Mardi 29 octobre 2013,
Luc Dellisse présentera son nouveau livre le Tombeau d'une Amitié,
André Gide et Pierre Louÿs à la Délégation générale Wallonie-Bruxelles à Paris, à 18 h 30.
274 Boulevard
Saint Germain 75007 Paris.
Réserver obligatoirement au 01 53 85 05 11
Les vrais admirateurs de Louÿs apprécieront à sa juste valeur cette étude de
Luc Dellisse puisque, pour la première fois, nous dépassons enfin les incontournables curiosa de l'écrivain !
Comme le dit lui-même
Luc Dellisse, "le chemin sera long pour rendre à Pierre une place plus juste et pour mieux établir par où il excelle, et par quoi il est remarquable".
Luc Dellisse débute ainsi son ouvrage "Le Tombeau d'une Amitié" :
"Mon existence se rattache à une seule passion : la littérature. Je n'ai pas eu d'autre aventure que celle-là. Je n'ai jamais agi, aimé, vécu que dans la poursuite d'une phrase sans fin. Sans elle, le temps me semble arrêté."
D'entrée de jeu, les règles sont clairement posées : ce sera
Gide, Louÿs ET Delisse. Donc un essai ... donc, par essence, un écrit subjectif. Si
Luc Dellisse avait voulu nous offrir un condensé objectif de l'amitié
Gide / Louÿs, il l'aurait fait "à la manière de" Wikipédia, lisse et sans âme.
Au fait, Wikipédia : "contrairement à l'étude, l'essai peut être polémique ou partisan. L'essai est une oeuvre de réflexion portant sur un sujet précis et exposé de manière personnelle, voire subjective, par l'auteur".
Mais pourquoi Louÿs, pourquoi
Gide ?
Désir de
Luc Dellisse de se couler dans la vie d'un écrivain qui aura "joué la partie toute entière - sa vie - dans l'espace imaginaire de l'écriture (...). En suivant sa trajectoire, on comprend mieux ce que c'est qu'une vie d'écrivain. le flamboiement de l'écriture n'est que l'envers du noir universel. La littérature existe pour transformer l'échec en lumière, mais cette lumière, à son tour, ne peut éclairer que l'échec."
Ce sera donc Louÿs, qui aura vu sa vie se défaire au feu de l'écriture.
Et ce sera
Gide aussi, puisque étonnamment son ami tout autant que son contraire "presque idéal" ... : paradoxe bien littéraire.
A partir de ce choix, tenter de cerner en les confrontant et les renvoyant dos-à-dos, deux personnalités hors-du-commun.
Gide fut-il vraiment cet agitateur d'idées, cet humaniste découvreur de talents que l'on salue aujourd'hui ? Mallarmé, Hérédia, Gourmont, Régnier,
Léautaud, Valéry, ses contemporains, n'en semblaient pas convaincus. "La différence de classe entre une Colette et un
Gide, c'est la différence de classe entre un
Saint-Simon et
Anatole France", notera
Montherlant dans ses Carnets (
Carnets 1930 - 1944 Gallimard page 166).
Louÿs ne fut-il vraiment que cet écrivain éparpillé dont les éditions actuelles nous renvoient l'image ; ce brillant producteur de textes hétéroclites où se côtoient "chefs d'oeuvre littéraires et fonds de tiroirs" ? Ne fut-il que le simple ami de figures considérées aujourd'hui comme plus marquantes, tels
Gide, Valéry,
Paul Fort, Debussy ?
Qui se souvient que c'est à Louÿs que l'on doit les recherches qui le mèneront à la très scandaleuse (et si moderne !) conviction qu'il y a dans certaines pièces de
Molière plus de
Corneille que de Poquelin ...
Le tombeau d'une amitié,
Gide et Louÿs, se lit, se dévore comme un roman.
Finalement pour partir à la découverte de ce livre, peu importe qu'on ait lu l'un ou l'autre, l'un et l'autre, qu'on aime
Gide et pas Louÿs, qu'on défende Louÿs au détriment de
Gide.
Luc Dellisse nous embarque dans une formidable aventure, et le plaisir de la lecture est là, aux détours de paragraphes courts et percutants, au coeur d'une période littéraire flamboyante, celle d'avant 1914.
Le livre une fois refermé, on n'a qu'une envie, c'est de lire - ou relire- ces deux écrivains, et de se forger sur eux sa propre opinion ... ou pourquoi pas même ... d'en changer !