Pour une amoureuse des derniers Valois comme moi, il était grand temps que je lise enfin un biographie de
François Ier, probablement le plus illustre d'entre eux ! Jusqu'à maintenant j'étais surtout restée focalisée sur sa descendance, que j'affectionne particulièrement, mais assez peu sur lui. Alors j'ai décidé de rectifier le tir et pour ce faire j'ai choisi cet ouvrage de
Georges Bordonove car il m'a eut l'air pile comme il faut: ni trop court, ni trop long (comme celle de Didier le Fur qui m'a un peu effrayé pour cette raison précisément). Manifestement je n'ai pas fait le bon choix….car cette biographie m'a laissé perplexe voire déçue sur plusieurs points.
Bordonove a écrit cette biographie en 1987 et pourtant elle semble encore plus vieille tant le style est daté. À la façon des anciens historiens, ou des ouvrages du XIXe, il y a dans sa façon de narrer l'histoire un certain parti-pris, des poncifs et des jugements de valeurs disséminés ici et là. Quelques exemples assez sidérant : « Charles Quint ne se grandissait pas en retenant captif en roi si vaillant, si noble et si beau ! L'empereur ne pouvait pas comprendre cela ; il avait du sang flamand », toujours à propos de l'empereur: «…son visage maussade, enlaidi par le célèbre menton en galoche » (le pauvre prend cher tout au long du livre). À propos de Catherine de Médicis « …elle apportait irrémédiablement un sang qui gaterait la superbe race des Valois ». Et ce ne sont que les exemples, car tout le livre ressemble à cela.
Georges Bordonove a visiblement beaucoup d'admiration pour
François Ier (au point d'utiliser le pronom « nous » quand il parle de l'armée du roi) et force est de constater que tout ce qui est hors des frontières du royaume suscite chez lui mépris.
C'est franchement assez agaçant et désagréable à lire, surtout pour moi qui suis habituée, et comme beaucoup d'entre nous je pense, aux historiens objectifs et impartiaux de notre époque. Personnellement je lis et j'aime les livres d'histoire pour les faits et l'analyse des faits qu'ils m'apportent. Je ne les lis pas pour avoir des vues orientés par l'auteur...
Autre point négatif, concernant le fond cette fois-ci, j'ai trouvé la biographie globalement trop « hachée », chaque chapitre est dédiée à une partie de la vie de François où au déroulé d'un évènement donc on change de sujet à chaque chapitre, alors qu'une façon de raconter plus fluide et où les évènement s'imbriquent entre-eux aurait été bien plus plaisante à lire. Ensuite j'ai trouvé que beaucoup de moments importants étaient passés en quatrième vitesse ou quasiment absents: la vie de cour, l'éducation des enfants royaux, la vie des deux reines, les loisirs de François, et même la présence de Léonard de Vinci… Par ailleurs, la captivité du dauphin et de son frère cadet à Madrid par Charles Quint passe aussi trop rapidement (elle a quand même duré 4 ans !) de même pour la paix des Dames, traité négocié par la reine mère
Louise de Savoie et la tante de l'empereur, Marguerite d'Autriche, qui revêt tout de même une certaine importance. Bref, une biographie racontée de façon très inégale…
De plus j'ai trouvé la plume de
Bordonove trop dense à l'intérieur de chaque chapitre, la succession des faits n'est pas dilué dans une plume fluide et vivante, et l'usage de phrases très courtes ajoute à l'effet haché déjà présent dans l'agencement.
Le seul plaisir que j'ai pris a été grâce à François dont j'ai adoré découvrir la vie trépidante. Ce roi chevalier, roi bâtisseur, roi mécène, roi poète, il n'est pas exagéré de dire qu'il fut l'archétype de son temps !
J'ai aimé redécouvrir sa rivalité avec Charles Quint, ses multiples campagnes Italiennes, son triumvirat émouvant avec sa mère et sa soeur, son amitié avec Henri VIII, etc.
Bref, ravie de François, déçue de Georges.