Dans ce contexte de confinement, j'ai beau avoir une dvdthèque très bien fournie, le cinéma commence à me manquer. C'est dans cet état d'esprit que j'ai sorti "Ballaciner" de mes étagères. Néologisme constitué des mots "ballade" et "cinéma", ce livre aurait pu me servir de patch. Mais non.
Le problème vient du non-choix de l'auteur entre deux propositions. J. M. G. Le Clézio ne propose pas une théorie étayée de sa vision du cinéma ; et ce n'est pas non plus réellement une ballade dans ses souvenirs de spectateur puisqu'il cite un certain nombre de textes théoriques.
Il parle de films dont je n'ai, pour certains, jamais entendu parler malgré des études de cinéma, et confond "chef d'oeuvre" avec "rareté introuvable de préférence étrangère". Si ces films étaient utilisés pour illustrer une thèse quelconque, j'aurais pu trouver cela justifié.
Mais qu'il narre ses pseudos souvenirs en ne parlant d'aucun film étant sorti dans le circuit normal (j'entends par là hors cinémathèque), c'est d'une condescendance incroyable. D'autant qu'aucun film sorti après 1985 ne trouve grâce à ses yeux, excepté des films bollywoodiens que, dit-il "il y a ceux qui détestent, et ceux qui aiment pour de mauvaises raisons" (p. 161).
J. M. G. Le Clézio est né en 1940. Prenons une année au hasard : cela signifie qu'il avait 20 ans en 1960 et qu'il a potentiellement pu voir cette année-là des films aussi différents que "L'affaire d'une nuit" d'Henri Verneuil, "Classe tout risque" de Claude Sautet, "Plein soleil" de René Clément, "Terrain vague" de Marcel Carné, "Le testament d'Orphée" de Jean Cocteau, "Tirez sur le pianiste" de François Truffaut, "La Vérité" de Henri-Georges Clouzot ou "Zazie dans le métro" de Louis Malle... et que pas un seul d'entre eux ne mérite d'être dans "Ballaciner". Il faut croire que nous n'aimons pas le même cinéma.
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L'amour du Père Jules, l'amour de Jean, l'amour de Juliette, sur ce navire qui va au hasard - que transporte-t-il ? Notre destinée ? Nos illusions ? Ou tout simplement le pouvoir sans limites de la jeunesse, dont Vigo lui-même ne pourra pas faire usage.
(A propos de "L'Atalante" de Jean Vigo.)
La nuit du cinéma sait être un refuge contre la brutalité du monde urbain, et le cône de lumière papillotante qui jaillit d'un trou minuscule derrière les têtes des spectateurs ouvre un puits de lumière sur l'écran qui nous happe et nous réconforte. Cette sorte de connivence d'être là ensemble, avec des gens que l'on ne connaît pas, que l'on ne rencontrera jamais - pas même à la fin de la sea, dans la bousculade qui les précipite par une porte étroite vers une rue aveuglante, étourdissante de mouvement. (p. 143)
Jean-Luc Godard avait raison de dénoncer la caméra au poing, cette sorte de perversion de l'image, dans laquelle il perçoit une dépossession de l'intelligence du réel. [...] L'événement, l'appétit du scandale, le culte de l'actualité ne sont pas innocents. Ils nous vident de la réalité en la transformant en un spectacle où nous ne pouvons être que voyeurs. Cette banalité, cet affaissement du regard passe sur l'Histoire comme une lessive abrasive. (p. 101)
Je balançais, comme je l'ai fait toute ma vie, entre littérature et cinéma. Tantôt le cinéma l'emportait, avec son sens de l'action, son immédiateté, ses émotions puissantes. Tantôt c'était la littérature : la finesse psychologique, l'introspection, le style, le bonheur d'écrire - passer une matinée entière à mettre un point-virgule et l'après-midi à l'enlever.
Lorsque j’ai commencé à fréquenter les salles de cinéma, à l’âge de seize ou dix-sept ans, je suis entré dans un cycle qui m’a apporté beaucoup de plaisir et d’émotions. C’était à Nice, qui à l’époque s’enorgueillissait de posséder cinquante salles de cinéma. Il y en avait pour tous les goûts, pour tous les prix, pour tous les quartiers. J’allais au cinéma jusqu’à deux ou trois fois par jour. On m’objectera qu’il fallait avoir les moyens. C’était une autre époque.
Cette semaine, La Grande Librairie s'installe à Marseille et propose une émission exceptionnelle, en public, à l'occasion des Nuits de la lecture et des 10 ans du Mucem. Au coeur de ce musée dédié aux cultures de la Méditerranée, des écrivains, des librairies et des lecteurs pour une soirée dédiée aux mots, aux mille identités de l'espace méditerranéen, et à cette idée que la littérature est toujours un lieu de rencontres, de partage et de commun.
Augustin Trapenard est donc allé à la rencontre du lauréat du prix Nobel 2008 Jean-Marie Gustave le Clézio. Il est venu présenter son dernier ouvrage, "Identité nomade" (Robert Laffont), explorant son parcours d'écrivain, ses voyages et ses affiliations. L'auteur s'interroge également sur le pouvoir de la littérature dans le monde contemporain. Un récit introspectif captivant sur l'essence de l'écriture. le tout, durant une magnifique balade à Nice, ville qui l'a vu naître.
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