C'est en lisant ce livre de souvenirs, et empreint de considérations bucoliques, que j'ai rencontré l'écrivain
Colette.
Livre qui débute et se clôt par l'évocation des saisons, du printemps, emblème de renouveau, le coup de baguette magique dont il pare le décor faisant sortir bourgeons, feuilles toutes chiffonnées, fleurs sauvages et faisant entendre la musique du pépiement des oiseaux.
Un printemps qui renouvelle les couleurs du paysage que
Colette, immobilisée à cause d'une arthrite de la hanche, ne peut qu'admirer de la fenêtre de son appartement . de sa place favorite, elle observe les métamorphoses des Jardins du Palais-Royal et les nuits étoilées avec pour compagnes lune et chauve-souris.
Si dans un premier temps, ce sont les couleurs de la nature en évolution qui la captivent, bientôt viennent en filigrane les souvenirs des quatre années de guerre qui viennent juste de se terminer, de l'occupation et des terreurs qu'elle a fait naître dans les coeurs, de la proximité de Compiègne, tristement célèbre par son camp de détention, lieu de départ vers les Camps nazis ( alors que je commençais ma lecture et que j'avais posté une citation pour évoquer
Robert Desnos, je recroisais son ombre par l'évocation de ce camp de transit...)
Elle évoque son travail au journal le Matin, ses travaux d'écrivain.
Et surtout, elle évoque les rencontres, les visages croisés, les amitiés passées, les connivences, tout un monde déjà bien loin pour cette Dame qui n'a pour compagne principale que la solitude désormais. Elle vit en couple mais semble s'ériger une tour d'où elle veille et revit dans les souvenirs du temps qui passe. Elle feuillette avec nous des albums de photographies, prétextes à évoquer tel ou tel moment de l'existence, tel ou tel compagnon de route, tel ou tel talent rencontré. Elle écrit également de très belles pages sur la période de sa grossesse, un questionnement tout en sincérité et un amour vrai qui grandit et se déplie petit à petit comme les feuilles des arbres qu'elle aime tant.
Enfin, que serait un récit de
Colette si elle n'évoquait pas ses compagnons à quatre pattes et surtout le regret de ne plus partager les promenades d'un chien de par sa maladie. Partager la balade tranquille en accord avec le pas de l'autre pour humer senteurs et admirer les couleurs qui dessinent à nouveau les lieux connus.
Une lecture à la fois poétique et ardue à certains moments mais qui donne bien envie de poursuivre la rencontre.