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EAN : 9782262028633
416 pages
Perrin (06/05/2008)
3.73/5   37 notes
Résumé :
Quatrième de couverture - A propos de Maximilien Robespierre, les historiens se sont opposés avec violence. Aujourd'hui pourtant l'accord s'est en partie fait : l'Incorruptible n'était pas un tigre assoiffé de sang. Mais si la place et le rôle de Robespierre dans la Révolution sont désormais éclairés par des travaux érudits, si les étapes principales de la carrière du jeune avocat d'Arras sont bien connues, il reste pourtant une zone opaque que les historiens spécia... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
On préférera, de loin, le portrait de Robespierre signé Max Gallo à la biographie qu'écrivit Laurent Dingli, et qui, elle, fut moins bien inspirée : Max Gallo voit justement de la solitude dans l'histoire, le parcours, la pensée et l'inspiration de cet homme, mais ne va pas plus loin, et, en cela, il a raison ; Laurent Dingli va jusqu'à ranger Maximilien de Robespierre parmi les plus dangereux des paranoïaques, du genre de ceux qui se trouvent tellement d'ennemis qu'ils font radicalement le ménage autour d'eux (et c'est là une erreur historique et une mauvaise analyse psychologique, car c'est excessif ; si Robespierre eut bien quelques tendances de cette nature, on ne peut le cataloguer dans les cas cliniques extrêmes comme l'a fait de manière excessive Laurent Dingli).
Le vrai problème de cet homme est celui de la sincérité, sans doute trahie à l'épreuve du pouvoir : il était un adversaire de la peine de mort, mais il y eut finalement recours, et souvent fort mal ; il n'aimait pas le tour que prit à un moment la Révolution lorsqu'elle devint belliqueuse au point de déclarer la guerre à plusieurs pays européens ("nul n'aime les missionnaires armés"), et pourtant il n'y mit pas fin, la soutint tout au contraire lorsqu'il entra au Comité de Salut Public.

Incorruptible, il était avant d'accéder au pouvoir, et incorruptible il resta lorsqu'il y parvint, reconnaissons-lui ce trait.

Mais c'est bien un homme solitaire, qui refuse de transiger sur certains points, ce qui est parfois à son honneur : la perception qu'il a de l'hypocrisie De La Fayette, de l'esprit intéressé et corrompu de Danton, de la dangerosité de vouloir éradiquer toute référence à un Absolu nommé Être Suprême (ce en quoi il s'opposait aux Voltairiens, bien trop radicaux sur cette question et qui voulaient évacuer Dieu au profit d'une "propriété privée inviolable et sacrée" inscrite parmi les droits listés dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen), et son désir de fixer au moins des prix maximums pour que tout un chacun puisse par exemple acheter son pain et pour empêcher les spéculateurs de faire des profits sur le dos du commun des mortels) attirent notre sympathie ; mais nous ne l'approuvons pas d'avoir envoyé tant de gens, plus ou moins innocents, plus ou moins coupables, à la guillotine.
Il tomba non parce qu'il était un tyran (ce qu'il était en partie, il est vrai, bien qu'il s'en défendît), il chuta surtout parce qu'il menaçait des intérêts.
Voulant demander des comptes à de vrais bouchers : Fouché (ce qui était s'en prendre à Collot d'Herbois) et à d'autres, qui avaient commis des crimes de masse (à Lyon, à Nantes et ailleurs), il vit ces gens-là manoeuvrer des députés de la Convention qui se crurent menacés par Robesbierre parce que Fouché avait fait circuler de fausses listes de futurs suspects sur lesquelles leurs noms apparaissaient, et cela au moment où l'Incorruptible commit l'erreur de dire publiquement que des têtes allaient tomber, mais sans préciser lesquelles.
Le "régime" de Robespierre fut renversé par une coalition d'assassins (qui ne valaient pas mieux que lui sous ce rapport), de fripons, de poltrons et de financiers qui eurent intérêt à mettre fin ensemble au règne de la Terreur pour "terminer la Révolution". Ce fut Thermidor.

Max Gallo a bien montré comment Robespierre fut un solitaire, même s'il eut des soutiens, il demeura le même, du début à la fin, de sa jeunesse à sa mort. Cela fait de lui un être singulier dans notre Histoire, parfois admiré, et parfois haï. le livre de Max Gallo nous donne de cet homme l'un des portraits les plus équilibrés.
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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Première biographie sur Maximilien Robespierre que j'ai lue.

Je m'intéresse à la période historique de la Révolution française, et je lis régulièrement les biographies des hommes et des femmes de cette époque.

Première biographie, réhabilitant cet homme politique, après les légendes noires thermidoriennes et le XIXe siècle qui l'a vilipendé.

J'ai aimé bien sûr, mais depuis j'ai approfondi mes connaissances, et cette solitude et ce statut d'orphelin décrits par Max Gallo sont maintenant complètement dépassés, grâce aux travaux de Hervé Leuwers et de Jean-Clément Martin.

Une lecture agréable, un style addictif, du grand Max Gallo !
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Marqué par le décès prématuré de ses parents, Robespierre (1758-1794, député du Tiers qui a participé à l'instauration d'un gouvernement révolutionnaire et de la Terreur) mènera de front tout au long de sa courte existence deux objectifs presque incompatibles : reconstituer un cocon familial — dont il n'a goûté que les prémices dans son enfance — et modifier le cours de l'histoire au péril de sa vie. Tourmenté et sensible (ce qui ne l'empêchera pas de participer à la Terreur), il a montré des qualités d'intellectuel plus porté à l'analyse qu'à l'action. Sa condition modeste et son ascension obtenue par le travail et un mode de vie ascétique le maintiendront proche du peuple. Son point faible aura été de toujours préférer les principes aux discours à l'action concrète. Il voulait que le peuple participe davantage à la vie politique et militait contre le suffrage censitaire qu'il souhaitait remplacer par un suffrage universel.
Robespierre est un personnage de l'histoire très controversé. Certains lui vouent une admiration sans bornes, d'autres le portent aux gémonies. Il est intéressant à cet égard d'écouter ce que dit l'historienne Cécile Obligi dans une interview de Gérard Miller pour l'émission « Toute l'histoire ».
« Plus aucun historien sérieux ne peut vous soutenir que Robespierre est un dictateur sanguinaire. Il y a une différence entre l'état de la recherche historique et la manière dont celle-ci est vulgarisée ». En d'autres termes, pour sauver leur tête, les ennemis de Maximilien Robespierre, lui auraient fait porter seul toute la responsabilité des excès du tribunal révolutionnaire.

À vous de vous faire une idée en lisant cette excellente biographie qui présente avec une certaine objectivité tous les aspects de la personnalité de Robespierre.

Bibliographie :

– « Robespierre histoire d'une solitude », Max Gallo, le livre de poche (1974), 378 pages.
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Une écriture alerte, un style éblouissant, C'est du Max gallo tout simplement... Robespierre fait partie de ses figures que l'on ne peut ignorer! Qu'on le déteste ou qu'on lui trouve des circonstances atténuante, il reste un homme intègre qui s'est battu pour servir son pays...Il a dévié...mais l'époque n'était que très peu portée aux compromis...Il reste l'incorruptible...ce qui, aujourd'hui n'est pas rien comme qualité dans la politique!
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L'histoire de la solitude de Robespierre par Max Gallo est vraiment très séduisante. Il décortique les arcanes du personnage pour en démontrer l'humanité, lui qui laisse surtout le souvenir de la Terreur. Ainsi, Max Gallo met en évidence les contradictions obligées du personnage suite au cours des événements. Il ne souhaitait pas la peine de mort et il a fait tomber le couperet de la guillotine à tout va. Il demeura incorruptible jusqu'au bout. Il refusa les préconisations de ceux qui voulaient anéantir toute référence à un Etre Suprême que lui-même n'écartait pas. Gallo parvient à faire comprendre à ses lecteurs la personnalité de ce solitaire, ses convictions et ses valeurs qu'il n'a pas réussi à faire passer avant la mort nécessaire de ses adversaires, mais quelle époque destructrice de ce qui faisait encore la richesse de la France! Une très bonne biographie du grand Max.
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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
« Quel est le but où nous tendons, dit-il ? La jouissance paisible de la liberté et de l’égalité ; le règne de cette justice éternelle dont les lois ont été gravées non sur le marbre ou sur la pierre mais dans le cœur de tous les hommes, même celui de l’esclave qui les oublie ou du tyran qui les nie. » Et c’est en quelques lignes un tableau de la vie future que brosse Robespierre, dans lequel l’ombre du présent s’oppose à la lumière de l’avenir, une vision idyllique qui est révélatrice de tout ce que Maximilien n’a pas aimé, ou de tout ce dont il a souffert. Qu’on l’écoute dresser la liste « des vertus et des miracles de la République face aux vices et à tous les ridicules de la monarchie. »
« Nous voulons, dit-il, substituer dans notre pays la morale à l’égoïsme, la probité à l’honneur, les principes aux usages, les devoirs aux bienséances, l’empire de la raison à la tyrannie de la mode, le mépris du vice au mépris du malheur, la fierté à l’insolence, la grandeur d’âme à la vanité, l’amour de la gloire à l’amour de l’argent, les bonnes gens à la bonne compagnie, le mérite à l’intrigue, le génie au bel esprit, la vérité à l’éclat, le charme du bonheur aux ennuis de la volupté, la grandeur de l’homme à la noblesse des grands, un peuple magnanime, puissant, heureux, à un peuple aimable, frivole et misérable. »
Il s’agit pour Maximilien, on le voit, de changer l’homme et ses rapports avec les hommes.
Projet - utopie pour certains – qui ne peut qu’être abstrait par nature. Mais en fait, dissimulée sous les formules, on découvre toute l’expérience humaine de Maximilien, sa seule expérience aussi. Il ne dénonce ni la misère, ni l’écrasement de l’homme par le travail, ni l’incapacité où l’homme se trouve de briser le cercle de fer des déterminations économiques. Le prodige du changement de l’homme sera réalisé par le passage au « gouvernement démocratique ou républicain ». La transformation politique conduit ainsi à une transformation « morale » et… vice versa.
« Car le principe fondamental du gouvernement démocratique ou populaire, c'est-à-dire le ressort essentiel qui le soutient et qui le fait mouvoir, c’est la vertu. »
Mais la contradiction n’est pas levée, car comment faire naître la vertu alors que le monde est encore corrompu et que le régime démocratique est à installer ?
Robespierre répond clairement : « Le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la Vertu et la Terreur : la Vertu sans laquelle la Terreur est funeste ; la Terreur sans laquelle la Vertu est impuissante. »
Ainsi le moyen concret pour faire naître le régime républicain – et la vertu – est-il le moins réel qui soit : car qu’est-ce donc que la Terreur sinon une abstraction qui tente de se réaliser par la négation – la destruction – du réel ?
(Extraits du Discours de Maximilien Robespierre du 17 pluviôse – 5 février – 1794)
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La tentation du mépris pour ces pauvres contemporains qui pataugent dans la fange de la vie quotidienne est constante et le refus de la compromission conduit parfois au refus du compromis, au « c’est à prendre ou à laisser » qui est la route des héroïques défaites, nobles et très souvent vaines.
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« Puissions-nous dérober aux regards de la postérité ces jours honteux de notre histoire où les représentants du peuple, égarés par de misérables intrigues, ont paru oublier les grandes destinées auxquelles ils étaient appelés. »
(Maximilien Robespierre – Discours du 5 novembre 1792)
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... Dumouriez et les Girondins ne voient dans l'attitude de Maximilien que la menace suspendue sur leur politique, s'ils se sont trompés, s'ils ont trompé.
Maximilien Robespierre sera le Témoin, le témoin qui propose une voie qu'ils ont refusée, le témoin qui a pris date. Tant qu'il existe, écouté, populaire, ils ne sont qu'en sursis.
Les adversaires de Maximilien devinent aussi qu'il ne croit pas aux erreurs "sincères". le soupçon de la corruption est toujours présent et l'Histoire, souvent, lui donnera raison, mais il est de ceux qui sont persuadés - réaction psychologique de défense qui grandit celui qui la formule - de la mauvaise foi d'autrui, des déterminations impures de leurs actes. Dans quelques mois il soupçonnera Brissot d'avoir proposé la royauté au duc de Brunswick.
C'est aussi la logique des temps de révolution que d'imposer de juger les hommes publics sur les conséquences objectives de leur politique. Psychologiquement, ce Robespierre soupçonneux est en accord avec l'époque et avec le peuple qui cherche partout le traître et qui le trouve souvent.
Il faut donc abattre Maximilien puisqu'on sait qu'il n'est pas homme à se laisser faire.
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Dire, envers et contre tout, tenter de convaincre, entraîner et orienter par la parole, voilà où Maximilien excelle.
Ses discours sont des actes mais ses actes souvent aussi se résument à des discours. C'est là le fruit de sa formation, de son métier, d'une pensée juridique portée à l'abstraction qui, même quand elle analyse avec précision les forces en présence, comme c'est le cas ici, laisse à d'autres la réalité de la rue ou des cortèges. On peut être un politique réaliste dans ses jugements et demeurer incapable de réaliser sa politique même si on sait en exprimer l'essentiel pour tenter d'emporter l'adhésion. Mais le risque est grand alors, si on convainc, de mettre en mouvement des hommes qui ne seront pas dirigés ou que d'autres conduiront à l'aventure. Il ne faut pas seulement, en politique, être une voix ou une raison, il faut aussi être une main qui guide, un corps qui entraîne. A cet égard, dès les 21 et 22 juin 1791, Robespierre se trouve dans une situation délicate.
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