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EAN : 9782253052159
180 pages
Le Livre de Poche (19/05/2004)
3.99/5   40 notes
Résumé :
C’est une Colette empreinte de sagesse que nous découvrons dans L’Etoile Vesper, publié la première fois en 1946.
L’auteur, qui ne quitte plus guère son appartement du Palais-Royal, évoque la guerre qui vient de finir, médite sur la souffrance qui l’immobilise et sur les nouveaux rapports qu’elle entretient avec le monde. Des notations sur le quotidien alternent avec l’évocation de souvenirs (ses années de journalisme au Matin, les rencontres qu’elle y fit ; ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
C'est en lisant ce livre de souvenirs, et empreint de considérations bucoliques, que j'ai rencontré l'écrivain Colette.


Livre qui débute et se clôt par l'évocation des saisons, du printemps, emblème de renouveau, le coup de baguette magique dont il pare le décor faisant sortir bourgeons, feuilles toutes chiffonnées, fleurs sauvages et faisant entendre la musique du pépiement des oiseaux.
Un printemps qui renouvelle les couleurs du paysage que Colette, immobilisée à cause d'une arthrite de la hanche, ne peut qu'admirer de la fenêtre de son appartement . de sa place favorite, elle observe les métamorphoses des Jardins du Palais-Royal et les nuits étoilées avec pour compagnes lune et chauve-souris.

Si dans un premier temps, ce sont les couleurs de la nature en évolution qui la captivent, bientôt viennent en filigrane les souvenirs des quatre années de guerre qui viennent juste de se terminer, de l'occupation et des terreurs qu'elle a fait naître dans les coeurs, de la proximité de Compiègne, tristement célèbre par son camp de détention, lieu de départ vers les Camps nazis ( alors que je commençais ma lecture et que j'avais posté une citation pour évoquer Robert Desnos, je recroisais son ombre par l'évocation de ce camp de transit...)

Elle évoque son travail au journal le Matin, ses travaux d'écrivain.

Et surtout, elle évoque les rencontres, les visages croisés, les amitiés passées, les connivences, tout un monde déjà bien loin pour cette Dame qui n'a pour compagne principale que la solitude désormais. Elle vit en couple mais semble s'ériger une tour d'où elle veille et revit dans les souvenirs du temps qui passe. Elle feuillette avec nous des albums de photographies, prétextes à évoquer tel ou tel moment de l'existence, tel ou tel compagnon de route, tel ou tel talent rencontré. Elle écrit également de très belles pages sur la période de sa grossesse, un questionnement tout en sincérité et un amour vrai qui grandit et se déplie petit à petit comme les feuilles des arbres qu'elle aime tant.

Enfin, que serait un récit de Colette si elle n'évoquait pas ses compagnons à quatre pattes et surtout le regret de ne plus partager les promenades d'un chien de par sa maladie. Partager la balade tranquille en accord avec le pas de l'autre pour humer senteurs et admirer les couleurs qui dessinent à nouveau les lieux connus.


Une lecture à la fois poétique et ardue à certains moments mais qui donne bien envie de poursuivre la rencontre.
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Colette s'est refusée à écrire ses mémoires. Ces textes réunis dans «L'étoile Vesper», au départ sous-titrés souvenirs, sont parus en feuilleton dans les premiers numéros de Elle de Novembre 1945 à Janvier 1946.
Malgré l'immobilité forcée qui la cantonne dans son appartement du Palais Royal, elle n'a pas perdu ses dons d'observatrice et sa langue acérée pour égrener ses souvenirs et tracer les portraits de ses visiteurs, décrire les changements de saisons avec en filigrane les rationnements et les peines engendrées par la guerre et son âge.
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Vesper, c'est Vénus qui brille de tous ses feux, propice aux souvenirs lorsqu'on passe de longs, très longs moments à contempler le ciel pendant les heures d'insomnies. Colette, clouée dans son fauteuil par cette arthrite qui ne la quitte guère, le jour comme la nuit, fait appel à sa mémoire et écrit, dans cette langue inimitable n'hésitant pas à mêler termes de métier, adjectifs insolites, associations d'images à la limite de la poésie. Les êtres qu'elle a connus, ceux et surtout celles dont elle a apprécié la compagnie, défilent sous nos yeux en tranches de vie alternant avec son quotidien d'aujourd'hui, cette vie monotone, de temps en temps rompue par une visite, dont il a bien fallu qu'elle s'accommode. Lire Colette, c'est habiter pour un moment avec elle, chez elle, partager son quotidien et s'ouvrir à des senteurs nouvelles, des impressions fugaces qu'elle seule sait retenir et nous faire partager à l'aide des mots. Colette n'est jamais aussi bon écrivain que lorsqu'elle nous parle de la nature, qu'il s'agisse des plantes ou des animaux, domestiques ou sauvages, une connaissance acquise dès l'enfance sous la férule attentive de sa mère Sido.
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paru en 1948

De la fenêtre de sa chambre au Palais-Royal, Colette, arthritique, voyait se lever Vesper. A la lumière de cette étoile brillante entre toutes, l'écrivain, qui s'était toujours refusé à écrire ses souvenirs, nous en livre plus que nous ne pouvions en espérer. Avec non-dit, retenue, dans une écriture chaude et agile, elle nous transmet tous ses ressentis pudiques de l'amitié, de l'amour, de la vie, du meilleur ami, des lourds et inquiétants souvenirs d'une guerre dont les conséquences sont toujours là, des projets, des rencontres, de l'écriture, de l'enfant qu'elle a porté... On y sent malgré tout beaucoup de nostalgie.


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Il m'a été donné par le hasard et l'envie de lire ce texte en parfaite connaissance de cause : je n'aime pas spécialement Colette, jusqu'ici. J'ai pu aborder ses articles festifs dans Cadeaux de Noël, ou encore un amour d'été ennuyeux dans le Blé En Herbe, mais aucun des deux ne m'est resté en mémoire. Aucun des deux ne m'a plu, et pourtant je me suis lancé dans le Pur Et L'Impur qui m'a paru sympathique bien qu'alambiqué. Je ne sais pas ce que j'ai avec Colette, je crois que j'aime tellement cette femme et sa figure (sans même trop en savoir, à vrai dire, ne m'étant jamais profondément renseigné) que je crois désirer au plus fort vouloir la saisir, l'embrasser jusqu'à l'aimer ! Je me suis ainsi lancé dans L'Etoile Vesper, une de ces rééditions de texte pour l'occasion de son 150e anniversaire. Il est vrai que cette année a été marquée par Colette, ses textes, la femme… Ici, nous avons le droit a un ensemble de courts textes réflexifs parfois publiés dans des chroniques, parfois gardés précieusement… le tout est réuni ici et relié par un modèle récurrent, celui d'une amitié avec une voix mystérieuse lui posant des questions absolument simples, mais ouvrant la voie à un discours introspectif s'épanchant sur la mémoire. de nombreux sujets sont abordés avec une finesse, avec une pudeur réellement propre à l'auteure remarquable : l'amitié, l'amour, les actions qui font vivre, l'écriture de ses textes et leur réception, la guerre… J'aurais presque envie de décrire cela comme une sécheresse, mais chaude ; il y a un sentiment chaleureux, mais qui ne fait pas décrépir les yeux. Beaucoup de nostalgie ressort de cet ouvrage, nous pouvons le sentir aisément, et l'auteure elle-même se disait de tout le temps qu'elle ne laisserait place au souvenir qui fait partie d'une vie passée. Jugement révocable, elle donne lieu à un texte humain, sans aucune prétention. Nous parlons aussi d'accommodation lorsque sa vie désormais monotone – rongée par l'arthrite – doit se dessiner au gré des complications de l'âge et des conséquences de la guerre. Son appartement du Palais Royal est le nid d'une langue encore très juste et fine, avec une désuétude adorable, comme ampoulée, qui donne là le charme à ces textes parus en feuilleton entre 1945 et 1946.

Ensemble de souvenirs auxquels elle s'est toujours défilée car souffrance, elle n'a pu s'y résoudre, s'enfuir pour toujours. Cet ensemble de petits textes-feuilleton m'a bien plu, marque d'une nostalgie sur l'amitié, l'amour éprouvé, les personnes qu'elle a adoré… Son style reconnaissable qui se plie de vieillesse et de malheur face à la guerre tout juste se finissant. Une chaleur, entente. {17}
Lien : https://clemslibrary.wordpre..
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
-" Je sors.
- Par ce temps ! Je te plains.
- Tu es bien ? Tu n'attends personne ?
- Personne."
C'est un vérité relative. Je ne peux pourtant pas avouer à mon meilleur ami que j'attends le printemps .Qu'attendrais-je sinon le printemps ? Je suis sa créancière, cette année.
(...)
Le sentiment d'attente ne s'ajuste qu'au seul printemps.(...) On n'attend pas l'été, il s'impose ; on redoute l'hiver. Pour le seul printemps nous devenons pareils à l'oiseau sous l'auvent de tuile, pareils au cerf lorsqu'une certaine nuit il respire, dans la forêt d'hiver, l'inopiné brouillard que tiédit l'approche du temps nouveau. Une profonde crédulité annuelle s'empare du monde, libère trop tôt la voix des oiseaux, le vol de l'abeille. Quelques heures , et nous retombons la commune misère d'endurer l'hiver et d'attendre le printemps...
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Changé... Je viens d'écrire ce mot et je lève les yeux. Etait-ce un mot magique ? Tout est nouveau. Le nouveau, le renouveau viennent pendant que j'écris. Le Palais-Royal s'est ému en un moment sous une sollicitation d'humidité, de lumière filtrée par la mollesse des nuages, de tiédeur. La vapeur verte, suspendue aux ormes, n'est plus une vapeur, c'est la feuille de demain. Si vite ! Oui, c'est encore une fois la brusque saison. Ecrivons encore : quand je relèverai la tête ce sera peut-être l'été.
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La lune entre chez moi comme elle veut, avance à pas de chat, étire une griffe blanche à l'assaut de mon lit : il lui suffit de m'éveiller, elle se décourage tout de suite et redescend. Vers le moment de son plein, je la retrouve, à l'aube, toute nue et pâle, fourvoyée dans une froide région du ciel. En rentrant se coucher, la dernière chauve-souris, d'un trait zigzaguant , la biffe.
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Des projets, mon garçon ? Mais bien sûr. À soixante-treize ans moins un quart, on a toujours des projets. Je n’en manque pas. Je projette de vivre encore un peu, de continuer à souffrir d’une manière honorable, c’est-à-dire sans éclats ni rancune, de reposer ma vue sur des fronts comme le tien, – tu ressembles à ma fille en moins bien – de rire en secret pour moi toute seule, et aussi de rire ouvertement quand j’en ai sujet, d’aimer qui m’aime, de mettre en ordre ce que je laisserai, le dépôt en banque comme le tiroir aux vieilles photographies, le peu de linge, le peu de lettres...
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Pendant une bouffée de silence, épaisse comme une brume, je viens d'entendre choir sur la table voisine les pétales d'une rose qui n'attendait, elle aussi, que d'être seule pour défleurir.
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