n'a vieilli, rien n'a bougé. Même fantaisie, même liberté, même mélancolie - et même immense bonheur de lecture.

Après cette trilogie, René Belletto a continué d'écrire de nombreux livres, toujours chez P.O.L, qui ont pris la forme de récits fantastiques, métaphysiques, ouvragés, complexes, parfois réussis mais auxquels fait défaut ce qui éclate à chaque page de l'Enfer : le charme.
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On ne lit pas un Belletto par hasard et un roman qui date de plus de trente ans encore moins. Figés dans les nouveautés, on en oublie certains auteurs qui méritent parfois qu'on les découvre tardivement ou bien qu'on se souvienne d'eux.

René Belletto, lyonnais amoureux de sa ville fait presque vivre cette dernière comme un personnage à part entière. Lyon aoûtienne étouffante et omniprésente, pleine de moiteur, suant presque des pages. L'atmosphère est lourde et la chaleur n'en est pas seule responsable.

Le décor fin « seventies » et désuet fait se rappeler le temps d'avant, douce mélancolie. Une bouffée d'oxygène dans un monde presque exclusivement numérique mais…

Ce roman rempli de paradoxes a mis mon esprit en déroute et tout s'est fondu dans un mélange contradictoire de sensations.

Il y'a ces curieux et fantasques personnages… Aucun ne semble ancré dans la réalité. Trop originaux et surtout trop nombreux pour paraître un tant soi peu réels. Quand bien même l'apanage de l'écriture est de donner libre cours à l'imagination, j'ai comme eu la sensation que l'auteur se délestait d'un sac trop lourd à porter au détriment de la simplicité.

A la fois « complètement heureux et complètement malheureux », je n'ai su où situer leurs états d'esprit. On aime au début, on trouve ça différent et puis on se lasse de ne pas trouver un caractère qui ne soit pas totalement fou. J'en ai oublié l'intrigue qui pourtant vaut la peine qu'on s'en souvienne.

Et puis il y a tous ces mots. Une explosion de mots, une déflagration de vocables, un déchaînement de lettres. Tout cela mis bout à bout de façon fort intelligente et parfois fort drôle mais là où j'y ai d'abord trouvé de la légèreté, la pesanteur du style m'a rattrapée et s'est emmêlée avec la canicule ambiante et les extravagances des personnages.

La balance menaçait de se fracasser sur l'autel de mon amour des livres. Cette tragi-comédie pèse plus lourd qu'il n'y paraît.

Belletto écrit très bien, son style est unique. Hélas pour moi, j'ai alterné les passages amusants et spirituels avec des chapitres qui m'ont ennuyée au possible. Tous ces paradoxes m'ont égarée comme un plan que je n'ai pas su comprendre.

Mal m'en a pris, j'y ai étrangement découvert un excellent auteur qui n'a assurément pas pris la plume pour que je le lise.


Lien : https://sous-les-paves-la-pa..
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Enfin j'en ai vu le bout !
1 mois pour arriver, lassée, au point final.

C'est vrai que c'est une lecture assez humoristique. Elle m'a fait penser à l'humour de Allen ou Benigni. Des envolées d'idées et de mots, très excentrique, exubérant. Mais trop de loufoqueries tue l'effet recherché. On rit puis on sourit et au fil des débordements on esquisse à peine un sourire, puis vient l'ennui.

La trame est pourtant assez originale. "L'enfer" ou comment remplir une semaine d'un chaud mois d'aout, dans un Lyon déserté. Enlèvement, musique, amour, sexe, folie, sang, chaleur....

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Un livre coup de point
Un roman qui vous marque à vie.
Lyon, en pleine canicule, se vide. Michel Soler, critique musical, veut écrire une lettre d'adieu au monde, mais ne trouve pas de timbres. Hormis les visites de sa mère adoptive et son amour de Bach, plus rien n'a d'attrait pour lui. C'est alors que Rainer von Gottardt, le plus grand interprète de Bach, lui demande d'écrire son autobiographie.
De l'humour et l'aventures dans ce roman rabelaisien sur la vie et la mort.
Un roman qui a le goût du polar mais qui n'est pas un polar.
Un livre que je recommande chaque fois qu'un lecteur ne demande une lecture inoubliable.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
J'entrepris d'écrire, à l'intention de ma mère adoptive, une lettre de suicide, que j'enverrais peu avant de me donner la mort, dans trois jours, une semaine, un mois, je ne savais, mais enfin ce serait chose faite, je veux dire écrire cette lettre.
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J'embrassai ma mère. Elle me serra vite et fort, à m'étouffer, selon sa coutume. Tous ses cheveux étaient blancs. Elle était voûtée, ridée, maigrie. Manger ne lui profitait pas. Outre son prénom et le mien, Liliane et Michel, les rares mots reconnaissables dans la bouille de syllabes qu'il lui arrivait d'émettre étaient la plupart du temps des noms de mets, pendant que je la suivais dans l'escalier je l'entendais marmonner: brida mada dama bilo, buri buro alalavalamala moumououou vri pulinou pain de campagne gr gr gustafouchlo lolo gueu gratin de nouilles meu dixe dixe chariitramplonavadixe fll fll fruits exotiques, à l'époque je l'avais conduite à cinq reprises chez une phoniatre de renom, cinq séances d'une heure, sans résultat, vers le milieu de la troisième séance elle avait soudain clamé "quiche lorraine" et "tournedos à l'estragon", puis plus rien.
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Je me mis à suer comme une bête. La bière. Et une forte envie de pisser m’étreignit. J’allai me soulager. Je tirai la chasse. Hélas, elle n’aurait pas inquiété une fourmi malade rampant au fond de la cuvette. De pire en pire. Encore quelques semaines et les lieux d’aisance refouleraient les excréments dans la maison, où ils se répandraient et développeraient de nonchalantes et capricieuses figures, bien plutôt qu’ils ne les aspireraient droitement dans les entrailles de la terre.
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Deux feuillets et quart d’un discours et d’une écriture d’outre-tombe, mais assez soutenus, allants, compacts, quasi allegro à leur façon, au début j’eus un peu envie de pleurer, au milieu beaucoup, je faillis poser mon front sur mes bras repliés et m’abandonner à des sanglots, de ceux qui font trépider l’abdomen et l’endolorissent. À la fin, soulagé peut-être, et absorbé par mon effort d’expression écrite, plus du tout, au point même de cracher avec une certaine verve par la fenêtre ouverte après avoir léché l’enveloppe et le timbre, ce dont j’ai horreur, lécher la colle.
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Silence terrifiant. Quelque chose vous tombait sur les épaules comme des hauteurs du ciel. Je sortis de la voiture, bouger dans ces conditions tenait de l’exploit forain, j’imaginai une foule terrassée par l’été, incapable d’applaudir, incapable d’exprimer son admiration apitoyée fût-ce par quelque éclat même fugitif des regards, l’éclat du soleil tuait tout. Une personne saine et enjouée, me dis-je, n’aurait pas fait ce que je faisais. Je devais avoir quarante de fièvre. Ou pas de fièvre du tout.
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Video de René Belletto (5) Voir plusAjouter une vidéo

René Belletto : Créature
Depuis le musée Rodin à Paris, Olivier BARROT présente le dernier roman de René BELLETTO "Créature". L'intrigue est tortueuse, le genre obsessionnel mais captivant.
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