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Florent Maudoux (Autre)
EAN : 9782379650659
230 pages
Afitt Editions (27/10/2023)
4.33/5   23 notes
Résumé :
Le Kintsugi, c’est l’art japonais consistant à réparer un vase brisé à l’aide de poussière d’or.

Le Kintsugi, c’est l’art de réparer un corps ou un esprit marqué par un événement traumatisant, afin que l’individu se reconstruise.

L’événement traumatisant vécu par Marie, jeune prof des écoles, c’est la mort de son mari, Marc et de sa fille, Lila, dans un accident de la route.

Un routier inattentif les a percutés et ne leur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Aucun autre titre n'aurait pu être plus approprié pour ce petit bijou de noirceur.
Le kintsugi, c'est d'abord l'art japonais de réparer des porcelaines avec une laque saupoudrée d'or. Les objets brisés prennent alors une apparence unique, leurs cicatrices dorées sont mises en valeur. Ces objets chargés d'histoire sont prisés par les collectionneurs.
Par extension, le kintsugi est devenu l'art de soigner les âmes, d'être en paix avec soi-même.
"Elle ne peut pas comprendre que je suis en train de recoller les morceaux de ma blessure ouverte."
La poupée fracassée, puis réparée, en couverture, l'illustre superbement.
Le roman de David Coulon évoque le deuil brutal de Marie, héroïne torturée par l'inacceptable mort de son époux Marc et de leur fille Lilas dans un accident de la route.
La résilience devra passer par les cinq étapes que l'on connaît : Déni, Colère, Marchandage, Dépression, Acceptation.

Le lecteur vivra chaque moment au travers du prisme déformé par l'absolue souffrance du personnage principal, qui devra trouver des raisons de continuer à avancer.
Qui ne comprend pas.
Qui ne sais pas pourquoi.
Qui nie une réalité intolérable et ne voit plus que la réalité qui l'arrange.
Sombrant dans une réconfortante folie.

Quelques personnages secondaires vont accompagner son parcours, sans qu'on sache si leurs interactions sont vraiment celles qu'elle nous décrit ou seulement celles qu'elle imagine.
La femme médecin qui évoquera le possible don d'organes de Lilas avec l'empathie d'une porte de pénitencier.
L'inspecteur Paulic, curieusement prêt à tout pour l'aider à franchir ce cap difficile.
Un couple de cas sociaux, violent et alcoolique.
Une belle-mère très à cheval sur les règles.
Ses meilleures amies, le chauffard meurtrier, le petit bonhomme...
Ils n'ont que peu de relief, et c'est très bien comme ça. Nous ne connaissons d'eux que la perception déformée, tronquée, d'une femme qui a perdu tous ses repères du jour au lendemain et qui sera envahie par le deuil, sous toutes ses formes.
Marie vit avec ses morts, pas avec les vivants.
"Les fantômes n'existent pas et pourtant, cela ne les empêchent pas de hanter notre existence."

Ce qui m'a le plus épaté, c'est l'écriture du roman.
Elle est totalement au service des méandres de solitude et d'obsessions de Marie. de son étouffant chagrin. de son dérapage vers sa propre réalité parallèle. le lecteur plonge en apnée avec Marie.
Un livre peut se dévorer tout en ayant un style extrêmement travaillé.
Epuré, haché, hanté, lancinant, désespéré. Toujours dans l'urgence.
"Seul leur monde a de l'importance.
Là, dans ce monde qui n'est pas le mien."

Le propos est dur, mais le d'une rare intelligence. On sort des sentiers battus. C'est profond et marquant. Habilement construit.
La religion en prend pour son grade.
"Nous sommes les latrines de Dieu. Dieu tue nos maris et nos enfants."
Les vivants deviennent abstraits tant les disparus occupent toutes nos pensées.
L'anonymat du don d'organes revêt un aspect cruel qui ne laisse pas indifférent.
Le petit côté décalé de la trame permet en outre de retrouver sa respiration de temps en temps, voire de sourire parfois devant l'étrangeté ( ou même l'absurdité ) de la tournure des évènements.

Après le décès d'un proche, la route de l'acceptation est un chemin de croix, et David Coulon propose au lecteur de tenir la main de Marie et de l'accompagner tout au long de son parcours.
Et non, envers et contre tout, je n'ai jamais songé à la lâcher.

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Le Kintsugi est l'art de réparer les objets cassés, en y insufflant de l'or, sublimant ses cicatrices. Pour les rendre à nouveau à la vie. Un processus similaire peut-il s'appliquer aux femmes et aux hommes brisés par un deuil ?

David Coulon pose la question sur la table avec ce roman noir qui plonge dans la psyché d'une mère, d'une conjointe, mis à terre par le pire traumatisme possible. Double peine.

Vu le genre du livre, on se doute bien que le processus de résilience ne se déroulera pas « normalement ». Marie, pleine de vide, va s'enfoncer très profond.

Et l'auteur de nous emmener dans les méandres de la folie, à coups de phrases chocs, d'une écriture syncopée, parfois hypnotique, pour un roman qui se lit d'une traite.

David Coulon est le genre d'auteur inclassable, qui jamais ne répète les mêmes gammes, écrit le même genre de livres. Parfois dans la violence physique et le sang, d'autres fois dans celle plus psychologique.

Ce roman coup de poing s'inscrit dans la seconde veine, au plus près de cette femme, cette mère, qui ne peut se résoudre à la perte. Et que certaines circonstances vont pousser dans le précipice ; descente aux enfers.

Car, histoire il y a, même si courte et condensée, tournée autour de ce personnage poussé au-delà de ses limites.

L'auteur a une écriture bien à lui, beaucoup de phrases courtes, au scalpel, usant de l'art de la répétition pour mieux remuer le couteau dans la plaie. Comme s'il prenait le lecteur par les épaules et le secouait vigoureusement, nerveusement.

Le livre se lit très vite, mais ce n'est pas une lecture facile, on ne parle pas du deuil sans remuer les tripes, surtout quand le choix est fait d'enfoncer le lecteur dans la fange avec le personnage de Marie.

Il vous reste à savoir jusqu'où ira l'auteur, par quel chemin il arrivera à son point. Final ? Et si une lumière peut poindre.

Kintsugi est le genre de roman qui agite, touche, choque. Affecte le lecteur, surtout s'il arrive à se placer dans le terrifiant contexte que vit le personnage principal.

David Coulon propose une expérience de lecture assez éprouvante, avec son style bien à lui. A tenter, si vous vous sentez armés.
Lien : https://gruznamur.com/2023/1..
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Pourquoi le choix de ce livre ? Parce que l'un des thèmes m'intéresse, celui du deuil et que David Coulon est un auteur que j'aime beaucoup. J'avais déjà lu deux de ses romans " Trouble passager " et " Dernière fenêtre sur l'aurore ". Déjà dans ses deux titres, l'écriture de l'auteur est particulière, les phrases sont courtes parfois un seul mot ou phrases sans verbe. Dans " Kintsugi ", le style est identique ; des phrases répétitives soulignant la souffrance de Marie Lyeres.
Marie a perdu deux êtres chers, Lila sa fille et Marc, son mari, dans un accident d'autoroute. Un chauffeur de poids lourds a percuté la voiture de Marc. le résultat est tombé les proches de Marie ont succombé à l'accident. Marie voit sa vie s'effrondrer. Pour cette institutrice, c'est un véritable choc.

Comme le prévoit les cinq étapes du deuil selon le modèle d'Elisabeth Kübler-Ross : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l'acceptation, le deuil passe par ces différentes phases. Mais Marie va en concevoir une autre qui mettra le lecteur pantois jusqu'à commettre un acte irréversible. Marie n'arrive pas à se remettre de la mort de Marc et de Lila et pour cela elle mettra tout en oeuvre pour se sentir bien, mener sa vie comme auparavant. le projet futur du médecin y est pour beaucoup.

Arrivera-t-elle à faire surface et mener une vie normale sans son mari et sa fille ?
" La vie, c'est la poussière d'or qui colmate les blessures les plus profondes et les transforme en de superbes chemins, de nouvelles routes. "
David Coulon par son écriture tranchante et ciselée annonce le ton de l'histoire. C'est un récit plongeant le lecteur dans le mal-être de Marie, l'angoisse de perdre à jamais ce qu'elle a de plus cher au monde.
David Coulon a choisi de décrire une histoire noire et dérangeante. Les moindres faits et gestes de Marie sont aisément retranscrits. Il ne fait pas dans la dentelle.
" Kintsugi " retrace le deuil de Marie à travers son regard et ses agissements. Kintsugi est l'art de la résilience, de réparer un objet brisé à l'aide de poussière d'or. Marie tente de faire ce qui a de mieux pour elle mais jusqu'où ira-t-elle ?
" C'est le monde extérieur qui devient fou à penser que je fais preuve de courage, car je survis. "
" Kintsugi " est un thriller touchant mais ne laisse pas indifférent. David Coulon peut choquer son lecteur par cette histoire. A vous lecteurs de vous munir corps et âmes dans ce récit empreint de sensibilité et de la folie psychotique de Marie.
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Cher Vous,

Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre spécialiste du deuil, a modélisé les différents stades émotionnels par lesquels passe toute personne confrontée à un deuil quel qu'il soit.
Ainsi le "modèle Kübler-Ross" précise cinq grandes étapes : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l'acceptation...
Si Marie, le personnage principal de ce roman, entame son processus de deuil, elle semble vouloir ajouter une sixième étape qui s'avérera des plus... dangereuses !
Il faut dire aussi que Marie est confrontée à ce qu'il y a de pire au monde : le double décès de son mari et de son enfant !
Même si Marie est entourée de ses deux meilleures amies, que son entourage professionnel est très compréhensif, elle va doucement se laisser couler dans la dépression jusqu'au bord de la folie.
Et c'est ce processus que va disséquer David Coulon avec ce roman particulièrement sensible sur la psychologie, très complexe, du deuil.
Sans pathos, il va entrainer le lecteur dans la tête de Marie, cette femme brisée... créant nécessairement des sentiments troubles : empathie, colère, répulsion peut-être, amour... chacun ressentira ce texte selon son propre vécu.
Dans ces précédents romans, David Coulon brillait particulièrement pour son talent à créer des ambiances noires, suffocantes voir effrayantes et/ou gore.
Même si avec ce roman, David Coulon continue de flirter avec le roman noir et le polar, il est impossible de ne pas accompagner Marie dans sa descente aux Enfers, de lui tenir la main et de plonger avec elle dans des ténèbres dont on ne peut remonter indemne.
Son écriture se fait fine pour décortiquer les sentiments et les pensées de son personnage principal. La forme du texte, à base quelquefois de répétitions, donne parfaitement corps aux idées obsessionnelles de Marie.
Un récit particulièrement fort parfaitement mis en image par Florent Maudoux dont les illustrations (re)donnent vie à Lila... ou plutôt à sa version réparée, magnifiée telle que l'imagine Marie.
Avec Kintsugi, David Coulon offre un roman sensible, intime, émotionnel, douloureux... viscéral !
Un roman qui coupe le souffle et laisse les larmes aux yeux !


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📗Un roman fort, terrifiant.
Des phrases courtes, percutantes, incisives.
Des répétitions comme des mantras qui accentuent la plongée dans les abysses de la folie.
Un roman noir au dénouement magnifique.
Une couverture et des illustrations juste sublime réalisées par Florent Maudoux.

📘 L'auteur s'inspire d'Élisabeth Kübler-Ross, psychiatre spécialisée dans le deuil pour nommer des chapitres.
Ces différentes étapes dans le processus de deuil sont développées magistralement dans un roman noir.
Le lecteur se retrouve aux côtés de Marie, habite ses émotions, plonge avec elle dans les méandres de son esprit.

🏺Le kintsugi est l'art japonais qui consiste à réparer un vase brisé à l'aide de poussière d'or.
Ce même mot en philosophie consiste à réparer un corps ou un esprit marqué par un évènement traumatique afin que l'individu se reconstruise.

📚 Synopsis : Une mère brisée par la mort de son mari et de sa fille dans un accident de la route. Comment l'irréparable permettrait contre toute attente la reconstruction, quitte à sombrer dans la folie ?

Un roman noir à l'image de l'auteur psychologue intéressé par les individus en phase de rupture mentale.
Une excellente découverte.
Lien : https://tapageautourdespages..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je voulais vous présenter mes condoléances, mais je trouve ça un peu pompeux, pour tout vous dire. Ce terme. Un mot prémâché, préparé à l'avance. Pas besoin de réfléchir ou de ressentir quoi que ce soit. On a ce mot alors on dit ce mot. Je n'aime pas ça... Je préfère vous assurer de mon soutien. C'est ce que j'ai envie de vous dire. C'est ce que je ressens.
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“Ce moment où l'on comprend que s'arrêteront les fous rires, les disputes, les verres et les repas à partager.

Ce moment où l'on comprend qu'on ne le reverra pas”.
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Videos de David Coulon (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de David Coulon
Écrivain normand, David Coulon salue la Galerne et présente son nouveau roman Biotope qui vient de paraître aux éditions Cosmopolis.
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