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EAN : 9782081286399
150 pages
Flammarion (10/10/2012)
3.67/5   21 notes
Résumé :
Marx a tout expliqué, tout analysé à la perfection. Mais il s'est complètement trompé sur ses conclusions ! La plus-value, la loi de la concentration, la mondialisation : tout est lumineux, tout est parfaitement actuel. Mais le capitalisme n'accouche de rien, sinon d'une société cynique et désabusée, tournant sur elle-même dans un univers saccagé sous le fouet du marché. Le communisme, lui, n'est qu'un christianisme athée, une rédemption des humbles, une version de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce livre fait le récit amer d'une désillusion. En suivant la brève leçon de marxisme de Bernard Maris, on comprend avec lui que la révolution communiste a moins pour ambition de mettre fin à l'exploitation de l'homme par l'homme que d'anéantir le péché qui ronge son coeur. Ce n'est pas le capital que veut défaire Karl Marx mais la mort en tant qu'elle est un scandale métaphysique. le communisme ne serait alors pas tant une situation économico-politique mais une situation spirituelle et métaphysique située hors de toute temporalité historique : en un mot, le communisme se confond avec la béatitude chrétienne. Or, c'est précisément parce que l'ambition et la finalité du projet communiste sont de nature extra-physiques que les moyens purement matériels (économiques et politiques) qu'il se propose de mettre en oeuvre pour y parvenir sont condamnés à l'échec le plus cuisant et à la Terreur.

Quel salut reste-t-il alors ?
Bernard Maris étant matérialiste, il ne peut en envisager d'autres que politiques ; inapte à penser la grâce, il achève son texte sur l'aveu d'une défaite et l'expression d'un profond découragement : il n'existe pas de solution politique au problème du mal. Face aux limites et aux contradictions internes du marxisme qui était pourtant notre seul espoir, il ne nous reste plus qu'à inaugurer le triomphe définitif de la mort qui marquera le début d'une ère nouvelle, celle d'un âge sombre d'où l'espérance serait bannie.

Les lamentations de Bernard Maris ne sont pas sans rappeler celles d'Albert Caraco : on y retrouve la même certitude que le pire adviendra nécessairement (soit par l'annihilation totale de l'humanité soit par sa domestication technicienne) ainsi que la même fascination pour la figure idéelle de la Femme qui serait à la fois imperméable au péché et source de vie entièrement étrangère aux forces de mort (ben voyons). On y retrouve également la même conscience écologique teintée de misanthropie, le même désir inavoué de sauvegarder le règne animal par l'anéantissement de l'humanité comparée ici et là à une anomalie contre-nature ou à un parasite dont il faudrait se débarrasser. On comprend aisément que le carburant psychique du communisme authentique est ou bien génocidaire ou bien suicidaire car faute de discernement, l'horreur bien légitime qu'inspire le péché est reporté sur l'homme lui-même. Dès lors, l'humanité n'est plus regardée comme en proie au problème du mal mais comme le mal lui-même, une erreur que les penseurs gnostiques commettaient déjà.

Pour pallier ce travers, on se tournera utilement vers les enseignements d'Albert Camus et du penseur catholique Nicolás Gómez Dávila qui écrivait que « face au marxisme il y a deux attitudes également erronées : dédaigner ce qu'il enseigne, croire ce qu'il promet. » tandis que le premier avertissait :

« La révolte bute inlassablement contre le mal, à partir duquel il ne lui reste qu'à prendre un nouvel élan. L'homme peut maîtriser en lui tout ce qui doit l'être. Il doit réparer dans la création tout ce qui peut l'être. Après quoi, les enfants mourront toujours injustement, même dans la société parfaite. Dans son plus grand effort, l'homme ne peut que se proposer de diminuer arithmétiquement la douleur du monde. Mais l'injustice et la souffrance demeureront et, si limitées soient-elles, elles ne cesseront pas d'être le scandale. [...] Il y a donc, pour l'homme, une action et une pensée possibles au niveau moyen qui est le sien. Toute entreprise plus ambitieuse se révèle contradictoire. L'absolu ne s'atteint ni ne se crée à travers l'histoire. La politique n'est pas la religion, ou alors elle est inquisition. »
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J'ai adoré ce titre, ce qui m'a donné très envie d'emprunter ce livre. En l'ouvrant, il est impossible d'oublier que son auteur a été assassiné lors de la tuerie de Charlie. Mais ma motivation principale était d'étudier (d'une manière pas trop rebutante) la pensée de Marx; en effet, Bernard Maris était un économiste assez réputé. Et moi, je suis ignare dans ce domaine et généralement peu enclin à travailler là-dessus.

Ce livre est formé de courts paragraphes assez faciles à lire et parfois plaisants. On est loin d'un exposé lourd et abscons. C'est plutôt une juxtaposition de petites facettes dont le poids théorique n'est pas écrasant. Ce parti-pris conduit à des lacunes dans l'exposé, certains concepts n'étant pas bien définis (selon moi). Après avoir bien confronté la théorie marxiste aux théories économiques "bourgeoises", B. Maris en arrive à la question posée dans le titre. Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris les explications qu'il donne. J'ai noté (p. 119): « Marx n'a commis aucune erreur sur le fonctionnement de la société capitaliste. Mais là où il nous abandonne, nous laisse en plan au bord du chemin, c'est aujourd'hui, au moment où la paupérisation et le saccage du monde ne débouchent sur absolument rien, sauf sur plus de saccage et d'inhumanité. le développement des forces productives entraîne le développement des forces productives, dans une spirale infernale ». En somme, l'exacerbation des contradictions du capitalisme et l'avènement de la dictature du prolétariat sont des prédictions "scientifiques" mises en échec par l'évolution propre à notre XXIème siècle, avec cet emballement incessant de la production au mépris de l'environnement global. Mais ceci ne me satisfait pas.

Je suppose que l'erreur de Marx peut être mieux compris par une analyse plus convaincante et plus précise. Au final, j'ai l'impression de ne pas avoir beaucoup progressé sur ces questions. Peut-être parce qu'elles ne m'intéressent pas vraiment...
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Bernard Maris conclut le livre par une phrase de Jaurès, autre figure assassinée pour ses idées : "il faut avoir le courage d'aimer la vie et regarder la morte en face".
Le livre est à la fois une apologie et une critique de Marx, visionnaire économiste et en même temps totalement insuffisant pour qui veut chercher un moyen de se libérer de l'horreur capitaliste.
Le marxisme est un christianisme athée, il se fonde sur la bonté de l'âme humaine, sur la fraternité de l'homme qui ne demande qu'à s'exprimer. Il ne tient pas compte de la "pulsion de mort" , le plaisir de voir souffrir son ennemi, dont l'accumulation d'argent est une forme.
Ce livre permet à la fois de se désillusionner du capitalisme heureux et de la révolution marxiste! Il ne donne pas de réponse, mais au moins une clé de compréhension fondamentale de la nature humaine...
La forme de l'écriture est originale, elle consiste en des mini paragraphes, sans verbiage inutile, ce qui le rend percutant et facile à lire.
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La conclusion est pessimiste mais peut-être peut elle encore réveiller les consciences.

Sinon, même 4 ans après je pleure encore Charlie, même si VOUS N'AUREZ PAS MA HAINE.
Deux TDC (pas de nom !) m'ont meurtri mais cela reste 2 TDC.

Merci Bernard Maris !
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Bernard Maris paye sa dette à Marx. Il le relit, le digère et livre un outil de réflexion. (...)

L'exposé est brillant, limpide, agrémenté de commentaires qui facilitent la compréhension. Les capitalistes veulent toujours plus d'argent, nous explique-t-il, parce qu'ils ne peuvent faire autrement, comme le cycliste sur son vélo, condamner à pédaler pour ne pas tomber. Donc le capitalisme tombera, conclu-t-il.

Article complet sur le blog de la Bibliothèque Fahrenheit 451.
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Ainsi le communisme ne serait qu'une mauvaise - ou bonne, peu importe - copie du christianisme, où les riches et les méchants sont exclus de la société communiste comme ils sont exclus du royaume de Dieu ? [...] On comprend mieux la haine qu'ont portée au marxisme et aux mouvements ouvriers presque tous les penseurs chrétiens depuis Joseph de Maistre qui voyait dans la Révolution française une manifestation satanique. [...]
La haine des fascistes fut-elle une haine de secte à secte ?
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Dans un monde où la marchandise est rare, l'image donne l'illusion de l'abondance. Abondance virtuelle, pauvreté réelle, au sens où un film érotique se substitue à un acte d'amour.
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Oui, le socialisme n'a rien à proposer pour soulager la pulsion de mort, contrairement au capitalisme, qui la transforme perpétuellement en désir d'argent. La vieille société se soulageait dans la prédation et la guerre. Le capitalisme dit : "Enrichissez-vous !" Que propose le socialisme ? Aimer les autres ? Quel projet ridicule, disait Freud, que de vouloir nous faire aimer ceux que nous haïssons !
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Le communisme prend modèle sur la jouissance dans la fusion des corps, le moment où les sexes disparaissent et où l'homme et la femme fusionnent dans le bonheur. Dans la fusion sexuelle disparaît la vieille division du travail et de l'exploitation primaire de la femme par l'homme. Le plaisir de l'autre est mon plaisir. Dans le communisme, la jouissance de l'autre est la mienne - alors que dans le capitalisme, le plaisir de l'autre est mon déplaisir.
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Pourquoi les capitalistes veulent-ils plus d'argent ? Parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement, dit Marx, ils sont comme le cycliste sur son vélo condamné à pédaler pour ne pas tomber. Ce qui veut dire que le capital tombera. En attendant, pédale plus vite, tu as le progrès au cul !
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Dans son nouvel album "Oncle Bernard cherche son chien", Yukiko Noritake dépeint un Paris gourmand et surréaliste, où l'on parcourt la ville de page en page, métamorphosée sous les pinceaux malicieux de l'autrice… Gourmandise assurée dans cette déclaration d'amour à Paris… et à la pâtisserie !
Actes Sud junior, mars 2022.
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