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Denis Diderot (Antécédent bibliographique)François Ricard (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782070405831
137 pages
Gallimard (30/11/-1)
4.11/5   105 notes
Résumé :
Jacques le Fataliste est l'un des romans que j'aime le plus; tout y est humour, tout y est jeu; tout y est liberté et plaisir de la forme; c'est pourquoi, ai-je dit dans L'art du roman, "en France ce livre est scandaleusement sous-estimé, il concentre tout ce que la France a perdu et refuse de retrouver".
Seul un goujat touche à la forme d'une oeuvre qui ne lui appartient pas. Méprisés soient les adaptateurs! Cette pièce n'est pas une adaptation; c'est ma for... >Voir plus
Que lire après Jacques et son maître, hommage à Denis Diderot en trois actes Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'apprécie beaucoup Milan Kundera, pourtant en abordant ce livre, et en découvrant "Introduction à une variation" rédigée par l'auteur j'ai eu quelques appréhensions. Milan Kundera aborde les événements politiques de 1968 et l'occupation de son pays par les Russes, et puis le thème de la littérature en citant des grands maîtres et des oeuvres célèbres...Dostoïevski, Diderot, Sterne... Don Quichotte, Tom Jones, Ulysse, Ferdydurke, Tristam Shandy... et il s'intéresse aux adaptations, ou transpositions, qui ont été faites d'oeuvres au théâtre ou au cinéma...
La postface écrite par François Ricard "Variations sur l'art de la variation" est aussi très technique.
Qu'allait offrir la pièce en elle-même? N'allait-elle pas être complexe, alambiquée?
La surprise fut excellente! Rien de compliqué! Beaucoup d'humour axé sur le libertinage... Un texte fluide, très agréable à lire. Un théâtre qui semble frayer avec l'absurde. Une pièce courte, comprenant trois actes. Une centaine de pages de pur bonheur. J'ai adoré. Je suis conquise.
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J'ai eu la chance de jouer ce texte merveilleux de légèreté et de profondeur, j'étais Jacques, puis j'ai eu la chance de le voir jouer à Paris au Théatre 14, je ne sais plus exactement quand, il y a une vingtaine d'années environ. Milan Kundera réussit parfaitement son exercice de style, proposant un hommage à Denis Diderot et son roman sous la forme d'une pièce de théatre. Cette forme lui permet notamment, grâce aux dialogues croisés, de mettre en évidence les parallèlles des récits de Jacques et de son maître. Il n'est pas si fréquent qu'une pièce de théatre se révèle dès la lecture, sans le secours du jeu des comédiens pour l'éclairer. Jacques et son maître est une lecture jubilatoire et je reviens souvent vers ce beau texte.
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Je n'ai pas encore eu l'occasion de lire Jacques le Fataliste de Denis Diderot et pourtant cet hommage en forme de variation m'a enchantée.
Trois récits identiques se répondent au fil des trois actes... et pourtant l'analyse qu'en font les personnages varie systématiquement (Jacques : "Je dis que nos aventures se ressemblent étrangement") : deux des protagonistes racontent une histoire qu'ils ont vécu et dont le dénouement s'oppose, tandis que l'aubergiste donne le récit d'une aventure qui s'est passé dans un milieu social différent du sien et à laquelle elle n'a pas participé.
Dès l'incipit et régulièrement, Milan Kundera prend à témoin le lecteur/spectateur qui devient un personnage à part entière de cette pièce (Jacques, discrètement : "Monsieur... -Désignant le public à son Maître :- Qu'ont-ils tous à nous regarder?").
Des mises en abîme et des dialogues croisés s'installent entre les personnages, Milan Kundera, Denis Diderot et le lecteur/spectateur (L'aubergiste : "Vous n'avez pas besoin de réfléchir, il est écrit que vous allez prendre du canard, des pommes de terre et une bouteille de vin...").
Enfin, par un rythme rapide, précis, une écriture ciselée, Milan Kundera donne l'envie de lire cette pièce de la première à la dernière ligne sans interruption.
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A recommander à tous. Un livre qui se visualise tant la mise en scène s'imagine avec aisance. le propos est gai et enlevé et réussit à soulever des interrogations lourdes. On en rit avec sérieux. Une belle prouesse.
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EXCELLENT !

Absolument fabuleux ce texte.

Il s'agit d'une pèce de théâtre 🎭 qui se trouve être une variation de Jacques le fataliste écrit pas Diderot.

Premier livre que je lis du célèbre Kundera et certainement pas le dernier. Il rend à travers cette variation, sa critique de l'oeuvre de Diderot, une critique positive et qui est profonde !
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
C'était le troisième jour de l'occupation. J'étais dans ma voiture entre Prague et Budejovice (la ville où Camus a situé son Malentendu). Sur les routes, dans les champs, dans les forêts, partout campaient des fantassins russes. Puis, on a arrêté ma voiture. Trois soldats se sont mis à la fouiller. L'opération terminée, l'officier qui l'avait ordonnée m'a demandé en russe : "Kak tchouvstvouyetyece ?", c'est-à-dire : "Comment vous sentez-vous ? Quels sont vos sentiments ? " La question n'était ni méchante ni ironique. Au contraire : l'officier a continué : "Tout cela est un grand malentendu. Mais cela va se régler. Vous devez savoir que nous aimons les Tchèques. Nous vous aimons !'
Le paysage dévasté par des milliers de chars, l'avenir du pays compromis pour des siècles, les hommes d'Etat tchèques arrêtés et enlevés, et l'officier de l'armée d'occupation vous fait une déclaration d'amour. Comprenez-moi bien, il n'a pas voulu exprimer un désaccord avec l'invasion, pas du tout. Ils parlaient tous à peu près comme lui : leur attitude était fondée non pas sur le plaisir sadique des violeurs, mais sur un autre archétype : celui de l'amour blessé : pourquoi ces Tchèques (que nous aimons tellement !) ne veulent-ils pas vivre avec nous et de la même façon que nous ? Quel dommage qu'il ait fallu utiliser des chars pour leur apprendre ce qu'est l'amour !
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Jacques et son Maître entrent sur scène; ils font quelques pas et le regard de Jacques se pose sur les spectateurs; Jacques s'arrête...

JACQUES, discrètement : Monsieur... (Désignant le public à son Maître :) Qu'ont-ils tous à nous regarder?
LE MAÎTRE, il tressaille et rectifie ses habits, comme s'il redoutait d'éveiller l'attention par une négligence vestimentaire : Fais comme s'il n'y avait personne.
JACQUES, au public : Vous ne voudriez pas regarder ailleurs? Bon, alors, qu'est-ce que vous voulez? D'où est-ce que nous venons? (Il étend le bras derrière lui :) De là-bas. Et où est-ce que nous allons? (Avec un mépris philosophique :) Est-ce que l'on sait où on va? (Au public:) Vous le savez, vous, où vous allez?
LE MAÎTRE : J'ai peur, Jacques, de savoir où nous allons.
JACQUES : Vous avez peur?
LE MAÎTRE, tristement : Oui. Mais je n'ai pas l'intention de te mettre au courant de mes tristes obligations.
JACQUES : Monsieur, on ne sait jamais où on va, croyez-moi! Mais comme disait mon capitaine, c'est écrit là-haut.
LE MAÎTRE : Et il avait raison...
Acte premier, scène 1
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LE MAÎTRE : Mon aventure a continué et la fin a été terrible. La pire des fins que puisse avoir une aventure...
JACQUES : Et quelle est la pire fin d'une aventure?
LE MAÎTRE : Réfléchis.
JACQUES : J'y réfléchirai... Quelle peut être la pire fin d'une aventure... Mais mon aventure aussi, Monsieur, est loin d'être terminée. J'avais perdu mon pucelage, j'avais trouvé mon meilleur ami. J'en étais si heureux que je me soûlais, mon père m'a filé une raclée, un régiment passait dans le coin, du coup, je m'enrôle, me voilà en pleine bataille, je reçois une balle au genou, on me met sur une charrette, on fait halte devant une bicoque et une femme paraît sur le seuil...
LE MAÎTRE : Tu me l'as déjà raconté.
JACQUES : Vous allez encore me couper la parole?
LE MAÎTRE : Alors, continue!
JACQUES : Pas question! Je ne veux pas être sans cesse interrompu.
LE MAÎTRE, avec humeur : Très bien. Dans ce cas, faisons un bout de chemin... Nous avons encore une longue route devant nous... Bon Dieu, comment se fait-il que nous ne soyons pas à cheval?
JACQUES : Vous oubliez que nous sommes en scène. Comment pourrait-il y avoir des chevaux!...
LE MAÎTRE : A cause d'un spectacle ridicule, il faut que j'aille à pied. Le maître qui nous a inventés nous avait pourtant attribué des chevaux!
(...)
(Acte Premier - Scène 6)
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Jacques : Pour éviter de nouvelles discordes, nous devrions nous mettre d'accord une fois pour toutes sur quelques principes.
Le Maître : Je suis pour.
Jacques : Stipulons ! Qu'attendu qu'il est écrit là-haut que je vous suis indispensable, j'en abuserai chaque fois que l'occasion s'en présentera.
Le Maître : Ce n'est pas écrit là-haut !
Jacques : Tout cela a été stipulé au moment où notre maître nous inventait. Il avait décidé que vous auriez l'apparence et que j'aurais la substance. Que vous donneriez les ordres, mais que je choisirais lesquels. Que vous auriez le pouvoir, mais moi l'influence.
Le Maître : Si c'est comme ça, on change, je prends ta place.
Jacques : Vous n'y gagneriez rien. Vous perdriez l'apparence et vous n'auriez pas la substance. Vous perdriez le pouvoir sans avoir l'influence. Restez, Monsieur, ce que vous êtes. Si vous êtes un bon maître, un maître obéissant, vous ne vous en trouverez pas plus mal.
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La sensibilité est indispensable à l'homme, mais elle devient redoutable dès le moment où elle se considère comme une valeur, comme un critère de la vérité, comme la justification d'un comportement. Les sentiments nationaux les plus nobles sont prêts à justifier les pires horreurs; et, la poitrine gonflée de sentiments lyriques, l'homme commet des bassesses au nom sacré de l'amour. (Introduction à une variation)
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Vidéo de Milan Kundera
Vidéo du 12 juillet 2023, date à laquelle le romancier tchèque naturalisé français, Milan Kundera, s’est éteint à l’âge de 94 ans. La parution en 1984 de son livre "L’Insoutenable légèreté de l’être", considéré comme un chef-d'œuvre, l'a fait connaître dans le monde entier. Milan Kundera s’était réfugié en France en 1975 avec son épouse, Vera, fuyant la Tchécoslovaquie communiste (vidéo RFI)
Dans la catégorie : Littérature tchèqueVoir plus
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