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EAN : 9782070403127
227 pages
Gallimard (05/09/1997)
3.74/5   100 notes
Résumé :
Les vrais enfants sont ceux qui ont passé leur enfance dans les arbres à dénicher des nids, et perdu leur vie. Les mères, en effet, préfèrent aux autres ces éternels enfants là. Et l'amour qu'elles leur portent, non seulement survit, mais s'enfle de leur vieillesse, de la déchéance de leur raison, de la magnificence toujours plus grande de leur immoralité. Tel est le sujet des journées entières dans les arbres...
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La pièce aurait été écrite à la demande expresse de Jean-Louis Barrault, qui aurait demandé à l'auteur d'adapter sa nouvelle portant le même titre. le même récit sera adapté par l'auteur elle-même en film sorti en 1977 : cela montre à quel point cette situation et ces personnages étaient signifiants pour Marguerite Duras. La pièce est créée en 1965 au Théâtre de l'Odéon avec Madeleine Renaud dans le rôle de la mère.

La mère (jamais nommée autrement) une femme âgée, vivant dans une ancienne colonie jamais précisée, vient en métropole pour rendre visite à son fils, Jacques. le fils le plus aimé parmi tous ces enfants. Celui qui ne voulait pas aller à l'école, et préférait passer des journées entières dans les arbres. Qui vivote en parasite, et qui flambe tout l'argent qu'il peut avoir sur les tables de jeux. Il a déjà ruiné une fois sa mère, elle est quand même prête à lui donner de l'argent. Un étrange duo d'amour, cannibale et destructeur s'engage, sous les yeux de Marcelle la maîtresse de Jacques, qu'il chasse régulièrement et qu'il méprise.

Cette figure de mère, possessive, aimante à sa façon étrange, et cette figure du fils, faible et auto-destructeur, charmeur et nocif, sont régulièrement présentes dans les oeuvres de Duras. L'amour mère-fils est encore une fois l'archétype de l'amour, le seul vrai, les autres n'en étant qu'une pâle copie sans grand importance au fond. En dehors de cette relation, tout le reste n'est qu'une manière de passer le temps.

Une vraie force dramatique se dégage du texte, les personnages sont puissamment caractérisés, à mon sens une grande réussite de Duras. Il faut des sacrés acteurs pour porter cette pièce sans en être écrasé, elle ne permet pas la fadeur et la tiédeur.
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Une mère revient vers son fils après 5 ans sans le voir. elle a vieilli, elle est riche, très riche, enfin, après des années de misère à élever seule ses six enfants. C'est le moins doué, celui qui ne peut pas, ne veut pas travailler, celui qui est resté pauvre, seul, et un peu misérable qu'elle vient retrouver. les autres... ceux qui ont réussi, trop lisses, ils ne l'intéressent plus.
Le fils héberge plus ou moins Marcelle, une jeune orpheline fascinée par cette mère. Etrange trio plutôt triste qui passera 24 heures ensemble, chacun enfermé dans sa solitude, à s'expliquer, à ne pas s'excuser d'être ce qu'ils sont.
Cette nouvelle était forcément destinée au théâtre, c'est évident.

Trois autres nouvelles accompagnent celle-ci, dont deux très éloignées du style si reconnaissable de Marguerite Duras, et que j'ai trouvées du coup beaucoup moins captivantes (je ne m'attendais pas à leur présence).
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Tous les textes de Marguerite Duras sont importants pour moi mais je dois dire qu'il est parfois difficile de s'y retrouver, entre les différentes versions et adaptations pour le théâtre et le cinéma.
Ce recueil intitulé "Des Journées entières dans les arbres" contient 4 nouvelles dont la première, homonyme, est connue sous sa forme de pièce de théâtre notamment parce qu'elle a été mise en scène par Duras elle-même et jouée par Madeleine Renaud.
Mais ici, il s'agit de la nouvelle ou plutôt du texte (comme aimait le dire Duras) d'origine.
J'ai déjà eu l'occasion de commenter cette histoire, celle d'une mère qui retrouve son fils après plusieurs années de séparation.
Ce qui m'a attiré dans ce recueil, c'est le texte intitulé « Madame Dodin » qui est beaucoup moins connu, même si j'ai aussi aimé « le boa » et « Les chantiers ».
Mais cette Madame Dodin, j'y suis attachée car j'ai vu une adaptation loufoque et drôle de la jeune compagnie Lophophore aux 22ème rencontres de Marguerite Duras à Trouville où je suis allée spécialement ce mois-ci.
Madame Dodin, c'est la concierge de Duras avec qui elle discutait souvent car elle adorait les gens simples, les « petites gens » comme on dit.
Chaque matin, Madame Dodin sort les poubelles du 5 de la rue Sainte-Eulalie à Paris. Elle déteste ça car c'est lourd et ça sent mauvais (surtout à l'époque où il n'y avait pas de conteneurs fermés). Et elle le rend bien aux habitants de l'immeuble. En bonne sexagénaire autoritaire, elle tyrannise ses locataires à grands coups de beuglements qui hantent les échos de la cour d'immeuble. Mais heureusement, il y a Gaston le balayeur du quartier dont elle est un peu amoureuse.
Ce qui semble être l'éloge de l'ordinaire, des problèmes de poubelles et de balayage, dérive sur des rêveries illusoires, une romance impossible et le déterminisme social. Car c'est l'étude sociologique qui fait la force de ce texte à l'humour cinglant, sorte de résumé drôle de la lutte des classes, réduite à une opposition permanente entre la concierge et les habitants de l'immeuble bourgeois où elle est employée. Excellent !

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Des journées entières dans les arbres

Mère dans sa chair, mère à vie ! Cette mère qui ne renie rien ! Un fils différent parmi ses enfants, lui donne même une raison d'être.
Aveuglée, exaltée par cet amour filial, elle s'engouffre dans cette démesure dévorante qui l'affranchit. "Le rêve"/ l'arbre où se réfugiait son fils", semble la porter vers une autre dimension, plus forte que la réalité. Un chemin de vie sans jugement, un échappatoire plus acceptable, quant à l'aliénation de son propre fils, en errance, dénué de tout sentiment amoureux et pris dans cet enfermement maternel à vie.
Par ce sujet, Marguerite Duras fait-elle référence à sa propre mère, possessive, envahissante... ?
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Le personnage central de trois des quatre nouvelles regroupées dans ce recueil est une femme âgée. Dans Des journées entières, une vieille femme rend visite à son fils qu'elle n'a pas vu depuis cinq ans. Dans le boa, la directrice septuagénaire d'une pension pour jeunes filles exerce une fascination morbide sur l'une d'entre elles. Madame Dodin est la concierge d'un immeuble parisien qui terrorise ses locataires. Dans Les chantiers, il y a également un personnage relativement âgé, mais il s'agit cette fois d'un homme, hypnotisé par une jeune inconnue croisée dans un hôtel.

La plupart de ces textes sont empreints d'une ambiance feutrée et mélancolique, ainsi que d'une certaine perversion. Madame Dodin se distingue par un style coloré et humoristique qui m'a rappelé l'univers d'Amélie Poulain.

J'ai beaucoup aimé ce recueil, souvent touchant, parfois amusant, qui montre bien l'étendue du talent narratif de l'autrice.

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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Parfois le locataire s'enhardit jusqu'à avancer :
- Je me demande ce qu'on peut bien faire d'un lange d'enfant quand on n'a pas d'enfant...
- Je me le demande aussi, dit Mme Dodin, mais si on essayait de tout comprendre, on n'aurait pas assez de sa vie.
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Il reste toujours quelque chose de l'enfance, toujours...
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C'était un spectacle qui me rendait songeuse, qui aurait pu me faire remonter, si j'avais été douée d'un esprit plus vif et plus nourri, d'une âme plus scrupuleuse, d'un cœur plus avenant et plus grand, jusqu'à la redécouverte d'un Dieu créateur et d'un partage absolu du monde entre les forces mauvaises et les bonnes puissances, toutes deux éternelles, et au conflit desquelles toute chose devait son origine; ou, à l'inverse, jusqu'à la révolte contre le discrédit dans lequel on tient le crime et contre le crédit que l'on confère à l'innocence.
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Ils avaient ceci de commun tous les trois, qu'ils étaient doué d'un grand appétit. Le fils et Marcelle parce qu'ils vivaient dans une demie famine constante. La mère parce que, jeune, elle avait eu des appétits de pouvoir et de puissance jamais satisfaits et qu'il lui restait cette démesure là, ce grand appétit vengeur de toute nourriture.
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Son avenir s'ouvrait sur une sorte de durée océanique. Il s'y présentait même délié de l'obligation d’espérer qui ne de défait d’ordinaire qu'au moment de la mort. Sans doute on n'a que faire d’espérer lorsqu'on a l'occasion de perdre sa vie dans la mort, ou dans un autre.
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