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Jacqueline Duchêne (Éditeur scientifique)Roger Duchêne (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070386154
320 pages
Gallimard (22/01/1993)
3.37/5   27 notes
Résumé :
Ce titre énigmatique cache un roman satirique, la chronique scandaleuse du règne de Louis XIV. Lépoque éclate de jeunesse et de sensualité.

L'auteur (1618-1693), cousin de Mme de Sévigné, âgé de quarante-deux ans, gentilhomme, guerrier, homme de cour, d'esprit, de goût, est aussi un écrivain de grand talent. Le roman présente, sous des pseudonymes, les principaux personnages de la Cour dans leurs aventures amoureuses.

"Sous le règne de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
C'est à peine croyable que ce roman satirique, parodique, un peu caricatural et diffamant, mais loin d'être scandaleux, ait pu valoir à son auteur un an de bastille et plusieurs d'exil. On se demande parfois ce qui pouvait passer par la tête de Louis XIV, lui que la postérité aurait dû plus véridiquement surnommer le roi-queutard plutôt que soleil, qui distribuait sa royale semence avec autant de prodigalité que les lettres de cachet et qui a quasiment fait de la cour de France un club libertin. Derrière la caricature de cette « Histoire amoureuse des Gaules », il y a quand même une part de vérité dans les gentils chassés-croisés vaudevillesques que met en scène Bussy-Rabutin.
Il se moque principalement de madame d'Olonne et de la duchesse de Châtillon, qui ne devaient pas avoir une bonne réputation, et qu'il présente comme deux très belles femmes usant de leurs charmes pour multiplier les amants, un peu par amour, beaucoup par intérêt. Mais ses attaques sont plutôt des taquineries innocentes quand on les compare aux violentes charges que pouvait porter Saint-Simon, à peine un siècle plus tard dans ses Mémoires, et dans lesquelles il mentionne à plusieurs reprises « Histoire amoureuse des Gaules ». Par ailleurs il n'est pas impossible que sa manière de portraiturer lui fut inspiré par cet auteur. On apprend aussi dans les Mémoires de Saint-Simon qu'un autre roman à clef (de qualité tout à fait médiocre, apparemment): « Artamène ou le Grand Cyrus », connaissait un grand succès à l'époque où Bussy-Rabutin écrivait son propre livre. Et j'ai l'impression que sa première intention était surtout de faire une parodie de ce roman, juste un petit livre amusant mais pas malveillant.
Le passage le plus intéressant se trouve à la fin, quand il raconte ce que l'histoire a retenu sous le nom de « l'orgie de Roissy », à laquelle il a participé. En vérité, même cette « orgie » reste quelque chose d'à peine libertin, puisqu'elle consiste juste à avoir rompu un peu tôt le carême. On comprend aussi que deux hommes ont couché ensemble, ce qui fait dire à Bussy-Rabutin : « Souvent on arrive à même fin par différentes voies, pour moi je ne condamne point vos manières, chacun se sauve à sa guise, mais je suis bien assuré de n'aller point à la béatitude par le chemin que vous tenez », et quand un participant s'étonne qu'il ne soit pas encore dégoûté des femmes après avoir fréquenté sa cousine, la célèbre Madame de Sévigné, il entame alors un portrait cinglant mais quand même admiratif de celle-ci, avec qui il est fâché.
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QUAND LA GLACE BRULE

Roger de Bussy-Rabutin (1618-1693), cousin de Madame de Sévigné, tient son talent de sa vision satirique et libertine du Monde.

Son « Histoire Amoureuse des Gaules », roman scandaleux à clés tellement reconnaissables que Louis XIV le disgracia, raconte par le menu les affaires amoureuses qui, hors la guerre, la soif de possessions et le paraître, firent le quotidien de l'aristocratie française, notamment durant la Fronde (1648-1653).

Cet entre-soi où tout le monde surveille jalousement tout le monde, cherche à s'enrichir, à agrandir sa Maison, nourrit des passions qui appartiennent au désir de chair et non au sentiment amoureux,

Séduire, posséder, délaisser, rejeter…On est dans l'univers glacé qu'un siècle plus tard Choderlos de Laclos décrira si brillamment dans son extraordinaire « Les liaisons dangereuses »

En écrivant sa « pipolerie », Bussy-Rabutin n'aurait pu être qu'un quelconque compère à potins licencieux…

Mais cet homme sait écrire, comme sa cousine, le duc De La Rochefoucauld, le cardinal de Retz ou Tallemant des Réaux. le style, les rebondissements, l'impitoyable description des moeurs en font un roman dur.

L'ouvrage ne devait pas être édité ; il ne devait être lu que par celles et ceux auxquels Bussy-Rabutin ferait l'honneur de le présenter. Une de ces ennemies fît en sorte d'en avoir un exemplaire le fît copier et diffuser. On sait ce qu'il s'en suivit.

La lecture se révèle un peu ardue. Quand on en maîtrise les spécificités (au bout d'une trentaine de pages), en s'appuyant sur un liste décodant les pseudos située vers la page 180 de l'édition Folio, on entre de plain-pied dans un grand texte…
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Ah, Bussy-Rabutin, ce célèbre trublion! Il fallait absolument que je lise le texte qui lui a valu treize mois de prison et un long exil dans son château du fin fond de la Côte d'Or.

L'édition ayant gardé la grammaire et la conjugaison de l'époque, le régal en est d'autant plus grand! Un superbe témoignage de l'insouciance et de la frivolité qui régnait à la cour du Roy, quand au même moment ces gens assistaient à au moins trois messes par jour...
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de Bussy-Rabutin on pourrait dire (c'est de Raymond Devos ) qu'il avait « la mémoire en trou de serrure » :ce courtisan libertin a en effet une forte tendance à ce délecter des ragots (vrais ou faux) et à exercer sa verve sur ses congénères de la cour et surtout sur les dames . Cela lui valut foudre , bannissement et disgrâce royale . Ce n'est pas très joli moralement, ce n'est pas très érotique non plus, mais c'est exprimé dans une langue admirable .

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
J’ai bien aimé de fois en ma vie, Madame, mais, je n’ai jamais rien tant aimé que vous, ce qui me le fait croire, c’est que je n’ai jamais donné à chacune de mes maîtresses plus de cent pistoles pour avoir leurs bonnes grâces, et pour les vôtres j’irai jusques à deux mille, faittez réflexion je vous prie là-dessus, et songez que l’argent est plus rare qu’il n’a jamais été.

Quinette femme de chambre d’Ardelise, et sa confidente lui rendit cette lettre de Crispin, incontinent cette belle lui fit la réponse qui s’ensuit.

Je m’étais bien aperçue que vous aviez de l’Esprit par les conversations que j’ai eues avec vous, mais je ne savais pas encore que vous écrivissiez si bien que vous faites, je n’ai rien vu de si joli que votre lettre, et je serai ravie d’en recevoir souvent de semblables, cependant je serai bien aise de m’entretenir avec vous ce soir à six heures.
Ardelise.
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Il y a dans ce monde deux sortes de gens qui me déplaisent particulièrement: les premiers sont les peintres, lesquels, n'ayant jamais pu inventer ni composer d'assez vives couleurs pour faire des yeux à l'Amour, se sont mis en tête de nous le représenter comme aveugle. Et de fait, ils croient avoir fait des merveilles, d'avoir donné lieu à ce commun, mais faux proverbe: "L'amour est aveugle". Il me semble plus juste de dire que le bandeau dont ils lui couvrent le front sert encore à couvrir leur ignorance, parce que tous leurs efforts n'auraient jamais pu faire des yeux à ce dieu, qui eussent seulement approché de la vivacité ni du brillant éclat dont les siens sont formés. Et si (comme les ignorants tâchent de nous le persuader) il ne voyait goutte, comment se serait-il assujetti tant d'esprits qui vivent sous ses lois? Aurait-il pu, sans yeux, étendre son empire sur toute la Terre?
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Vous savez que la jalousie a quelques fois plus de vertu pour retenir un cœur que les charmes et que le mérite, je vous conseille d’en donner à votre mari, ma belle cousine, et pour cela je m’offre à vous, si vous le faites revenir par là je vous aime assez pour recommencer mon premier personnage de votre agent auprès de lui, et me sacrifier encore pour vous rendre heureuse : s’il faut qu’il vous échappe, aimez-moi, ma chère cousine, et je vous aiderai à vous venger en vous aimant toute ma vie.
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Sur Madame d'Olonne: "La plus belle femme de son temps, mais moins fameuse pour sa beauté que pour l'usage qu'elle en fit" (inscription illustrant un tableau dans le château de Bussy Rabutin).
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Quelque indiscret que l’on soit, il n’y a point d’affaire que l’on ne tienne secrète au commencement quand on a pu se passer de confident pour en venir à bout.
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