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Les Mohicans de Paris tome 1 sur 7

Claude Schopp (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070751914
1425 pages
Gallimard (26/05/1998)
4.22/5   37 notes
Résumé :
Avec Les Mohicans de Paris, Dumas écrit, de 1854 à 1859, dans Les trois Mousquetaires puis dans Le comte de Monte-Cristo, son plus long feuilleton.
Il y met en scène sa comédie humaine, dans le Paris de ses vingt ans, celui de la génération romantique et de la Restauration. Les " Mohicans ", ce sont tous les déshérités de la fortune qui tentent de conquérir liberté, gloire, bonheur dans les marges d'une ville tout entière vouée à l'ambition du pouvoir et de l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
J'ai passé l'été avec les Mohicans de Paris les doigts de pieds en éventail, comme Alexandre le bienheureux, à tourner les pages et chasser les mouches dans mon hamac. Et j'ai été pris dans la toile d'araignée de ce feuilleton romanesque de 2800 pages signées de la plume du mousquetaire des lettres, Alexandre Dumas.
Son roman débute à la veille de la révolution de 1830, à la fin du carnaval de Paris. En tête, Salvator le commissionnaire de la rue des Fers entouré de ses amis, Pétrus le peintre, Jean Robert le poète et Ludovic le médecin. de beaux gars à la tête bien faite qui vont se prendre la tête dans un bistrot avec des Mohicans de Paris, des durs-à-cuir comme Jean Taureau, Sac à plâtre et La Gibelotte, le tueur à chat...
On rentre vite dans l'action, tous pour un, un pour tous ! ça va chauffer Marcel ! Mais une fois la bagarre terminée, Dumas s'attaque au gratin...du roi. Il traque ceux qui se cachent sous de fausses apparences dans ce Paris qu'il connaît si bien... Des intrigants, des manipulateurs, des faussaires, des séducteurs, des conspirateurs, des politiciens véreux et un chef de la sûreté, le dénommé Jackal qui ressemble à s'y méprendre à Vidocq. Tout n'est pas noir, il se noue des histoires d'amour compliquées avec la belle Rose de Noël, Mina etc... Bien sur, il y a des longueurs, on sue comme Eugène, l'histoire éclatée est vite compensée par tous les personnages que Dumas s'amuse à démasquer et les nombreux rebondissements. Si, si vous pouvez tous le lire, il y en a pour tous les goûts : de l'action pour les sportifs, de l'Histoire pour les savants, de l'eau de rose pour les romantiques et du polar pour les amateurs avec Salvator qui aime jouer les détectives. Bref, vous l'avez compris, j'ai adoré être bercé dans mon hamac par les Mohicans de Dumas. L'été prochain, j'attaque les Mystères de Paris.
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Un des rares romans de Dumas que je n'avais pas lu dans ce moment de la vie où Dumas nous enchante.
Quel feu d'artifice ! Quels feux d'artifice ! Jets d'eau multicolores, feux de Bengale, lance-flammes, cascades, fontaines, le lecteur ébahi s'époumone « Oh la belle bleue, la belle verte, la belle rouge ! ». Au moment où il croit percevoir le bouquet final ce diable de Dumas enchaîne…
Oublié Edmond Dantès, D Artagnan, les compagnons de Jéhu et tous les autres. Les Mohicans de Paris c'est Zola speedé à l'ecstasy, Balzac tirant des lignes de coke dans ses toilettes à l'abri des regards. Des orphelines qui renvoie Cosette et Jean Valjean ad patres, des misérables plus misérables que ceux du grand Victor, des scenarios et des rebondissements qui renvoient dans leurs 22 mètres les scénaristes besogneux de séries TV qu'on veut nous vendre comme du neuf alors que tout au plus c'est du réchauffé, du resucé, du pompé.
Une coupe sagittale dans la société française du XIXème « (…) nous ferons halte ensemble au commencement de l'an de grâce 1827 et nous dirons aux générations qui datent de cette époque ce qu'était le Paris physique et moral des dernières années de la restauration. »
Le souvenir de Napoléon est encore vivace, la monarchie restaurée s'essouffle et nombreux sont ceux qui veulent profiter de cette période trouble pour revenir sur le devant de la scène.
Dumas plante le décor géographique du Paris entre 1827 et 1854 décrivant par le menu les travaux réalisés sur la rive gauche et la rive droite. C'est une lecture qui demande de l'attention, chaque détail compte et l'on verra dans le feu de l'action les personnages déambuler avec la rapidité de l'époque, marche à pied ou fiacre dans des quartiers en devenir ou de la campagne encore proche de Paris.
« (…) des rues de Milan, de Madrid, Vhaptal, Boursault, de Laval, de Londres, d'Amsterdam de Constantinople, de Berlin, etc. – il n'en était point encore question. »
La géographie des lieux est le premier personnage de ce roman haletant.
« Charles X régnait deux ans ; (…) Charles X était bon » son ministre M de Villèle, président du conseil « était moins un homme politique qu'un homme de bourse (…) »
Les gouvernants et leurs bras armés, la police et la justice sont les deuxième et troisième personnages du roman.
« La bourgeoisie était ce qu'elle est de tout temps : amie de l'ordre, protectrice de la paix ; elle désirait un changement et tremblait que ce changement n'eût lieu (…) »
Trois amis, Jean-Robert un poète, Ludovic un médecin et Pétrus un peintre se rencontrent par hasard le soir du mardi gras 1872 et décident d'aller dîner chez Bordier « un ignoble bouge où (ils boiront de l'infusion de bois de campêche, sous prétexte de vin de Bordeaux, et où nous mangerons du chat, en place de lapin de garenne. »
Ces trois amis sont en rupture de ban avec la bourgeoisie, la noblesse, la police et le pouvoir. Dumas utilise l'artifice de ces trois personnages qui vont au fil de l'histoire faire fonction de révélateur des turpitudes de la société.
Ils ignorent encore et le lecteur avec qu'ils vont rencontrer chez Bordier les personnages qui vont accompagner l'histoire. Salvator, le commissionnaire de la rue des Fers, un personnage capable d'imposer son autorité aux plus retors sans que l'on ne sache pourquoi ; même à Jean Taureau qui « tue un boeuf d'un coup de poing », « Sac-à-plâtre », « Toussaint Louverture le charbonnier », « le père La Gibelotte » qui approvisionnait en « lapins de gouttière » « tous les cabarets de la Halle », « Croc-en-jambe, le chiffonnier ».
Le narrateur prend son temps pour décrire chaque personnage et requiert la plus grande attention du lecteur sachant que tous joueront un rôle dans le récit qui est à peine esquissé au bout de 100 pages.
Amours contrariés, trahisons, lâchetés, mensonges d'état, telles sont les embûches que nos trois amis rencontreront sur leur chemin.
Chemin qui empruntera des tours et des détours, des raccourcis et des routes à péage ; permettra de croiser de nouveaux personnages dont les liens passés finiront par resurgir au fil de l'histoire.
Une bien belle histoire dont la morale pourrait aussi bien s'appliquer au temps présent.
Il ne vous reste qu'à lire Les Mohicans de Paris.
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« Poète, les romans c'est la société qui les fait ! » dit l'aventurier Salvator à l'écrivain Jean-Robert par une belle nuit de Carnaval de 1820. Il aurait pu tout aussi bien dire « C'est Paris qui les fait ». Car Paris est une fourmilière. Paris grouille de gens, de vie, de lumière et surtout d'histoires. Imaginez-vous déité omnipotente et soulevez les toits de la capitale pour voir ce qui se cache en dessous et c'est toute une nuée de tragédies, de comédies et de romances qui vous sautera au visage. Humez à plein nez et vous sentirez les odeurs de stupre, de suif, de parfum et de sang monter à vos narines. Tendez l'oreille et vous entendrez les amoureux soupirer dans la pénombre, les assassins aiguiser leurs couteaux et les conspirateurs gagner à pas de loup leurs rendez-vous secrets. Et pour vous guider dans ses « Mille et une nuits » parisiennes, quel meilleur guide désirer que le mystérieux Salvator, l'ange-gardien de la plèbe parisienne et omniscient protecteur des petits gens ? Salvator sait tout, Salvator est partout, Salvator est capable de tout. « Mais qui est donc ce fameux Salvator ? » me demanderez-vous. Parbleu, vous l'ignorez ? Mais c'est le commissionnaire de la rue au Fer, pardi !

Avec ses « Mohicans de Paris », Dumas a sans aucun doute voulu faire concurrence aux célèbres « Mystères de Paris » d'Eugène Sue : presque 3000 pages de mystères, d'intrigues, d'histoires d'amour soigneusement emberlificotés. le résultat final est si monumental que j'ai longuement hésité à m'y attaquer. Trop de rebondissements, trop de personnages, trop de tout… Au premier regard, il y a de quoi faire reculer le lecteur le moins timide. Mais enfin, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai fini par en arriver à bout. Qu'en dire ? Déjà que c'est un fameux bordel ! Mais un bordel génial, un bordel fourmillant de personnages attachants ou détestables, d'idées brillantes et de coups de théâtre éclatants – de digressions aussi, mais que serait un roman de Dumas sans ses quelques digressions pour assommer un brin le lecteur entre deux chapitres ? Un bordel donc tout à fait digne d'intérêt dans lequel c'est un pur plaisir de s'immerger et de patauger joyeusement en passant par toutes les gammes d'émotions possibles : rire, pleurs, frissons, mais rire surtout car si la Muse de Dumas oscille souvent du drame à la farce, elle est dans « Les Mohicans de Paris » d'excellente humeur.

Surtout que l'on y patauge en très agréable compagnie ! Passons sur le cortège habituel de jeunes premiers et de damoiselles en détresse dont Dumas ne semble pas vouloir se débarrasser (Oh, Pétrus, Ludovic, comme vous m'avez fait bailler…) et intéressons-nous tout de suite au haut du panier. Quel plaisir d'arpenter les bouges de la capitale en compagnie de l'ingénieux Gibassier, ancien bagnard et escroc de génie ! Quel délice de descendre à la corde dans des puits aux côtés de Monsieur Jackal, le calculateur et brillant chef de la police au nez toujours bourré de tabac ! Quel frisson d'arpenter les catacombes et de creuser des tombes en plein milieu de la nuit auprès du spirituel Salvator ! Et c'est sans compter toutes leurs cohortes d'assistants et d'amis, tous plus amusants les uns que les autres : le brave mais benêt Jean Taureau, la féroce Madame Titine, le chien Roland, la Brocante et bien d‘autres… Je me suis amusée comme une petite folle auprès de tous ces braves gens et c'est avec un pincement au coeur que j'ai dû finalement les quitter.

Bordéliques, intelligents, joyeux, ambitieux, bourrés de vie et d'humour, sans queue ni tête, souvent passionnants, parfois laborieux, « Les Mohicans de Paris » réunissent ce que Dumas sait faire de mieux et – de temps en temps – de pire. Je n'ai pas regretté le voyage. A vous de rassembler assez de courage pour commencer le vôtre !
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Quasiment 4 mois pour lire Les Mohicans dans son intégralité, mais ça les valait! Des milliers de pages, des rebondissements à la pelle, des méchants très très méchants (Rappt! Y a t il un personnage plus horrible que le comte Rappt!), des jeunes premiers très purs, j'ai failli écrire très benêts, des intrigues qui se croisent et s'entrecroisent, et tout autour, le Paris de Charles X qui s'agite, des quartiers les plus huppés jusqu'aux tréfonds des catacombes. Car sous ce règne du dernier des rois de France, le royaume est loin d'être apaisé. Napoléon Ier est mort, mais ses fidèles s'agitent encore, et rêvent à l'Aiglon, là-bas, à Vienne, les Républicains complotent, et Louis-Philippe attend son heure, bien sûr que le trône de la branche aînée n'en demandera pas beaucoup pour lui arriver...
L'intrigue, comme souvent chez Dumas, se divise entre la petite et la grande histoire: les chapitres s'enchaînent où on voit successivement les complots des derniers fidèles de l'empereur déchu, et les drames personnels d'une galerie de jeunes galants et de leurs bien-aimées.
Car ceux-ci vont par duo, forcément, et avouons-le, certains de ses messieurs sont quelques peu rasoirs. Lors des premiers chapitres consacrés à Justin, j'ai failli quelques fois abandonner les Mohicans. La vertu sans élan peut se révéler bien barbante!
Salvator, car il faut bien parler de Salvator, Salvator a bien plus de mordant. Mais d'abord, qui est Salvator? Et bien c'est le mystérieux commissionnaire de la rue aux Fers, il sait tout, ou presque, voit tout ou plutôt est très doué pour tirer les vers du nez, va partout sous des identités plus ou moins réelles, et il a bien évidemment un passé mystérieux, tout autant que sa maîtresse, la ravissante Fragola, et même son chien, Roland/Brésil! Pas de destin classique et sans zone d'ombres dans le passé dans la maisonnée! Salvator va venir en aide à la nuée de jeunes amoureux, de son mieux. Il arrive parfois à temps, parfois trop tard, mais c'est qu'il a fort à faire, puisqu'il s'occupe plus ou moins en même temps de tenter de renverser la monarchie, et éclaircit des meurtres dans son temps libre.
Je dois dire que moins que les jeunes gens charmant et rasoirs, j'ai aimé certains seconds couteaux, la collection de filous sous les ordres de Monsieur Jackal, par exemple. Ah! Monsieur Jackal, il est bien fascinant celui-ci. Chef d'une certaine police, organisé, intelligent, un chouïa misogyne car on est chez Dumas, on l'aime malgré nous, car pour servir l'état, il est prêt à de bien vilaines choses, tout en ayant aucune espèce de bandeau sur les yeux vis à vis des hommes ou des moyens qu'il emploie.
Un autre personnage encore plus secondaire mais qui a su me marquer est Monsieur de Marande. Un personnage de banquier cocu, qui aurait cru! Mais quel personnage, sacrebleu, quel homme! Et quel duel!
Et par dessus ces méchants, ces gentils, ces duels et ces suicides, il y a le spectre de la révolte, des luttes de pouvoir auprès du roi, des émeutes, des disparitions mystérieuses, des captations d'héritage, un passage secret, une confession sur un lit de mort, plusieurs assassinats, on rencontre le pape, Chateaubriand, le roi, les ministres, le roi de Rome, et j'en passe!
Cela part dans tous les sens et cela peut se montrer jouissif, mais cela tire parfois à la ligne, surtout les dialogues, on voit bien que Dumas publiait cela en feuilleton, mais franchement, une fois tombé dans le récit, vous serez bien content d'avoir bravé cet Everest littéraire.


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Le titre bien évidemment fait penser à la fois aux « Mystères de Paris » d'Eugène Sue (1842-1843) et au « Dernier des Mohicans » de Fenimore Cooper (1826). Et ce n'est pas tout à fait un hasard : ce roman-fleuve (le plus long de l'auteur des « Mousquetaires ») emprunte beaucoup au premier, et un peu au second.
Dans la mesure où nous sommes en plein « roman-feuilleton », il ne faut guère s'en étonner. Eugène Sue, un des pionniers du genre, avait posé les bases, la plupart des grands auteurs de l'époque l'avait suivi, de Victor Hugo et George Sand (pour les plus connus) à Paul Féval, Amédée Achard et Frédéric Soulié (pour les méconnus) et bien d'autres (pour les inconnus). Alexandre Dumas, tout naturellement, s'inséra dans ce créneau. Spécialisé dans le roman historique, il lui manquait de tenter sa chance dans le roman social, à la façon d'Eugène SueLes Mystères de Paris », « le Juif errant ») ou Paul Féval (« Les Habits noirs »).
« Les Mohicans de Paris » constituent donc, à plus de dix ans de distance, une réponse, ou en tous cas un écho, aux « Mystères de Paris »
A Fenimore Cooper il emprunte le nom et le concept de « Mohicans ». Ce terme peut correspondre à plusieurs acceptions : on peut y voir une catégorie d'humains persécutés par le pouvoir en place, ou bien des ennemis de la société (ancêtres de nos « apaches »), ou bien simplement des marginaux, ou carrément des révolutionnaires partisans d'un nouveau régime…
L'emprunt à Eugène Sue est beaucoup plus conséquent : le héros est un noble, en difficulté avec sa famille, qui se cache en homme du peuple. Beaucoup de personnages des « Mystères » se retrouvent sous d'autres identités dans les « Mohicans », et bien des éléments d'intrigue sont communs aux deux ouvrages.
Mais il serait extrêmement restrictif, de commenter les « Mohicans » uniquement par rapport aux « Mystères ». Dumas a écrit un roman historique, politique, social, éminemment romantique, et très nettement autobiographique : ce feuilleton paraît dans la presse juste après les « Mémoires » de Dumas, et s'il n'en constitue pas la suite, il complète parfaitement les éléments autobiographiques déjà fournis par l'auteur : s'il ne se met pas directement en scène, il est transparent dans le rôle de Jean-Robert, l'écrivain, et même de Salvator, le commissionnaire. Dumas dresse un tableau très plausible du romantisme en 1827, et applique dans son roman tous les éléments du romantisme littéraire, tant dans le roman noir, le roman sentimental, le roman policier, le roman de meurs, que, nous l'avons vu, le roman historique.
C'est donc un roman total que propose ici Alexandre Dumas : moins linéaire que Monte-Cristo mais plus fourmillant (plus de six intrigues simultanées !), « Les Mohicans de Paris » proposent au lecteur une plongée totale dans le Paris de 1827 : on y côtoie toutes les couches sociales, tous les types humains, toutes les couleurs politiques ; on retrouve avec un plaisir non dissimulé le style jovial et enjoué des Mousquetaires (d'ailleurs le quatuor formé par les principaux personnages Salvator, Jean -Robert, Ludovic et Pétrus n'est pas sans nous le rappeler) ; enfin on prend ici une leçon de romantisme « par l'exemple ». Pour qui veut comprendre cette période, ce roman est aussi important que « La Confession d'un enfant du siècle » De Musset ou les oeuvres majeures de Hugo, Vigny et Nerval.
Un roman pas très connu, pas très facile à trouver, mais qui ne doit pas vous rebuter par sa longueur ni par son volume : ça se lit comme du… Alexandre Dumas !
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
- Mon ami, lui demanda M. Jackal, avez-vous travaillé hier au jardin ?
- Non, monsieur, c'était hier mardi gras, et, dans une maison aussi bien tenue que celle de madame Desmarets, on ne travaille pas les jours de fêtes.
- Bon ! Eh avant hier ?
- Oh ! C'était le lundi gras, et, le lundi gras, je me repose.
- Et le jour précédent ?
- Le jour précédent, monsieur, c'était le dimanche gras, plus grande fête encore que le mardi.
- Ainsi, vous n'avez pas travaillé depuis trois jours, n'est-ce pas ?
- Monsieur, dit gravement le jardinier, je n'ai pas envie d'être damné !
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Je m'ennuyais au bagne... Que voulez-vous ! je n'aime pas le bagne; je ne puis pas m'y faire, soit que la société qu'on y rencontre ne me convienne en aucune façon, soit que la vue de mes frères souffrants me remplisse de tristesse et de commisération; enfin, tant il y a que le séjour du bagne ne me sourit point. Je ne suis plus de la première jeunesse et les illusions, dont je me berçais naguère en songeant que j'habiterais Toulon, ce Chanaan des forçats, ces illusions se sont envolées. Je n'entre plus au bagne qu'avec fatigue, avec ennui, avec dégoût, comme un homme blasé; le bagne n'a plus rien de séduisant pour mon imagination. La première fois qu'on y va, c'est une maîtresse inconnue; la seconde fois, c'est votre légitime, c'est-à-dire une femme dont les charmes n'ont plus aucun secret pour vous, et que la satiété est tout près de vous faire prendre en exécration...
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M. Jackal connaissait tous les voleurs, tous les filous, tous les bohémiens de Paris ; forçats libérés, forçats en rupture de ban, voleurs exercés, voleurs apprentis, voleurs émérites, voleurs retirés, tout cela grouillait sous son vaste regard, dans le Pandémonium boueux de la vieille Lutèce, sans pouvoir, quelle que fût l'obscurité de la nuit, la profondeur des carrières, la multiplicité des tapis-francs, se dérober à sa vue ; il était ferré sur ses garnis, ses tripots, ses lupanars, ses souricières, comme Philidor sur les cases de son échiquier ; à la seule vue d'un contrevent éventré, d'un carreau cassé, d'un coup de couteau donné, il disait : « Oh ! oh ! je connais cela ! c'est la manière de travailler d'Untel. » Et rarement il se trompait.
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[…] le Parisien ressemble aux hommes mariés qui ne visitent que la femme des autres. Parlez de tous les pays à un Parisien : de l'Italie, de la Suisse, de l'Allemagne, de l'Europe entière ; mais ne lui parlez pas de Paris ; sur sa ville nature, il est d'une ignorance crasse. - Je puis le dire, je suis de Paris. - Il ne connaît dans sa ville que son quartier ; dans son quartier, que sa rue ; dans sa rue, que sa maison ; et dans sa maison, que son étage. Sortez-le de là, rien !… J'ai demeuré rue Saint-Jacques pendant sept ans, sur le même palier qu'un individu dont je n'ai su le nom qu'en lisant le Siècle, à l'article des décès.
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Le voisin est sans pitié, sans coeur, sans entrailles ; il entre chez vous par la porte, si vous laissez la porte ouverte ; par la fenêtre, si vous laissez la fenêtre ouverte ; par le trou de la serrure, si vous fermez la fenêtre. Il vous dérobe vos secrets avec la même effronterie que le plus fieffé voleur de nuit vous dérobe votre argent ; il y a, toutefois, entre les voisins et les voleurs, une différence toute à l'avantage du voleur : c'est que le voleur risque sa vie au moins, tandis que le voisin risque la vie des autres.
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CHAPITRES : 0:00 - Titre
R : 0:06 - RÉFLEXION - Jean Cocteau 0:14 - REMARIAGE - Armand Salacrou 0:28 - REMORDS - Pierre Reverdy 0:39 - REPOS - André Prévost 0:50 - RÉVOLUTION - Maurice Chapelan 1:06 - RICHESSE - Félicité de Lamennais 1:18 - RIDICULE - Jules Noriac 1:32 - RIRE - Jean de la Bruyère
S : 1:42 - S'AIMER - Henri Duvernois 1:52 - SAGESSE - Frédéric II 2:04 - SAVOIR-VIVRE - Saint-Évremond 2:15 - SCEPTICISME - Louis-Désiré Véron 2:24 - SE COMPRENDRE - Romain Coolus 2:34 - SE TAIRE - Comte de Voisenon 2:45 - SE TUER - Théophile Gautier 2:56 - SINGE - Jean-Baptiste Say 3:08 - SOLITUDE - Maurice Toesca 3:18 - SUICIDE - Alexandre Dumas fils
T : 3:29 - TEMPS - Jean Martet 3:41 - TÊTE - Yves Constantin 3:54 - TOMBE - Xavier Forneret 4:04 - TRAVAIL - Jules Renard 4:19 - TROMPERIE - Sainte-Beuve
V : 4:30 - VALEUR - Marivaux 4:40 - VÉRITÉ - Louise d'Épinay 4:51 - VERTU DES FEMMES - Ninon de Lenclos 4:59 - VIE - Louis Aragon 5:10 - VIE ET MORT - Rastignac 5:22 - VIEILLE FEMME - Charles de Talleyrand-Périgord
5:35 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Jean Cocteau : https://filmforum.org/film/jean-cocteaus-orphic-trilogy-testament-of-orpheus Armand Salacrou : https://lotincorp.biz/creation-affiches-publicitaires-etats-des-lieux-ville-douala-1/ Pierre Reverdy : https://lamediathequepatrimoine.files.wordpress.com/2022/09/p5-pr-jeune.jpg Maurice Chapelan : https://www.cambridgescholars.com/news/item/book-in-focus-the-poems-and-aphorisms-of-maurice-chapelan Félicité de Lamennais : https://en.muzeo.com/art-print/felicite-robert-de-lamennais-ecrivain/ary-scheffer Jules Noriac : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Noriac#/media/Fichier:Jules_Noriac_Nadar.jpg Jean de la Bruyère : https://www.ecured.cu/Jean_de_La_Bruyére#/media/File:Bruyere.jpg Henri Duvernois : https://www.delcampe.net/en_GB/collectables/programs/theatre-des-nouveautes-paris-la-guitare-et-le-jazz-de-henri-duvernois-et-robert-dieudonne-1928-1929-1034826850.html Frédéric II : https://www.calendarz.com/fr/on-this-day/november/18/frederick-ii-of-prussia Saint-Évremond : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Saint-Évremond#/media/Fichier:Charles_de_Marquetel_de_Saint-Evremond_by_Jacques_Parmentier.jpg Louis-Désiré Véron : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Désiré_Véron#/media/Fichier:Louis_Véron_-_engraving_-_Mirecourt_1855-_Google_Books.jpg Romain Coolus : https://picclick.fr/Portrait-Romain-Coolus-René-Max-Weill-Scénariste-Cinéma-225296515824.html#&gid=1&pid=1 Comte de Voisenon : https://www.abebooks.fr/art-affiches/Claude-Henry-Fusée-Voisenon
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