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EAN : 9782874491795
95 pages
Les Impressions nouvelles (04/10/2013)
4.42/5   6 notes
Résumé :
L’histoire de cette amitié ne dure que sept ans (1888-1895). Mais ces années déterminantes auront des effets durables pour les deux protagonistes. Après leur rupture, ils ne cesseront de se souvenir des turbulences de leurs rapports durant la période de leur formation littéraire. Gide surtout est conscient que, sans sa rencontre avec Pierre Louÿs, sa carrière, sa vie même, auraient été très différentes.

Beaucoup de choses pourtant les séparaient. Pier... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Tout d'abord, je tiens à remercier babelio pour son opération masse critique, ainsi que les éditions « Les Nouveaux Impressionnistes », qui m'ont permis de faire d'une pierre trois coups : découvrir cette petite maison d'édition, cet auteur et l'un des protagonistes, à savoir Pierre Louÿs.

Pourquoi avoir fait ce choix au sein de la large sélection proposée, hormis pour satisfaire ma curiosité ? Eh bien, avant toute chose, pour son titre. « le tombeau d'une amitié – André Gide et Pierre Louÿs ». La première partie du titre d'abord : « le tombeau d'une amitié »… Qui ne rêve pas – ou qui n'a jamais rêvé pour les plus blasés – d'une amitié éternelle, à toute épreuve et notamment celle du temps et des divergences (tant spatiales qu'intellectuelles), et qui n'a jamais cru trouver la personne qui la lui donnerait ? Et qui n'a finalement jamais été déçu, et n'est jamais passé d'un sentiment d'amour fraternel à celui d'une haine la plus absolue ? Beaucoup se reconnaitront dans la première interrogation, là où très peu n'auront pas souffert la seconde. C'est en cela que le tombeau de cette amitié m'intéresse, de part le caractère universel du thème traité, et à la fois si extraordinaire que lui confère les protagonistes qu'elle met en jeu. Et c'est là qu'intervient la seconde partie du titre. Déjà, la mention André Gide est pour moi un gage de qualité. En effet, il est un auteur qui a vraiment marqué par ses oeuvres mes premières émotions et tribulations littéraires, et qui a toujours su éveiller en moi un intérêt et un attachement à son oeuvre. C'est pourquoi il était très clair pour moi que Pierre Louÿs – qui, je dois le reconnaitre, n'était dans mon esprit qu'un vague nom, mentionné je ne sais trop où et pas d'une manière suffisante pour étayer ma curiosité – était le trouble-fait dans cette histoire, et le seul responsable de cet échec amical.
Et qu'elle n'a pas été ma surprise en découvrant que l'auteur ne partageait absolument pas mon avis que je croyais, comme certainement beaucoup d'autres idées, inébranlable et intouchable.
Cette confrontation d'idées à vraiment été enrichissante, et l'histoire atypique et unique (comme le sont toutes les nôtres finalement) de ces deux personnalités complexes et fascinantes, très intéressante.
Je dois néanmoins avouer que j'ai été gênée par le parti pris de l'auteur trop appuyé, et inévitablement trop étouffant ; outre le fait qu'il n'allait pas dans mon sens, le culte qu'il voue à Pierre Louÿs rend son argumentation moins puissante, et les nombreuses louanges au sujet de ce dernier faisant contraste avec le total dénigrement d'André Gide, peut-être moins crédible. Mais c'est un essai me direz-vous, et n'est-ce pas le propre d'un essai de laisser libre cours à nos idées en toute liberté ? Certes, et c'est pourquoi j'aurai certainement préféré voir cette amitié racontée sous une toute autre forme, plus objective. Car même s'il est évident que derrière chaque écrivain se cache une personnalité parfois obscure voire immorale (et Luc Dellisse a su appuyer sur cette face sombre de Gide), il est assez rare que deux portraits s'opposent ainsi de la sorte, l'un totalement noir et l'autre parfaitement blanc. de plus, les nombreuses critiques à l'égard de l'oeuvre d' André Gide ne me semblent pas justifiées, et il serait injuste de ne pas reconnaître ne serait-ce que la qualité de son écriture – pour ceux qui ne sont pas sensibles à ses histoires.

En tout cas, j'ai trouvé cet essai extrêmement bien documenté et riche en informations, les nombreuses citations et références aux contemporains qui ponctuent l'oeuvre sont très agréables ! Et évidemment, il me tarde maintenant de découvrir les oeuvres de Pierre Louÿs, et notamment son Aphrodite, largement cité – tout en gardant à André Gide sa petite place, largement méritée, dans mon coeur de lectrice.
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Cet essai est déconseillé aux inconditionnels de Gide, qui, selon Luc Dellisse, n'est que platitudes et n'a même pas le mérite du courage lors de la publication de Corydon, l'âge des jeunes partenaires sexuels de l'auteur ne gênant personne dans les années 20. S'appuyant sur les témoignages de la Petite Dame, Maria van Rysselberghe, pourtant admiratrice passionnée de Gide, il insiste sur son insignifiance, son ahurissement perpétuel, sa jalousie à l'égard de Proust, ses conflits larvés et mesquins avec Jacques Rivière. .
On comprend mieux cette antipathie - dont Luc Dellisse est d'ailleurs parfaitement conscient- lorsqu'on sait que celui-ci s'est littéralement plongé dans la vie de Pierre Louÿs ( dont il prépare d'ailleurs une biographie) pour revaloriser sa personne et son oeuvre, lui redonner sa place dans la littérature, le considérant comme le plus grand méconnu des écrivains de son époque.
Entre Gide et Pierre Louÿs donc, une amitié de 7 ans, mais qui part mal dès leur jeunesse. D'abord et surtout des caractères opposés et une incompatibilité d' humeur. L'un - Louÿs- est joyeux, taquin, primesautier, brillant, ardent. L'autre - Gide - est lent, hésitant, conformiste, puritain, souvent versatile.. Mais il y aura aussi l'immense jalousie de Gide devant le succès rapide et fulgurant de son ami, qui, avec Aphrodite, devient célèbre presque du jour au lendemain: les éditeurs s'arrachent l'écrivain, les musiciens veulent porter ses romans à l'opéra, des admirateurs assaillent sa porte.
En fait, ces deux hommes auront une vie en courbe inverse: succès foudroyant pour Louÿs, puis, très vite, difficultés dans sa vie et son oeuvre et lente descente aux enfers, faite de dettes, avachissement, maladie, cécité, incapacité à écrire, oubli du public. L'autorité de Gide, en revanche, ne cesse de croître, il rayonne, il voyage, il est entouré d'amis, il deviendra éditeur et obtiendra le prix Nobel en 1947. Mais Louÿs, à cette date, est déjà mort, dans la solitude la plus absolue.
En fait, l'essai de Luc Delisse n'est pas seulement l'histoire d'une fêlure, mais celle de deux douloureuses déceptions: l'une, que nous venons d'évoquer, avec Gide, l'autre avec Paul Valéry, qui, malgré l'aide efficace et éclairée que lui avait apportée son ami Louÿs, dédiera "la Jeune Parque" à...Gide, l'ennemi avéré de ce dernier.
Il est important de savoir que, dans son hommage, Luc Delisse rejoint les contemporains de Louÿs: Debussy, Heredia, Mallarmé, Gourmont, Régnier, Léautaud, et Valéry lui-même. Intéressant aussi d'apprendre qu'aux yeux de Dellisse, la grande oeuvre de Pierre Louÿs ne sont pas les romans qui firent son succès ( Aphrodite, Les chansons de Bilitis, La Femme et le Pantin ) mais son abondante correspondance.
Et on s'attache à ce moine-soldat de l'écriture, qui, jusqu'au bout, bien qu'aveugle et malade, refit inlassablement le même effort d'écriture et de recherche.
Un grand merci à Babelio, Masse critique et aux Editions Les Impressions Nouvelles pour cette enrichissante lecture.
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Mardi 29 octobre 2013, Luc Dellisse présentera son nouveau livre le Tombeau d'une Amitié, André Gide et Pierre Louÿs à la Délégation générale Wallonie-Bruxelles à Paris, à 18 h 30.
274 Boulevard Saint Germain 75007 Paris.
Réserver obligatoirement au 01 53 85 05 11

Les vrais admirateurs de Louÿs apprécieront à sa juste valeur cette étude de Luc Dellisse puisque, pour la première fois, nous dépassons enfin les incontournables curiosa de l'écrivain !
Comme le dit lui-même Luc Dellisse, "le chemin sera long pour rendre à Pierre une place plus juste et pour mieux établir par où il excelle, et par quoi il est remarquable".

Luc Dellisse débute ainsi son ouvrage "Le Tombeau d'une Amitié" :
"Mon existence se rattache à une seule passion : la littérature. Je n'ai pas eu d'autre aventure que celle-là. Je n'ai jamais agi, aimé, vécu que dans la poursuite d'une phrase sans fin. Sans elle, le temps me semble arrêté."
D'entrée de jeu, les règles sont clairement posées : ce sera Gide, Louÿs ET Delisse. Donc un essai ... donc, par essence, un écrit subjectif. Si Luc Dellisse avait voulu nous offrir un condensé objectif de l'amitié Gide / Louÿs, il l'aurait fait "à la manière de" Wikipédia, lisse et sans âme.
Au fait, Wikipédia : "contrairement à l'étude, l'essai peut être polémique ou partisan. L'essai est une oeuvre de réflexion portant sur un sujet précis et exposé de manière personnelle, voire subjective, par l'auteur".

Mais pourquoi Louÿs, pourquoi Gide ?
Désir de Luc Dellisse de se couler dans la vie d'un écrivain qui aura "joué la partie toute entière - sa vie - dans l'espace imaginaire de l'écriture (...). En suivant sa trajectoire, on comprend mieux ce que c'est qu'une vie d'écrivain. le flamboiement de l'écriture n'est que l'envers du noir universel. La littérature existe pour transformer l'échec en lumière, mais cette lumière, à son tour, ne peut éclairer que l'échec."
Ce sera donc Louÿs, qui aura vu sa vie se défaire au feu de l'écriture.
Et ce sera Gide aussi, puisque étonnamment son ami tout autant que son contraire "presque idéal" ... : paradoxe bien littéraire.

A partir de ce choix, tenter de cerner en les confrontant et les renvoyant dos-à-dos, deux personnalités hors-du-commun.

Gide fut-il vraiment cet agitateur d'idées, cet humaniste découvreur de talents que l'on salue aujourd'hui ? Mallarmé, Hérédia, Gourmont, Régnier, Léautaud, Valéry, ses contemporains, n'en semblaient pas convaincus. "La différence de classe entre une Colette et un Gide, c'est la différence de classe entre un Saint-Simon et Anatole France", notera Montherlant dans ses Carnets (Carnets 1930 - 1944 Gallimard page 166).

Louÿs ne fut-il vraiment que cet écrivain éparpillé dont les éditions actuelles nous renvoient l'image ; ce brillant producteur de textes hétéroclites où se côtoient "chefs d'oeuvre littéraires et fonds de tiroirs" ? Ne fut-il que le simple ami de figures considérées aujourd'hui comme plus marquantes, tels Gide, Valéry, Paul Fort, Debussy ?
Qui se souvient que c'est à Louÿs que l'on doit les recherches qui le mèneront à la très scandaleuse (et si moderne !) conviction qu'il y a dans certaines pièces de Molière plus de Corneille que de Poquelin ...

Le tombeau d'une amitié, Gide et Louÿs, se lit, se dévore comme un roman.

Finalement pour partir à la découverte de ce livre, peu importe qu'on ait lu l'un ou l'autre, l'un et l'autre, qu'on aime Gide et pas Louÿs, qu'on défende Louÿs au détriment de Gide.
Luc Dellisse nous embarque dans une formidable aventure, et le plaisir de la lecture est là, aux détours de paragraphes courts et percutants, au coeur d'une période littéraire flamboyante, celle d'avant 1914.
Le livre une fois refermé, on n'a qu'une envie, c'est de lire - ou relire- ces deux écrivains, et de se forger sur eux sa propre opinion ... ou pourquoi pas même ... d'en changer !
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En plus ou moins 90 pages, l'auteur de cet essai tente de nous relater l'histoire de "l'amitié" (de la naissance à la chute) entre deux "monstres sacrés" de la littérature française : André Gide et Pierre Louÿs.
Une époque ressurgit, riche de créations littéraires et parmi elle, deux hommes aux caractères et tempéraments opposés qui se trouvèrent en leur début, se perdirent et se détestèrent ensuite dans la pure tradition soit du mépris soit du dédain.
Sept ans d'échanges dont ils ne sortent glorieux ni l'un ni l'autre.
On ressent le parti pris de l'auteur qui, dès le départ, prend position pour Pierre Louÿs.
Gide ne trouve grâce à ses yeux que rarement, chaque point positif étant contrebalancé par une pique le minimisant alors que Louÿs semble toujours excusé.
Les spécialistes apprécieront...
La lecture est passionnante dans le sens de la surprise et des interrogations qu'elle suscite.
"La seule vraie réussite dans la vie de Louÿs à partir de 1902 est la perfection dans le désastre".
Luc Delisse a beaucoup de respect pour l'homme et l'auteur à réhabiliter au-delà des lieux communs qui gravitent autour de lui. Une biographie devrait voir le jour prochainement.
Quant à Gide, non seulement si "les bibliothèques universitaires et les centres de recherche américains" continuent à l'étudier, ses livres fleurissent toujours dans les librairies.
Les aficionados et les simples lecteurs y trouveront encore et toujours plaisir.
Le livre se serait grandi en relatant simplement les faits, sans prise de position aussi évidente.
Le lecteur est à même de comprendre et de tirer les conclusions qui s'imposent.

Merci à Babelio pour m'avoir permis cette lecture ainsi qu'aux Editions Les Impressions Nouvelles.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La littérature existe pour transformer l'échec en lumière, mais cette lumière, à son tour, ne peut éclairer que l'échec. Ainsi la littérature est l'histoire de la destruction des hommes par leurs rêves.
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Face à lui, Gide, empêtré dans les lubies, ses spéciosités et ses arabesques comme dans la cape dont il aimait s'envelopper, retrouve sa vraie dimension : un écrivain de troisième ordre - presque plus rien.
Le moins qu'on puisse dire est que cette supériorité de Louÿs est loin d'être admise communément. C'est le contraire qui a lieu.
Gide est une institution, Louÿs est outsider. A Gide, la reconnaissance de la Pléïade et l'Académie suédoise, à Louÿs l'enfer des bibliothèques. A Gide, les études savantes et l'examen attentif des méandres de sa pensée et de son parcours ; à Louÿs les rééditions bâclées, l'oubli de sa dimension poétique, les à-peu-près biographiques(...).
(extrait non pas du livre de Luc Dellisse qui n'est pas encore paru à l'heure où je le cite, mais de son commentaire sur la genèse de son étude à paraître).
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Au sortir du lycée, Louÿs, Parisien de longue date, débrouillard, bien informé, entreprend de guider Gide dans le monde obscur des lettres. Il suit l'écriture de ses premiers textes, lui ouvre les pages de revues importantes. Il lui trouve son premier éditeur et il corrige même les épreuves de son premier livre. Fait significatif, c'est lui qui, le 10 février 1891, introduit pour la première fois Gide chez Mallarmé. Pour Gide, il a été Orphée : ensemble ils ont franchi le Styx.
Sans contexte, Gide doit à Louÿs son entrée en douceur dans la carrière littéraire : mais il est vrai aussi qu'il a payé ce soutien par les turbulences d'une relation conflictuelle.
Les services que lui rend comme à tant d'autres Louÿs ne sont pas toujours faciles à supporter. Le mélange de conseils précieux, de pistes utiles, de reproches fréquents, de taquineries, de leçons de choses et d'affirmations péremptoires, devait être très déstabilisant : et particulièrement pour une âme aussi farouche que celle de Gide.
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Videos de Luc Dellisse (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Luc Dellisse
Le Tombeau d'une amitié. André Gide et Pierre Louÿs - Luc Dellisse .Présentation de Luc Dellisse à propos de son essai littéraire "Le Tombeau d'une amitié. André Gide et Pierre Louÿs", publié aux Impressions Nouvelles en octobre 2013 http://www.lesimpressionsnouvelles.com/catalogue/le-tombeau-dune-amitie-andre-gide-et-pierre-louys/ réalisée le 6 novembre 2013 aux Impressions Nouvelles
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