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Louis Postif (Traducteur)Larry Portis (Préfacier, etc.) Nono le Hool's (Illustrateur)
EAN : 9782952829205
98 pages
Libertalia (14/02/2007)
4.02/5   65 notes
Résumé :
en 1910, les paysans crèvent de faim, le Mexique est en ébullition. La dictature de Porfirio Diaz, s'appuyant sur les grands propriétaires et les militaires, étouffe toute contestations par le fer et par le feu. Mais le règne de plus de 30 ans touche à sa fin. A 2000 Km au nord, les révolutionnaires en exil préparent la conquête du pouvoir. Un matin, Félipe Rivera, jeune mexicain chétif, surgit dans les locaux de l'organisation. Nul ne sait d'où il vient. Il souhait... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Jack London a écrit cette nouvelle en 1911, année où se propage la révolution mexicaine suite à l'insurrection armée contre la réélection à la présidence du général Porfirio Diaz, tyran soutenu par l'impérialisme américain.

Le Mexicain se découpe en deux parties qui se complètent, du collectif à l'individuel.

La première présente la lutte des exilés mexicains en Californie pour récupérer des fonds en soutien à la révolution zapatiste, des héros ordinaires fondus dans le collectif de la coalition La Junta, prêts à tous les sacrifices pour leur idéal mais qui n'ont que peu à donner. Jusqu'à ce que ne déboule un gringalet taiseux, le Mexicain.

La deuxième se focalise dans un espace-temps très simple, le combat de boxe qui va opposer le Mexicain, Felipe Rivera, outsider, à un champion reconnu. Personnage fascinant que ce Mexicain, à peine sorti de l'adolescence, exilé acquis à la cause surgi de nulle part, glacial, quasi un missionnaire qui veut la grosse somme d'argent promise au vainqueur pour aider les révolutionnaires et venger sa famille, un ange exterminateur offrant son corps jusqu'au sacrifice.

«  Mais Rivera résista et survécut, son cerveau se remit du choc, et il recouvra toute sa lucidité. Ces maudits gringos étaient tous contre lui, ils ne reculeraient devant aucune injustice à son égard. Tout au long de son calvaire, des images continuaient de défiler dans sa tête : d'interminables lignes de chemins de fer, étincelantes au soleil du désert ; des rurales et des policiers américains ; des geôles de toute sorte et des camps de détention ; des vagabonds regroupés autour de citernes d'eau … Tous les épisodes sordides de sa périlleuse odyssée, après la grève noyée dans le sang à Rio Blanco. Puis il vit la révolution dans toute sa gloire – rouge et resplendissante – la révolution qui allait se propager dans son pays martyr et briser le joug du tyran. Les fusils étaient là, à portée de main. Chacun de ses visages honnis était un fusil. C'était pour ces fusils qu'il combattait. Il était ces fusils. Il était la révolution. »

Ce qui est magnifique dans ce personnage, c'est la façon dont Jack London le fait incarner la force des faibles lorsqu'elle est décuplée par le don de soi, par le dépassement de soi jusqu'à en faire frémir les forts. Loin de toute empathie, en quelques pages, l'auteur dresse une formidable description de la condition humaine lorsque la force brute peut servir la justice sociale et renverser les oppresseurs.
Cinquante pages universelles et terriblement actuelles.

Bravo aux éditions Libertalia qui rééditent dans de nouvelles traductions de grande qualité l'oeuvre politique de Jack London ( le Talon de fer, Un Steak, L'Apostat, Grève générale, Coup pour coup )
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Selon moi ce qui caractérise le mieux l'écriture de London c'est la simplicité. C'est cette simplicité qui fait la force et la beauté des écrits de ce grand auteur. London ne s'encombre jamais de fioritures, il ne verse jamais dans le maniérisme, il ne se regarde pas écrire. Il raconte. Tout simplement. Et ses récits sont à chaque fois d'une intensité rare et marquent durablement le lecteur.
La nouvelle « le mexicain » vient confirmer cette impression. En une nouvelle de 50 pages, London livre une oeuvre forte et subtile à la fois.

Ceux qui suivent mes avis auront sans doute remarqué, au détour de quelques-uns de mes billets, que j'ai une sensibilité politique très à gauche. Et c'est aussi pour ça que l'oeuvre de London me bouleverse tant. «Le mexicain» prend comme contexte la révolution mexicaine mais prend place aux Etats-Unis où des sympathisants, qui rappellent les wobblies, soutiennent la cause. Rivera, un jeune mexicain, rejoint le groupe et, grâce à ses poings, rapporte de l'agent au mouvement.

Le personnage de Rivera est magnifique. Taciturne, habité d'une sourde colère, c'est toute la rage des miséreux qui brûle en lui. Il est animé d'une volonté immense, porté par la foi en la révolution qui lui apportera la vengeance et un monde meilleur. Pour ça, il est prêt à encaisser, à s'en prendre plein la gueule, à prendre des coups et à en donner. le genre de personnage qui, même s'il est empli de rancoeur et même de haine, force l'admiration et redonne un peu de foi en l'humanité et en sa capacité à se lever contre l'injustice du monde.

La préface de Philippe Mortimer, traducteur de la nouvelle, vient éclairer le texte de London de façon très intéressante. Il évoque les éléments historiques servant de référence à l'auteur.
Le préfacier revient également sur l'évolution de la position de London concernant la révolution mexicaine, sujet assez douloureux pour les admirateurs du grand Jack. En effet, après avoir apporté son soutien à la cause, dans une série d'articles publiés en 1914 il prend fait et cause pour l'intervention américaine à Vera Cruz. Revirement honteux et incompréhensible… Même sa fille, 25 ans après, s'étonnait toujours de cette trahison morale, se demandant même si c'était bien son père le véritable auteur de ces articles. Quelle que soit la réalité, qu'il soit ou non l'auteur de ces horribles articles, prenons le droit, nous admirateurs du grand écrivain, de faire le tri, de choisir de mettre de côté ces errements de fin de vie. Pour moi, le vrai Jack London, il est dans des textes comme « le mexicain », subtil, profond, humaniste, socialiste.
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"Le Mexicain", Jack London, Libertalia, 2007.
Traduction : Louis Postif

Le Mexicain, c'est Felipe Rivera. Ce jeune homme frêle, dépeint par Jack London dans ce texte paru en 1911, n'a qu'un ambition, qu'une motivation, qu'une raison de vivre : la Révolution.
Une révolution contre la dictature de Porfirio Diaz, qui s'appuie, comme dans toutes dictatures capitalistes, sur les grands propriétaires terriens, l'Église et la répression policière.
L'action se situe aux États-Unis, où un groupe de militants prépare leur "grand soir". De par son caractère renfermé, presque orgueilleux, le jeune Rivera n'attire aucune sympathie parmi ses compagnons. C'est pourtant lui qui sera la clef de leurs actions. Sa personnalité va littéralement se transcender pour la Révolution. Un individu mué par un idéal collectif de justice sociale et d'équité.
Une très belle nouvelle, dans laquelle l'auteur fait l'éloge de la puissance de l'individu face à toutes les oppressions. Un texte plein d'espoir, de rage et de liberté.
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Je poursuis mes lectures dans la collection de nouvelles bilingues. Cela se lit sur un trajet de train (enfin deux vu que j'ai un changement ^^).

Nouvelle excellente qui m'introduit à l'oeuvre de Jack London. J'ai vraiment eu l'impression d'assister à un match de boxe et il a su décrire en quelques pages le personnage de Rivera avec beaucoup de profondeur. Chapeau Mr. London!

Bref... c'était trop court!
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Si Jack London est associé à une partie du monde, c'est bien sûr le Yukon, bon et les bas-fonds des villes de Californie aussi, mais certainement pas le Mexique, alors ce titre m'a attirée par la dissonance qu'il introduisait dans l'oeuvre de Jack London. J'ai été un peu déçue parce qu'en réalité cette longue nouvelle se passe en Californie et non au Mexique, mais il est tout de même question du Mexique et des rébellions contre Porfirio Diaz au début du XXème siècle.
Le Mexicain se révèle donc être une nouvelle assez classique parmi toutes les nouvelles écrites par Jack London. le héros de cette nouvelle est un Mexicain, Felipe Rivera, qui se fait embaucher par une organisation de soutien à la révolution mexicaine. On ne sait rien de lui, il ne se confie jamais, ne se fait aucun ami, on ne sait pas de quoi et comment il vit, et pourtant, dès que l'organisation a besoin de fonds, il les trouve, comme par miracle. On finit par comprendre que c'est en jouant et remportant des matches de boxe que Felipe Rivera trouve de l'argent qu'il met tout entièrement au service de la révolution mexicaine. On se retrouve vite dans un milieu dont Jack London est familier puisqu'il a beaucoup écrit dessus (même si ce n'est pas autant que sur les chercheurs d'or, certes).
Avec cette nouvelle, on découvre un Jack London contestataire (ce qu'il est rarement), proche de ceux qui vivent en marge de la société, mais faisant aussi, et comme c'est souvent le cas chez lui, l'éloge de la volonté individuelle, la force de celui qui ne compte que sur lui-même, envers et contre tout. Cette nouvelle urbaine n'est finalement pas si dissonante que cela dans l'oeuvre de Jack London. Ce n'est probablement pas celle que je préfère (dans le même milieu de la boxe je préfère la très belle nouvelle [Un Steak], beaucoup plus politique, ou du moins politique au sens où je l'apprécie le plus), mais elle m'a fait découvrir une nouvelle facette de Jack London, plus aux prises avec l'actualité de son temps puisque cette nouvelle a été publiée en 1911. Une lecture intéressante, que je réserverais peut-être tout de même à ceux qui ont déjà beaucoup lu et beaucoup apprécié Jack London, ce qui est mon cas, du moins pour le « beaucoup apprécié »...
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Nul ne connaissait ses antécédents – les membres de la Junte moins que tout autre. Il était leur « petit mystère », leur « grand patriote », et, à sa façon, il travaillait aussi dur qu’aucun d’eux pour la Révolution mexicaine en perspective. On mit longtemps à reconnaître ces faits, parce qu’à la Junte ce personnage était antipathique. Le premier jour où il vint échouer dans les bureaux bondés de monde, tous le prirent pour un espion acheté par la police secrète de Diaz. Trop de camarades moisissaient dans les geôles civiles et militaires sur tout le territoire des États-Unis et, à cette heure même, d’autres malheureux, dans les fers, étaient transportés de l’autre côté de la frontière pour y être adossés à un mur et fusillés.
Dès l’abord, ce gamin leur avait produit une mauvaise impression, car ce n’était guère qu’un gamin de dix-huit ans tout au plus et d’apparence plutôt chétive. Il déclara s’appeler Felipe Rivera et vouloir travailler pour la Révolution. Ce fut tout : pas un mot de plus, pas d’autre explication. Il attendait là, debout, sans l’ombre d’un sourire, les yeux ternes. Ce grand gaillard de Paulino Vera lui-même, qui pourtant n’avait pas froid aux yeux, ressentit comme un frisson à son aspect. Il se trouvait là en présence d’un être répulsif, insondable ; quelque chose de venimeux, tenant du reptile, se reflétait dans les prunelles noires de ce garçon-là. Elles brûlaient, tel un feu qui couve, comme empreintes d’une amertume concentrée. Il promenait son regard des visages des conspirateurs à la machine à écrire que la petite Mme Sethby faisait cliqueter sous ses doigts agiles. Ses yeux se posèrent sur ceux de la femme au moment où, par hasard, elle levait la tête : empoignée elle aussi par une émotion indéfinissable, elle dut relire sa ligne pour reprendre le fil de la lettre qu’elle était en train d’écrire.
Paulino Vera échangea avec Arrellano et Ramos un regard interrogateur qu’ils se renvoyèrent de l’un à l’autre. L’indécision et le doute se reflétaient dans leurs yeux. Ce gosse malingre représentait l’inconnu, avec toutes les menaces qu’il comporte : cette énigme vivante échappait à toutes les notions de ces braves gens, types normaux et révolutionnaires, dont la haine féroce pour Diaz et sa tyrannie n’était, après tout, que la réaction naturelle de tout honnête patriote. Mais de ce gamin émanait autre chose, ils ne savaient quoi. Vera, toujours le plus impulsif, le plus prompt à agir, le premier rompit les chiens.
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Il voyait de longues voies ferrées dont les rails étincelaient dans le désert, il voyait des policiers américains, des prisons, des vagabonds rôdant autour des réservoirs d'eau. Il repensait à sa douloureuse odyssée, celle qui avait suivi sa fuite après le massacre du Rio Blanco. Et puis, resplendissante et glorieuse, il entrevoyait la grande révolution rouge. Elle balaierait toute l'étendue de son pays. Les fusils étaient tous là. Il était lui-même une arme, il était la Révolution. Il personnifiait le Mexique.

Pages 71-72, Libertalia, 2007.
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Au premier regard, ce gamin ne leur avait pas fait bonne impression, car ce n'était guère qu'un gamin, de dix-huit ans tout au plus, et d'apparence plutôt chétive. Il déclara s'appeler Felipe Rivera et vouloir travailler pour la révolution. Ce fut tout. Pas un mot de plus, pas d'autre explication. Il attendait là, debout, sans l'ombre d'un sourire, le regard froid.

Page 20, Libertalia, 2007.
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- Je pourrais me casser le bras, ou on pourrait me droguer, qui sait ? Non, conclut-il, gagnant ou perdant, c'est du quatre-vingts pour cent pour moi ! Qu'est-ce-que tu dis de ça, le Mexicain ?

Page 50, Libertalia, 2007.
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Ils avaient manifesté en pariant à deux, et même à trois contre un pour Danny. Et le cœur du public va là où est son argent.

Page 55, Libertalia, 2007.
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Vidéo de Jack London
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