Je ne comprends pas très bien la politique de la maison d'éditions "Actes Sud" de publier une nouvelle, baptisée pompeusement "novella", d'exactement 82 pages de texte (sans les remerciements en fin de volume) et vendue 11,96 euros (TVA comprise) ?
Je me suis laissé tenter parce que Camilla Läckberg constitue une valeur sûre au firmament du thriller scandinave, malgré le prix d'achat.
J'ai d'abord regretté car j'ai trouvé la première partie sans grand intérêt : une longue description de 4 jeunes appartenant au milieu huppé et sophistiqué de la capitale suédoise.
La relation entre ces 4 adolescents, amis depuis leur berceau, n'est pas simple pour autant.
L'auteure nous présente la belle Liv, la vedette Martina, la "star" Max et le bizarre Anton au cours de leur célébration d'un réveillon.
Ce sont des lycéens super-gâtés et pas particulièrement sympathiques, mais troublés par une page noire dans leur brève existence.
Et c'est avec son talent bien connu que Camilla Läckberg explore cette page noire de ses jeunes héros et nous crée un climat de tension digne de sa réputation.
Le catalysateur en est un simple jeu de Monopoly, mais dont les quatre ont adapté les règles de façon bien curieuse....
Le dénouement de cette nouvelle est absolument époustouflant et terrible !
À vous de voir chères lectrices et chers lecteurs si la maestria de la fin vaut l'investissement. Mais peut-être avez-vous une bonne bibliothèque dans les parages.
Un titre évoquant le Monopoly - c'est à dire un jeu de société - et le décor est planté : on est dans la bonne société suédoise où tout le monde a son petit rôle à jouer, ou à surjouer. C'est le réveillon du nouvel an, les parents sont à leur petite sauterie dans la maison d'à côté, les grands enfants se sont mis sur leur trente-et-un - c'était le jour ou jamais - pour réveillonner tous les quatre : Martina et Liv, meilleures amies et rivales, et Max et Anton. Comme dans toute société, chaque rôle est bien rôdé : Max le plus populaire sort avec Martina, dans l'ombre de qui tente de survivre Liv. Et il y a Anton qui se croit obligé de faire marrer Max avec ses blagues lourdingues sur Liv.
« On présente bien, on est épanouis et irréprochables en apparence, mais tristes et ravagés à l'intérieur ».
L'alcool coule à flot lorsqu'ils décident de pimenter ce jeu : A chaque fois que l'un tombe sur une rue appartenant à l'autre, il a le choix entre payer ou faire un action ou vérité. Mais, dans une société où les masques sont de mise, toute vérité n'est pas bonne à dire. Chacun a ses petits secret inavouables. Quant à l'action, quand elle est permise et même ordonnée par le jeu, ce n'est plus vraiment de notre responsabilité, n'est-ce pas ? On ne fait qu'obéir, parce qu'on n'a pas le choix… A moins que ce soient uniquement nos pulsions sécrètes qui s'expriment, n'en pouvant plus d'être secrètes, cachées, masquée dans tous ces bals ridicules que l'on s'inflige. Mais une fois libérées, déchaînées, comment arrêter ces pulsions ? Où sont les limites à ne pas dépasser ?
J'ai toujours eu peur de ne pas aimer les romans de cette auteure à succès (un a priori sur l'ambiance, le rythme ou je ne sais pas trop quoi d'ailleurs), alors quand j'ai vu qu'elle sortait une histoire en format nouvelle (un peu moins de cent pages), j'ai sauté sur l'occasion. Bien sûr, l'univers est moins développé et fouillé que dans un roman, mais moi qui ne raffole pas des nouvelles j'ai trouvé que l'auteure s'en sortait parfaitement avec celle-ci : Fluide, régulière, entière. le texte est bien construit, les révélations se répondent. J'aime bien les histoires qui grattent le verni pour montrer les dessous moins affriolants. L'engrenage de celle-ci est glaçant mais bien huilé. Qui n'a jamais détesté quelqu'un, peut-être haï… Qui n'a jamais pensé que sa vie serait mieux sans telle ou telle personne… Mais ce ne sont que des fantasmes, n'est-ce pas ? On ne veut pas vraiment faire de mal. Et puis pourquoi prendrait-on le risque de passer à l'acte ?
« Parce que c'est un putain de jeu et que tu dois faire ce que je t'ordonne de faire ».
Si la vie n'est qu'un jeu, alors elle est un Monopoly action ou vérité. Prenez vos fers à repasser, vos petits bolides et roulez jeunesse… Sans passer par la case départ !
Jane Birkin a chanté "ex-fan des sixties", pour moi ce sera "ex-fan de Camilla", après cette seconde déception, la première étant "La cage dorée", que j'ai presque détesté. Ici je ne serai pas aussi virulente, mais quand même, devant la bêtise crasse de ces gosses de riches, héros de l'histoire, j'ai failli renoncer. Mais comme le bouquin ne fait même pas 100 pages, j'ai persévéré. Imaginez-vous une bande de quatre grands ados, qui se connaissent depuis touts petits et grandissent dans une banlieue chic de Stockholm. On a là Max, le bogoss, Anton, le bouffon, Martina la princesse et Liv qui essaie péniblement de lui ressembler. de vraies caricatures. C'est le soir du Nouvel An, les jeunes sont chez Max, les parents sont réunis dans une maison voisine (celle d'Anton) et se bourrent joyeusement la gueule. Les jeunes s'ennuient au milieu des homards livrés par le traiteur et des bouteilles de champagne piquées dans la cave du père de Max. Et si on faisait un Monopoly, suggère l'un d'eux ? Ah oui, bonne idée, mais pour rendre le jeu plus attractif, on va agrémenter un peu les règles : si tu tombes sur ma propriété, tu as un gage "action ou vérité". A ce moment-là j'ai pensé aux innombrables collégiens adeptes de ce "jeu" que je côtoie régulièrement. Déjà à jeun les gages sont en général assez stupides, mais alors avec des lycéens imbibés d'alcool, je vous laisse imaginer. Humiliation d'un livreur ou d'une employée, gaspillage, vandalisme, tout y passe ! Ca c'est pour la partie "action". Les seuls moments que j'ai trouvés intéressants sont ceux où les jeunes se sont confrontés à des "vérités" et relatent des passages particulièrement difficiles de leur vie. Et encore, un seul parmi les quatre m'a vraiment touchée, et justifie pour moi l'envie de se venger.
La fin m'a quand même laissée pantoise, ah quand même !
Je n'en dirai pas plus, si vous avez envie de le découvrir, ça se lit très vite, et ça vous laisse un goût un peu amer dans la bouche, comme si le homard n'était plus très frais.
Camilla, si tu veux que je revienne un jour vers toi, va falloir me motiver !
Dans un quartier huppé de l'archipel de Stockholm, des maisons de verre avec vue sur mer et, pour certaines, accès privé aux plages...
Il fait terriblement froid, c'est le réveillon de la Saint-Sylvestre. Quatre adolescents en dernière année de lycée, sont censés faire la fête dans la villa de l'un d'entre eux, c'est qu'ils se connaissent depuis le bac à sable. Dans la maison voisine les parents , eux-aussi font la fête , voisins, amis, amants, la frontière est mince, et ces parents , de piètres parents : démissionnaires, trop occupés, alcooliques ou bien pire encore.
Leurs enfants , s'ils sont nés avec une cuillère en argent dans la bouche, font mine d'être heureux, mais à l'intérieur, ils sont fracassés, et ça bout. Quatre jeunes, dans une maison bien trop grande, avec bien trop d'argent. Quatre amis, qui vont commencer mollo la soirée avec une pizza, et puis l'alcool coulera à flot, et les paroles aussi. Un jeu de Monopoly dont les règles ont été légèrement détournées, des confidences, et l'inéluctable arrive.
Au début, ces quatre personnages sont antipathiques au possible, racistes, méprisants envers les moins fortunés qu'eux, sans coeur. Au début, on se dit qu'ils gâchent leur potentiel, les chances que leur donne la fortune, tout cet alcool, cette façon de se mettre en danger. Tout pourrait arriver : coma éthylique, overdose, et puis dans cet état, un accident est inévitable, une petite chute dans l'escalier et c'est le drame...
Oui, au début, ils forment une sacrée bande d'enfants gâtés. Mais , on sent le malaise, on pressent qu'il y a quelque chose de plus, du moins pour l'un d'entre eux, quelque chose de terrible, forcément on ne se met pas dans des états pareils quand tout roule.
Si le livre fait cent pages, le premier chapitre commençant à la page onze, il n'en fait en réalité que quatre-vingt neuf... C'est donc une nouvelle que nous propose Camilla Lackberg, laquelle nous avait habitués à de bons gros romans, je ne m'y attendais pas et si je l'avais su , je n'aurais certainement pas pris la peine de le réserver à ma médiathèque, je ne suis pas très friande de ce format : quand c'est bien, c'est toujours trop court... Tellement frustrant.
Une centaine de page aurait permis d'étoffer cette histoire, de donner plus de contenu, plus de descriptions, plus de corps aux personnages. D'eux, on ne sait que l'essentiel, c'est tout l'attrait d'une nouvelle, d'aller à la quintessence des choses, une certaine fulgurance. En cela , c'est réussi, c'est fulgurant, pas le temps de s'ennuyer.
La fulgurance aussi comme caractéristique de la jeunesse, comme la décision qu'ils prennent. "Sans passer par la case départ.".. Sans trop réfléchir, sans redescendre de leur brouillard où les ont perchés les verres de champagnes, vin et cachets de "je ne sais pas trop quoi".
- "Alors, action ou vérité ?
- Lu d'une traite, et en vérité, j'ai beaucoup aimé..."
Avec Camilla Lackberg, je ne suis jamais déçue et une fois de plus, ce nouveau roman est à la hauteur de mes attentes.
On fait la rencontre de 4 adolescents qui sont réunis pour célébrer le Nouvel an. Ils sont issus de familles aisés, sont dans la villa des parents qui font la fête dans celle d'à côté. Ils boivent énormément et pour patienter jusqu'à minuit, décident de se lancer dans une partie de monopoly en modifiant les règles avec un jeu d'action ou vérité. Très vite, les langues se délient et l'on découvre que chaque jeune cache un sombre secret.
J'ai vraiment adoré ce roman ou la construction est vraiment habile. On sent la tension et le suspense monter progressivement. C'est un huis clos qui fait froid dans le dos. Encore une fois, l'écriture est crue, sans fioriture, c'est troublant et dérangeant au départ mais on s'y fait rapidement. Les pages se tourne très rapidement tant le roman est fascinant.
Nos quatre jeunes semblent froids, désagréables et superficiels au premier abord, issu de la jeunesse dorée, qui ont toujours été gâtés et qui ne connaissent rien a la vie. Mais au fil du roman, on se rend compte que derrière les portes closes, ils ont, en réalité, vécus des choses traumatisantes. Et c'est la toute l'habilité de l'auteure à nous faire changer de regard sur ces quatre personnages.
La fin du roman est étonnante, on ne s'y attend pas mais elle est vraiment réussie. Ce roman est court et je pense que certains lecteurs diront qu'il aurait pu être plus long mais je ne trouve pas. Il se suffit à lui-même et n'a pas besoin de plus de pages.
C'est un roman subversif, avec des personnages brisés qui reproduisent ce qu'on leur a inculqué. Excellent thriller psychologique qui pointe du doigt les travers de la société moderne en toile de fond : les écarts entre riches et pauvres, le problème de l'immigration en Suède, les réseaux sociaux ou l'on s'invente une vie.
Vivement le prochain roman de l'auteur !
![]() | LeFigaro 08 janvier 2022
La romancière suédoise publie une nouvelle haletante et électrique aux éditions Actes Sud.
Lire la critique sur le site : LeFigaro |
![]() | LaPresse 13 décembre 2021
Le suspense croît de façon habile et maîtrisée, et c’est un roman noir sans fausses notes que nous offre Camilla Läckberg. Et on doit avouer que son format réduit [...] convient parfaitement à ce type d’intrigue linéaire, en plus d’offrir un intermède rafraîchissant dans un genre qui nous a plutôt habitués à des trames souvent très denses.
Lire la critique sur le site : LaPresse |
En quelle année est née Camilla Läckberg ?