Cette autobiographie a été très difficile à lire pour moi tant à cause du fonds que de la forme.
Cette femme, cette artiste, n'a pas eu une enfance facile et c'est un euphémisme. La quatrième de couverture n'est peut-être pas assez explicite d'ailleurs sur ce point. Orpheline très jeune, elle va subir, comme tant d'autres enfants, l'assistance publique et tout ce que ce système avait de violent émotionnellement et physiquement (séparation des enfants, ballotement entre les familles, maltraitance, travaux forcés…).
Ça chance, si on peut l'appeler ainsi, c'est qu'elle aime les études et que son don pour le dessin est remarqué par un couple parisien, alors qu'elle est une jeune adolescente. Ce couple, vivant dans un monde d'excentricité, toujours entouré d'artistes et louvoyant dans cette France occupée, décide de l'adopter. Ces deux êtres vont lui faire vivre une adolescence certes, extraordinaire sur le plan artistique (elle rencontre les grands artistes de l'époque et va même être leur élève), mais surtout malsaine. Les sentiments parentaux n'existent pas ou sont distordus par ce couple, qui va abuser d'elle (encore une fois physiquement et psychologiquement).
Ce récit d'enfance est donc émotionnellement très difficile à lire et la plume de l'autrice, la façon dont elle nous conte les faits, n'aide absolument pas.
En effet, pour revenir sur son enfance elle utilise une plume assez soutenue, avec des tournures de phrases que j'ai trouvé souvent alambiquées, dues la plupart du temps, à des souvenirs assez flous. Elle n'extrapole jamais à partir de ses souvenirs ce qui rend le récit parfois difficile à comprendre, tant il peut être nébuleux. de plus son intégration au monde artistique parisien va l'amener à nous décrire une société dont je n'ai, personnellement, pas les codes, rajoutant à ma lecture une autre couche de complexité.
Il faut ajouter à cela, un manque de réaction ou de commentaire sur ce qu'elle a subi dans sa jeunesse, ce qui a été pour moi vraiment dérangeant. En fait, ce n'est que bien plus tard, à la fin de son adolescence, que l'autrice a vraiment compris toute la violence qu'elle a vécu. C'est donc plus loin dans le récit qu'on a enfin une réaction à tout cela, une véritable prise de conscience, que des mots sont posés. Mais sur le coup c'est vraiment dur quand on lit ces passages et que « tout semble normal ». Et forcément j'avais un peu l'impression de voir le mal partout, j'ai passé une grande partie du récit à me demander si l'autrice sous-entendait des choses (qu'untel savait ce qui se passait, qu'untel avait essayé aussi de l'agresser…).
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Bien que je n'ai aucun doute concernant l'extraordinaire vie de l'auteur,je dois dire que j'ai beaucoup de dificultes avec l'enfance maltraitee,battue
Je n'ai pas su aller jusqu'au bout et je le regrette mais ce n'est vraiment pas ma tasse de the
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Si la première partie du livre, ses passages dans les familles d'accueil, est un peu longue car on comprend rapidement que l'Assistance Publique n'était pas très regardante sur le suivi des enfants placés, la deuxième partie est extrêmement riche d'enseignements sur la vie des Artistes et marchands d'art de cette période 1940/1970. Cette fille incontestablement très intelligente, a vécu du pire au meilleur. Très beau témoignage.
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Quand je serai grande, j'aurai trois postes de TSF qui seront toujours allumés. Je vais te dire, Maman, on peut choisir d'écouter le silence. J'aimais le faire dans notre cimetière, mais quand le silence est partout, il peint les os en noir. (p.48)
Regarde l'arbre. On doit l'approcher avec le respect dû à une personne humaine. Il y faut de la curiosité et de la modestie. Un arbre, c'est la terre dressée vers le ciel. (p. 152)
"Irène, le mieux à quoi elle puisse prétendre, parce qu'elle est une grosse travailleuse, c'est attirer l'attention du fils arriéré d'un riche paysan, d'un "idiot du village". On les appelle ici des "demeurés". Le père demandera sa main au directeur de l’Assistance. Marché conclu, le fermier rentra chez lui avec une bonne à tout faire qui à l'habitude de subir sans réagir, fort heureuse d'avoir réussi à se caser avec quelqu'un qui a du bien. Qui me convaincra d'accepter un tel sort? Qui osera affirmer que se sont justement les orphelins qui doivent pâtir plus que les autres..." P.51