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Histoire des femmes en Occident tome 2 sur 6
EAN : 9782262018702
704 pages
Perrin (28/02/2002)
4/5   22 notes
Résumé :
Ces femmes du Moyen Âge, à qui maîtres, époux et censeurs dénient la parole avec tant de constance, ont finalement laissé plus de textes et d'échos de leur dire que de traces proprement matérielles. Le millénaire que couvre ce volume laisse, vers son début et vers sa fin, passer, un peu plus assurée, la parole même des femmes, bien qu'il faille tendre l'oreille pour la saisir, assourdie, dans le brouhaha immense du choeur des hommes. Leur discours, leurs témoignages... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Histoire des femmes. Tome II. le moyen âge » est un ouvrage collectif de plus de 560 pages, paru chez Plon en janvier 1991. Rédigé par des Maitres de conférence, des Professeurs d'Université et des Chargés de recherche, tous éminents médiévistes intervenant sous la direction bienveillante mais attentive de Georges Duby et de Michelle Perrot, ce tome 2 de la collection «  Histoire des femmes en Occident », a l'ambition de montrer aux lecteurs, et par le menu détail, ce que fut à cette époque la vie des femmes, leur place, leur condition, leurs rôles, leurs pouvoirs, leurs formes d'action, leur silence et leur parole. Autant vous dire que l'objectif est atteint.

Pour ce qui concerne l'entreprise, il faut admettre la difficulté de parler des femmes sans se limiter aux héroïnes et aux femmes d'exception ; en faisant ce choix, les contributeurs utilisaient les sources qui font foi sans pour autant négliger la voix des humbles.
Pour ce qui concerne la période, il faut en reconnaitre la singularité : elle s'étend sur plusieurs siècles (de la fin de l'Empire romain à la Renaissance), l'essor économique est inégal selon les pays mais progressif et significatif, l'espérance de vie est limitée (30 ans au 12ème siècle), la femme mariée à 9 enfants en moyenne (mais la mortalité avant l'âge de quatre ans est colossale), les cités « se mettent en place » (les paysans représentent près de 90 % de la population active), le droit se constitue (droit canon pour les questions religieuses, droit romain au Sud et droit coutumier dans le reste du pays pour ce qui concerne les questions temporelles), il y a une division très nette et socialement imposée entre l'homme et la femme (la femme est illettrée et cantonnée à une stricte activité domestique), les excès sont condamnés quand l'entrée en religion, la maternité et le mariage sont glorifiés, la femme, soumise à Dieu et à son mari, doit renoncer à toute ambition familiale et sociale, l'Église omniprésente « classifie » les femmes en vierges, veuves et épouses (la fameuse triade), les mariages sont arrangés (avec un écart moyen de plus de 15 ans entre mari et femme), la monogamie reste le seul fait des pauvres, un couple sur trois est issu de deuxième voire de troisième noce (les hommes meurent à la guerre ou d'épidémie) et les écrits sont rares (il faut attendre le 15ème siècle pour assister à l'invention de l'imprimerie).
La société n'est pas restée immobile sur cette période : l'évolution du statut économique et culturel de la femme a été lente mais réelle. Toutefois, il faut rester prudent : les écrits auxquels se réfèrent les contributeurs de cet ouvrage collectif sont le fait d'hommes (la documentation est donc androcentrée), de surcroit d'hommes de religion (qui se refusent à la société des femmes -lesquelles sont impures et tentatrices- et qui s'imposent chasteté et célibat) et leurs écrits dépeignent les femmes comme autant d'exemples le plus souvent à condamner (le trait est misogyne, quelque peu forcé et sous-tendu par un imaginaire puissant et largement livresque). Si on ajoute à ce tableau le fait que les commentaires des rédacteurs de l'époque brouillent plus l'image qu'ils ne l'éclairent, il n'est pas simple pour le lecteur d'aujourd'hui de se faire une idée claire de la façon dont la femme pouvait vivre sa vie à cette époque.
Pendant une grande partie de cette époque la femme reste un objet et la tradition comme l'Église font le maximum pour verrouiller toute velléité de libération de la femme. Heureusement les temps nouveaux s'annoncent avec, pêlemêle, la reconnaissance du fait que le mariage ne doit pas être exclusivement tourné vers la procréation, des clercs qui écoutent voire dialoguent davantage avec leurs fidèles -y compris de femmes-, le début de représentations (peintures, sculptures) féminines, des femmes qui exercent des activités artisanales, la valorisation de la sexualité comme garante de l'équilibre, la constitution de groupes de femmes, et j'en passe et des meilleurs. Alors, c'en est fini de l'épouse chaste, parfaite maitresse de maison, respectueuse, fidèle, empressée, avisée, irréprochable, subordonnée à son époux, attentive à ses beaux-parents, muette, révérente et totalement obéissante à son mari ? Pas tout à fait, mais voici venir la conseillère et la guide spirituel de son mari, prenant soin de ses enfants, veillant au bon comportement de la maisonnée et disposant d'initiatives (religion, morale, port des vêtements, accès aux produits « de luxe ») ! Il y aura malheureusement un sérieux coup de volant dès la fin du 15ème siècle mais c'est une autre histoire ...

Au final, un ouvrage passionnant, bien construit, très touffu, abondamment documenté, et agrémenté de dessins et de reproductions en noir et blanc, ce qui en facilite sa lecture. Je me contenterai de renvoyer les passionné(e)s vers une lecture complémentaire, à savoir le « Dictionnaire raisonné de l'Occident médiéval » (1999). Je recommande et mets 4 étoiles.
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Si on prend le temps de lire cet ouvrage, on découvre le contexte historique du Moyen Age, qui se révèle passionnant. Les femmes ont une valeur, elles sont au centre des stratégies familiales et sociales. de la part des hommes, il s'agit donc les contrôler. Elles ont en charge de gérer la maison, les jeunes enfants, et aussi les domaines, pour les épouses des seigneurs occupés au loin.
Ce sont plus de douze historiens et historiennes qui ont écrit différents chapitres qu'il est impossible de résumer ici.
J'ai apprécié l'exposé de Georges Duby sur le modèle courtois, qui montre des relations dominant-dominé comme un reflet de la société féodale.
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Parfois un peu lourd à lire, cet ouvrage n'est reste pas moins passionnant et très complet pour qui s'intéresse au sujet. Une référence en la matière.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
page 258 [...] Les femmes n'existent pas plus que les monades. Seuls existent des systèmes de représentations, variables selon les sociétés qui distribuent les unités dans un type de relations et leur assignent une place. Tous les systèmes de l'Occident chrétien des XI-XIIème siècles ont en commun de poser l'infériorité constitutionnelle de la femme et comme, dans cette idéologie, l'essence précède l'existence, la femme doit être conduite. Les zones culturelles où s'étaient maintenu le plus longtemps l'héritage germanique, comme la Germanie, l'Angleterre d'avant la conquête normande ou l'Espagne wisigothique, ont gardé jusqu'au XIème siècle une conception beaucoup plus favorable aux femmes, en particulier à celles qui restaient dans le siècle, mais cette originalité s'estompe partout, et d'abord dans les strates aristocratiques où le principe de masculinité et du droit d'ainesse diminue le rôle des femmes. L’Église en s'attribuant le monopole du mariage durcit ces conceptions. A douze ans, le corps féminin est mûr ; son esprit est faible et a atteint ses limites. Désormais, elle a tout à risquer et rien à apprendre. Marions-la ! Les mariages devenaient indissolubles, non pas pour interdire l'intervention paternelle, mais pour la moraliser. Le système était désormais verrouillé à l'aval, mais à l'amont les enchères pouvaient monter d'autant. La liberté de la femme au sens où nous la concevons avait bien peu de chances de s'exprimer. [...]
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Le modèle courtois
En effet, pièce majeure comme aux échecs, la dame pourtant, parce qu’elle est femme – voici où son pouvoir s’arrête -, ne saurait disposer librement de son corps. Celui-ci appartenait à son père, il appartient maintenant à son mari. Il contient en dépôt l’honneur de cet époux, ainsi que celui de tous les mâles adultes de la maisonnée, solidaires. Ce corps est donc attentivement surveillé.
Georges Duby
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"Je suis l'ennemie mortelle de tout bien
Servante du diable, femme de l'Enfer
Mère de l'éternelle douleur"
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Videos de Georges Duby (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Duby
A l'occasion de la publication de l'ouvrage : Martine Reid, Félicité de Genlis. La pédagogue des Lumières, Tallandier Avec Gilles HEURÉ, Michelle PERROT, Martine REID Michelle Perrot, historienne pionnière de l'histoire des femmes (Histoire des femmes en Occident, avec Georges Duby, 1991 ; Les Femmes ou les silences de l'histoire, 1998 ; George Sand à Nohant : une maison d'artiste, 2018) et Martine Reid, spécialiste de la littérature du XIXe siècle et notamment des femmes en littérature (George Sand, 2013 ; Félicité de Genlis. La pédagogue des Lumières, 2022), vont revenir sur ce champ de recherche qui ne cesse de s'enrichir et questionne de plus en plus la place des femmes dans la société d'aujourd'hui.
Gilles Heuré
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