Rien que le titre invite au voyage, et le lecteur n'est pas déçu.
Blaise Cendrars nous invite à embarquer avec lui dans ses voyages exotiques (au Brésil notamment et en croisière sur l'Atlantique Sud) et à ouvrir les yeux sur les beautés du monde – et sa part de mystère : on y parle de loup-garou, de boa constrictor capable d'avaler un homme entier, de lac hanté par un crocodile jamais vu, etc.
Plus qu'un écrivain en vadrouille,
Blaise Cendrars se voit comme un voyageur qui écrit, lui le poète, journaliste devenu aussi romancier. Au commandant qu'il rencontre sur un transatlantique il dira « Oh, vous savez, je voyage, j'écris, mais je ne suis pas un homme de lettres en voyage ». Sa vie s'est construite autour de ces rencontres, parfois fortuite, parfois à l'origine de relations plus durables, qu'il dévoile en partie dans ses romans d'aventure.
Ces rencontres, c'est le coeur de chacune de ses nouvelles, contées sous forme d'un souvenir, l'un appelant l'autre… Des récits croustillants sur des tranches de vie de personnages hauts en couleurs, comme le coronel Bento, dictateur terrifiant du fin fond du Brésil fasciné par Paris et ses fêtes.
D'oultremer à Indigo fait partie de cette série de nouvelles de
Blaise Cendrars qu'on pourrait croire autobiographiques (avec :
Histoires vraies,
La vie dangereuse et
D'oultremer à indigo). Mais elle nous montre une des facettes de
Blaise Cendrars : il est impossible de distinguer ce qui est relève d'une vérité historique, géographique et ce qui relève de la fiction, pure invention de l'auteur.
Blaise Cendrars présente d'ailleurs cette série comme le reflet de sa vérité, en dehors de toute vérité telle que l'Histoire s'en souviendrait.
Mais plus que le fond c'est la manière que l'on retient, cette façon de nous plonger dans l'action, de nous faire vivre ces aventures, comme si c'était nos propres souvenirs. Un mélange réussi de ce qu'était
Blaise Cendrars à la fin des année 30 : un poète, journaliste, grand reporter, et romancier en devenir.