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EAN : 9782742760220
117 pages
Actes Sud (08/03/2006)
3.12/5   16 notes
Résumé :
Si les morts voulaient bien rester tranquilles, les écrivains pourraient inventer leurs histoires en toute quiétude.

Hélas, au moment où Vénus Khoury-Ghata commence ce nouveau livre, elle ne soupçonne pas dans quels conciliabules ses défunts vont l'entraîner.

C'est d'abord sa mère - pourtant analphabète - qui se penche par-dessus ses pages d'écriture, l'interpelle, la critique et y va de ses propres commentaires.

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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Lecture janvier 2019- Emprunt à la médiathèque..

"J'ignore si ces pages deviendront un livre, si mes conversations avec Mie sont utiles pour le déroulement de l'action et si je n'ai pas intérêt à mieux raconter le village maternel, préciser qu'à part les veuves et les chèvres qui dévoraient tout ce qui tombait sous leurs maxillaires, il y avait le poète enterré dans l'excavation d'un rocher qui surplombe le village . Khalil Gibran, auteur du fameux -Prophète- best-seller en Amérique, était revenu se faire enterrer dans le bois où il jouait enfant. (p. 13)"

Récit autobiographique de cette auteure libanaise , née dans le même village qu'un autre poète, Khalil Gibran !...Récit très personnel qui fait comme une suite à un autre texte publié en 1998, "Une Maison au bord des larmes", que j'ai lu il y a très longtemps... le souvenir d'un récit plein de douleur et de chagrins: le frère bien-aimé, enfermé dans un asile; une figure paternelle très âpre et violente...et une Mère-courage qui se bat contre l'adversité, impuissante à aider son fils poète, trop différente et maltraité par le père ....


Dans "Cette maison aux orties", Vénus Khouy-Ghata donne rendez-vos avec son enfance, sa jeunesse, sa famille, son village...dialogue sans cesse avec ses morts... sa mère, son frère, ses amis... l'omniprésence des images de guerre...

Magnifiquement écrit... mais que de chagrins, de cicatrices impossibles à guérir !

L'auteure nous raconte aussi ses amitiés, ses rencontres avec ses pairs, d'autres poètes, écrivains, comme de beaux portraits d'Alain Bosquet, Guillevic... et des lignes très denses sur sa passion des mots, de l'écriture qui l'ont construite, aidée à vivre, fait dépasser les peines infinies apportées par le destin !!

"Les bras chargés de mon Olympia vieille de plusieurs décennies (...) Olympia posée à mes pieds, je signe puis rebrousse chemin vers chez moi. Je continuerai à écrire, même si je n'ai qu'un seul lecteur au monde.
Je ne peux pas me passer des mots, ils sont ce que je connais le mieux dans ce monde. D'un commerce agréable , ils se laissent faire par ma plume, arrivent à exprimer deux avis contraires si l'envie m'en prend , me suivent au doigt et à l'oeil. Une cohabitation vieille de quatre décennies m'a appris à les reconnaître même déguisés sous une autre langue que la mienne. Je connais leur forme, leur couleur, leur odeur." (p. 64)

© Soazic Boucard- Janvier 2019
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Livre choisi à la médiathèque du village pour son titre. Besoin de réconfort et c'est ce que représente la maison. Les orties me faisaient penser à l'enfance, la nature.

Mais dans ce récit poétique, la maison aux orties est celle de l'enfance de Vénus. Sa mère analphabète et dépassée par les tâches journalières, laisse le jardin à l'abandon, alors les orties poussent griffant les jambes à chaque passage. Son père, un peu brute sur les bords ne fait que passer dans le récit surtout pour maltraiter le frère de Vénus, jeune homme différent, ne correspondant pas à l'idée que le père se faisait de son fils. Ils sont tous les trois décédés mais restent dans la vie de Vénus, surtout sa mère, qui regarde ses écrits par dessus son épaule en critiquant ou donnant ses avis, elle qui n'a jamais su lire.

Puis il y a Jean son amour, mort aussi, qui ne la laisse pas, il apparaît, lui parle, la conseille. Puis l'amant consolateur qui philosophe et ordonne un peu.

Vénus doit vivre et fait vivre ses morts. ses cris deviennent des écrits, ses chagrins, des regrets.

Comment faire le deuil de tous ces êtres aimés ?

C'est la mort du chat de son voisin, voisin un brin acariâtre et encombrant, qui va délivrer Vénus et lui permettre de laisser partir ses chers disparus.

Très beau texte.


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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On vogue à travers le temps, l'espace....
On accompagne la narratrice ou plutôt, elle nous accompagne dans notre mémoire à la recherche de ceux qui sont partis trop tôt, trop mal ... elle nous aide à les retrouver au travers d'un mot, d'un rayon de soleil, d'un bruit ... les retrouver pour mieux les accompagner dans leur dernier logis.
Chacun de nous peut se souvenir d'une mère qui n'a pas pu tout nous dire, d'un frère de sang ou de coeur que nous avons laissé sur le bord de notre route à un moment donné de notre vie, d'un homme qui a pu être pour nous, un mari, un ami, un voisin ou un amant qu'un beau jour nous avons abandonné pour pouvoir continuer à exister par nous mêmes sans nous soucier de ce qu'ils allaient devenir.
La maison aux orties nous invite à une belle ballade poétique dans notre mémoire avec des images qui après nous avoir déstabilisé en évoquant le passé ... nous rassurent et nous ouvrent la porte de notre avenir.
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C'est un chant d'amour aux êtres aimés, ils revivent sous sa plume. Durant la canicule d'août, à Paris la narratrice évoque ses morts. Elle le rend hommage à sa mère analphabète, qui n'a jamais trouvé le temps pour arracher les orties qui entoure sa maison. Elle évoque aussi les souvenirs douloureux entre son père et son frère. Son père était militaire et n'admettait pas que son fils écrive de la poésie. Vénus donc, elle évoque le passé bien sûr, le chagrin de la perte de sa mère, dont elle se sent orpheline, comme sa petite fille qui vient de perdre son père. " Mie, une orpheline de cinq ans. Moi, orpheline à cinquante ans. Elle est en deuil de son père et elle le sait pas. Je suis en deuil de ma mère et je suis inconsolable."
L'importance de la terre, du territoire, de la maison. Mais les vivants, elle ne les oublie pas il y a M, l'amant, le peintre fou passionné, il y a le voisin, l'ami des chats, ses amis poètes sont là pour lui donner de la force et du courage. Mais la narratrice, c'est à dire l'auteur ne sait plus très bien quel sens donner à sa vie avec ses morts, sa langue est l'arabe, sa terre natal s'est le Liban, et elle vit en France, à Paris. Elle aime ce pays d'accueil cette langue si belle est plein de retenu pour elle, cette langue est à l'opposé de la langue arabe, langue d'émotion.
" Folle, je deviens de plus en plus folle et fais exprès d'enfreindre les lois. J'évite de traverser dans les clous et gambade entre les voitures, libre comme les chèvres de mon village. Fâchée avec la langue française depuis que tu n'es plus là. Je m'adresse aux autres en arabe, ma vraie langue. La boulangère, une Normande pure souche, fait des yeux gros comme des soucoupes."
Un roman d'une très grande sensibilité à fleur de peau, accompagné d'une écriture sublime. "La plume dans une main, une cuillère dans l'autre, je touille un potage et corrige un texte en même temps, désherbe une plate-bande tout en cherchant la jute d'un poème" C'est aussi un livre qui rend hommage à la poésie et aux poètes.
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Vénus Khoury Ghata est une romancière et une poétesse confirmée. J'ai lu par le passé mais je ne prenais pas la peine alors de noter mes lectures, Babelio m'était alors inconnu. « le fils empaillé », « la maîtresse du notable », « les fiancées du Cap Ténès » (un délice), « la Maestra », etc etc. Même si ses différents romans sont un peu ou prou autobiographiques, celui-ci « la maison aux orties », l'est complètement. Et l'on retrouve le style très beau de Khoury Ghata, son ton de prose flirtant avec la poésie. Je lirais le précédent « la maison aux bords des larmes, plus tard.

Que dire de ce roman qui est en fait le roman de sa vie de ses regrets de ses amours, le roman de sa vie d'écrivain, de sa vie sociale fort « parisienne ». Des incursions au Liban, de sa vie familiale, sa mère, son père, son frère, encore et encore la nostalgie, le passé, que l'on fouille encore et encore pour comprendre le présent. Ce présent qui est aussi le passé récent d'un veuvage trop vite expérimenté, et qui à l'orée de sa vie ou tout au moins à l'orée de la maturité prend des allures divinatoires, que sera le futur ?. Et tout cette écriture, toutes ses pages admirablement agencées, contées avec la richesse d'une langue française qu'elle a su orner et enrichir d'une touche orientale, nous entraînent dans un monde de tristesse, de souffrance, de mort, peu à peu la nuit nous envahit….. J'aurais bien aimé y trouver matière à sourire de temps à autre. « Pour que vienne la paix intérieure » La paix intérieure était-elle toujours aussi triste. Il lui manquerait alors « le sourire intérieur » dont parle les chinois pratiquant le Qi Gong….
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
L'institutrice du village qui n'était autre que la soeur de la mère enseignait-elle Gibran à ses élèves ? rien ne le dit. Sa propre maison transformée en école, elle ânonnait l'alphabet avec les petites pendant que les moyennes suaient sur une dictée et que les grandes multipliaient en s'appuyant sur leurs dix doigts. Des filles nubiles avant l'âge, elles arrivaient le matin, une bûche à la main, et se mariaient une fois le certificat d'études en poche. Ma tante les poursuivait jusque dans leur domicile et leur verger pour compléter leur éducation. Un panier de légumes à leurs pieds, un dernier-né dans les bras, elles nommaient dans l'ordre les rois de France, les fleuves de France ainsi que le nombre des habitants de ce pays qui gouverna jadis le leur, incapables de nommer le moindre fleuve de leur propre pays, ou de savoir le nombre exact de ses habitants. Un nombre fluctuant, il se rétrécissait après chaque génocide perpétré par une communauté sur l'autre et les départs vers d'autres continents, ils gagnaient leur vie en tant que colporteurs, maçons, marchands de grains et d'épices. (p. 14)
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Les bras chargés de mon Olympia vieille de plusieurs décennies (...) Olympia posée à mes pieds, je signe puis rebrousse chemin vers chez moi. Je continuerai à écrire, même si je n'ai qu'un seul lecteur au monde.
Je ne peux pas me passer des mots, ils sont ce que je connais le mieux dans ce monde. D'un commerce agréable , ils se laissent faire par ma plume, arrivent à exprimer deux avis contraires si l'envie m'en prend , me suivent au doigt et à l'oeil. Une cohabitation vieille de quatre décennies m'a appris à les reconnaître même déguisés sous une autre langue que la mienne. Je connais leur forme, leur couleur, leur odeur. (p. 64)
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- Dire qu'il me faudra quitter tout ça, fit-il amer. Puis de nouveau combatif, ne se laissant pas abattre : Je reviendrai au monde en arbre pour renaître sans cesse. Ce n'est pas pour rien que je me suis donné le nom de Bosquet.
Son épouse Norma [ d'Alain Bosquet ] nous photographiait, un sourire aux lèvres malgré sa conviction qu'il avait peu de temps à vivre.
"L'arbre mange dans les mains des passants".
" Le pommier a des mains de doute".
"Les arbres galopent dans mon jardin".
"Il faut rassurer les arbres qui gémissent".
Des vers pris au hasard de mes lectures de ce poète amoureux des arbres. Alain Bosquet s'est-il réincarné en chêne ou en roseau ? (p. 71)
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J'ignore si ces pages deviendront un livre, si mes conversations avec Mie sont utiles pour le déroulement de l'action et si je n'ai pas intérêt à mieux raconter le village maternel, préciser qu'à part les veuves et les chèvres qui dévoraient tout ce qui tombait sous leurs maxillaires, il y avait le poète enterré dans l'excavation d'un rocher qui surplombe le village . Khalil Gibran, auteur du fameux -Prophète- best-seller en Amérique, était revenu se faire enterrer dans le bois où il jouait enfant. (p. 13)
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Guillevic, sa stature de menhir, sa voix rauque et sa douceur. L'ancien fonctionnaire au cadastre sculptait l'écriture, érigeait le poème en forme de stèle, donnait corps et âme aux objets. Démunis d'images, ses vers sonnaient comme des proverbes populaires où les blancs tenaient lieu de silences. (p. 69)
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Videos de Vénus Khoury-Ghata (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vénus Khoury-Ghata
« Une anthologie de femmes-poètes ! - Eh oui, pourquoi pas ? […] On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. le XXe siècle sera le siècle de la femme. - Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c'est dans les lettres surtout, - et particulièrement dans la poésie, - qu'elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d'émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, - quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ?! […] Poète par essence, elle s'exprimera aussi facilement en vers qu'en prose. Plus facilement même, car elle n'aura point à se préoccuper d'inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d'une idée quelconque ; - non, il lui suffira d'aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son coeur, et tout ce qu'elle sentira, elle saura le dire avec facilité qui est bien une des caractéristiques du talent féminin. […] Et puis, au moment où la femme va devenir, dans les lettres comme dans la vie sociale, la rivale de l'homme, ne convient-il pas de dresser le bilan, d'inventorier - si l'on peut dire, - son trésor poétique. Les temps sont arrivés où chacun va réclamer le bénéfice de son apport personnel. […] » (Alphonse Séché [1876-1964])
« Il n'y a pas de poésie féminine. Il y a la poésie. Certains et certaines y excellent, d'autres non. On ne peut donc parler d'un avenir spécial de telle poésie, masculine ou féminine. La poésie a toujours tout l'avenir. Il naîtra toujours de grands poètes, hommes ou femmes […]. Où ? Quand ? Cela gît sur les genoux des dieux, et nul ne peut prophétiser là-dessus. […]. » (Fernand Gregh [1873-1960])
0:00 - Silvia Baron Supervielle 0:38 - Annie Salager 1:28 - Vénus Khoury-Ghata 2:13 - Colette Nys-Mazure 2:44 - Françoise Thieck 3:10 - Josée Lapeyrère 4:42 - Jeanine Baude 5:36 - Générique
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Références bibliographiques : Couleurs femmes, poèmes de 57 femmes, Paris, co-édition le Castor Astral/Le Nouvel Athanor, 2010. Françoise Chandernagor, Quand les femmes parlent d'amour, Paris, Cherche midi, 2016.
Images d'illustration : Silvia Baron Supervielle : https://thalim.cnrs.fr/manifestations-culturelles/article/gestes-et-poesie-rencontre-avec-silvia-baron-supervielle Annie Salager : https://poussiere-virtuelle.com/wp-content/uploads/2017/04/Annie-Salager.jpg Vénus Khoury-Ghata : https://i0.wp.com/arablit.org/wp-content/uploads/2020/08/khoury-ghata-cat2.jpg?ssl=1 Colette Nys-Mazure : https://www.tga.fr/colette-nys-mazure-poete-chretienne-et-libre.html Josée Lapeyrère : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/2c/Josée_Lapeyrère.jpg Jeanine Baude : http://editionsws.cluster011.ovh.net/wp-content/uploads/2015/05/DSCN5542.jpg
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